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vendredi 26 février 2010

Une semaine sans Ecrans du 22 au 28 mars

Défi sans télé –Semaine sans écran. Du 22 au 28 mars 2010.
Nous savons que déjà 25 % des Dioises et Diois ont abandonné leurs télévisions (statistique 2005) mais…
Les familles passent généralement beaucoup de temps devant un écran – à regarder la télé, à consulter l’ordinateur et à jouer à des jeux vidéo. Ce mode de vie inactif se traduit par une épidémie d’obésité et de surplus de poids. Il est temps maintenant de passer à l’action !
Le Défi sans télé : Semaine sans écran est un événement international annuel qui encourage les familles à fermer les écrans et à profiter de l’occasion pour être plus actives pendant une semaine.
En réduisant le temps qu’elles passent devant un écran, les familles ont plus de temps pour faire de l’activité physique, lire, visiter leurs voisins,chanter ensemble , se former, pour s’amuser ensemble et faire mille choses qui valent que la vie vaut d’ être vécue . Participer au Défi sans télé, voilà une excellente façon pour votre famille de bouger plus ! Les familles peuvent même faire du Défi une activité qui durera toute l’année en proposant par exemple qu’on n’ouvre pas la télé ou tout autre écran à un jour donné (le « Mardi sans télé », par exemple).
Les familles sont encouragées à relever le Défi sans télé : Semaine sans écran à n’importe quelle période de l’année et même à le faire plus d’une fois au cours de l’année.
Ecologie au Quotidien
DIE, Rhône-Alpes, France
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Trains et TER : les Transports de demain...

Le Mercredi 24 février, Yves Cochet a participé à un débat à l'Assemblée sur les transports ferroviaires publics.
Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, c’est en effet une bonne initiative de discuter aujourd’hui des transports ferroviaires publics. Les transports en général jouent un rôle dans la structuration des territoires et ils sont partie prenante du modèle de société que nous souhaitons dessiner.
- Mais les transports sont à la fois un facteur de prospérité et – cela est vrai notamment des transports terrestres non ferroviaires – l’une des principales sources de pollution et de destruction de la terre et de l’atmosphère. On se souvient à cet égard des choix politiques qui avaient été faits il y a une quarantaine d’années – et même, en réalité, avant cela –, consistant à favoriser le « tout-automobile » et le « tout-camion ». Par exemple, le président Pompidou disait qu’il fallait adapter la ville à la voiture et c’est à cette époque qu’il a fait les voies sur berges.
- Par ailleurs, cela a encouragé un processus d’étalement des villes sur un vaste périmètre, ce dont nous souffrons actuellement, à la fois en termes d’énergie et de pollution.
- Beaucoup de gens parlent du droit à la mobilité. Eh bien, en regard de ce droit, je souhaiterais évoquer la relocalisation. En effet, si je suis d’accord pour accompagner le développement des transports publics, notamment ferroviaires, je considère aussi qu’il faut relocaliser les activités économiques, de telle manière que les transports – notamment par camion, mais cela vaut aussi parfois pour le rail – ne se fassent pas au détriment de ce que j’appellerais la rationalité des échanges.
- Aussi bien pour les approvisionnements alimentaires que pour les loisirs ou d’autres activités économiques, on voit des quantités de camions sur les autoroutes européennes qui permettent l’échange des produits – parfois même de produits frais –, par exemple entre la Hollande et l’Espagne. Cela n’est pas du tout raisonnable.
- Par conséquent, on peut certainement avoir un droit à la mobilité, mais il faudrait également propager ce que j’appelle, monsieur le secrétaire d’État, en utilisant un néologisme qui peut sembler curieux, le « locavorisme ». (Sourires.)
- Cela veut dire que l’on essaye d’utiliser des produits alimentaires produits pas très loin de chez nous : quelques dizaines, voire centaines de kilomètres, mais il ne s’agit pas, évidemment, d’acheter hors saison des produits exotiques qui viennent de Nouvelle-Zélande ou d’un autre pays situé de l’autre côté de la planète.
- Mais, pour en revenir aux transports publics ferroviaires, je voudrais rappeler les exigences de maillage démocratique du territoire : il faudrait, à notre avis, entreprendre une réouverture des petites lignes ferroviaires transversales et secondaires. Il faut aussi, évidemment, rouvrir les petites gares et multiplier les horaires des TER, pour que le train redevienne un moyen de transport désirable et simple pour nos concitoyens. Ceux-ci ont perdu l’habitude du train car l’offre est à la fois désagréable, chère et trop restreinte.
- Je veux par ailleurs évoquer rapidement le désengagement de l’État actionnaire. C’est un phénomène très inquiétant, puisque, si, comme je le souhaite évidemment, la SNCF demeure une entreprise publique, les lignes secondaires transversales doivent rester d’intérêt national. Or je constate que, depuis une quarantaine d’années, la politique de la SNCF est surtout orientée vers les lignes à grande vitesse, les LGV, avec comme conséquence l’abandon, ou en tout cas la déshérence du fret et des lignes régionales.
- Le premier résultat de cette politique est l’explosion du coût de gestion du réseau, lié aux multiples transactions et contentieux entre la SNCF et RFF. Pour un billet de train d’une valeur de cent euros, les droits de péage versés par la SNCF à RFF représentent à peu près trente euros, ce qui explique en partie la hausse rapide des tarifs de la SNCF depuis 1997.
- Je souhaiterais évoquer un dernier point avant de conclure. Je m’interroge en effet sur la stratégie de la SNCF après l’annonce de sa non-participation au projet européen Xrail, destiné à « améliorer et promouvoir les offres de transport international par wagon isolé ». L’an dernier, à Nîmes, nous avions reçu M. Blayau pour les journées d’été des écologistes. Il nous avait objecté que le wagon isolé coûtait très cher. Mais ce n’est pas uniquement une question de prix : c’est une question de volonté politique. Si l’on continue à dire qu’il faut transporter des marchandises par le rail – comme nous le pensons –, il faut y mettre les investissements nécessaires. De ce point de vue, s’agissant du rail européen, il faut que la SNCF contribue au projet Xrail. Je vous pose donc la question : le Gouvernement a-t-il, oui ou non, l’intention de contraindre la SNCF à participer à ce projet ?
- En conclusion, on sait bien que l’entêtement à s’ouvrir à la concurrence entraîne l’agonie du fret ferroviaire, notamment au niveau européen. Par conséquent, le soutien au transport ferré est, à notre avis, indispensable en termes de stratégie de lutte contre le réchauffement climatique, comme l’a dit tout à l’heure l’un de nos collègues de la majorité, faute de quoi nous verrions exploser le transport routier. Nous ne voulons pas que la SNCF devienne un gigantesque opérateur de logistique routière. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)
M. Yves Cochet
Nous posons ce texte, car le train et les TER sont mis à mal par le gouvernement et qu’ils sont pour nous les premiers transports doux opérationnels, écologiques et populaires pour demain.
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Dérèglement climatique : les régions s' engagent...

Réchauffement climatique : les régions veulent avancer…
(photo : Michèle Sabban à gauche)
La souris dont a accouché, la médiatique montagne de Copenhague n'aura finalement surpris que ceux qui avaient choisi d'ignorer les dissensions entre les chefs d'Etat du monde entier depuis deux ans. Aujourd'hui, ces nouveaux déçus nous disent que la conférence de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique est un échec. Echoué, le beau rêve des citoyens du monde entier d'un tournant ambitieux et équitable sur la question du changement climatique. Emportée avec lui la chance historique de faire avancer l'humanité et, pour ainsi dire, d'assurer durablement sa survie.
- En réalité, ces constats-là n'engagent que celles et ceux qui choisissent d'ignorer d'autres mutations en cours. S'ils ne sont pas encore en mesure de pallier toutes les déficiences d'une gouvernance mondiale livrée aux mains des seuls Etats, ces changements permettent néanmoins d'aborder l'année 2010, décisive à bien des égards, avec plus de sérénité et d'optimisme.
Sait-on suffisamment que, d'après les mesures établies par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ce sont entre 50 % et 70 % des mesures d'atténuation et d'adaptation au changement climatique qui seront mises en oeuvre par les régions du monde ? Sait-on aussi qu'à l'issue de la conférence de Copenhague et forts de ce rôle-clé dans la lutte contre le changement climatique, certaines des régions et des Etats fédérés les plus importants de la planète ont décidé de s'affranchir des pesanteurs des règles onusiennes en fondant un R20 qui sera opérationnel dès l'automne 2010 ?
Les régions, les territoires et leurs citoyens n'attendent plus en effet pour s'organiser, ou pour prendre des engagements fermes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qu'une feuille de route leur soit adressée. Ils n'attendent plus que les Etats s'accordent au préalable sur les principes minimaux d'une politique climatique mondiale, au travers de déclarations dont les historiens du futur moqueront probablement l'inanité. Les régions et les Etats fédérés ne se contentent plus d'un rôle d'opérateur, d'exécutant.
Ils entendent au contraire être leaders. L'urgence climatique appelait un changement d'ampleur, un changement de paradigme. Voilà qui est fait en partie. A l'Assemblée des régions d'Europe (ARE), le plus grand réseau de régions de la grande Europe, ce sont par exemple plus de 78 % de nos 270 membres qui ont, à ce jour, mis en place leur propre politique climatique, qui mènent d'eux-mêmes leurs territoires vers une économie décarbonnée. Autrement dit : la révolution qui était attendue à Copenhague est heureusement déjà en cours, mais pas là où on l'attendait. Elle ne l'est pas dans les déclarations du G20, mais dans les villes et les territoires.
Aujourd'hui donc, on voudrait nous faire passer quelques menus engagements pour des avancées significatives. Ce serait oublier que la limite des 2 °C est, depuis longtemps, reconnue comme le seuil au-delà duquel les dégâts entraînés par le changement climatique deviendront irréversibles. Cette limite avait même été adoptée comme référence par les chefs d'Etat des dix-sept pays les plus émetteurs de la planète, à l'occasion du sommet du Forum des économies majeures à L'Aquila, en juillet. Au passage, notons que cette référence ignore superbement que les petits Etats insulaires, au-delà d'une élévation des températures moyennes de 1,5 °C, seraient exposés à des risques de disparition.
Sur la question du financement de l'effort d'adaptation des pays du Sud, dont on sait qu'elle est à l'origine de l'échec des négociations, des annonces ont été faites, vraisemblablement dilatoires, et dont on se demande bien quel pourra être le contenu réel au vu de la difficulté qu'ont déjà les Etats à tenir leurs engagements d'aide publique au développement.
La vérité est qu'en matière de coopération Nord-Sud, ou si l'on cherche les traces d'une véritable "vision partagée", c'est bien du côté des collectivités qu'il faut se tourner désormais, puisqu'elles mettent chaque jour en musique l'idée de développement durable.
Là où les Etats ignorent leur responsabilité, ou s'en défaussent au risque de laisser la situation empirer, les régions posent avec urgence une exigence de solidarité. Le rapport Brundtland de 1987 le remarquait déjà : "Notre incapacité à oeuvrer en faveur du bien commun dans le cadre du développement durable est souvent le produit de notre indifférence relative pour la justice économique et sociale, dans un même pays et entre les nations."
Conscientes de l'inertie qui prévaut aujourd'hui, les régions n'attendent plus que la gouvernance mondiale intègre des exigences d'équité et de solidarité entre les pays industrialisés et les pays en développement. Elles oeuvrent d'ores et déjà entre elles, et par-delà les frontières Nord-Sud, à la diffusion des moyens, des idées et des pratiques.
Elles n'hésitent pas non plus à apporter l'indispensable soutien financier dont ont besoin les territoires du Sud pour mettre ces idées et pratiques en oeuvre, en s'associant par exemple au PNUD pour engager des plans climat territoriaux dans les pays en développement.
Mais à l'Assemblée des régions d'Europe, nous savons également que la transformation d'ampleur qu'appelle la lutte contre le changement climatique exige de s'associer à tous ceux qui peuvent produire cette transformation. La mobilisation de l'industrie, des acteurs privés, est indispensable pour transformer nos modes de production.
C'est pourquoi les membres de l'Assemblée des régions d'Europe ont décidé de partager leur expérience avec GE Energy, afin d'initier un dialogue entre les collectivités et les acteurs économiques, de trouver ensemble des solutions pour l'innovation technologique, l'emploi et, in fine, pour le développement durable. Cette nouvelle logique partenariale trouvera notamment à s'exprimer dans le cadre d'un action tank qui, là encore, visera à rompre avec tout un fonctionnement bon à produire des discours, mais non du changement.
Car il n'est plus temps de rappeler aux parties des négociations à Copenhague qu'elles aussi, à plus forte raison, sont les porteuses d'une responsabilité à l'égard de leurs citoyens et des générations futures. Il n'est plus temps d'attendre en spectateurs que ces parties s'extirpent de leur sieste aussi dogmatique que mortifère dans ses conséquences. Il n'est plus temps, pour reprendre la belle idée de Michel Serres, d'attendre que la vie et la Terre puissent enfin siéger dans les instances de décision, nationales et internationales.
En attendant une improbable Organisation mondiale de l'environnement, en attendant que la gouvernance mondiale fasse une place à la notion de "biens communs" de l'humanité, les régions et les Etats fédérés du monde construisent ensemble des stratégies responsables pour l'avenir.
Elles construisent un modèle de société, mais aussi de relations internationales, dont les principes sont d'abord la coopération, la responsabilité et l'équité, et non plus la concurrence, le rapport de force et l'égoïsme.
Michèle Sabban, présidente de l'Assemblée des régions d'Europe et vice-présidente (PS) du conseil régional d'Ile-de-France.
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jeudi 25 février 2010

