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lundi 31 octobre 2011

Die 26150 : Regards sensibles sur le paysage....


Ouvrez l’œil : Regards sensibles sur le paysage. 13e Rencontres nomades (films, conférences, exposition, concert).
À DIE les 3,4 et 5 novembre 2011
« Ouvrez l’œil  », films, conférences, exposition, concert sur le  paysage
CPIE VERCORS : 04 76 94 30 44
Médiathèque Diois-Vercors : 04 75 22 22 32
Jeudi 03 nov. 17h30 : Médiathèque départementale Diois Vercors
Le Mois du film documentaire : Chaque année en novembre, les bibliothèques, salles de cinéma et d’autres lieux organisent des projections. L’objectif : rendre visibles à un large public des films documentaires peu vus.
- Stones and flies : Richard Long in the Sahara de Philippe Haas (1988 - 38’)
Dans le désert algérien, le  sculpteur et photographe anglais Richard Long, affilié au mouvement du Land art, explique sa démarche artistique en contrepoint des images du réalisateur Philippe Haas…
- Au gré du temps (sur Bob Verschueren) de Dominique Loreau (2006 - 46’). Ce film évoque les vies entrelacées de 3 œuvres végétales éphémères de Bob Verchueren, artiste contemporain, installées dans des lieux différents : une friche industrielle, une plage de la mer du Nord, le préau d’une école…miroirs de notre monde fragile et passager. (Source film-documentaire.fr)
- Le Chardon de Sophie Riestelhuber, (2007 - 6’)
Invitée à faire une œuvre dans le Parc naturel régional du Vercors, Sophie Ristelhueber a réalisé un film. Elle y suit , en 3 travellings, la matière des roches noires d’une gorge et celle d’une route "rapiécée". En voix off, un texte de Tolstoï, lu par Michel Piccoli, évoque, sur le mode du souvenir, la vitalité et la résistance de la nature face aux destructions provoquées par l’homme. Présentation Sandrine Martinet (médiatrice en art contemporain)
-  Vendredi 4 nov. cinéma le Pestel de Die  
19h00 heures, Conférence sur le Land art par Gilles A. Tiberghien.
Gilles A. Tiberghien enseigne l’esthétique à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’Ecole Nationale du Paysage de Versailles.
Il a publié, entre autres : Land Art aux éditions Carré, 1993 ; Nature, art, paysage, 2001 ; Amitier, 2002  ; Notes sur la Nature, la cabane et quelques autres choses, 2005 ; finis terrae, Imaginaires et imaginations cartographiques,2007 ; Dans La Vallée, Biodiversité, Art et Paysage, avec Gilles Clément, 2009 ; Pour une république des rêves, 2011.
20h00 heures : buffet organisé par le Pestel et signature de livres.
21h00 heures : carte blanche à Gilles Tiberghien, projection de films d'artistes du Land art
- Samedi 5 nov.à partir de 9h, théâtre de Die : Rencontres Nomades
Accueil café et Installation des stands des associations culturelles, du patrimoine et de l’éducation à l’environnement du territoire
9h30 Ouverture des rencontres : Présidente du PNR, Mairie de Die, CG du canton, Pdt du CPIE
Conférences : 10h : Emmanuel Breteau (photographe), Guillaume Lebaudy (ethnologue – Université de Provence – Maison du berger du Champsaur) : Les gravures rupestres des Alpes : un paysage intime ?
10h45 Juliette Rolland (sociologue), Jacques Planchon (conservateur du Musée de Die) : les  bourgeois photographes  et l’invention d’un paysage régional en 1900. Compte rendu de l’enquête « mémoire du territoire » (été 2011)
11h30 : René Costarella, (vice président Communauté des communes du pays du Royans) : retour sur une expérience d’installation artistique dans la nature à Combe Laval
Repas : possibilité de se restaurer sur place (réservation obligatoire au 04 75 22 12 52),  dans les restaurants de la ville ou d’apporter son repas.
 15 h au musée de Die Exposition Photographies du Diois-Vercors  en 1900
Visite commentée par Juliette Rolland et Jacques Planchon (max 30 personnes)
15h théâtre de Die : Safari patrimoine en Vercors et Diois, Patrick Ollivier Eliott (dessinateur à la plume-voyageur). Projection du film de Samuel Aubin : Paysages du Vercors.
16h30 Médiathèque départementale Diois-Vercors  : Rencontre auteur avec Jean-Pierre Ostende
"Nous entrons dans le parc naturel du Vercors avec une grande facilité proche de l’inconscience. À la façon dont commencent certains films d’horreur, vous savez, quand les familles sourient de toutes leurs dents blanches et que les pelouses sont trop vertes et le ciel d’un bleu métallique... Sans nous en douter ni nous soucier de rien, nous venons de passer de l’autre côté..."
Extraits du livre de Jean-Pierre Ostende Superparc supernaturel, écrit à la suite de la résidence de l’écrivain organisée en 2009 par l’association Tetra Lire.
18h, médiathèque
Vernissage de l’exposition  Montagne défaite d’Olivier de Sépibus du 2 au 26 novembre. Olivier de Sépibus est artiste visuel. Le paysage est un élément important dans l'élaboration de son travail que ce soit dans ses installations in situ ou dans ses photographies. 
21 heures, théâtre de Die, concert : Jull, poésie rock  (Grenoble), entrée 8 euros
Contact et réservation : théâtre de Die : 04 75 22 12 52
Textes déclamés sur des mélodies post-rock électriques et acoustiques : des paysages familiers ou étranges se forment devant nos yeux, des situations plus ou moins claires apparaissent et l'on se prend à voyager dans cette musique comme dans ses propres souvenirs.
Vous êtes invités à nous retrouver à Die et à suivre cet événement.
Alexandra Couturier
06 85 03 49 79


