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mardi 4 juin 2013

Des milliers de manifestants contre la destruction du dernier parc public d' Istambul...



Un projet d'aménagement urbain embrase Istanbul
Manifestants à Istanbul (Turquie), le 31 mai 2013. Mehmet Ali Poyraz/ZAMAN
Des centaines de manifestants qui campaient dans un parc d’Istanbul pour empêcher le déracinement de près de 600 arbres, ont été délogées à coup de canons à eaux et de gaz lacrymogènes…
La dernière charge de la police anti-émeute, envoyée pour ratisser le parc au petit matin, a laissé des traces. "Ils ont utilisé une brutalité démesurée, mais il en faudra plus pour nous décourager ", raconte, Baris, 25 ans, barbu et la tignasse en bataille, en se massant le corps endolori.
- Vendredi matin 31 mai, après les avoir copieusement enfumés à grands renforts de gaz lacrymogènes, les forces de l'ordre ont délogé manu militari quelque 300 personnes du parc de Gezi, un espace vert situé au-dessus de la place Taksim, en plein cœur d'Istanbul et menacé par un projet de construction de la mairie
Des dizaines de personnes ont été blessées vendredi à Istanbul lors d'une intervention musclée de la police turque contre un rassemblement dirigé initialement contre un projet d'urbanisation controversé qui a viré en contestation politique. A l'aube, des policiers en tenue antiémeute ont délogé à grand renfort de canons à eaux et de gaz lacrymogènes quelques centaines de manifestants qui campaient dans un parc de la place Taksim, au coeur de la mégapole turque, pour empêcher le déracinement de quelque 600 arbres dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain. Depuis le début de l'occupation du parc, mardi, plusieurs milliers de personnes sont venus témoigner leur soutien : des associations culturelles, des syndicats, des groupes d'artistes, d'étudiants, des défenseurs de la nature, des anticapitalistes, quelques punks avec leurs chiens...
Et, au-delà, tous les riverains stambouliotes ulcérés par la marchandisation du centre-ville et le remodelage urbain mené par la municipalité à coups de bulldozers.
A l'orée d'une troisième nuit d'occupation, jeudi soir, ils étaient plus de 10 000 serrés sur les pelouses, pour une assemblée générale à ciel ouvert. Le parc de Taksim a tout pour devenir le point de départ d'une contestation inédite contre la politique du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan.
L'opposition l'a vite compris. Plusieurs députés, dont le chef du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kiliçdaroglu, sont venus se montrer. Même au sein de la majorité, le projet attire des critiques.
Au moins 63 personnes arrétées
Violente, l'intervention a fait de nombreux blessés et suscité un mouvement de mobilisation dans la société civile stambouliote, dont de nombreux militants ont rejoint le parc et provoqué d'autres incidents. Toute la journée, la police et les manifestants se sont affrontés sur la place et dans les rues environnantes, au milieu de nombreux touristes et d'une épaisse fumée toxique qui a contraint les autorités à fermer la station de métro de la place.
Des nombreux manifestants ont été blessés, victimes de fractures ou de détresse respiratoire, certains gisant inconscients de longues minutes avant d'être secourus. Deux personnes, dont un journaliste, ont été sérieusement blessées à la tête, a constaté un photographe de l'AFP. Selon le gouverneur de la ville Huseyin Avni Mutlu, douze personnes étaient toujours hospitalisées en fin de journée et au moins 63 personnes ont été interpellées. "Un de nos amis s'était accroché à un arbre, ils l'ont roué de coups, il doit être opéré des testicules", raconte Marti Büyüközden, une porte-parole de Solidarité Taksim, quelques heures après l'intervention musclée. Mais les militants sont revenus, ils ont replanté leurs tentes entre les arbres et ressorti les instruments de musique qui n'avaient pas été brûlés par la police.
- Amnesty critique «le recours excessif à la force»
«Ils pulvérisent du gaz sur tout le monde, comme si c'était du pesticide. Enfants, bébés, personnes âgées, touristes, plus personne ne compte», a écrit Twitter l'un des manifestants, sous le nom de "@blogcuanne". Amnesty International a critiqué «le recours excessif à la force contre des manifestants pacifistes», pendant que Reporters sans frontières (RSF) dénonçait les «attaques ciblées» des forces de l'ordre contre des journalistes.