Monclar sur Gervanne : Programme de Charsac

La Ferme de Charsac à Monclar sur Gervanne 26400
Vous faites partie d'une liste de plusieurs centaines de personnes qui sont informées en priorité des activités se déroulant à la Ferme de Charsac, sur la commune de Montclar sur Gervanne. Peut être avez vous assisté à l'une des 4 soirées qui ont eu lieu en 2009.
Le projet suit son cours, et nous sommes en mesure de proposer cette année une programmation plus étoffée.
Des promesses de subventions témoignent de l'intérêt des pouvoirs publics pour un projet qui se veut culturel, gastronomique et écologique.
Néanmoins il reste une difficulté à résoudre, la sortie de l'indivision dans laquelle se trouve ce lieu.
Une SCI est en cours d'élaboration. Une somme de 50 000 euros est requise pour pouvoir prétendre à l'acquisition du lieu. Aujourd'hui plus de la moitié de cette somme est réunie sous forme de promesses d'investissement. Le montant de la part est fixé à 500 euros.
Peut être avez vous envie d'investir dans un projet privilégiant l'économie sociale et solidaire, ou bien connaissez vous des personnes désireuses de le faire. Une seule condition : être motivés par le projet.
Je vous envoie ci-dessous un descriptif sommaire des soirées en préparation. Sauf avis contraire de votre part, vous recevrez en temps utile une information sur chacune des soirées.
Espérant vous rencontrer à ces occasions, je vous prie de recevoir mes salutations les plus cordiales.
Aperçu de la programmation 2010 au 1er février
A la date d'aujourd'hui, certaines prestations sont déjà bien calées, d'autres sont en cours de négociation, et le choix est à faire entre plusieurs interprètes ou groupes. De ce fait, la liste ci-dessous est incomplète, mais permet de se faire une idée assez précise de l'esprit de la programmation et de sa variété.
Courant avril, mai, septembre et octobre : 4 conférences à propos de Jacques Brel à partir de 4 thèmes, avec exemples musicaux et divers documents, par Frédéric Lamentia, maître de conférence à l'université de Lyon 2 et organiste du grand temple de Lyon.
Ce cycle a remporté un grand succès à Lyon ou il a déjà été donné (presque 600 personnes à certaines des conférences), et il est totalement inédit dans la région. En avril : une séance consacrée à la chanson française; programme à préciser.
En mai : un texte de Hermann Broch: « Le Récit de la Servante Zerline » par la compagnie Iris.
Interprétation : Marie France Beyron Mise en scène: Caroline Fornier
Dimanche 13 juin : concert du « Quintet en l'Air ». De Mozart à RalphVaughan Williams par 5 fois 4 cordes et 5 archets.
Fin juin ou début juillet : Concert de jazz, Programmation à préciser.
Courant juillet : week-end autour de la chanson
Fin juillet, début août : 2 films de Buster Keaton, accompagnés en direct au piano. Devant le succès du Mécano de la Général en 2009, nouvelle séance de cinéma, avec 2 moyens métrages
Août : Concert de musique électroacoustique, avec en particulier, le compositeur Marc favre du Groupe de Musiques Vivantes de Lyon. Concert en plein air accompagné de projections vidéo.
…à suivre
Roger Poulet
Quartier CHARSAC
26400 Montclar sur Gervanne
Tél: 04 75 40 10 69
poulet.roger@gmail.com

Elections Régionales du 14 mars : analyse

Les maigres chance de la Droite
(Photo : Sophie Landrin)
Curieux clin d'oeil : alors que s'ouvre la campagne pour les élections régionales, l'ancien président de région, Charles Millon, a été renvoyé vendredi 5 février devant le tribunal correctionnel de Lyon "pour prise illégale d'intérêts". Il lui est reproché d'avoir embauché du personnel de maison pour son propre compte aux frais de la région qu'il présida de 1988 à 1999.
Jusqu'aux élections sénatoriales de 2008 où il a été candidat, Charles Millon, qui avait pactisé en 1998 avec le Front national, a été au centre de toutes les campagnes électorales. En 2004, la droite emmenée par Anne-Marie Comparini (UDF) avait encore fait la part belle aux amis de M. Millon et créé les conditions de son échec.
Cette fois, elle n'est pas tombée dans le piège et a préféré, à la candidature de Jean-Claude Carle et d'Etienne Blanc, deux anciens proches de M. Millon, celle de Françoise Grossetête (UMP). La page du millonisme, qui a tant traumatisé la droite lyonnaise et rhônalpine, est enfin tournée. Anne-Marie Comparini, qui lui avait succédé avant d'être battue en 2004 par Jean-Jack Queyranne, a, elle aussi, quitté la vie politique.
En une décennie, le paysage rhônalpin s'est totalement transformé : cette terre longtemps centriste s'est fortement rosie. Toutes les grandes villes de la région ont été conquises par le PS : Lyon, Grenoble, Saint-Etienne, Bourg-en-Bresse, etc. La droite ne tient plus qu'Annecy. La gauche a pris les rênes de quatre départements sur huit. Le centre s'est effondré. La gauche, représentante d'un socialisme plutôt tempéré, lui a succédé. "La région est passée du centre droit au centre gauche", analyse Jean-Jack Queyranne, le président socialiste sortant, qui n'hésite pas à se présenter, comme "l'héritier de Raymond Barre". Depuis 2004, l'ancien porte-parole du PS cogère la région avec les Verts, les communistes et le PRG. Mais, en dehors des radicaux de gauche, M. Queyranne n'a convaincu aucun de ses alliés de se présenter unis aux élections. Il le regrette, persuadé qu'il aurait pu gagner dès le premier tour, avec une large union allant jusqu'au MoDem. "Ça aurait eu de la gueule. Et nous aurions pu donner un sérieux avertissement au gouvernement", se désole-t-il.
Les Verts, dopés par leur score aux européennes (18,2 %), ont préféré partir sous les couleurs d'Europe Ecologie, emmenés par une personnalité issue de la société civile, Philippe Meirieu, professeur de sciences de l'éducation à l'université Lyon-II.
M. Queyranne s'est résolu à quelques débauchages, notamment celui d'Hélène Blanchard, l'une de ses vice-présidentes, qui a quitté les Verts, ainsi que deux conseillers régionaux écologistes sortants. "Jean-Jack Queyranne affiche sa vertitude", ironise Philippe Meirieu. Les deux concurrents, futurs alliés, se ménagent cependant. "Le bilan de Jean-Jack Queyranne est honorable, reconnaît la tête de liste d'Europe Ecologie. Nous sommes concurrents, pas adversaires."
Le président sortant a réussi à rallier dans la dernière ligne droite le président départemental du Parti radical, membre de l'UMP, Gérard Périssin-Fabert, maire du Grand Bornand (Haute-Savoie). Enfin, pour ajouter une touche "people" à ses listes, il a été rejoint par l'ancien champion olympique de patinage artistique Gwendal Peizerat. "Nous, nous ne faisons pas dans le casting", raille Philippe Meirieu.
Les communistes, pour leur part, se sont alliés au Front de gauche auxquels ils ont cédé la tête de liste, permettant à la conseillère régionale sortante, Elisa Martin, d'occuper cette place. Le MoDem, enfin, a suivi les consignes de François Bayrou et s'est vu contraint de présenter une liste autonome.
En ce début de campagne un peu morne, les centristes ont, à eux seuls, animé le paysage par leurs divisions. Leur chef de file, Azouz Begag, ancien ministre délégué à l'égalité des chances dans le gouvernement de Dominique de Villepin, a maille à partir avec les élus et cadres qui, alertés par les mauvais sondages, plaidaient pour une alliance dès le premier tour avec les socialistes. Faux mails, vrais blogs, vraies fausses démissions des têtes de liste : François Bayrou et Marielle de Sarnez ont le plus grand mal à ramener à la raison une famille centriste éclatée.
Malgré les contestations, Azouz Begag se dit déterminé à mener une campagne décalée pour "rapprocher, dit-il, les citoyens de leur élus". "Malgré l'argent dépensé dans la communication par M. Queyranne, 80 % des habitants de la région ne connaissent pas leur président", assure-t-il. Lui, se présente en "candidat authentique", hostile à tout cumul de mandats "pour restaurer la confiance et la proximité". "Je souhaite être une figure transformationnelle de la vie politique française", affirme-t-il .
Face au président sortant, la droite unie a peu de chances de reconquérir la région, perdue en 2004, même si le spectre d'une triangulaire avec le FN emmené par Bruno Gollnisch semble s'éloigner. Chef de file de la droite, la députée européenne UMP Françoise Grossetête sait que le contexte national ne lui est guère favorable. Comme la plupart des chefs de file régionaux de la droite, la candidate privilégiera une campagne locale, centrée sur le bilan de son adversaire socialiste.
"Sous son mandat, accuse la candidate, les structures se sont alourdies au détriment de la réactivité. La politique de M. Queyranne est trop rigide et trop idéologique. Auparavant, on adaptait la politique régionale aux besoins. Je veux faire du sur-mesure, notamment en matière de formation." Dénonçant "les hausses fiscales" décidées par son adversaire et ses "dérives" en matière de communication, la candidate promet une "fiscalité zéro".
Pour doper sa campagne, M. Queyranne tente, à l'inverse, de nationaliser l'enjeu du scrutin, en appelant les électeurs à s'opposer à la réforme des collectivités territoriales proposée par le gouvernement et à sanctionner la politique "d'inégalités" de Nicolas Sarkozy. "L'Etat, affirme-t-il veut affaiblir les régions qui fonctionnent bien et qui ont pris le relais de l'Etat dans bien des domaines. Voter les 14 et 21 mars, c'est un moyen de jeter aux oubliettes cette réforme et la politique de recentralisation menée par le gouvernement."
Sophie Landrin

Démolition des institutions républicaines...