Crest 26400 : Nos ami(e)s de Crest communiquent et s' organisent.... en novembre

En novembre autour de  L'arrêt public, un café citoyen à Crest
Événements locaux
LES AMIS DE LA TERRE
Jeudi 10 novembre à 20h à L'arrêt public : Réunion du groupe local des Amis de la Terre. Ouverte à tou(te)s !
CONFERENCE PHILIPPE DERUDDER : CRISE ECONOMIQUE ?
10  novembre Conférence débat
"Ecologie au quotidien" organise une conférence/débat de Philippe Derudder  Salle Joseph Reynaud, rue Joseph Reynaud à Die à 19h00. "Pour une économie au service de l’humain et de la planète: Pour que l'argent serve au lieu d'asservir". Participation libre, suivie d'un repas partagé.. ecologieauquotidien.die@gmail.com
SOIRÉE CONTES AUTOUR DE LA FIN DE VIE
Jeudi 10 novembre à 20h à la salle paroissiale d'Aouste (face à la nouvelle Pharmacie sur le contournement d'Aouste). Entrée 5 euros (Tout Public – adultes / à partir de 10 ans)
C’est drôle la vie ! On rit, on pleure. On tombe par terre. On se relève, on rebondit plus haut, plus fort. On s’arc-boute comme des funambules sur le fil du temps. On est tous les héros de cette aventure… dont on ne sort pas vivant ! Les contes n’ont de cesse de jouer avec cette limite inéluctable. On s’en moque, on l’apprivoise, on la fuit, on dit le chagrin… En tout cas, la mort est bien présente dans les histoires.  A l’invitation de l’association ACTES en Val de Drôme, Gigi Bigot vous emmène, jonglant avec l’émotion la plus forte et l’humour le plus pétulant pour un solo de morceaux choisis concoctés au gré de ses spectacles, comme des petits cailloux sur le chemin de la vie.
ACTES en Val de Drôme - Association de bénévoles accompagnant des personnes en fin de vie (04.75.25.37.40 ou 04.75.21.00.87)
CONFÉRENCE PNEUMACORPS
Vendredi 11 novembre de 10h à 12h à Cobonne (ferme de Baume Rousse) : Conférence-atelier avec Benoît Tremblay (praticien dans le milieu médical au Québec en santé respiratoire et initiateur de la pratique depuis 30 ans). Cette conférence sera suivie de séances individuelles de 14h à 18h et d'un week-end de stage qui vous propose de poursuivre le chemin au cœur de votre souffle et de votre voix.
Contact : Julien Schoebel au 06.14.46.29.98 ou par mail julien.schoebel@gmail.com
GAZ DE SCHISTE
Lundi 14 novembre à 20h à L'arrêt public : Réunion du collectif  « Non au gaz de schiste » du Val de Drôme. Discussion autour des problèmes liés au gaz de schiste, des actions à mener et des alternatives possibles. Si vous ne pouvez pas venir, mais souhaitez recevoir des informations, contactez : nonaugazdeschistevaldedrome@gmail.com
DE LA CONSCIENCE DE LA RARETÉ A LA CONSCIENCE DE L'ABONDANCE
Les lundi 14 et mardi 15 novembre de 9h à 17h à Espenel : Stage de 2 jours avec Philippe DERUDDER
En cette époque où l'un des problèmes majeurs repose sur la raréfaction des ressources et où l'endettement des pays conduit à des politiques d'austérité, il peut sembler très utopiste d'imaginer un avenir d'Abondance. En ce XXIème siècle, le défi pour tous et chacun n'est plus la survie mais d'apprendre à VIVRE.
Prix : Participation volontaire libre en fin de stage selon la richesse que chacun estime avoir reçue relativement à ses possibilités financières.
 Renseignements et inscriptions : Ecologie au Quotidien (O4 75 21 00 56) www.ecologieauquotidien.fr
SANS PAPIER NI RETRAITE
Mardi 15 novembre à Aouste (MJC Nini Chaize) à 20h30 : Soirée documentaire organisée par l'ASTI Vallée de la Drôme - Diois, projections de "Sans papier ni retraite" d'Antoine Zerroudi et "Dem Walla Dee" de Rodrigo Saez et débat. Entrée libre.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE de PONT D'ÉPICES
Mercredi 16 novembre au soir à Pont de Barret : AG de l'association Pont d'Épices, qui prépare un projet d'épicerie à Pont de Barret pour 2012.
DES CAUSE-RIRES à L'ARRÊT PUBLIC !
Jeudi 17 novembre de 20h30 à 22h à L'arrêt public : "Et toi qu'est-ce qui te fait rire ?" Charlotte Bugeau vous propose un instant détente et apéritif dinatoire (pique nique tiré du sac) ! Venez partager vos extraits de livres, blagues, films, images ou textes... A suivre les jeudis 1er et 15 décembre ! Participation de 2 euros/personne.
OGM et PLANTES MUTÉES
Samedi 19 novembre de 14h à 19h à LIVRON (salle municipale) : Réunion d’information et de mobilisation sur les OGM et les plantes mutées.
14h-15h45 : L’actualité des OGM au niveau européen par Marie-Aude Cornu, animatrice coordinatrice de Rés’OGM Info. Questions-réponses.
16h-18h : Les nouvelles techniques de manipulation du vivant (dont la mutagenèse) par Fabrice Laroche, biologiste moléculaire-formateur. Questions-réponses.
18h-19h : État des lieux de la situation en Rhône-Alpes (tournesols mutés, ambroisie). Quelle mobilisation de STOP-OGM 26 sur ces dossiers ?
Organisateurs : Rés’OGM info et Stop-OGM 26
SORTONS DU NUCLÉAIRE !
Samedi 19 novembre à Crest (pendant le marché) et Dimanche 27 novembre à Valence à 15h : Chaîne humaine pour sortir du nucléaire et préparer la chaîne nationale du 11 mars entre Lyon et Avignon.
Renseignements : contact@chainehumaine.org ou 07 77 20 27 71 ou http://www.chainehumaine.org
FAITES DE LA RECUP'
Samedi 26 novembre toute la journée à la Ressourcerie Verte de Romans : 3ème fête de la récup'
5ème FORUM DE L'ESS
Du dimanche 27 au lundi 28 novembre à Livron (MJC Coluche) : Économie Sociale et Solidaire en Val de Drôme ? Le thème 2011 est l’engagement citoyen avec des mots clefs comme démocratie, participation, citoyenneté, engagement et bénévolat, et appelle à une large mobilisation.
DOSSIER PLOGOFF avec CINÉ PELLOCHE
Mardi 29 novembre à 20h15 à L'arrêt public : Soirée projection-débat avec le film "Dossier Plogoff" (en 16 mm avec Ciné Pelloche). Plogoff, 1979, en Bretagne : le peuple refuse l'installation d'une centrale nucléaire et parvient malgré brimades et répressions à gagner la bataille. Participation libre, amenez vos pulls !
Et régulièrement à L'arrêt public…
Repas partagés les samedis entre midi et 14h !
Atelier Tarot de Marseille
Pour les premières années : le mardi 4 de 9h30 à 11h30
Pour les deuxièmes années : le jeudi 6 de 18h à 20h
Les cours sont donnés par Pierre Martin (joignable au 04 75 70 53 21)
Tarif : 25 euros/mois + petite participation pour L'arrêt public
ASTI
L'Association de Solidarité avec Tou(te)s les Immigré(e)s tient une permanence tous les premiers samedis matin du mois à L’arrêt public. Plus d'infos sur ASTI Drôme
Et les copains,
Radio Saint Ferreol 94.2
Emission Biotop tous les derniers jeudi du mois de 18 à 19h : Coproduit par RSF et radio Diois avec le soutien du CCVD et de Biovallée. Sur le développement durable dans la vallée de la Drôme.
Et toujours l'émission Libertaria tous les 1er mercredi du mois à 21h.
Rediffusion le samedi suivant à 19h.
Les autres cafés associatifs de Crest
Retrouvez le programme du Verre à Soi : ici !
http://leverreasoi.over-blog.com/
Et celui d'Archijeux : !
http://archijeux.org/
Participer à l'arrêt public
Permanences du samedi : on recherche des volontaires pour tenir le bar en novembre 2011.
Vous avez des idées, des envies ? Vos suggestions/participations pour le mois prochain sont les bienvenues !
Retrouvez les rubriques, mises à jour le plus régulièrement possible :
Articles sur la solidarité, l’écologie et la citoyenneté
Consultez le site de L’arrêt public ! A bientôt !
Le collectif
Arrêt Public - café citoyen
1 rue de la république
26400 Crest
arret.public@free.fr
http://sites.google.com/site/larretpublic