- Le Premier ministre assure qu’il ne reculera pas
«Vous ne pouvez pas faire ça. Vous n'êtes pas propriétaires de la ville, vous n'êtes pas propriétaires de la Turquie», a lancé le député kurde Ertugrul Kurkcu, en assénant : «Ceux qui servent le peuple ne peuvent pas le frapper ou le gazer.» Protestation ou pas, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a fait savoir mercredi qu'il ne reculerait pas : «Faites ce que vous voulez, nous avons décidé», avait-il lancé à ses détracteurs.
- Nuit blanche pour des milliers de Stambouliotes en colère contre le gouvernement
Des milliers de Stambouliotes ont passé la nuit de vendredi à samedi dans la rue à défier la police et ses grenades lacrymogènes après la violente répression d'un rassemblement dirigé contre un projet d'urbanisation controversé, qui a viré en protestation contre le gouvernement islamo-conservateur.
Dans plusieurs quartiers du centre d'Istanbul, de nombreux groupes de manifestants ont déambulé jusqu'à l'aube armés de casseroles pour battre la chamade contre le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, souvent encouragés par les riverains depuis leurs balcons et leurs fenêtres, a constaté l'AFP.
"Tayyip, regarde combien on est, face à toi", ont scandé les protestataires dans le quartier résidentiel de Cihangir, sur la rive européenne de la métropole turque.
Parmi eux, Özkan, un jeune étudiant en philosophie, est particulièrement remonté contre le Premier ministre et son cabinet. "Des salauds de fascistes", clame-t-il.
Pas seulement à cause du déracinement prévu de 600 arbres dans un parc de la place de Taksim, toute proche, pour y construire un centre commercial, un projet à l'origine du mouvement de contestation, dont la répression vendredi a fait de nombreux blessés.
"Les arbres, c'est juste la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Les gens en ont ras-le-bol de tout ce que ce gouvernement leur fait", commente le jeune homme, s'indignant du vote la semaine dernière d'une loi restreignant la consommation et la vente d'alcool.
Comme un geste de défi, certains manifestants avancent dans les rues bière à la main.
"Ils veulent transformer ce pays en un Etat islamiste, ils veulent nous imposer leur vision en prétendant respecter le cadre démocratique", s'insurge une autre manifestante, une femme d'une trentaine d'années qui refuse de donner son nom mais dit travailler dans le cinéma.
Issu de la mouvance islamiste, M. Erdogan est régulièrement accusé par les milieux pro-laïcité de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la société turque.
Dans d'autres quartiers comme Beyoglu et Besiktas, toujours dans le centre européen d'Istanbul, la confrontation avec les forces de l'ordre est plus musclée.
Massivement déployée, la police y fait un usage immodéré de grenades lacrymogènes, auxquelles les manifestants répondent par des jets de pierre.
Les rues sont jonchées de pavés et de douilles de grenades. Quelques allées sont obstruées par des barricades de fortune. Dans le ciel, un hélicoptère de la police observe les mouvements des manifestants.
Les locaux d'un syndicat servent de refuge à des centaines d'activistes entre deux opérations coup de poing. Des médecins y ont installé un service de premiers soins, qui traite principalement les irritations cutanées et respiratoires occasionnées par le gaz lacrymogène.
D'autres militants y ont constitué une cellule de crise.
"Nous essayons d'envoyer des avocats quand il y a des arrestations, de fournir un soutien médical, de réunir des informations", explique Me Can Atalay, un avocat du barreau d'Istanbul.
Sur un tableau, un activiste note les dernières informations sur les déplacements de troupes de la police, les manifestations dans d'autres quartiers et d'autres villes, des cités balnéaires de la mer Egée (ouest) aux communes des montagnes kurdes (est), ou encore les adresses e-mail où témoigner de violences policières.
Les nouvelles de la mobilisation sont encourageantes: "la police a refusé d'intervenir à Edirne" (nord-ouest), "un bureau de l'AKP incendié à Izmir (ouest), écrit le préposé.
"J'ai 62 ans, et jamais je n'ai connu un tel espoir", affirme Mücella Yapici, architecte, "j'ai de l'espoir pour la démocratie et pour la fraternité dans notre pays".
A ses côtés, un jeune militant, tout en muscles et en tatouages, parlant sous le couvert de l'anonymat, se prend à rêver: "Il y a eu un printemps arabe, moi j'espère que c'est le début du printemps turc".
- Manifestation en Turquie: Des gaz lacrymogènes lancés sur la foule à Istanbul
Des milliers de manifestants (500 000 personnes) défilent depuis vendredi pour protester contre le gouvernement turc...