La réforme territoriale, une contre-révolution culturelle
« UNE REMISE EN CAUSE DES STRUCTURES REPUBLICAINES »
- Dans un récent article, vous avez déclaré que la réforme des collectivités territoriales est une véritable contre-révolution culturelle. Pouvez-vous expliciter ce propos ?
- Anicet le Pors : C’est au fil des siècles que la fonction publique s’est bâtie. Tout d’abord au service de la royauté, de ses seigneurs et des ses courtisans. Il a fallu se battre, verser du sang parfois, pour qu’elle se transforme afin que l’intérêt général prenne le pas en se distinguant nettement de la somme des intérêts particuliers. C’est dans cet esprit qu’a été élaboré à la Libération le premier statut démocratique des fonctionnaires, institué par une loi du 19 octobre 1946. J’ai pour ma part œuvré de 1983 à 1984 pour, d’une part mettre sur pied et unifier une fonction publique à trois versants (Etat, collectivités territoriales, établissements publics hospitaliers) et d’autre part faire en sorte que les 5 200 000 agents publics de l’époque soient tous placés dans une position statutaire, réglementaire et non contractuelle.
Trois grands principes ont présidé à cette construction.
- Tout d’abord l’accès à la fonction publique par voie de concours. Ce qui est tout à fait conforme à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipulant que tous les citoyens « sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics ».
- Ensuite le principe d’indépendance, visant notamment à protéger l’agent public, qui sert l’intérêt général, de l’arbitraire administratif, des pressions politiques partisanes ou des lobbies. C’est ce que l’on nomme le système de la carrière, un système opposé à celui de l’emploi ou du contrat qui, en œuvre dans nombre de pays anglo-saxons, ne protège quasiment pas les fonctionnaires de ces « aléas ».
- Enfin le principe de la responsabilité. Fondé lui aussi sur la Déclaration de 1789, il dispose que « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration ». S’ensuit alors que le fonctionnaire, qui est soumis à des obligations de service pour le bien commun, doit avoir la plénitude des droits et devoirs des citoyens et non être regardé comme un rouage impersonnel de la machine administrative, ou comme un sujet du pouvoir politique.
C’est cette histoire et cette conception du service public et de la fonction publique qui font qu’en France la corruption y est quasi inexistante et que son efficacité est reconnue et enviée dans le monde. Dépourvu de cette culture, Nicolas Sarkozy a d’évidence entrepris de la mettre à bas. Nos concitoyen(ne)s ne lui en ont pas donné le mandat en l’élisant à la présidence de la République en 2007.
- Mais sa réforme ne touche pas au statut des agents de la fonction publique territoriale...
Disons plutôt qu’elle ne s’y attaque pas de front. Mais en réduisant considérablement le nombre de collectivités territoriales, elle le condamne à disparaître. A titre indicatif, la privatisation de France Télécom n’a-t-elle pas entraîné le remplacement des fonctionnaires qui y travaillaient par des salariés de droit commun ou des contractuels ? Et depuis les exemples ne manquent pas pour montrer que les services rendus aux usagers, devenus clients, ne cessent de se dégrader et de leur coûter de plus en plus cher. Il est à redouter que les citoyens aient à subir des effets identiques si cette réforme n’est pas mise à bas.
- Que pensez-vous du « mille-feuilles » administratif qu’invoque le président de la République pour mettre en œuvre sa réforme ?
A l’intérieur du « millefeuille administratif », il y a de la bonne crème. C’est curieux, le président de la République n’en parle pratiquement jamais. Et pourtant c’est elle qui l’intéresse le plus. Cette crème, c’est l’argent que les collectivités investissent dans des services sociaux, des équipements sportifs et culturels, dans l’entretien des voiries.... Cette crème, c’est plus de 70 % des dépenses d’investissement public que ses amis, à savoir ceux qui évoluent dans le grand monde des affaires, voudraient bien s’accaparer.
Comment mettre la main dessus ? En éliminant un maximum de feuilles, soit des communes et des départements. Et avec elles des élus. Ceux-ci, bénévoles pour la plupart et vivant au plus près de leurs administrés, travaillent généralement pour le bien commun. Ce qui les amène parfois à prendre le contre-pied des politiques libérales de casse des services publics et des acquis sociaux initiées bien avant 2007, et considérablement accélérées depuis. Il lui faut donc en élimer un maximum. D’où l’idée nocive des conseils territoriaux, constituant une remise en cause des structures républicaines actuelles qui, Sarkozy le reconnaît lui-même, jouent un rôle d’amortisseur social dans la crise que nous connaissons actuellement.
- En quoi cette idée vous semble-t-elle nocive ?
Je redoute que les conseillers élus pour siéger dans les conseils territoriaux soient très éloignés, voire complètement détournés des missions qu’ils accomplissent aujourd’hui dans l’intérêt de leurs communes et départements. Et qu’ils soient contraints de se plier à la volonté de suprématie des grands pôles métropolitains pointant ostensiblement le bout de leur nez dans cette réforme. Mes craintes sont d’autant plus fortes que ces pôles et les autres grands pôles européens seront mis en concurrence, en conformité avec les dogmes libéraux qui guident l’Union européenne. Ce qui est très loin de la coopération et de l’âge d’or des collectivités et des services publics nécessaires et possibles en ce début de 21e siècle.
- Un missile destructeur des acquis de la décentralisation
C’est la guerre. Le chef de l’UMP (qui occupe le fauteuil du chef de l’Etat) a décidé de frapper fort, très fort. Ces projets de loi ont été pensés par un chef de guerre qui n’aime la démocratie que si elle lui profite, à lui et à la classe possédante et dominante, bénéficiaire de privilèges inacceptables.
- La réforme territoriale est, en réalité, un missile à têtes multiples.
Réduction populiste du nombre des élus, laminage de l’organisation institutionnelle territoriale, régression démocratique, mise sous tutelle et purge fiscale, la droite a décidé de reprendre avec une brutalité sans nom le pouvoir de proximité que la démocratie lui interdit de contrôler. A défaut de convaincre les citoyens de lui confier les pouvoirs locaux, la droite préfère les réduire.
La confusion des institutions par le biais du « conseiller territorial » risque de pervertir la finalité des conseils régionaux. Elus « hors sol », les conseillers régionaux ont au moins la vertu d’être - relativement - détachés des égoïsmes locaux pour s’attacher à la conception stratégique de l’aménagement de leur territoire.
L’encadrement nécessaire de l’action des collectivités locales ne peut se réduire à un travail de casse.
Enfin, mais c’est là l’objectif de fond des politiques menées par la droite, le dessein ultime est bien de réduire toujours plus la puissance publique, ses services et ses capacités d’intervention. Comme l’a clairement fait comprendre le président de la République lors de sa présentation de la réforme territoriale, il s’agit de contraindre et réduire la dépense publique locale, comme l’a été celle de l’Etat dans le cadre de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP). - La Gazette des communes a décrypté les projets de loi réformant les collectivités locales (4 novembre 2009).
Après de multiples retards dus notamment à des complications constitutionnelles autour du volet électoral, le gouvernement a fini par présenter ses quatre projets de loi de réforme des collectivités lors du conseil des ministres du 21 octobre. Les sénateurs commenceront leur examen la mi-décembre. Et devront éclaircir de nombreuses questions, notamment celles liées au mode de scrutin des nouveaux conseillers territoriaux, qui remplaceront les conseillers généraux et régionaux.
Le principal de ces textes, dédié aux questions institutionnelles ressemble fort à une synthèse entre les rapports «Balladur» et «Belot», les positions arrêtées de l’UMP et l’esprit de consensus propre au Sénat.
- Passage en revue de principales mesures :
- Des conseillers territoriaux siégeant à la fois au conseil général et au conseil régional à partir de 2014 figurent bien au menu. 80 % d’entre eux sont élus au scrutin majoritaire à un tour dans le cadre de cantons agrandis et rénovés. Les 20 % restant relèvent de la proportionnelle au plus fort reste. L’Assemblée des départements de France et l’Association des régions de France dénoncent une manipulation électorale.
- Une répartition des sièges dans les intercommunalités, en fonction de critères démographiques fixés par la loi. Une mini-révolution. Dans beaucoup de communautés, les petites communes se révèlent aujourd’hui surreprésentées.
- Les compétences des départements et des régions « en principe exclusives ». Elles ne peuvent être exercées par une autre collectivité. Quand, « à titre exceptionnel », sont admises des dérogations, un chef de file est alors désigné. Au-delà de ces principes, le chantier de la répartition entre échelons débutera un an après l’adoption définitive du projet de loi-cadre.
- Pour limiter les multiples financements croisés des projets le texte prévoit qu’une « part significative » des crédits soit apportée par le maître d’ouvrage. La notion est jugée un peu floue par beaucoup d’acteurs territoriaux. La, première ébauche du projet de loi prévoyait, elle, un seuil précis de 50 %.
- Des métropoles, facultatives, pour les bassins de plus de 450 000 habitants. Ces nouveaux établissements publics de coopération intercommunale sont dotés de toutes les compétences des communautés urbaines. Elles reçoivent des conseils généraux les transports scolaires et la gestion des voiries départementales ; de la commune, l’intégralité de la voirie, les autorisations et les actes relatifs à l’occupation et l’utilisation du sol. A défaut d’accord avec le département et la région, elles se voient transférer de leur part un « socle de compétences économiques ».
- Un achèvement de la carte intercommunale fin 2014. Cette date est retenue à la fois pour intégrer à une communauté les dernières communes récalcitrantes et terminer le grand chantier de la rationalisation des périmètres. Une échéance que l’Association des maires de France (AMF) et l’Assemblée des communautés de France (ADCF) jugent trop rapprochée du scrutin municipal.
Anicet Le Pors
Membre du Conseil d’Etat.

mercredi 24 février 2010

Villard de Lans 38250 : concert de Philippe Serane

Philippe Séranne en concert dinatoire à la yourte des Jalines le 13 mars à 20h (Les Lombards, Villard de Lans).
Saltimbanque mondialisé, enragé, humaniste, utopiste, à la fois grave et farceur, Séranne nous entraine aux quatre coins du monde, arrache les
frontières à bord de son piano entre swing et verbe. Prix Armand Babel 2008 "humoriste-comédien-auteur-compositeur-interprète". Alexis Noailhat aquarelliste indépendant, amoureux du Vercors l'accompagnera pour poser son décor d'images et de beauté dans le bijoux de la yourte. Instants trésors dans un écrin de bois... 18 euros par personnes
réservations aux Jalines 04.76.95.94.94
Patricia et Christian Arribert,
la ferme des Jalines, les Lombards,
38250 Villard de Lans
Tél : 04 76 95 94 94
06 50 38 14 62
E-mail : jalines@voila.fr
Isabelle Fick
Chemin de la Bourne
Les Geymonds
38250 Villard De Lans
Tél.: 04 76 94 05 84
isabelle.fick@dbmail.com

Elisabeth Badinter vieillit trés trés trés trés trés mal...