Le droit au logement ...4 mois et demi


Expulsions: Début de la trêve hivernale lundi soir
Elle durera quatre mois et demi...
Un répit pour tous ceux sous le coup d'une expulsion. La trêve hivernale débute lundi à 21H00, mettant en sursis plusieurs milliers de locataires pendant quatre mois et demi.
Cette trêve court chaque année du 1er novembre au 15 mars. Mais comme les expulsions ne peuvent se dérouler entre 21H00 et 06H00, c'est le 31 octobre à 21H00, qu'elle débute véritablement.
Pendant cette période, les locataires ne peuvent se faire expulser, même si leur propriétaire a engagé une procédure et que l'expulsion est confirmée par un tribunal.
Les ministères de la Justice et de l'Intérieur n'étaient pas en mesure vendredi soir de communiquer les chiffres 2010 des contentieux locatifs.
"Je ne crois pas que cette année on aura une augmentation significative du nombre d'expulsions effectives", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat chargé du Logement Benoist Apparu, rappelant qu'en moyenne le nombre de décisions de justice était "autour de 100.000 à 110.000" et le nombre d'expulsions effectives par la force publique "autour de 10.000".
Les chiffres 2009 de ce ministère montraient une très légère augmentation, avec 139.657 contentieux déposés devant les tribunaux (+1% par rapport à 2008), et 107.234 décisions d'expulsion prononcées (+1,3%).
En revanche, si le nombre de demandes d'interventions de la police avait augmenté en 2009 (41.637, +2%), les réponses positives étaient en baisse (23.885, -6,5%), de même que les interventions effectives (10.597, -5,2%), selon les données du ministère de l'Intérieur.
Alors que les associations de défense des locataires demandent régulièrement la fin de cette pratique, M. Apparu s'est dit "fondamentalement contre un moratoire".
Les loyers ont flambé de 50% en dix ans
Ils ont grimpé de 43% en petite couronne. Mais Nice, Aix-en-Provence, Lille ou encore Toulouse ne sont pas en reste...
Mais où s’arrêtera-t-elle? Depuis 2001, la hausse des loyers est vertigineuse, selon une enquête publiée ce lundi par Libération, ils se sont envolés de 50% dans Paris, de 43% en petite couronne et de 42% en grande couronne d’après les chiffres de l’Olap (Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne). Seul hic, dans le même temps, le revenu disponible des ménages n’a augmenté que de 31% selon l’Insee contre 18,7% pour les prix à la consommation.
Conclusion, «les loyers ont donc progressé beaucoup plus vite que le reste».
La région parisienne n’est pas une exception. La situation est similaire dans des villes comme Nice, Aix-en-Provence, Lille ou Toulouse où il était possible, il y a dix ans, de dénicher des studios à moins de 300 euros. Désormais, les prix dépassent les 400 euros voire même les 700 euros.
Pour faire la comparaison, le quotidien a confronté les annonces publiées par la revue De particulier à particulier (PAP) en septembre 2001 et en septembre dernier.
Libération a pu également constater que la location meublée se développait à la vitesse grand V. Elle «permet au bailleur de louer encore plus cher tout en s’affranchissant de la loi de 1989 régissant les rapports locatifs», explique l’article.
40% des annonces passées dans le PAP du 15 septembre concernaient des locations meublées. Un phénomène qui s’étend à toutes les grandes villes.
En 2009, il y avait 27,8 millions de résidences principales en France dont 11,7 millions de locataires soit 42% des ménages.
APL


Mouvement mondial d' indignation face aux politiques et aux financiers...



C’est dans l’antre de la bête au pied de la Bourse de New York que vit et croît Occupy Wall Street, villages de bâches trempées et d’idéaux illimités. Les campeurs ne sont que quelques centaines mais leur message porte loin. Plus de la moitié des Américains partagent leurs colères. Leur slogan est simple :
«Nous sommes les 99%», c’est-à-dire tous les Américains à l’exception des 1% les plus fortunés qui se partagent désormais près de la moitié de la richesse du pays. Inspirés autant des mouvements alter de Seattle que des manifestants de la place Tahrir, ils défendent un code politique formel sinon dogmatique : pas de leaders, égalité scrupuleuse entre les couleurs et les genres, pas même une plateforme ou un programme qui diviserait leurs communautés. On peut se moquer de cette catégorie très américaine des «indignés» imaginés par Stéphane Hessel et essaimés depuis de Madrid à Athènes, de Zurich à Bruxelles. On peut critiquer «l’indignation», degré zéro de la politique. Les lois de la base et du consensus ne sont pas celles de la démocratie représentative. A preuve, le soutien apporté aux campeurs par un léviathan équivoque, Obama comme les républicains extrémistes des Tea Parties, le patron de Citigroup comme Naomi Klein. Il reste que «OWS» traduit la rage et le ressentiment contre un système qui a trahi ces classes moyennes occidentales qui en furent longtemps les bénéficiaires et qui en sont aujourd’hui les victimes.
FRANÇOIS SERGENT

Perdre son travail, gagner une occupation
«We, the people, have found our voice», comme le disait le philosophe Cornell West, lors de l’assemblée générale du mouvement Occupy Wall Street, le 27 septembre. Chacune de ses phrases était répétée par l’ensemble des protestataires, non par goût du prêche, mais du fait de l’interdiction des sonos. Une voix se dupliquait, comme pour occuper - occuper quoi, exactement ? Après le printemps arabe, les mouvements de protestation en Israël, les luttes estudiantines au Chili et les émeutes en Angleterre, quelle est la spécificité de ce mouvement ?
1)«Nous sommes les 99%», disent-ils, c’est-à-dire presque tous. Ecoutons ces voix disparates dans les rues de New York. Elles expriment le renouveau d’une gauche radicale, là où les Tea Parties occupaient tout l’espace. Elles laissent entendre les aspirations de médecins, d’enseignants, de «gays, lesbians et transgenders»; vous verrez une femme voilée dénonçant l’injustice sociale, un vétéran du Vietnam… Quel point commun ? Cette question est prématurée, alors que le mouvement gagne tout le pays (Chicago, Minneapolis et son maire sympathisant, etc.) et que certains le comparent déjà avec celui des civil rights des années 60. Comme le dit Naomi Klein, un tel mouvement n’a potentiellement que le ciel pour limite ! Les coalitions politiques se définissent non par leur origine, mais au milieu du gué, quand s’affirment toutes leurs possibilités. Or, cette coalition a ceci de spécifique qu’elle tente de se rendre équivalente à un presque tous. Comme une sorte d’universel inexact, son approximation combative. N’est-ce pas ce qu’il s’agit d’inventer ? Ni une micropolitique locale ni un universel sanglant ? Ni la gauche «ONG-nizée» ni la substitution d’une horreur par une autre ?
2) En se comptant, ils affirment d’une part une puissance collective, et d’autre part désignent le 1 % soustrait du compte, celui de la «cupidité» financière responsable des crises économiques et de la dévastation écologique du monde. Simplificateur ? Demandez aux ouvriers d’Amazon qui travaillent dans la Lehigh Valley ce qu’il en est de la simplification meurtrière des conditions de travail, ou aux ouvriers qui assemblent en Chine les matériaux d’Apple avant de se suicider. Il est essentiel de nommer cet «un-pour-sang», essentiel d’écrire dans les rues et dans les textes le nouveau Contr’Un, pour reprendre l’autre titre du livre de La Boétie (De la servitude volontaire). Une telle reconnaissance de la concentration numérique de l’injustice illustre le fait qu’il y a des gens qui se moquent bien de savoir comment nous allons survivre. Il nous est permis de ne pas les compter parmi nos amis, même sur Facebook. Désormais, nous voulons nous occuper de nos affaires, surtout quand elles sont vitales.
3) Vitale est la prise en considération des dégâts du capitalisme. Il ne s’agit pas ici de s’opposer à un mouvement de réforme des retraites, de destituer un président ou de faire tomber un régime politique. Et vous ne verrez pas non plus d’Indignés : le problème n’est pas d’abord moral, mais politique. Wall Street est visé en tant que symbole d’une création de capital dont le revers est l’expropriation. Expropriation pour ceux qui ne peuvent plus payer leur loyer et sont expulsés de chez eux. Expropriation dont Marx a montré qu’il était le «secret», bien gardé, de l’accumulation du capital. Mais le secret est éventé. Et occuper Zuccotti Park au sud de New York n’est pas que symbolique : ce parc est, juridiquement parlant, un «espace public-privé» appartenant à Brookfield Properties. Ce qu’il s’agit d’occuper est ce dont on a été privé. Quand cet homme au cœur d’une manifestation à New York affiche qu’il a «perdu son travail», mais «gagné une occupation», c’est bien la question de ce qu’il faut faire de nos vies qui se pose : comment allons-nous occuper le temps qu’il nous reste avant que la situation n’empire ?
Avant de nouveaux Fukushima, de nouvelles faillites, de nouvelles privatisations à grande échelle (comme en Grèce), le capitalisme exploite le temps (de travail, de formation permanente, etc.) - comment suspendre son vol ? Quelque chose de profondément politique a lieu ici, qui n’a pas encore de nom, mais trouve ses voix. Celles de l’occupation politique du temps.
FRÉDÉRIC NEYRAT Philosophe, membre de la rédaction de la revue Multitudes Dernier ouvrage paru : «le Terrorisme, un concept piégé» (è®e, 2011).