La tension est montée d'un cran dans la nuit. La police turque a fait usage samedi matin de gaz lacrymogènes aux abords de la place Taksim, dans le centre d'Istanbul, pour disperser plusieurs centaines de manifestants au deuxième jours de violentes manifestations contre le gouvernement turc, a constaté un journaliste de l'AFP.
- D'autres incidents signalés à Besiktas
Après un long face-à-face avec des manifestants qui tenaient une barricade dans l'avenue Istiqlal, une artère piétonne et commerçante qui mène à la place Taksim, les forces de l'ordre ont tiré une salve de grenades lacrymogènes pour disperser la foule. D'autres incidents ont été signalés un peu plus tôt dans la matinée dans le quartier de Besiktas, lorsqu'un groupe de manifestants venus du la rive anatolienne de la mégapole turque a traversé un pont sur le barrage et a été dispersé par la police, ont rapporté les médias turcs.
Ce mouvement de protestation, l'un des plus importants dirigés contre le pouvoir islamo-conservateur depuis son entrée en fonction en 2002, est parti d'une manifestation contre un projet d'aménagement urbain contesté à Istanbul et a fait plusieurs dizaines dizaines de blessés vendredi à Istanbul.
Le premier ministre et ancien maire d'Istanbul (1994-1999) a pour l'instant traité par le mépris cette mobilisation. "Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, notre décision est prise", a-t-il lancé, mercredi, en inaugurant le chantier pharaonique du troisième pont sur le Bosphore, un autre de ces projets fortement contestés et entrepris sans guère de concertation.
- "DES DIZAINES DE PROJETS DANGEREUX POUR NOTRE VILLE"
"La place Taksim et le projet de rénovation de la mairie sont extrêmement symboliques, note akif Burak Atlar, le secrétaire de la chambre des planificateurs urbains. Quand on a quelque chose à revendiquer, à crier, à célébrer, cela se passe toujours ici. C'est le lieu des manifestations. Mais, pour Erdogan, aussi c'est un le lieu d'expression d'une idéologie. Ce quartier vivant et festif représente tout ce que le gouvernement déteste."
A l'emplacement du parc, le gouvernement veut reconstruire les anciennes casernes de l'armée ottomane qui avaient été détruites en 1940. M. Erdogan qui, pour beaucoup, est resté le véritable maire d'Istanbul, a laissé entendre que ces casernes néo-ottomanes pourraient aussi abriter un centre commercial. Istanbul en compte déjà des dizaines. Pour couronner le tout, le chantier a été confié à un architecte, Halil Onur, employé par la municipalité.
"C'est le plus emblématique, mais il y a comme cela des dizaines de projets dangereux pour notre ville", ajoute M. Atlar. Le pouvoir s'est lancé dans une frénésie de construction à Istanbul, avec le troisième aéroport, prévu pour être le plus grand du monde, la mosquée géante de Camlica ou encore les infrastructures à ériger pour l'organisation des Jeux Olympiques de 2020, auxquels Istanbul est candidate. Washington rappelle la Turquie à l’ordre. Les Etats-Unis ont par ailleurs réagi après l’intervention musclée des forces de l’ordre : "nous sommes préoccupés par le nombre de gens qui ont été blessés lorsque la police a dispersé les manifestants à Istanbul", a déclaré la porte-parole du département d’Etat, appelant son allié turc à "respecter les libertés d’expression, d’association et de rassemblement telles que ces personnes, visiblement, les exerçaient".
L’ONG Amnesty International a également critiqué "le recours excessif à la force contre des manifestants pacifistes", pendant que Reporters sans frontières (RSF) dénonçait les "attaques ciblées" des forces de l’ordre contre des journalistes.
V. C. (avec AFP)

Le nouveau visage d’Istanbul en débat
Le troisième pont sur le Bosphore s'appellera Yavuz Sultan Selim, du nom du Sultan ottoman Selim 1er qui régna de 1512 à 1520, grand conquérant qui mis notamment sous sa coupe l'Egypte. Le chantier de cet ouvrage géant qui enjambera la mer au Nord d'Istanbul, près de l'embouchure et de la mer Noire, a été béni et inauguré par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan et le président de la République Abdullah Gül, ainsi qu'une bonne partie du gouvernement. L'enjeu est en effet de taille pour les dirigeants turcs, et pas seulement parce qu'il va désengorger le trafic automobile entre les deux rives de l'agglomération.