Mon billet initial sur le passage d'Elisabeth Badinter sur France Inter a suscité pas mal de réactions, et je crois qu'il mérite quelques développements. Je me lance ici dans quelques réflexions à titre expérimental... Poursuivons le débat !
- D'abord, si le combat féministe ne doit surtout pas être abandonné, singulièrement dans cette phase de régression sociale où l'on sait qu'elles sont les premières touchées et incitées à sortir du monde du travail, je ne crois pas non plus que l'émancipation des femmes passe par la distribution de publicités dans les maternités, ni par la condamnation de l'allaitement ou des petits pots faits maison comme quelque chose de régressif. On remplace une culpabilisation par une autre... Et qui donne le biberon et qui va au supermarché acheter les couches jetables et les petits pots industriels aujourd'hui ?! Si on y va par ce biais là, on tourne en rond.
- Par ailleurs, Elisabeth Badinter va semble-t-il un peu vite en besogne en associant le féministe naturaliste à l'écologie. Cet amalgame procède au mieux d'une ignorance de l'écologie politique, au pire d'une divergence d'intérêts... L'émancipation ne peut passer que par le changement des rapports sociaux et culturels, et en ce sens l'écologie politique, en tant que lutte contre toutes les formes de domination, est aussi un combat féministe... Féministes, écologistes, même combat ! ;)
- Mais Elisabeth Badinter semble confondre écologie politique et "deep ecology", ce mouvement venu des US qui pour faire court préfère sacrifier les droits sociaux sur l'autel de l'environnement et place les droits de la nature au dessus de ceux de l'être humain. Cet amalgame est dangereux, car une fois de plus il procède d'un raccourcissement de la pensée critique et il handicape un peu plus l'indispensable prise de conscience du fait que l'urgence sociale et l'impasse écologique s'abreuvent aux mêmes sources. Tant qu'on ne convaincra pas les citoyen-ne-s que l'écologie politique est avant tout un levier pour changer radicalement de société et passer de la compétition à la coopération, et de l'asservissement à l'émancipation, on n'en sortira pas. Assimiler l'écologie à la réaction, c'est donc aussi retarder la nécessaire mobilisation pour un véritable changement de modèle de société. Qui inclut le changement des rapports sociaux et donc du féminisme... C'est totalement contre-productif.
- D'autant que si je refuse très clairement l'éco-fascisme, qui consisterait à imposer par la contrainte des comportements et modes de consommation individuels et donc, pour ce qui nous intéresse ici, à culpabiliser les femmes dites "modernes", je refuse aussi l'inverse : pourquoi les petits pots au brocoli seraient ils une régression sociale et les femmes qui allaitent des asservies ?! Hier soir j'en discutais avec une militante de la génération de mes parents, et on était toutes les deux d'accord pour se dire que l'allaitement était infiniment plus pratique et simple que de se trimballer les biberons, le stérilisateur, les conserves de lait en poudre et les dosettes... Sans parler du Bisphénol A.
... Et puis, j'aimerais bien comparer le temps passé à travailler pour payer la bagnole, l'assurance et l'essence (merci Illich !) qui permettent d'aller au supermarché acheter des petits pots, le temps de transport, de remplissage du caddie, de vidage et rangement dans le frigo, réchauffage etc - au temps passé pour faire les petits pots de la semaine... Si ils viennent de circuits courts, dans des pots en verre remplis par des travailleurs autogestionnaires en SCOP, de produits de qualité, sans OGM, issus de l'agriculture paysanne et bio, c'est encore mieux bien sur ! ;)
- Bref, plutôt que l'anathème, parions plutôt sur l'éducation et le développement d'un esprit critique. Les opérations de matraquage publicitaires et les discours réducteurs du type "écologie = régression" ne font pas avancer le débat. Elisabeth Badinter sait l'impact qu'elle a, il est dommage qu'elle ne l'utilise pas pour aider à la prise de conscience écologique, aussi, qui n'est en rien contradictoire avec le combat féministe... Alors, pourquoi les opposer ?
- Et j'en reviens à cette explication de l'opposition inconciliable, non entre l'écologie et le féminisme, mais entre l'écologie et la publicité, pilier du productivisme, de la société de consommation et de la marchandisation de tout. C'est en ce sens que je crois que l'on a le droit de savoir qu'Elisabeth Badinter occupe cette place au sein de Publicis. Cette information n'est pas anodine. On ne peut pas sous estimer l'importance de ce type d'intérêts particuliers sur la manière dont une personnalité envisage la lutte des classes, la nature des rapports sociaux et le combat pour l'émancipation... ;)
Hum... Je dis des bêtises ?
Les petits pois sont rouges,
le blog de corinne morel darleux
Corinne Morel Darleux

26150 Die
06 77 85 65 95 /
corinne@distilled-art.com
corinne@lespetitspoissontrouges.org
Le prochain numéro de Politis (demain) publie une tribune de ma part sur le sujet. Bien amicalement. Corinne

Elisabeth Badinter vieillit trés trés trés trés mal...

Elisabeth Badinter et le féminisme d’aujourd’hui
Dans son dernier ouvrage, Le conflit, la femme et la mère, Elisabeth Badinter explique que la condition féminine est entrée dans une phase de régression (depuis les années 80′), et que sous les coups conjoints de la crise économique, d’une idéologie familiale réactionnaire et d’une écologie radicale, la femme est aujourd’hui contrainte d’être une « mère idéale », qui pour se réaliser doit avant tout élever et nourrir ses enfants, entre allaitement obligatoire et purées bios.
L’ouvrage fait une critique savoureuse de ce nouvel idéal maternel qu’on impose aux femmes pour mieux les faire rentrer au foyer.
E. Badinter me cite dans son livre et m’y désigne comme l’une des porte-parole de cette régression de la condition féminine. Je fais en effet partie de celles qui prônent une attention à l’alimentation des enfants, aux soins infantiles ou à la nourriture bio.
Voilà qui m’installe donc à la pointe de la réaction, où convergent selon elle le radicalisme écologique et « l’idéologie naturaliste » qui ne voudrait voir dans la femme qu’une mère. J’ai bien sûr de la sympathie pour la critique qu’E. Badinter fait du « maternalisme », c’est-à-dire de la façon dont la société, celle du pouvoir masculin, réduit la femme à son seul statut de mère. J’en ai d’autant plus que la génération d’E. Badinter a justement donné aux femmes la possibilité, la liberté, d’être autre chose qu’une épouse, autre chose qu’une mère. Cette génération a combattu pour que les femmes, aujourd’hui, puissent avoir la liberté de choisir, entre la vie de famille et le travail, et la liberté, surtout, de choisir dans le temps, sans exclusion, de pouvoir travailler et de pouvoir être mère, par exemple.
C’est exactement pour cette raison que je ne suis pas convaincue par l’analyse qu’E. Badinter fait de la situation actuelle, et encore moins par ce qu’elle dit du souci environnemental. À ses yeux, l’écologie est un « naturalisme » nécessairement rétrograde, auquel elle demande qu’on oppose un « artificialisme » progressiste. Je trouve cela un peu rapide. Mais il est vrai que je ne suis pas philosophe.
Les femmes d’aujourd’hui sont aussi, pour bon nombre d’entre elles, des mères. Que ces mères aient envie, comme ça a été mon cas, d’allaiter leur enfant, qu’elles le fassent si et quand elles le peuvent, me paraît être une liberté importante. Je ne compte pas m’en priver au motif que Madame Badinter trouverait cela réactionnaire et qu’elle y verrait matière à dénoncer le mythe de la « femme parfaite ».
M’intéressant à la situation des femmes aujourd’hui et aux difficultés qui leur sont faites, je travaille pour ma part sur un certain nombre de questions qui me préoccupent plus que l’allaitement. Je pense notamment à l’évolution du rapport entre les « genres », à la dégradation des relations entre filles et garçons en milieu scolaire, au « plafond de verre » qui bloque les carrières féminines ou encore aux débats actuels autour du voile. De tout cela, dans ce livre « féministe », pas un mot n’est dit.
Nathalie Kosciusko-Morizet

mardi 23 février 2010

Hommage à Howard Zinn

Howard Zinn est mort
Militant politique puis universitaire militant, Howard Zinn n’a jamais redouté de s’engager au service des Américains, dont il a écrit l’histoire « par en bas », mémoire du peuple plutôt que mémoire des Etats. Radical, pacifiste, Zinn voyait « dans les plus infimes actes de protestation les racines invisibles du changement social ». Pour lui, les héros des Etats-Unis n’étaient ni les Pères fondateurs, ni les présidents, ni les juges à la Cour Suprême, ni les grands patrons, mais les paysans en révolte, les militants des droits civiques, les syndicalistes, tous ceux qui s’étaient battus, parfois victorieux, parfois non, pour l’égalité. Son Histoire populaire des Etats-Unis, publiée en 1980, a été lue par des millions d’Américains et traduite presque partout dans le monde, y compris tardivement en France (éditions Agone). Elle constitue une lecture irremplaçable.
Claude Veyret

Elisabeth Badinter vieillit trés trés trés mal...

Nous publions une quatrième vision sur le livre de Mme Badinter, maintenant à vous ! C.V.
Vertes de rage. Femmes et écolos : le nouveau féminin
« Ecolos, nouveaux machos » lance Madame Badinter qui croit voir dans une prétendue « sanctification de la mère et l'écologie radicale un danger pour les droits des femmes ». Voici notre lettre ouverte. Pour soutenir l'appel vous pouvez réagir en bas de l'article ou rejoindre le forum pour en débattre.
- Considérer que l’écologie, au nom d’un certain naturalisme, renvoie les femmes à la maison et les conduit à déserter la sphère sociale et professionnelle relève de la grossière caricature, voire d'une malhonnêteté intellectuelle reposant sur une méconnaissance manifeste des valeurs philosophiques de l'écologie et de ses acteurs dans le monde contemporain.
- Le développement durable, l’agronomie et les sciences de la vie sont les domaines où les femmes ingénieures sont les mieux représentées. Les directeurs du développement durable des grosses entreprises les plus reconnues aujourd'hui sont des femmes. Les premiers cabinets de consulting en développement durable ont été fondés par des femmes, comme le comité 21 qui régit les agendas 21 sur le territoire et est toujours dirigé par une femme. Les personnalités politiques de l'écologie sont des femmes, de Gro Harlem Brundtland qui la première a imposé le concept de développement durable en 1987 à aujourd'hui Dominique Voynet, Cécile Duflot, Corinne Lepage, Nathalie Kosciuzco-Morizet ou même Ségolène Royal, l’une des seules personnalités politiques à parler de l’écologie au PS. Qui enfin a su le mieux faire résonner l’alerte écologique sinon la canadienne Rachel Carson et son « Printemps silencieux » dès les années 1960 ? Bref l'écologie est l’un des seuls secteurs d'activité où les femmes sont déjà en place du bas jusqu'en haut de la pyramide, et où elles peuvent faire valoir leur vision.
- Non Mme Badinter, l'écologie ne va pas à l'encontre du féminisme. L’expérience montre qu’au contraire, elle est une opportunité pour le féminisme ! Nous ne renions rien des droits chèrement acquis par nos aînées, mais les visages du féminisme ont changé. Nous ne pouvons plus nous contenter d'analyser notre engagement à l’aune de structures mentales héritées des années 1970.
- Nous affrontons désormais une nouvelle donne : la destruction accélérée des ressources naturelles de la planète, la survie même de l'humanité et le principe de responsabilité à l'égard de nos familles et au-delà, de nos sociétés toutes entières.
- Femmes, écolos, mères, nous connaissons les risques du bisphénol A dans les biberons et savons que notre lait maternel est contaminé par des polluants chimiques. Mais nous savons, aussi, que le liquide amniotique est composé des mêmes éléments que le milieu marin et que dans notre corps circule de la « poussière d’étoile », comme le dit joliment Hubert Reeves. Alors pas question de se replier dans nos foyers pollués au formaldéhyde !
- Considérer la couche lavable comme rétrograde, c'est regarder le doigt du sage qui montre la lune. Car il s'agit aussi de lutter contre une imbrication de systèmes qui, s’ils nous ont libérées du lavoir et de la nurserie, nous aliènent maintenant tant par leurs coûts environnementaux, financiers, humains que par les pollutions qu'ils entraînent.
- Notre écologisme au féminin ne se résume pas à protéger nos enfants, il est un combat affirmant notre place d'êtres humaines - au-delà de tout anthropocentrisme - en lien avec la terre et toutes ses espèces vivantes, les racines, le ciel et les étoiles.
- Il nous semble par ailleurs douteux de focaliser sur un clivage masculin-féminin : la femme serait garante de la fertilité, de la terre, emprisonnée dans ce rôle trop grand pour elle de gardienne de la vie ? Or, le combat écologique est truffé d'amazones, de guerrières, de chasseresses, telles l'Indienne Vandana Shiva, qui lutte contre l'introduction des OGM dans son pays ou encore la Kenyane nobélisée Wangari Maathai, qui se bat pour la préservation d'un écosystème viable. La femme écologiste ne s'affirme pas seulement comme mère potentielle mais aussi comme une combattante farouche, indépendante et entrepreneuse ...
- Nous refusons autant de nous déguiser en costume-cravate dans des structures de gestion économique et politique obsolètes, contre-productives et insoutenables, que de retourner au foyer revêtir le tablier, fut-il en chanvre !
- En tant que femmes écologistes, nous nous battons au quotidien pour concilier activité professionnelle, mandats électifs et responsabilités politiques pour certaines (encore trop peu nombreuses) et rôle de mère, en cohérence avec le devenir de la planète que nous savons en danger.
Tel est l'enjeu de notre modernité, tel est notre défi.
- Oui, les femmes portent toujours le lourd fardeau de devoir concilier leur désir d'être actives, socialement épanouies et maternantes. Mais renvoyons la responsabilité de ce fardeau à ce qui a créé cette distorsion : un système historiquement décidé par et pour les hommes.
- Comment changer la donne si les femmes restent toujours les parias des structures de décision ? Le vrai défi d'aujourd'hui n'est pas de savoir comment faire entrer les femmes dans un système inchangé et destructeur pour la cellule familiale comme pour la planète, mais de changer le système pour que les femmes y pénètrent, faisant valoir leur point de vue, leur sensibilité et de faire émerger les valeurs écologistes et post-féministes d'aujourd'hui. C'est la condition indispensable à la métamorphose de nos sociétés vers un monde égalitaire et durable.
Nelly Bonnefous - Rédactrice en chef « Passage au vert » (Ushuaïa TV)
Odile Chabrillac - Fondatrice - The different magazine
Isabelle Delannoy - Journaliste et co-auteure « Home »
Pascale d’Erm - Journaliste et présidente EcoMamans
Anne Ghesquière - Fondatrice - FemininBio.com
Laurence Mermet - Conseillère information écoresponsable
Laure Noualhat - Journaliste Libération