Repères. Le mouvement Occupy Wall Street
«Les gens sont frustrés par rapport à notre système financier et les manifestants leur prêtent leurs voix.»
Susan Sarandon, Alec Baldwin, Michael Moore, mais aussi le rappeur Kanye West ou le producteur Russell Simmons… de nombreuses célébrités sont venues à Zuccotti Park et soutiennent le mouvement.
450 000 dollars de dons (318 000 euros) ont été récoltés par Occupy Wall Street, notamment grâce à des contributions de particuliers allant de 5 à 1 000 dollars. A Zuccotti Park, toute dépense de plus de 1 000 dollars est votée en assemblée générale.

«Nous expérimentons une nouvelle forme de démocratie»
Baptiste, 30 ans, Indigné de Quimper et co-entrepreneur dans la billetterie informatique, nous livre son témoignage.
«Lorsque le mouvement des Indignés a vu le jour en France, nous voulions engager une réflexion sur l’absence de démocratie réelle et sur le manque de représentativité du peuple par les élus. Depuis, nous avons réalisé que ce sujet était trop abstrait pour que tous puissent s’en saisir. Nous nous attaquons désormais avant tout au système financier et à ses dérives. C’est le sens des actions "NoG20 Uncut" que nous co-organisons aux côtés des altermondialistes d’Attac pendant le G20. De la même manière, nous allons occuper symboliquement la Défense à Paris le 4 novembre.
«Nous n’avons pas voté pour les banques, pourquoi nous gouverneraient-elles ? La planète compte 194 pays, pourquoi seuls 20 d’entre eux décideraient de l’avenir de tous les peuples ? Le CAC 40 et les plus riches usent de paradis fiscaux et de niches fiscales en toute impunité, au détriment de nos services publics. Les politiques d’austérité nous sont présentées comme des fatalités, mais nous ne sommes pas dupes : ce n’est pas une crise, c’est une arnaque ! Nos élus sont censés rendre des comptes, pourtant on les protège de toute mise en cause judiciaire ! Nous sommes face à un monde rempli d’injustices et d’insécurité humaine, qui n’est pas l’insécurité que le gouvernement a voulu nous vendre en 2007. Vivre décemment : voilà la vraie préoccupation des gens ! C’est cette injustice-là qui nous fait nous lever et nous indigner.
«Nous n’avons pas de solutions toutes faites pour instaurer une démocratie réelle. Nous sommes dans une démarche d’imagination collective, qui vise à redonner envie de faire de la politique et de s’engager. L’une de nos pistes de réflexion est la création d’une démocratie participative. Celle-ci pourrait s’exercer par le biais de conseils de quartiers dotés de moyens réels. Nous aspirons à un vrai dialogue entre élus et citoyens, où chacun assume sa part de responsabilité pour mieux vivre ensemble. Nous voulons aussi ouvrir des espaces d’expression libre, sous forme d’assemblées générales enfin épargnées par la répression policière.
«Nous expérimentons nous-même une démocratie directe à petite échelle lors de nos "agoras", basée sur l’autogestion, attentive à la parole de chacun. Nous n’avons pas de leader, nous fonctionnons "à l’horizontale", avec des commissions chargées de se pencher sur divers thèmes. Nous nous servons de codes gestuels lors des prises de parole pour ne pas interrompre celui qui s’exprime et ne pas laisser les applaudissements influer sur la foule. Par exemple, lever les deux mains en l’air et les secouer permet de signifier son accord avec ce qui est dit, mettre les mains en croix au-dessus de sa tête veut dire que l’on est en désaccord total.
«A son rythme, le mouvement des Indignés prend de l’ampleur en France. Ici, il y a moins de chômage chez les jeunes qu’en Espagne ou ailleurs et nous disposons encore d’amortisseurs sociaux. La société française semble plus cloisonnée qu’en Espagne. Nous sommes confrontés à la répression policière ainsi qu’à des tentatives de récupération par des partis politiques. Mais le mouvement des Indignés est convergent et non clivant. Nous sommes les "99%", l’autre pour-cent ne pourra plus décider dans l’impunité !»
LAURA THOUNY

Mouvement des Indignés: «En France, c'est chacun dans son coin»
Professeur d'anthropologie à Paris VIII, Alain Bertho explique pourquoi le mouvement des Indignés a du mal à prendre en France...
En France, le mouvement des Indignés prend moins que dans d’autres pays, alors que le livre de Stéphane Hessel s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires. Comment l’expliquez-vous?
C’est certes un mouvement international, aux enjeux internationaux mais qui est extrêmement tributaire des conjonctures nationales. En Grèce, en Espagne, les jeunes sont plus nombreux, ils sont plus au chômage. Et ils ont moins de possibilité d’espoir dans une politique d’alternance car les gouvernements en place sont déjà socialistes. En France la conjoncture est différente, les dégradations semblent moins irréversibles et il y a devant nous une échéance politique importante, la présidentielle qui peut capter une part du mécontentement.
Ce serait parce que le discours des indignés pourrait avoir un débouché politique avec certains hommes politiques, comme Arnaud Montebourg ou Jean-Luc Mélenchon que le mouvement est moins fort?
Je ne pense pas qu’il faut parler de débouché politique. Ce n’est pas ce que cherchent ces mobilisations qui portent une méfiance  profonde  à l’égard vis-à-vis du système politique et des partis. La lutte contre la corruption des partis et des pouvoirs est le point n°1 de l’appel des Indignados espagnols. Il y a parfois un écho des positions de ce mouvement chez certains hommes politiques. Mais je crains que cela ne reste qu’un écho.  En France, il faut peut-être donner rendez-vous au mouvement des Indignés en septembre 2012.
Ce qui est paradoxal, c’est que la France a une tradition contestataire…
Les nombreux mouvements de protestations et d’émeutes dans le monde concernent pour l’essentiel des jeunes,  qui sont face à l’absence de revenus, de travail et d’avenir. Dans certains pays, la jeunesse entière se retrouve à un moment réunie ensemble autour d’un mouvement de protestation, et agrège ensuite des gens très différents. Ça a été le cas dans la révolte tunisienne et même en Grèce. Dans le nord de l’Europe, du moins en Angleterre ou en France, c’est plutôt chacun dans son coin. Les étudiants et les jeunes universitaires d’un côté et les jeunes des quartiers populaires de l’autre. Chacun des mouvements se confronte au pouvoir mais ne se sent pas concernés par les revendications de l’autre. Ça a été le cas en 2005, où il y a eu les émeutes en banlieues et ensuite le fort mouvement de protestation contre le CPE. Les deux mouvements ne se sont d’ailleurs pas très bien entendus. Cet situation pèse: le mouvement des Indignés ne trouve pas d’écho en banlieue alors qu’objectivement, il aurait toute les raison d’en avoir.  Pourtant, si on est attentif, il n’y a pas une semaine où il n’y a pas de signes de révolte. La tension comme la désillusion est permanente. Mais quand les deux jeunesses sont séparées, le passage à un mouvement qui mobilise de l’espoir est plus compliqué.
Comment ces deux jeunesses peuvent-elles se rejoindre?
Tout cela est très mystérieux. De tels événements peuvent survenir, sans que l’on sache comment. Lors des manifestations contre les retraites en octobre  2010, j’ai pu observer un début de synergie au moment du mouvement lycéen en banlieue parisienne, à Lyon, dans le Nord... Difficile de savoir où cela en est aujourd’hui. Ce qui est sûr c’est que lors des deux derniers grands mouvements de protestation, contre la réforme des universités et la réforme des retraites, des millions de gens ont fait l’expérience d’un Etat qui ne négocie pas. Ils étaient face à un mur et qui a pu dire qu’ils faisaient bien de manifester car «c’est ça la démocratie» mais que cela ne changerait rien aux décisions gouvernementales. Des défaites comme celles-là se digèrent doucement. Les plus jeunes en tireront sans doute des conséquences.
Y-a-t-il des points communs entre tous les mouvements de protestations, aux Etats-Unis, en Israël, en Espagne, en Grèce, en France, au Sénégal?
Le premier point commun c’est la jeunesse, qui vit une situation grave comme rarement atteint ces deux derniers siècles. Il y a un désarroi planétaire et une absence totale de réponse idéologique. C’est «no future» au niveau économique, au niveau écologique et au niveau politique. Alors qu’il y a plus de jeunes, plus citadins et qu’ils sont plutôt plus éduqués que leurs aînés. Cela donne des explosions un peu partout, sous des formes différentes. Les émeutes sont en croissance constante depuis 10 ans, il y en a des centaines tous les ans. Cette année un seuil a été passé: les mots et les idées de la révolte circulent, ce qui n’était pas le cas avant. Les révolutions arabes traversent la Méditerranée et prennent une autre forme, reviennent puis traversent l’Atlantique jusqu’à Wall Street. 
Quelle est la particularité de ce mouvement?
Il y a 10 ans, les altermondialistes se battaient contre une sorte de «gouvernement mondialisé». Aujourd’hui, ceux qui protestent ont le sentiment que tout se décide à une autre échelle, celle des banques et de la finance. Mais qu’il y a une articulation avec les gouvernements locaux, il y a donc un ancrage national possible de la mobilisation. Il y a enfin une idée qui monte: cette mobilisation- là, celle de l’exigence de «démocratie réelle», de prise en compte de la réalité de la situation et de la parole des gens, ne passe ni par la course au pouvoir, ni par les organisations qui s’y consacrent, les partis. Une autre conception de la politique se cherche, en rupture avec deux siècles de démocratie partisane et représentative, en phase avec l’époque et ses enjeux.
Maud Pierron