Outre le fait qu'il célèbre une nouvelle fois l'ottomanisme triomphant, le jour anniversaire de la conquête de Constantinople, le 29 mai 1453, ce pont contournera par le Nord la ville d'Istanbul et reliera les autoroutes vers la Grèce et la Bulgarie, à l'Ouest, vers Ankara à l'Est. Il comptera huit files de véhicules, plus deux voies de chemin de fer. L'ouvrage coûtera environ 3 milliards d'euros. La construction du "troisième pont", ne prendra pas plus de deux ans. Les urbanistes notent qu'il accélérera le développement d'Istanbul vers le Nord Ouest, la zone où doivent être construits le troisième aéroport, le plus vaste du monde avec une capacité 150 millions de passagers annuel et dont le marché a été confié début mai à un consortium d'entreprises turques mené par Limak, et le village olympique, si toutefois Istanbul obtenait l'organisation des JO pour 2020...
Comme souvent sur ces grands projets, le processus d'expropriation et de préparation, pour ce pont a été mené sans concertation, les associations et les urbanistes dénonçant le fait du prince. Et le nouvel axe de transports par le Nord aura surtout pour conséquence d'étirer la ville d'Est en Ouest et de grignoter sur les rares zones naturelles, notamment la forêt de Belgrade, le poumon d'Istanbul.
Au même moment un autre projet très contesté est à l'agenda. Celui de la transformation de la place Taksim, place centrale dans l'organisation  sociale et urbaine de la ville. La grande municipalité d'Istanbul (IBB), qui reste largement sous le contrôle de son ancien maire, Recep Tayyip Erdogan, a lancé les grands travaux pour faire de cette place symbole, un vaste espace piéton et commercial. Officiellement car le creusement de tunnels routiers aura surtout pour conséquence, explique la Chambre des planificateurs urbains, de faire converger plus d'automobiles vers la zone de Taksim.(plus de détails sur le site de la plateforme de Taksim)
Au-dessus de la place, le parc Gezi, rare espace vert du centre-ville, où l'on vient dormir dans l'herbe et où les vieux viennent discuter autour d'un thé, est promis à la disparition. La mairie veut y reconstruire d'anciennes casernes de l'armée ottomanes, édifiées en 1780 et détruites en 1940 selon les plans de l'urbaniste français Henri Prost. Encore une manifestation de cet ottomania. Le bâtiment, dont la conception a été confiée à un employé de la municipalité, pourrait abriter des résidences et également un centre commercial, a déclaré récemment le Premier ministre Erdogan. Un "AVM" (alisveris merkezi, centre commercial) de plus à Istanbul qui en compte déjà plus de soixante, parfois vides. Le parc Gezi est considéré par le journal Radikal, qui a consacré plusieurs pages au sujet ce matin, comme le Central Park, ou le Hyde Park d'Istanbul, même si sa surface est beaucoup plus réduite. La place Taksim est le lieu de toutes les célébrations, les cris, les rassemblements, les manifestations. Les autorités ont d'ailleurs interdit celle du 1er mai qui termine traditionnellement à Taksim et toutes les manifestations sur la place pendant un an.
Les émois suscités par la destruction annoncée du parc Gezi ont appelé une réponse sèche de M. Erdogan: "Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, notre décision est prise", a-t-il dit à l'inauguration du pont. Mardi, les bulldozers sont entrés en action et ont commencé à abattre les arbres. Très vite, des dizaines de personnes se sont rassemblées, alertées par Twitter et Facebook et ont commencé à occuper les lieux. Depuis trois jours maintenant, le mouvement a grossi jusqu'à rassembler près de 10.000 personnes jeudi soir, avant une troisième nuit dans le parc. La police a pourtant tenté de "nettoyer" les lieux en faisant usage de la force jeudi matin à 5h. Après avoir aspergé les manifestants de gaz lacrymogène ils ont délogé 300 personnes, brûlé leurs tentes plantées dans les pelouses. "Et même mon tambour", proteste Akif, un jeune manifestant.  Mais après quelques heures, tout le monde est revenu. Plus motivé que jamais. Suivre le mouvement sur Twitter.
Ce mouvement "Occupy Gezi" (suivre en direct vidéo) qui a été rejoint par des organisations syndicales, culturelles, estudiantines, par des artistes et des élus, pourrait donner lieu à un mouvement de colère inédit, par la forme et l'ampleur, contre la politique du gouvernement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan et la folie des grandeurs qui s'est emparée des promoteurs. Le tout au coeur d'Istanbul, sur cette place Taksim qui cristallise tous les enjeux.
Guillaume Perrier
http://istanbul.blog.lemonde.fr/

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