Elisabeth Badinter vieillit trés trés mal...

«Le comportement maternel a une base biologique»
Une chercheuse américaine répond à Elisabeth Badinter

Aux Etats-Unis, Sarah Blaffer Hrdy, anthropologue et primatologue, membre de l'Académie des Sciences, s'est penchée sur les thèses d'Elisabeth Badinter. Pour la chercheuse américaine, réfuter l'existence d'un instinct maternel ne tient pas la route scientifiquement.
Il y a dix ans paraissait sous la plume de Sarah Blaffer Hrdy, anthropologue, membre de l'Académie des sciences américaine - et féministe elle-même- 600 pages intitulées « les Instincts maternels » (Payot). Parce qu'on doit à la France, à travers les thèses de Simone de Beauvoir et Elisabeth Badinter, l'hypothèse de la « mère socialement construite », la chercheuse démolit cette doctrine, en répliquant que chez tous les primates, l'investissement maternel émerge à la suite d'une sorte de réaction en chaîne, « interactions complexes entre gènes, tissus, glandes, expériences passées et signes de l'environnement. Les comportements complexes comme le maternage ne sont jamais totalement prédéterminés génétiquement ni produits par le seul environnement.» Les travaux de Sarah Hrdy n'opposent pas inné et acquis, nature et culture. Ils montrent que l'instinct maternel n'est pas une pulsion sommaire indestructible, mais qu'il se met en place si l'environnement n'est pas défavorable.
- Trente après avoir remis en cause l'existence de l'instinct maternel, Elisabeth Badinter récidive. « La femme n'est pas un chimpanzé ». Elle explique par ailleurs que, de nos jours, des pressions s'exercent pour que l'enfant soit remis au centre de la vie féminine et présente l'allaitement comme une aliénation, voire une régression. Elle parle aussi d'une «offensive naturaliste»...
Sarah Blaffer Hrdy.- J'ailu le premier ouvrage d'Elisabeth Badinter sur la maternité avec un grand intérêt et non sans une certaine admiration. Néanmoins, je ne suis pas d'accord avec sa théorie selon laquelle il n'y aurait aucun fondement naturel et biologique pour expliquer le comportement maternel. Bien sur qu'il y en a! Cependant les critiques de Badinter, sa conviction qu'il existe un dogme déterministe et biologique bien trop simpliste m'a aidé à clarifier ma propre pensée. De ce point de vue, nous pouvons apprendre l'une de l'autre. Une grande partie du problème vient de la façon dont le terme «instinct maternel» a été utilisé. On l'a parfois perçu comme une sorte d'interrupteur qu'il suffirait d'activer ou non, comme pour allumer la lumière.
La réalité c'est qu'au cours de la grossesse, se met en place une chaîne de changements physiologiques considérables et qu'à la naissance, des neurotransmetteurs comme l'ocytocine sont libérés, qui favorisent la transformation de la mère. Si elle se trouve dans un contact intime et prolongé avec ce petit étranger sorti d'elle, ses circuits neuronaux se modifient et l'encouragent à répondre aux signaux et aux demandes émis par son enfant. Une fois que la mère commence à allaiter (dans les 70 heures environ suivant la naissance) et que le bébé stimule ses tétons, elle devient encore plus nourricière. L'expérience aussi joue un rôle important pour «l'apprentissage de mère», comme c'est le cas pour tous les primates, mais surtout pour l'espèce humaine. Pour des raisons profondément liées à l'évolution, les réponses maternelles de la femelle humaine sont dépendantes du contexte social et particulièrement du soutien qu'elle va recevoir au non. On observe que les femelles humaines ont besoin d'un soutien plus important que tout autre mammifère. Et il ne faut pas oublier que bon nombre des femmes «abandonnantes» sur lesquelles Badinter a disserté de manière très virulentes, ces mères qui au XVIIIème siècle donnaient leurs enfants à de vagues nourrices, étaient éloignées de leur bébé juste après la naissance. On ne laissait presqu'aucune d'elles s'occuper de son nourrisson.
De plus, si vous envisagez la longue histoire de l'évolution humaine comme une sorte de coopérative de maternage - qui incluent pères, mères, oncles, grands-mères, frères et sœurs plus âgés- où chacun aide la mère à s'occuper du petit et à le nourrir, vous réalisez qu'une mère qui manque d'un tel support social n'a aucune chance d'élever ses enfants avec succès. L'abandon à la naissance était donc une réponse parfaitement naturelle pour les femmes privées de soutien. Proclamer que ces femmes n'ont pas d'instinct maternel parce que dans de telles conditions - arrachement du bébé à la naissance et manque de soutien- le lien avec l'enfant ne s'est pas mis en place, c'est mal interpréter les réalités biologiques complexes de l'amour maternel et l'ambivalence de l'espèce humaine.
- Elisabeth Badinter et vous êtes toutes deux féministes. En quoi votre féminisme est-il différent du sien ?
Sarah B. Hrdy.- Je ne connais pas suffisamment l'œuvre d'Elisabeth Badinter pour faire une analyse de ses thèses, aussi vais-je simplement vous parler des miennes. Pour moi, le féminisme est synonyme d'égalité des chances pour les deux sexes - à cet égard, il s'agit simplement d'un prolongement de la démocratie. Le mot «féministe» ne prend une connotation politique que lorsque s'exercent des forces qui tendent à réduire l'égalité des chances pour les femmes ou à les discriminer - comme cela a été le cas en Occident pendant des siècles et comme c'est toujours le cas dans d'autres cultures.
Dans un contexte scientifique, le féminisme prend une importance toute particulière dès lors que l'on sait que les pressions sur les femmes liées aux théories darwiniennes n'ont pas été prises en compte pendant bien longtemps. On prenait pour postulat que toutes les femmes seraient mères, que toutes les mères élèveraient autant d'enfants que possible et que toutes les femmes étaient des créatures passives, dénuées de facultés stratégiques, qui avaient évolué simplement pour produire et allaiter des bébés.
Au passage, je trouve passionnant que l'un des premiers théoriciens de l'évolution à commenter combien les effets de la sélection sur les femmes étaient ignorés ait été une Française, Clémence Royer, traductrice de Darwin. Mais à cette époque, ses contributions peuvent se résumer en une formule: un prêche dans le désert. Clémence Royer a été complètement marginalisée, puis oubliée. Cent cinquante ans plus tard, lorsque j'ai commencé à étudier l'évolution des primates, j'ai considéré comme partie de mon travail d'étendre et corriger les théories de Darwin en décrivant les stratégies de reproduction des femelles autant que celles des mâles. Dans ce sens, ma sensibilité féministe a simplement fait de moi une meilleure scientifique.
De nombreux chercheurs se méfient de la sensibilité féministe parce qu’ils confondent féminisme et préjugée en faveur des femmes. Mais ils oublient combien les premières études de l'évolution étaient empreintes de préjugés en faveur des hommes. Personne, bien sûr, ne peut totalement s'affranchir des préjugés. Même le plus neutre des empiristes qui s'enorgueillit de son objectivité travaille parfois à partir d'hypothèses sujettes à diverses influences. Le travail d'un bon scientifique est de mettre en question et tester constamment les hypothèses de travail et d'utiliser des méthodes d'observation et de statistiques pertinentes afin de déceler ces influences éventuelles.
Et les préjugés en faveur des hommes dans la théorie darwinienne de l'évolution, je peux vous le dire, étaient particulièrement flagrants. Elisabeth Badinter a très bien perçu cela. Les préjugés sur les mères et le rôle des femelles dans le processus d'évolution devaient être à tout prix identifiés et remis à plat. Je suis très fière de pouvoir le dire aujourd'hui, beaucoup des préjugés qui ont heurté et affecté Clémence Royer ont été rectifiés. Après tout, c'est en cela que réside le salut de la science, comparée, disons, à la religion ou à d'autres conceptions du monde: la structure de la science implique qu'elle se corrige elle-même. Les scientifiques adorent corriger les erreurs des autres.
- Quand Elisabeth Badinter proclame que l'instinct maternel n'existe pas, n'est-ce pas déstabiliser certaines femmes, les faire douter de leur capacité d'être mère ?
Sarah B. Hrdy.- Eh bien, nous pourrions peut-être demander aux principaux intéressés ici - les enfants - ce qu'ils en pensent. Il ne fait aucun doute qu'ils ont besoin, pour grandir, de la chaleur, de la proximité et de l'affection des membres d'un groupe très familier en qui ils aient confiance. Et si on leur donne le choix, ils préfèrent que la personne qui leur donne des soins soit... leur mère. Et les mères, pour des raisons physiologiques évidentes (l'allaitement étant la première), sont souvent celles qui ont le plus envie de donner aux enfants ce dont ils ont besoin.
Ceci dit, je suis convaincue que les humains ont évolué en en élevant les enfants en coopération (1). Les pères comme les mères ont une très grande capacité d'éducation. Parce que les hommes n'accouchent pas et n'allaitent pas, leurs réactions hormonales sont programmées de manière très différente. Mais il ne faut pas se méprendre : si un homme vit intimement avec une femme durant les derniers stades de sa grossesse et s'il est en étroit contact avec son enfant après sa naissance, il subira également une transformation physiologique. Il est probable que son taux de prolactine s'élève (pas autant que la mère qui allaite, mais leurs taux respectifs s'élèvent quand même) et son taux de testostérone s'infléchit. C'est extraordinaire. On peut supposer qu'il existe un grand potentiel inexploité chez les hommes dans ce domaine.
Par ailleurs, il n'est pas nécessaire de porter un enfant et d'accoucher pour se comporter «maternellement». Les réactions d'une mère adoptive peuvent être pratiquement les mêmes biologiquement que celles de la mère biologique; et c'est également pour cette raison qu'une nurse payée pour s'occuper d'un enfant peut développer un attachement beaucoup plus fort au bébé que la mère biologique.
Récemment, des chercheurs en neurologie ont étudié les réactions cérébrales d'hommes et de femmes (y compris de femmes nullipares n'ayant jamais donné naissance à un enfant) qui regardaient un bébé de face. Les mêmes zones cérébrales qui s'activent alors sont les mêmes que celles qui sont stimulées par d'autres sensations de plaisir. Ce qui veut dire que les humains - la seule espèce de singes (voir encadré) à se développer en élevant les enfants en coopération - trouvent naturellement agréable d'être en contact avec des enfants et de s'en occuper; et c'est une bonne chose car il n'existe aucune autre espèce qui produise des petits qui mettent autant de temps à grandir et nécessitent autant de soins.
Ceci dit, il est important de garder à l'esprit qu'il n'y a rien de biologiquement exceptionnel ou d'anormal à ce qu'une mère humaine éprouve des sentiments ambivalente face aux exigences de son bébé. S'il y a un seul message à retenir de mon livre « Mother Nature », c'est que « les mères humaines ont besoin de beaucoup d'aide pour élever leurs petits.» Mais heureusement, il n'est pas indispensable d'être une mère biologique pour trouver gratifiant de s'occuper d'enfants, à tel point qu'une allomère, c'est-à-dire un membre du groupe autre que la mère, peut se sentir plus «maternelle» qu'une vraie mère qui a passé beaucoup de temps loin de son enfant. Dans mon pays, je m'inquiète beaucoup du devenir de la révolution féministe, tout comme Elisabeth Badinter le fait elle-même. Mais ma plus grande peur est que, en, tant que société, nous perdions l'art d'élever des enfants, et avec lui beaucoup de qualités humaines comme l'empathie, la conscience, le soin aux autres qui se développent au cours du maternage de l'enfant...
Véronique Cassarin-Grand et Anne Crignon
(1) Ceci est développé dans son dernier ouvrage, « Mothers and Others :The evolutionary origins of mutual understanding ».