dimanche 30 octobre 2011

Votre agenda de cet automne...


a) Dimanche 30 octobre 2011 : de 8h à 17h. Foire d'Automne
Contact : - Tel : 04 75 21 10 07 - chatillonendiois@diois-tourisme.com
(Pour... Tout public)
Exposition - Photographies Anciennes
b) 30 octobre Musée d’Histoire et d’Archéologie
Photographies anciennes sur les paysages de Die dans les années 1900 à partir de la collection de photo de la famille Rolland. Vernissage le 25 octobre à 18h.
Musée d’Histoire et d’Archéologie
Contact : - Tel : 04 75 22 40 05
Jusqu’au 31/12/2011. (Pour... Tout public)
c) 1 novembre Concerts à Aix en Diois-Pont de Quart
Pim pam Tchââck, Concert performance et expositions. Avec Louis 2000 (electro punk variété), Riquet 1er (Dub roots electro) ... 10€. A la salle polyvalente.
d) 4 novembre  Atelier d'écriture
Notre prochain atelier d'écriture aura lieu le vendredi le 4 novembre au Tchaï Walla. A bientôt pour d'autres moments d'écriture et de partage. Christiane et Jean-Claude. ecrirechangerlavie@gmx.fr
e) 5, 9, 20, 26 novembre Sorties nature avec Floremonts
Gregori Lemoine propose ses sorties « nature ». Sa 5 : racines sauvages et repousses d'automne; Me 9 : musiques vertes (atelier pour enfants – construction d'instruments de musique en matériaux sauvages); D20 : églatines, sorbes et autres fruits sauvages; 26 : teintures végétales d'automne. Infos : floremonts@orange.fr.
d) 10  novembre Conférence débat
"Ecologie au quotidien" organise une conférence/débat de Philippe Derudder  Salle Joseph Reynaud, rue Joseph Reynaud à Die à 19h00. "Pour une économie au service de l’humain et de la planète: Pour que l'argent serve au lieu d'asservir". Participation libre, suivie d'un repas partagé.. ecologieauquotidien.die@gmail.com
f) 13  novembre Comptage Chamois à Gigors avec l'asso. Lysandra
Comptage de 8h30 à 11h00. Synthèse et repas partagé le midi. Inscription indispensable par téléphone (0475,573234) ou mail : assolysandra@aliceadsl.fr.
g) 14 et 15 novembre Stage avec Philippe Derudder : Sortir de la crise économique
Abondance ? Et si nous faisions fausse route ? Et si ce terme ne renvoyait pas à la quête du bonheur à force « d'avoir » mais à développer un état intérieur de complétude. Mais au fait, qu'est-ce que l'Abondance ? « Avoir tout ce qu'il faut » pour être heureux ? Ou développer un état de complétude qui génère naturellement ce qui nous est nécessaire ? Ouvrir les portes des prisons mentales qui nous tiennent enfermés dans des réflexes de survie, apprendre à « dissoudre » nos peurs dans la confiance et l'amour, telle est la révolution intérieure considérable « qu'exige » notre époque! Ce stage propose de découvrir comment utiliser l'ordinaire du quotidien comme clé pour ouvrir ces portes. De 9h00 à 17h00 à Espenel, chez georges et Anna Roussel. Organisé par « écologie au quotidien ». ecologieauquotidien.die@gmail.com

Sortir du nucléaire...Quand et comment ?

Charlotte Mijeon, chargée de campagne et des relations extérieures du Réseau Sortir du nucléaire. L'écologiste répond à toutes vos questions...(Photo).

Quel est le poids du lobby nucléaire auprès du gouvernement français?
Très grand ! Pour mémoire, le programme nucléaire français n'a jamais fait l'objet d'un vote. Le lobbying du nucléaire militaire a été tout aussi fort, sinon plus, que celui du nucléaire civil, pour imposer ses choix. Il est intéressant de souligner la très grande proximité entre l'industrie nucléaire et les élus. Anne Lauvergeon était une proche de François Mitterand ; Anne-Aymone, l'épouse de Valéry Giscard d'Estaing, venait d'une grande famille industrielle investie dans le nucléaire, etc...
François Hollande s’est engagé à engager un grand débat national sur le nucléaire après la présidentielle. Êtes-vous satisfaite de cette proposition?
Un débat n'a de valeur que s'il peut déboucher sur de vrais décisions, avec la possibilité d'un changements de cap. En matière de nucléaire, il y a déjà eu beaucoup de débats où "l'essentiel était de participer", mais où la décision était déjà prise d'avance, si bien qu'on se retrouvait avec une pure procédure formelle. Cela a été le cas avec les EPR de Flamanville et Penly, où on a proposé de débattre alors que la construction des réacteurs avait déjà été décidée !
Le nucléaire est-il vraiment une énergie dangereuse? Il n'y a pas eu tant d'accident que cela, dans le monde (Jvoren)
Lors du lancement des premiers programmes nucléaires, l'industrie nucléaire avait coutume d'affirmer que le risque était limité à un accident majeur toutes les 100 000 années-réacteurs. Or, en un demi-siècle à peu près, nous avons largement dépassé ces prévisions ! L'accident de Fukushima n'est pas terminé. Il a mené à la contamination de l'océan (on retrouve des radionucléides jusqu'en Amérique du Nord), ainsi que de la chaîne alimentaire dans toute une région, pour des centaines d'années au moins. L'accident de Tchernobyl, il y a 25 ans, s'est traduit par près d'un million de morts, selon une étude publiée récemment par l'Académie de Médecine de New York. Sans le sacrifice de 800 000 "liquidateurs", ces personnes qui sont intervenues directement sur le site, au péril de leur santé, pour empêcher que l'accident dégénère, ses conséquences auraient pu être bien pires. Dans des régions entières du Belarus, d'Ukraine et de Russie, la population continue de se nourrir d'aliments contaminés. Enfin, peu de monde est au courant de l'accident survenu en 1957 sur le complexe nucléaire de Mayak (Russie), où l'explosion d'un container a contaminé les sols et les eaux d'une région entière. Combien d'accident faudra-t-il encore pour convaincre de la dangerosité de cette énergie ?
Souhaitez-vous un référendum pour la sortie du nucléaire en France?
Ce que nous souhaitons avant tout, c'est une décision de sortie du nucléaire, qui engage fermement et définitivement la France vers une vraie transition énergétique. Dans la mesure où plus de 70 % des Français (voire 77 % selon les sondages) sont déjà pour une sortie du nucléaire, il n'est pas nécessaire de passer par un référendum pour venir à cette décision.
Je pense surtout que les Français sont surtout très mal informés sur la question du nucléaire. Qu'en pensez-vous?
En effet, les Français sont très mal informés. Il est très difficile de trouver de l'information, en particulier compréhensible pour le grand public, sans compter qu'une grande partie est classée "secret défense"... Après une longue ère de silence, l'industrie nucléaire prétend maintenant jouer le jeu de la "transparence", mais il s'agit avant tout d'opérations de communication.
Vous êtes contre l'électricité d'origine nucléaire. Soit. mais dans votre vie quotidienne que faites-vous pour diminuer la consommation d'électricité. Avez-vous par exemple un téléphone portable, un PC, une téloche, une console de jeux ? ou vivez-vous dans une grotte ou dans les égoûts parisiens. D'autre part quels sont les ressources du réseau du nucléaire et quels sont les raisons de voir une entreprise verser de l'argent à votre réseau. Le fait d'être contre le nucléaire n'est-il pas un moyen de soutirer de l'argent aux entreprises non nucléaires qui gagneraient à la suppression du nucléaire en France. Est-ce que la ficelle n'est pas un peu grosse?
Je n'habite pas dans une grotte, ni dans les égouts ! Et je n'ai ni télévision ni console de jeu, mais j'ose croire que cela ne fait pas de moi une extraterrestre ;-). J'utilise tout simplement des équipements économes et j'ai changé de fournisseur d'électricité pour soutenir les énergies renouvelables. Le Réseau "Sortir du nucléaire" n'a pas pour vocation de soutirer de l'argent aux entreprises. Si vous voulez vraiment un exemple d'organisme qui vit de l'argent des firmes, je vous conseille plutôt d'aller regarder du côté de Foratom, le lobby nucléaire européen. Financièrement, nous ne jouons pas dans la même cour !
La sortie du nucléaire ne va t'elle pas faire bondir notre facture d'électricité ?
Il faut voir la sortie du nucléaire non comme un poids, mais comme un investissement pour l'avenir, qui va aussi déboucher sur la création de centaines de milliers d'emplois locaux et non délocalisables. Par ailleurs, que l'on sorte du nucléaire ou qu'on y reste, il n'y a pas de statu quo possible : tout choix nécessite des dépenses ! Il y a lieu donc lieu de se demander si les investissements nécessaires pour prolonger et renouveler le parc nucléaire français ne seraient pas supérieurs à ceux de la sortie. Par exemple, EDF estimait il y a un an qu'il faudrait consacrer 600 millions d'euros pour prolonger de dix ans la durée de vie de chacun des réacteurs français. Maintenant que les réacteurs sont censés être "remis aux normes" suite à la catastrophe de Fukushima, cette somme risque de grimper en flèche. Par ailleurs, le coût des nouveaux réacteurs ne cesse de grimper : estimé au départ à 3,3 milliards d'euros, le réacteur EPR en construction à Flamanville dépasse maintenant les 6 milliards. Or en 2007, une étude avait montré qu'il aurait été possible d'assurer tout aussi bien l'approvisionnement en énergie dans le Grand Ouest, tout en créant plus de 10 000 emplois et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, si on avait consacré les 3,3 milliards d'euros de départ aux alternatives énergétiques ! Enfin, nous devons aussi nous demander sérieusement quels seraient les coûts d'un accident nucléaire en France. Si des régions entières sont rendues inhabitables, si la France ne peut plus exporter les productions industrielles et agricoles de certaines régions (sachant par exemple que beaucoup de vignobles - Côte de Blaye, Chinon, les Côtes du Rhône, voire certains champagnes... - sont proches d'installations nucléaires), nous en paierons tous le prix.
En quoi le nucléaire pollue t'il? On entend dire que c'est l'énergie la plus propre qui soit, qu'en pensez-vous?
On pense souvent à l'accident, mais il faut savoir que, du début à la fin de la chaîne, même en conditions "régulières", le nucléaire est responsable de pollutions et nuisances. L'extraction de l'uranium et le travail du minerai recourent à des procédés extrêmement polluants ; les bassins de décantation des mines souillent les eaux, et les poussières radioactives des stériles miniers peuvent se disséminer sur des régions entières. Dans la ville d'Arlit, au Niger, la seule nappe d'eau disponible est polluée par les radioéléments. Ensuite, les centrales elles-mêmes sont autorisées à émettre des rejets radioactifs et chimiques. Même si ces émissions ne sont pas énormes, elles peuvent avoir des impacts sur la santé des riverains. Une étude allemande récente a mis en évidence un surcroît de leucémies infantiles à proximité des centrales. Les nuisances existent également pour les travailleurs du nucléaire. Enfin, le nucléaire aboutit à la production d'une grande quantité de déchets, dont certains resteront dangereux pendant des millions d'années, et pour la gestion desquels il n'existe aucune option viable puisqu'il est impossible d'assurer leur confinement sûr au-delà d'une certaine période. En Allemagne, on avait fait le choix il y a quelques décennies d'enfouir ces déchets dans une ancienne mine de sel, prétendument étanche ; il se trouve qu'elle est maintenant envahie par des infiltrations d'eau, si bien que les fûts corrodés baignent dans une saumure qui risque de contaminer les nappes phréatiques environnantes. La réputation du nucléaire comme énergie "propre" est due au fait qu'il émet peu de CO2, mais - outre qu'il existe un grand nombre d'autres technologies également peu émettrices -  cet avantage tout relatif ne pèse pas grand-chose au regard des pollutions radioactives. Un scientifique américain déclarait ainsi que recourir au nucléaire pour lutter contre le changement climatique revenait à fumer pour maigrir : on obtient de bien piètres résultats, et à quel prix !
Êtes-vous financé par les grands groupes pétroliers? Si non, par qui êtes vous financé? (perouges)
Le Réseau "Sortir du nucléaire" est financé exclusivement par les cotisations et dons de ses associations membres et de ses adhérents ; les personnes prêtes à soutenir la sortie du nucléaire sont bien plus nombreuses qu'on ne le croit, et présentes dans toute la société. Vous pouvez consulter sur notre site la liste des associations membres, vous n'y verrez aucun grand groupe pétrolier.