Vercheny 26340 : Journée internationale de la terre

Appel à l’Action de La Via Campesina pour le 25 avril 2010 à Vercheny sur Drôme 26340.
(Préserver les paysages, ici Tourtres en Vercors)
Joignez-vous à la Journée internationale des Luttes Paysannes : dites ‘Non !’ à la mainmise des multinationales sur l’Agriculture et l’Alimentation !
Pour commémorer la Journée internationale des Luttes Paysannes, le 17 avril 2010, le mouvement paysan international La Via Campesina lance un appel à toutes ses organisations membres, à ses alliés et à ses sympatisant(e)s pour qu’ils/elles s’unissent contre les entreprises multinationales qui veulent contrôler entièrement les systèmes agricoles et alimentaires dans le monde entier.
Le 17 avril 1996, 19 paysans sans terre du Brésil ont été massacrés par la police militaire alors qu’ils défendaient leur droit à une production vivrière en réclamant l’accès à la terre. Depuis le massacre d’El Dorado dos Carajás, chaque année, à la même date, des actions sont menées par des organisations paysannes, des associations, des groupes d’étudiants, des ONGs et des activistes afin de demander la Souveraineté alimentaire et le droit des paysans et des paysannes à nourrir leurs communautés.
L’année 2009 s’est terminée par trois sommets internationaux: le Sommet mondial de la FAO sur la Sécurité alimentaire à Rome, la Conférence ministérielle de l’OMC à Genève et le Sommet sur le climat des Nations Unies à Copenhague. Lors de chacun de ces sommets les entreprises multinationales ont fait montre de leur intention de contrôler les systèmes agricoles et alimentaires, les marchés, les terres, les semences et l’eau – en fait la nature entière – partout dans le monde. Les entreprises multinationales telles que Monsanto, Cargill, Archer Daniels Midland et Nestlé déploient, lors de ces évenements, toute une armée de lobbyistes qui influencent les mesures politiques en leur faveur.
Par exemple l’entreprise américaine Monsanto fait pression pour que des subventions soient allouées au soja Roundup Ready qui est modifié génétiquement pour résister au glyphosate (vendu par l’entreprise sous le nom de Roundup) et qui est le désherbant le plus utilisé dans le monde. Monsanto prétend que le soja Roundup Ready réduit les changements climatiques car, grâce à sa résistance au roundup, ces graines de soja peuvent être cultivées sans labourer la terre (ce qui produit du dioxide de carbone). Cette technique est connue sous le nom de «zéro labour». Monsanto soutient donc que cela lui donne droit à des crédits carbone de la part du Mécanisme de Développement propre (MDP) de la Convention cadre sur le changement climatique des Nations Unies. Cependant, le fait est que Monsanto et les autres entreprises multinationales sont les premières à contribuer au changement climatique et aux autres crises environementales car elles soutiennent un modèle d’agriculture industrielle qui n’est pas durable.
De plus, les entreprises multinationales aggravent la pauvreté et la récession économique dans le monde entier. En renforçant leur contrôle sur la terre et les marchés agricoles, elles contribuent à l’expulsion des paysan(ne)s de leur terre et à la réduction des emplois en zone rurale. Ainsi de nombreuses familles désespérées vont grossir les rangs des sans emplois dans les bidonvilles urbains.
Les entreprises multinationales engrangent d’énormes profits alors que la faim et la pauvreté augmentent. Une offensive contre les multinationales devient donc une priorité pour La Via Campesina. Notre mouvement envisage un monde où les firmes telles que Monsanto, Cargill, Carrefour et Walmart et leur destruction de la nature et de l’humanité cesseront d’exister. Elles seront remplacées par des milliards de paysans et de paysannes qui, sur des fermes petites ou moyennes, produiront une alimentation saine pour des marchés locaux et régionaux, préservant la biodiversité, protégeant les réserves aquifères, capturant le carbone et revitalisant les économies rurales.
Pour marquer le 17 avril 2010, La Via Campesina lance un appel à tous ces membres et alliés pour qu’ils unissent leurs forces et augmentent leur résistance contre les entreprises multinationales, et que leur voix et leur demande des droits paysans résonnent dans le monde entier.
Que pouvez-vous faire ?
Sensibiliser le public sur la destruction causée par les entreprises multinationales et sur les bénéfices de l’agriculture paysanne, en organisant un évènement ou une action dans votre quartier, école, village ou organisation; que cela soit une manifestation, un débat public, une action directe, la projection d’un film, une vente directe, un échange de semences traditionnelles, ou un concours de chansons ou d’art.
Inscrivez-vous sur la liste électronique mediascitoyensdiois : http://mediascitoyens-diois.blogspot.com/ pour le 25 avril pour être informé des actions organisées dans le monde entier, pour recevoir votre kit de mobilisation et informer les autres de ce que vous organisez. Inscrivez-vous ici : http://viacampesina.net/mailman/listinfo/via.17april_viacampesina.net
Dites-nous ce que vous prévoyez de faire le plus vite possible pour l’inclure dans la liste d’activités publiées sur www.viacampesina.org
Envoyez-nous des photos, des articles et des vidéos après l’évènement à : viacampesina@viacampesina.org
International Operational Secretariat
La Via Campesina – International Secretariat:
Jln. Mampang Prapatan XIV No. 5 Jakarta Selatan 12790, Indonesia
Phone : +62-21-7991890, Fax : +62-21-7993426
E-mail: viacampesina@viacampesina.org ;
Website: http://www.viacampesina.org
Publié par les Coorganisateurs de l’initiative citoyenne 2010 :
Réseau Plaidoyer pour la terre : Conseil Local de Développement du Val de Drôme ( Bernard Farigolle) – Conseil Local de Développement du Pays Diois ( Claude Veyret) – Ecologie au Quotidien ( Annick Paoli et Anne Tesson) – Terre de Liens Rhône-Alpes (Marie Leroy) – Fondation R. Ardouvin – Le CFPPA du Diois ( Dominique Daude) – Ligue des Droits de L’Homme Diois ( Martine Malaterre) – Alliance Paysans Ecologistes Consommateurs Drôme – l’Arrêt Public ( Florence Allicot) – Mouvement de Culture en Biodynamie ( Stéphane Cozon) - MJC Nini-Chaise – Simone Bacquet –Roger Poulet -
Partenariats 2009 : Biovallée® - Région Rhône-Alpes – CCVD –
Toutes les Associations, mouvements, administrations, syndicats et élus qui se préoccupent du problème foncier, de l’usage de la terre, de la préservation des espaces agricoles et de la protection des terres fertiles, de l’installation des jeunes en milieu rural ou de la construction dans la Drôme voire des divers plans d’urbanisme sont cordialement invités.