Je suis d'accord que le nucléaire est un gros risque à prendre mais ce que j'aimerai savoir, c'est quelle alternative utiliser pour fournir l'énergie dont on a besoin?
Il faut recourir à toute une diversité de solutions. Dans un premier temps, avant de se préoccuper de l'énergie à fournir, il faut d'abord examiner nos besoins en énergie et agir pour supprimer les gaspillages. Cela ne signifie pas se serrer la ceinture, mais plutôt repérer toutes les consommations inutiles, qui ne nous apportent aucun mieux-être. On peut ainsi citer tous les éclairages qui restent allumées pour rien, les ventilations qui tournent pendant le week-end dans des bâtiments vides... Je pense également aux écrans publicitaires vidéo qui fleurissent dans le métro, qui ne nous apportent pas grand-chose et consomment trois fois plus d'électricité qu'une famille ! Une fois que l'on sait de quelle consommation nous avons besoin, il faut s'attacher à utiliser l'énergie intelligemment, pour assurer le même service avec une moindre quantité. Il s'agit par exemple d'isoler les bâtiments, d'utiliser des appareils plus performants, mais aussi de ne pas utiliser l'électricité là où elle n'est pas efficace. Par exemple, le chauffage électrique, qui consomme annuellement la production de dix réacteurs nucléaires, est une aberration. Enfin, pour fournir l'énergie dont nous avons besoin, on peut utiliser un peu de gaz de manière transitoire, mais avant tout recourir à la diversité des énergies renouvelables : éolien, solaire, bois, géothermie, hydraulique... L'Allemagne, qui est bien moins ensoleillée que la France et n'a pas le même potentiel éolien, pourrait produire 47 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables d'ici 2020. Les renouvelables y emploient déjà 370 000 personnes. De nombreuses idées sont à l'œuvre pour assurer en permanence la fourniture en électricité grâce à un grand nombre de petites installations et des réseaux électriques intelligents. Les solutions existent, il n'y a plus qu'à les mettre en œuvre!
Le nucléaire permet-il à la France d'être autonome sur son énergie?     
Contrairement aux idées reçues, le nucléaire ne contribue pas à l'indépendance énergétique de la France. La totalité de l'uranium utilisé dans les centrales françaises est importé, le plus souvent du Niger, du Kazakhstan et d'Australie. Nous produisons certes beaucoup d'électricité, mais nous en importons de plus en plus, en particulier pendant les périodes de grand froid. Par ailleurs, l'électricité ne se substitue pas à toutes les autres énergies : même avec  58 réacteurs, nous importons toujours plus de combustibles fossiles, et nous consommons plus de pétrole par tête que les Britanniques. Pour atteindre une véritable autonomie énergétique, il nous faudrait développer les énergies renouvelables et décentralisées. Le soleil et le vent n'appartiennent à personne!
Pourquoi ne pas attendre que le projet ITER aboutisse?
Le projet ITER est un dispositif expérimental, qui n'est pas destiné à la production d'électricité. Même ses partisans reconnaissent que la fusion ne sera pas opérationnelle avant 2050. La communauté scientifique elle-même n'est pas unanime sur ce projet, et même Georges Charpak, défenseur de l'atome par ailleurs, qualifiait ce projet de "coûteux et inutile". En effet, les coûts d'ITER s'élèvent déjà à 16 milliards d'euros, et il est arrivé que l'on puise dans d'autres budgets européens pour le financer. Ne serait-il pas plus sensé d'investir ces sommes dans des technologies existantes, efficaces, qui progressent rapidement et ne demandent qu'à être financées, comme les procédés permettant d'économiser l'énergie et les énergies renouvelables ? Enfin, il faut rappeler qu'ITER est censé utiliser du tritium, un isotope de l'hydrogène très volatil qui provoque de graves dommages à l'ADN.
Présentation de l’interview:
La catastrophe de Fukushima a relancé le débat sur le nucléaire. La France, avec ses 58 réacteurs, produit 74% de son électricité par des centrales nucléaires. Selon le gouvernement,  ce choix assure une indépendance énergétique à la France, protège l'environnement et permet de proposer des prix compétitifs et stables aux consommateurs. Pourtant, de nombreuses questions subsistent... Les installations sont-elles réellement sûres? Le nucléaire est-il réellement une énergie propre? Quid des déchets radioactifs?
Le Réseau Sortir du nucléaire, association créée en 1997,  publie le livre « Sortir du nucléaire, c’est possible ! », afin de démontrer que des solutions alternatives existent.
Charlotte Mijeon travaille depuis trois ans pour l’organisme et y est actuellement chargée de campagne et des relations extérieures.
Vous souhaitez en savoir plus sur les activités du Réseau Sortir du nucléaire et la sortie de leur livre?
Réseau "Sortir du nucléaire"
9 rue Dumenge
69317 LYON cedex 04
FRANCE
Contact (a) sortirdunucleaire.fr
Tél : 04 78 28 29 22
Fax : 04 72 07 70 04

Rendons l' Europe plus démocratique...