lundi 22 février 2010

Débat : femmes et libération

Quelle drôle d'époque, tout de même, où sous prétexte d'aider les victimes, on commence systématiquement par les punir !
Toutes choses égales par ailleurs, j'aimerais bien avoir sous la main la burqa de poche que l'ami Jean avait rapportée l'année dernière de l'un de ces innombrables voyages autour du monde. Parce qu'il arrive dans la vie des jours où on préférerait se coller un balai de chiotte sur la tête plutôt que de devoir exposer à la face du monde son visage transformé en cul de babouin. Bien sûr, j'anticipe un possible ratage lors du prochain épisode de ma guerre personnelle contre le poil, le foutu poil que j'ai décidé d'occire vigoureusement et définitivement de ma figure à grands coups (et coûts, aussi...) de technologie directement issue de la Guerre des Étoiles. Bien sûr, il ne s'agit là que d'un petit inconvénient passager, circonscrit dans le temps et l'espace, mais cela devrait tout de même quelque peu compliquer ma socialisation pendant les quelques heures où ma peau va réagir énergiquement en rougeoyant comme un phare au milieu des ténèbres.
- Cette obligation implicite d'exposer nos corps et encore plus nos visages dans l'espace public s'accompagne de l'injonction informelle et constante de ne pas y déparer. Autrement dit, malheur aux têtes de pou et aux gros culs! Ha, j'entends déjà le chœur des féministes outragées par l'étrange cheminement de ma pensée en cette veille d'équarrissage de façade. Quelle légèreté que de deviser doctement sur l'énÔrme affaire politique qu'est cette histoire de voile et/ou de burqa qu'en l'abordant du côté purement esthétique de l'affaire ! Bien sûr, ce n'est là qu'une galéjade, un gentil clin d'œil pour faire chauffer ceux qui ont déjà une opinion bien tranchée sur la question. Il n'empêche que demain, j'ai intérêt à ce qu'il fasse bien froid pour pouvoir rabattre mon écharpe sur ma disgrâce du moment.
- Je pourrais donc pérorer sans fin sur les valeurs républicaines, la religion, l'athéisme, la laïcité, la visibilité de certaines et non d'autres dans l'espace public, je pourrais, effectivement, mais je préfère vous raconter une histoire.
La victoire... tout doucement
- Nous sommes au tout début des années 90 et je viens d'intégrer ma deuxième année de sociologie à l'université de Toulouse-le-Mirail. Il s'agissait pour moi d'une grande victoire : grande victoire sur un premier ratage universitaire (un semestre éthylique et improductif en biologie avant abandon complet en rase campagne), grande victoire aussi, sur ma trajectoire sociale, puisque me voilà première femme de la famille à faire des études supérieures, grande victoire tout court : j'ai eu suffisamment de bonnes notes pour enfin percevoir une bourse d'études.
- Je suis logée dans la toute neuve et pimpante résidence universitaire des Humanités. Tellement neuve que je me suis déjà réveillée dans ma studette avec un peintre en train de badigeonner mes murs pendant qu'un électricien s'empressait de visser mes appliques. Les Humanités, cette année-là, c'est un peu la Babel universitaire. Les étudiants viennent de partout, de toutes les régions, tous les pays, tous les continents. Nous avons même un Ossi qui vient tout juste d'escalader les restes du mur pour venir parfaire son Français dans la ville rose, ce qui est, par ailleurs, une option que je ne conseille à personne, tant l'accent lui posera de problèmes lors de son retour au pays.
Et nous avons une femme voilée.
- Elle est arrivée un beau matin, entourée d'un aréopage de grands frères et de cousins et ne sort de sa studette que pour se rendre en cours, parfois seule, mais le plus souvent accompagnée d'une sorte de garde du corps. Elle est un sujet de curiosité et d'inquiétude, un sacré sujet de conversations aussi bien sûr, tant ce voile qui dissimule sa chevelure la rend visible et excite les imaginaires. Son seul acte socialisé a été de réclamer la pose de volets à la fenêtre de sa chambre. Il faut dire que les architectes ont été un peu molles du genou sur cette question : s'il y a bien des volets qui occultent les fenêtres des façades extérieures de la résidence, rien n'a été prévu pour les chambres se faisant face au-dessus de la cour intérieure, ce qui est d'autant plus amusant que c'est le bâtiment des garçons qui observe ainsi celui des filles.
- La fille voilée est la seule de son espèce sur tout le campus et plus que son voile ou sa garde rapprochée, ce sont nos regards qui l'isolent du reste du microcosme estudiantin. Il m'est arrivé deux ou trois fois de la croiser au détour d'un des interminables couloirs qui délimitent l'UFR de sciences sociales. Je sais ainsi qu'elle prend des cours de sociologie, tout comme moi, et aussi d'histoire et de géographie. Si la plupart des étudiants ont un temps d'arrêt en la croisant, avant de reprendre leurs activités normales et indifférentes, quelques-uns sont assez excités contre cette invasion pourtant bien discrète. Les opposants larvés et grincheux à la présence de cette fille voilée ne se recrutent pas tant dans les rangs des féministes, des gauchistes, des laïcards et des républicains de tous poils que dans ceux qui revendiquent assurément leur appartenance au catholicisme bien droit dans ses petits mocassins à glands, sa jupe plissée, son carré lisse coincé sous un serre-tête en écaille et sa jolie petite croix d'argent étincelant vaillamment sur le sempiternel pull en cachemire, rabattu négligemment sur les épaules en mode été.
- Même encore aujourd'hui, je repense parfois à la fille au voile. Je n'ai jamais pu l'approcher, jamais pu lui parler. Je ne connais pas son nom, ni son parcours, ni sa trajectoire. Mais je me souviens encore parfaitement de sa petite silhouette arrondie par ce tissu si dérisoire et si important à la fois. Personnellement, je m'en foutais de son hidjad, tout comme je m'en foutrais aujourd'hui, de sa burqa. Parce que sa présence parmi nous ne m'a jamais mise en danger, ne m'a jamais remise en question, ne me menaçait en aucune manière, que ce soit dans ma vie ou mes convictions. Parce que sa présence parmi nous, tellement étrange et impromptue pour l'époque, sa présence me faisait sourire.
Elle me faisait sourire parce que je ne pouvais pas m'empêcher de penser que sous ce voile, il y avait une jeune femme, comme moi, une jeune femme qui s'était probablement battue pour pouvoir être là et apprendre ce qu'elle apprenait. Parce que sous ce voile, il y avait un cerveau qui se nourrissait des savoirs stockés dans l'université, un regard sur le monde qui évoluait comme évoluait le mien et qu'importe son accoutrement ou la présence un peu étouffante de son escorte. Pour moi, tout ce qui comptait et tout ce qui compte toujours, c'est que le simple fait qu'elle soit parmi nous était déjà une victoire. Une victoire pour elle et pour toutes les autres femmes.
- Je repense à cette fille voilée et chaque fois que j'entends un crétin qui prône l'exclusion de ses sœurs, je ne peux m'empêcher de penser que le chemin de la liberté ne passe assurément pas par l'interdit, l'exclusion ou le retour à la maison, bien planquée, bien cachée et bien loin des regards finalement bien méprisants des bien-pensants.
Agnès Maillard
Le Monolecte
Le blog des agitateurs du vide
http://blog.monolecte.fr

Die 26150 : jeunes hors du Diois

Quel avenir pour les jeunes dehors du Diois ?
Plusieurs parents et adolescents nous ont fait part de leurs questions, leurs interrogations, parfois de leurs peurs au sujet de leur avenir en dehors du Diois.
Une fois passé le lycée, l'avenir des jeunes s'écrit en dehors du Diois, c'est inévitable, au moins pour un temps.
Ce passage, cette épreuve suscitent souvent des craintes et montrent que les jeunes et leurs parents ont besoin d'informations.
Alors pourquoi ne pas profiter de l'expérience des jeunes et parents qui ont déjà vécu ce « déménagement » ?
Quelques parents du Diois et l'ESCDD ont donc décidé d'organiser une rencontre conviviale pour mettre en relation les lycéens et leurs parents avec les jeunes qui ont déjà quitté le Diois et leurs parents.
Ces rencontres seront l'occasion de poser des questions pratiques sur des thèmes variés : logement, transport, orientation, cadre de vie...
Cette soirée «Rencontres-Apéro» aura lieu :
Samedi 6 mars 2010
A partir de 18h à l'Espace-Jeunes à Die
(rez-de-jardin de la salle polyvalente)
Arnaud Miceli
Coordinateur Jeunesse
Espace Social et Culturel du Diois
Place de l'évêché
26 150 Die
04 75 22 30 74
arnaud.miceli@escdd.fr
www.escdd.fr
Les Diois enquêtent les Diois. Retrouvez les infos sur http://enquetediois.wordpress.com

Elisabeth Badinter vieillit trés mal...

Ecolos et féministes: vertes oui, mais pas comme des pommes
Voici un texte co-écrit avec 5 féministes écolos: Anne Ghesquière, du site Féminin bio, Nelly Bonnefous, rédactrice en chef de Passage au vert (Ushuaïa TV), Odile Chabrillac de The different magazine, Isabelle Delannoy, auteure de plein de bouquins (les Vu du ciel par exemple) et de Home, Laurence Mermet, conseillère en comm éco-responsable (elle milite surtout à mort en Bretagne) et Pascale d'Erm, auteure et présidente d'Ecomamans...

«Ecolos, nouveaux machos» lance Madame Badinter qui croit voir dans une prétendue «sanctification de la mère et l'écologie radicale un danger pour les droits des femmes».
Considérer que l’écologie, au nom d’un certain naturalisme, renvoie les femmes à la maison et les conduit à déserter la sphère sociale et professionnelle relève de la grossière caricature, voire d'une malhonnêteté intellectuelle reposant sur une méconnaissance manifeste des valeurs philosophiques de l'écologie et de ses acteurs dans le monde contemporain.
Le développement durable, l’agronomie et les sciences de la vie sont les domaines où les femmes ingénieures sont les mieux représentées. Les directeurs du développement durable des grosses entreprises les plus reconnues aujourd'hui sont des femmes. Les premiers cabinets de consulting en développement durable ont été fondés par des femmes, comme le comité 21 qui régit les agendas 21 sur le territoire et est toujours dirigé par une femme. Les personnalités politiques de l'écologie sont des femmes, de Gro Harlem Brundtland qui la première a imposé le concept de développement durable en 1987 à aujourd'hui Dominique Voynet, Cécile Duflot, Corinne Lepage, Nathalie Kosciuzco-Morizet ou même Ségolène Royal, l’une des seules personnalités politiques à parler de l’écologie au PS. Qui enfin a su le mieux faire résonner l’alerte écologique sinon la canadienne Rachel Carson et son Printemps silencieux dès les années 1960 ? Bref l'écologie est l’un des seuls secteurs d'activité où les femmes sont déjà en place du bas jusqu'en haut de la pyramide, et où elles peuvent faire valoir leur vision.
Non, Mme Badinter, l'écologie ne va pas à l'encontre du féminisme. L’expérience montre qu’au contraire, elle est une opportunité pour le féminisme ! Nous ne renions rien des droits chèrement acquis par nos aînées, mais les visages du féminisme ont changé. Nous ne pouvons plus nous contenter d'analyser notre engagement à l’aune de structures mentales héritées des années 1970.
Nous affrontons désormais une nouvelle donne: la destruction accélérée des ressources naturelles de la planète, la survie même de l'humanité et le principe de responsabilité à l'égard de nos familles et au-delà, de nos sociétés toutes entières.
Femmes, écolos, mères, nous connaissons les risques du bisphénol-A dans les biberons et savons que notre lait maternel est contaminé par des polluants chimiques. Mais nous savons, aussi, que le liquide amniotique est composé des mêmes éléments que le milieu marin et que dans notre corps circule de la «poussière d’étoile», comme le dit joliment Hubert Reeves. Alors pas question de se replier dans nos foyers pollués au formaldéhyde!
Considérer la couche lavable comme rétrograde, c'est regarder le doigt du sage qui montre la lune. Car il s'agit aussi de lutter contre une imbrication de systèmes qui, s’ils nous ont libérées du lavoir et de la nurserie, nous aliènent maintenant tant par leurs coûts environnementaux, financiers, humains que par les pollutions qu'ils entraînent.
Notre écologisme au féminin ne se résume pas à protéger nos enfants, il est un combat affirmant notre place d'êtres humaines - au-delà de tout anthropocentrisme - en lien avec la terre et toutes ses espèces vivantes, les racines, le ciel et les étoiles.
Il nous semble par ailleurs douteux de focaliser sur un clivage masculin-féminin: la femme serait garante de la fertilité, de la terre, emprisonnée dans ce rôle trop grand pour elle de gardienne de la vie? Or, le combat écologique est truffé d'amazones, de guerrières, de chasseresses, telles l'Indienne Vandana Shiva, qui lutte contre l'introduction des OGM dans son pays, ou encore la Kenyane nobélisée Wangari Maathai, qui se bat pour la préservation d'un écosystème viable. La femme écologiste ne s'affirme pas seulement comme mère potentielle mais aussi comme une combattante farouche, indépendante et entrepreneuse ...
Nous refusons autant de nous déguiser en costume-cravate dans des structures de gestion économique et politique obsolètes, contre-productives et insoutenables, que de retourner au foyer revêtir le tablier, fut-il en chanvre!
En tant que femmes écologistes, nous nous battons au quotidien pour concilier activité professionnelle, mandats électifs et responsabilités politiques pour certaines (encore trop peu nombreuses) et rôle de mère, en cohérence avec le devenir de la planète que nous savons en danger. Tel est l'enjeu de notre modernité, tel est notre défi.
Oui, les femmes portent toujours le lourd fardeau de devoir concilier leur désir d'être actives, socialement épanouies et maternantes. Mais renvoyons la responsabilité de ce fardeau à ce qui a créé cette distorsion : un système historiquement décidé par et pour les hommes.
Comment changer la donne si les femmes restent toujours les parias des structures de décision ? Le vrai défi d'aujourd'hui n'est pas de savoir comment faire entrer les femmes dans un système inchangé et destructeur pour la cellule familiale comme pour la planète, mais de changer le système pour que les femmes y pénètrent, faisant valoir leur point de vue, leur sensibilité et de faire émerger les valeurs écologistes et post-féministes d'aujourd'hui. C'est la condition indispensable à la métamorphose de nos sociétés vers un monde égalitaire et durable.
Avec 5 féministes écolos : Anne Ghesquière, du site Féminin bio, Nelly Bonnefous, rédactrice en chef de Passage au vert (Ushuaïa TV), Odile Chabrillac de The different magazine, Isabelle Delannoy, auteure de plein de bouquins (les Vu du ciel par exemple) et de Home, Laurence Mermet, conseillère en comm éco-responsable (elle milite surtout à mort en Bretagne) et Pascale d'Erm, auteure et présidente d'Ecomamans...

Elisabeth Badinter vieillit mal...