Rendons l'Europe plus démocratique !
A court terme, la crise requiert la plus grande attention. Mais par-delà ceci, les acteurs politiques ne devraient pas oublier les défauts de construction qui sont au fondement de l'union monétaire et qui ne pourront pas être levés autrement que par une union politique adéquate : il manque à l'Union européenne les compétences nécessaires à l'harmonisation des économies nationales, qui connaissent des divergences drastiques dans leurs capacités de compétition.
Le "pacte pour l'Europe" à nouveau renforcé ne fait que renforcer un vieux défaut : les accords non contraignants dans le cercle des chefs de gouvernements sont ou bien sans effets ou bien non démocratiques, et doivent pour cette raison être remplacés par une institutionnalisation incontestable des décisions communes. Le gouvernement fédéral allemand est devenu l'accélérateur d'une désolidarisation qui touche toute l'Europe, parce qu'il a trop longtemps fermé les yeux devant l'unique issue constructive que même la Frankfurter Allgemeine Zeitung a décrit entre-temps par la formule laconique : "Davantage d'Europe". Tous les gouvernements concernés se retrouvent désemparés et paralysés face au dilemme entre d'une part les impératifs des grandes banques et des agences de notation et d'autre part leur crainte face à la perte de légitimation qui les menace auprès de leur population frustrée. L'incrémentalisme écervelé trahit le manque d'une perspective plus large.
Depuis que le temps de l'embedded capitalism est révolu et que les marchés globalisés de la politique s'évanouissent, il devient de plus en plus difficile pour tous les Etats de l'OCDE de stimuler la croissance économique et de garantir une répartition juste des revenus ainsi que la Sécurité sociale de la majorité de la population. Après la libération des taux de change, ce problème a été désamorcé par l'acceptation de l'inflation. Etant donné que cette stratégie entraîne des coûts élevés, les gouvernements utilisent de plus en plus l'échappatoire des participations aux budgets publics financées par le crédit.
La crise financière qui dure depuis 2008 a aussi figé le mécanisme de l'endettement étatique aux frais des générations futures ; et en attendant, on ne voit pas comment les politiques d'austérité - difficiles à imposer en politique intérieure - pourraient être mises en accord sur la longue durée avec le maintien du niveau d'un Etat social supportable. Les révoltes de la jeunesse sont un avertissement des menaces qui pèsent sur la paix sociale. Au moins a-t-on reconnu, dans ces circonstances, comme étant le défi véritable le déséquilibre entre les impératifs du marché et la puissance régulatrice de la politique. Au sein de la zone euro, un "gouvernement économique" espéré devrait redonner une force neuve au pacte de stabilité depuis longtemps évidé.
Les représentations d'un "fédéralisme exécutif" d'un type particulier reflètent la crainte des élites politiques de transformer le projet européen, jusque-là pratiqué derrière des portes closes, en un combat d'opinion bruyant et argumenté, obligeant à se retrousser les manches, et qui serait public. Au vu du poids des problèmes, on s'attendrait à ce que les politiciens, sans délai ni condition, mettent enfin les cartes européennes sur table afin d'éclairer de manière offensive la population sur la relation entre les coûts à court terme et l'utilité véritable, c'est-à-dire sur la signification historique du projet européen.
Ils devraient surmonter leur peur des sondages sur l'état de l'opinion et faire confiance à la puissance de persuasion de bons arguments. Au lieu de cela, ils s'acoquinent avec un populisme qu'ils ont eux-mêmes favorisé par l'obscurcissement d'un thème complexe et mal-aimé. Sur le seuil entre l'unification économique et politique de l'Europe, la politique semble retenir son souffle et rentrer la tête dans les épaules. Pourquoi cette paralysie ? C'est une perspective engluée dans le XIXe siècle qui impose la réponse connue du demos : il n'existerait pas de peuple européen ; c'est pourquoi une union politique méritant ce nom serait édifiée sur du sable. A cette interprétation, je voudrais en opposer une autre : la fragmentation politique durable dans le monde et en Europe est en contradiction avec la croissance systémique d'une société mondiale multiculturelle, et elle bloque tout progrès dans la civilisation juridique constitutionnelle des relations de puissance étatiques et sociales.
Etant donné que jusque-là l'UE a été portée et monopolisée par les élites politiques, une dangereuse asymétrie en a résulté - entre la participation démocratique des peuples aux bénéfices que leurs gouvernements "en retirent" pour eux-mêmes sur la scène éloignée de Bruxelles, et l'indifférence, voire l'absence de participation des citoyens de l'UE eu égard aux décisions de leur Parlement à Strasbourg. Cette observation ne justifie pas une substantialisation des "peuples". Seul le populisme de droite continue de projeter la caricature de grands sujets nationaux qui se ferment les uns aux autres et bloquent toute formation de volonté dépassant les frontières. Après cinquante ans d'immigration du travail, les peuples étatiques européens, au vu de leur croissant pluralisme ethnique, langagier et religieux, ne peuvent plus être imaginés comme des unités culturelles homogènes. Et Internet rend toutes les frontières poreuses.
Dans les Etats territoriaux, il a fallu commencer par installer l'horizon fluide d'un monde de la vie partagé sur de grands espaces et à travers des relations complexes, et le remplir par un contexte communicationnel relevant de la société civile, avec son système circulatoire d'idées. Il va sans dire que cela ne peut se faire que dans le cadre d'une culture politique partagée demeurant assez vague. Mais plus les populations nationales prennent conscience, et plus les médias portent à la conscience, à quelle profondeur les décisions de l'UE influent sur leur quotidien, plus croîtra l'intérêt qu'ils trouveront à faire également usage de leurs droits démocratiques en tant que citoyens de l'Union.
Ce facteur d'impact est devenu tangible dans la crise de l'euro. La crise contraint aussi, à contrecoeur, le Conseil à prendre des décisions qui peuvent peser de façon inégale sur les budgets nationaux. Depuis le 8 mai 2009, il a outrepassé un seuil par des décisions de sauvetage et de possibles modifications de la dette, de même que par des déclarations d'intentions en vue d'une harmonisation dans tous les domaines relevant de la compétition (en politique économique, fiscale, de marché du travail, sociale et culturelle).
Au-delà de ce seuil se posent des problèmes de justice de la répartition, car avec le passage d'une intégration "négative" à une intégration "positive", les poids se déplacent d'une légitimation de l'output à une légitimation de l'input. Il serait donc conforme à la logique de ce développement que des citoyens étatiques qui doivent subir des changements de répartition des charges au-delà des frontières nationales, aient la volonté d'influer démocratiquement, dans leur rôle de citoyen de l'Union, sur ce que leurs chefs de gouvernement négocient ou décident dans une zone juridique grise.
Au lieu de cela nous constatons des tactiques dilatoires du côté des gouvernements, et un rejet de type populiste du projet européen dans son ensemble du côté des populations. Ce comportement autodestructeur s'explique par le fait que les élites politiques et les médias hésitent à tirer des conséquences raisonnables du projet constitutionnel. Sous la pression des marchés financiers s'est imposée la conviction que, lors de l'introduction de l'euro, un présupposé économique du projet constitutionnel avait été négligé. L'UE ne peut s'affirmer contre la spéculation financière que si elle obtient les compétences politiques de guidage qui sont nécessaires pour garantir au moins dans le coeur de l'Europe, c'est-à-dire parmi les membres de la zone monétaire européenne, une convergence des développements économiques et sociaux.
Tous les participants savent que ce degré de "collaboration renforcée" n'est pas possible dans le cadre des traités existants. La conséquence d'un "gouvernement économique" commun, auquel se complaît aussi le gouvernement allemand, signifierait que l'exigence centrale de la capacité de compétition de tous les pays de la communauté économique européenne s'étendrait bien au-delà des politiques financières et économiques jusqu'aux budgets nationaux, et interviendrait jusqu'au ventricule du coeur, à savoir dans le droit budgétaire des Parlements nationaux.
Si le droit valide ne doit pas être enfreint de façon flagrante, cette réforme en souffrance n'est possible que par la voie d'un transfert d'autres compétences des Etats membres à l'Union. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont conclu un compromis entre le libéralisme économique allemand et l'étatisme français qui a un tout autre contenu. Si je vois juste, ils cherchent à consolider le fédéralisme exécutif impliqué dans le traité de Lisbonne en une domination intergouvernementale du Conseil de l'Europe contraire au traité. Un tel régime permettrait de transférer les impératifs des marchés aux budgets nationaux sans aucune légitimation démocratique propre.
Pour ce faire, il faudrait que des accommodements conclus dans l'opacité, et dépourvus de forme juridique, soient imposés à l'aide de menaces de sanctions et de pressions sur les Parlements nationaux dépossédés de leur pouvoir. Les chefs de gouvernement transformeraient de la sorte le projet européen en son contraire : la première communauté supranationale démocratiquement légalisée deviendrait un arrangement effectif, parce que voilé, d'exercice d'une domination post-démocratique. L'alternative se trouve dans la continuation conséquente de la légalisation démocratique de l'UE. Une solidarité citoyenne s'étendant à l'Europe ne peut pas se former si, entre les Etats membres, c'est-à-dire aux possibles points de rupture, se consolident des inégalités sociales entre nations pauvres et riches.
L'Union doit garantir ce que la Loi fondamentale de la République fédérale allemande appelle (art. 106, alinéa 2) : "l'homogénéité des conditions de vie". Cette "homogénéité" ne se rapporte qu'à une estimation des situations de vie sociale qui soit acceptable du point de vue de la justice de répartition, non pas à un nivellement des différences culturelles. Or, une intégration politique appuyée sur le bien-être social est nécessaire pour que la pluralité nationale et la richesse culturelle du biotope de la "vieille Europe" puissent être protégées du nivellement au sein d'une globalisation à progression tendue.
(Traduit de l'allemand par Denis Trierweiler.)
Jürgen Habermas, philosophe
Ce texte est extrait de la conférence que Jürgen Habermas donnera à l'université Paris-Descartes (12, rue de l'Ecole-de-Médecine, 75006 Paris) dans le cadre d'un colloque organisé, le 10 novembre, par l'équipe PHILéPOL (philosophie, épistémologie et politique) dirigée par le philosophe Yves Charles Zarka. L'intégralité du texte sera publiée dans le numéro de janvier 2012 de la revue Cités (PUF).
A propos de l'auteur
Né en 1929, Jürgen Habermas est l'un des plus influents penseurs actuels, particulièrement dans les domaines des théories de la politique, de la société et du droit, ou encore de la connaissance, de la rationalité et de la communication. Son influence, réelle, s'appuie sur des interventions régulières dans les médias qui font de lui un intellectuel public. Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages, dont l'essai Théorie de l'agir communicationnel, son ouvrage le plus célèbre, et le recueil Après l'Etat-nation. Une nouvelle constellation politique, dans lequel il pose la question de l'avenir de l'Etat-nation face aux défis de la mondialisation économique, en envisageant notamment sous cet angle le cas de l'Union européenne.