Elisabeth Badinter – Le Conflit, la femme et la mère
A moins de vivre comme un ermite vous n’avez pas pu échapper à l’ouragan médiatique qui a entouré la sortie de ce livre. J’ai écouté Mme Badinter sur France Inter le vendredi 12 février (émission du matin, et puis la Tête au Carré), et sur France 2 (journal de 13h00 du 15 février.) J’ai aussi lu les interviews dans Le Monde, le JDD, ELLE…. Et puis, et surtout, je viens de lire son livre, et c’est sur le contenu de ce livre que je base ce billet.
Tout d’abord je dois vous dire que c’est un livre passionnant et bien écrit, et que même si je suis loin d’être d’accord avec tout (voir ci-dessous) sa lecture m’a apporté quelque chose, m’a fait réfléchir. Donc je vous recommande de le lire et de vous faire votre propre opinion, et de venir ensuite en parler ici !
Sur de nombreux thèmes, je suis en parfait accord avec Mme Badinter et je pense que son analyse est juste, MAIS sur un point central, celui de l’allaitement maternel, sa thèse est à mon avis erronée --- et elle est erronée car au contraire des autres points présentés dans le livre, qui sont eux, dans l’ensemble, plutôt bien documentés, le sujet de l’allaitement n’a pas été analysé de manière rigoureuse par son auteur. Sur l’allaitement, Elizabeth Badinter laisse parler ses impressions, préjugés, et rejets, et du coup, elle écrit des choses au mieux non prouvées, au pire complètement fausses... Et dans les deux cas montre une vision simplificatrice et réductrice des mamans allaitantes.
Peu de personnes rejetteront une des thèses du livre, fort bien développée, qui est que, pour que le taux de natalité élevé de la France se maintienne, il faut que les femmes puissent continuer à vivre leur maternité comme elles l’entendent, et qu’un modèle théorique de la mère parfaite qui renonce à sa carrière et à sa vie de femme, ne leur soit pas imposé. Si on dit aux femmes, pour être une bonne mère, il faut faire XYZ, et qu’elles n’ont pas le choix, elles feront comme leurs consœurs japonaises, allemandes, ou italiennes, et elles arrêteront de faire des enfants.
Elle compare les politiques natalistes des différents pays européens (dont les pays nordiques toujours cités comme modèles dans ce domaine) et elle démontre que ce ne sont pas forcément les politiques les plus généreuses qui encouragent la natalité, ce sont les politiques qui permettent aux mères d’avoir le choix de travailler ou pas. En gros, il faut un équilibre entre des politiques familiales dites traditionnelles (type allocation pour la mère au foyer), et des politiques familiales permettant aux femmes de travailler si elles le désirent (comme des places en crèche.) Elle montre ainsi que le modèle suédois, bien que très confortable, conduit à un taux de natalité moindre que celui de la France… Et son explication est que ce modèle, bien que généreux, impose un rôle trop formaté aux femmes.
Ce concept clef de la nécessité du choix et du libre arbitre pour les femmes est bien développé et argumenté (et je suis naturellement pleinement d’accord), mais elle le mêle à une autre analyse, celle des dangers du "naturalisme", et j’ai eu parfois l’impression de lire deux livres en un, qu’il y avait deux thèses différentes dans le livre, qui s’entrecroisaient sans jamais vraiment se rejoindre de manière solide.
La première thèse principale expose le danger d’une société inégalitaire qui dirait aux femmes « pour être une bonne mère vous devez quitter le monde du travail et vous consacrer 100% à votre enfant». La seconde thèse principale est celle exposant les dangers du « naturalisme » : Mme Badinter brandit le courant écologique comme l’ennemi de la femme car conduisant par le biais de pratiques telles que l’allaitement long, les couches lavables, le retour à la maison, le cododo, à une subrogation de tous les désirs de la femme, la soumettant complètement à son bébé qui devient le centre de son univers. Dans ce modèle, décrit de manière sarcastique par Mme Badinter, la mère investie à 100% dans son enfant (devenu son nouveau maître), motivée par le sentiment profond de sauver la planète, et embue d’un sentiment de supériorité total par rapport aux autres femmes, s’oublie, oublie sa carrière, oublie son mari, et se prépare des vieux jours difficiles si jamais le dit mari s’enfuit en courant. Donc modèle dangereux selon Mme Badinter.
Là où le livre pèche est que le lien entre les deux thèses n’est pas fait de manière convaincante. Nulle part ne prouve-t-elle que l’essor de ces pratiques « naturalistes » (que d’autres appelleront le maternage proximal) a eu ou pourra avoir un effet direct sur l’inégalité entre les hommes et le femmes ou le rôle des femmes dans la société en France. Elle craint simplement qu’on y arrive (comme dans les sociétés allemande ou japonaise, modèles où le rôle des femmes est très réduit à la sphère familiale) si le courant écologique prend le dessus. Du coup on est vraiment dans le catastrophisme annoncé mais non prouvé : pour que la thèse tienne la route il faudrait d’abord démontrer 1) que le « naturalisme » s’est suffisamment répandu, et 2) qu’il y a un lien direct entre ces pratiques et l’inégalité entre hommes et femmes.
Sur le premier point Mme Badinter essaie de montrer l’essor de ces pratiques écologiques/de retour au naturel en utilisant l’exemple de l’allaitement et en montrant l’augmentation des taux d’allaitement en France, mais on est bien loin d’une situation où l’allaitement au-delà de quelques semaines serait la norme en France. Oui, les taux ont augmenté, mais nous sommes un des pays d’Europe où on allaite le moins et où on allaite le moins longtemps. Crier au loup quand il s’agit de l’augmentation des taux d’allaitement me parait donc un raisonnement pour le moins tiré par les cheveux.
Quant aux autres pratiques de maternage proximal, leur adoption par la population n’est pas mesurée. Ici aussi, Elisabeth Badinter crie au loup. Oui, ces pratiques se développent, oui, la presse en parle, oui on voit de plus en plus de bébés portés en écharpe, oui l’alimentation bio a le vent en poupe, oui le sujet du cododo est légèrement moins tabou qu’avant… Mais de là à traiter ces pratiques comme si elles étaient en passe de devenir en France le nouveau standard de la maternité, il y a un grand fossé à franchir, fossé que Mme Badinter ne franchit pas de manière convaincante.
Quant au deuxième point, qui serait d’établir un lien direct entre ces pratiques et l’inégalité entre les hommes et les femmes, là le livre est muet, et pour cause.
Mme Badinter fait du maternage proximal une description caricaturée, et on sent ici un décalage générationnel, une incompréhension totale : on sent la distance entre une femme qui a l’âge d’être grand-mère, et les jeunes générations de mères qu’elle observe avec beaucoup d’étonnement, et un peu de condescendance. D’ailleurs, en parlant de grand-mère, je me suis prise à imaginer, en lisant le livre, que nous étions peut-être dans une situation où la fille ou belle-fille de Mme Badinter allaite son enfant 3 ans, porte en écharpe, cododote, et couche-lavotte, et où Mme Badinter n’en peut plus d’énervement face à des pratiques aussi archaїques mises en place sous son nez ! Sans vouloir faire de la psychanalyse de comptoir j’ai eu l’impression en lisant le livre qu’il y avait deux Elizabeth Badinter à l’oeuvre : l’une très rationnelle, bâtissant brique par brique un raisonnement élégant sur la place actuelle des femmes dans la société, les limites du concept d’instinct maternel, les comparaisons éclairantes entre les différents pays… Et l’autre beaucoup moins objective, plus émotionnelle, sarcastique, voir limite méchante, lorsqu’elle décrit les mamans écolo, celles qui allaitent, et les associations de soutien à l’allaitement – comme si elle avait du mal à observer ce qui se passe chez ces mères d’aujourd’hui de manière distanciée, comme si elle observait ces femmes au travers du prisme de sa propre expérience (expérience dont elle se refuse à parler mais qu'on devine bien différente.) Comme si chez elle, la philosophe et la mère (ou grand-mère je ne sais pas) avaient un peu du mal à cohabiter.
Malheureusement elle ne cherche pas trop à comprendre ces mères, et manque carrément d’empathie : par exemple quand elle s’est moquée de celles qui cuisinent du brocoli bio (sur France Inter), elle oublie facilement tout le débat sur les pesticides, la vache folle, et autre joyeusetés de notre alimentation industrielle, joyeusetés qui nous rendent toutes un peu parano quant à ce qu’on met dans l’assiette de nos enfants.
Quand elle consacre un chapitre entier à faire de l’ironie facile sur le dos de La Leche League, elle oublie les milliers de femmes qui ont raté leur allaitement par manque de soutien, d’information, et à cause du machisme qui sévit souvent encore dans le corps médical, et elle oublie les femmes qui ont réussi des allaitements qui leur tenaient à cœur, justement grâce à des associations comme La Leche League. Sur le sujet de La Leche League, j’ai d’ailleurs trouvé le ton vraiment désagréable et les reproches infondés. Qu’on ne soit pas d’accord avec toutes les valeurs de cette association, soit, mais de là à en faire les investigatrices d’un complot planétaire visant à forcer toutes les femmes à allaiter, il ne faut pas pousser mémé dans les orties !
Quand elle consacre plusieurs pages à casser du sucre sur le dos de la CoFAM et son Initiative Hôpital Ami des Bébés, elle balaie d’un geste les efforts d’un groupe justement focalisé sur le respect des mères, des pères, et de leur nourrisson --- respect de leurs désirs et de leur choix, quels qu’ils soient !
Là où je la rejoins cependant, est dans l’idée que le maternage proximal n’est pas adapté à toutes les mères, et qu’il serait dangereux d’en faire l’étalon de la maternité parfaite. Je pense qu'il existe de multiple manières d’être une bonne mère (ou une mère simplement bonne, comme le dit Winnicott), et que nul ne détient de supériorité en la matière. Et qu'il serait dangereux de faire de l’allaitement un des critères de la bonne mère. Je pense qu’il est extrêmement important qu’on n’utilise pas l’arme cruelle de la culpabilité pour faire pression sur les femmes afin qu’elles allaitent. Je crois aussi qu’elle a raison de parler de l’ambivalence de nombreuses femmes quant à l’allaitement, à l’aspect animal/mammifère que cela suppose, et qui ne plaît pas à toutes. Et elle a raison de dire qu’il est parfois difficile, dans un moment de la vie où on est vulnérable, de bien résister à la pression de l’entourage. Alors oui, je pense que certaines femmes, ambivalentes par rapport à l’allaitement, et n’osant dire « cela me dégoûte » (car comment dire cela à sa sage-femme, ou sa meilleure amie qui a elle allaité ?), se rangent derrière des prétextes plus politiquement corrects : je suis pudique, mon mari veut donner le biberon, je n’aurais pas assez de lait, etc. Le fond du problème, est qu’elles n’en ont pas envie et c’est quelque chose qu’il faut profondément respecter. Mais il n'est pas facile d'aborder la discussion sans blesser sur ces questions délicates d’envie et de désir, et de rapport au corps. La grosse difficulté pour le corps médical ou pour tous ceux travaillant dans le domaine est d’arriver à informer sans culpabiliser. Est-ce vraiment possible ? Pas évident quand on voit les réactions à fleur de peau des unes et des autres quand le sujet de l’allaitement est abordé. Sur ce thème, je vous conseille d’ailleurs l’excellent billet de la Poule Pondeuse.
Le problème de fond c’est que Mme Badinter se dit philosophe (en tout cas, chez mon libraire son livre était au rayon philosophie) mais son livre est en fait un ouvrage de sociologie. Elle travaille comme un philosophe (au chaud, toute seule dans son bureau), mais traite de sujets de société pour lesquels, justement, sortir de son bureau, faire des enquêtes, réaliser des entretiens, faire donc, un vrai travail de sociologue, aurait été utile. Sur la plupart des thèmes étudiés dans le livre, ce n’est pas un problème car elle a pu utiliser les études sociologiques réalisées par d’autres, les statistiques de différents organismes, mais quand elle parle de l’attitude des mères par rapport à l’allaitement, elle rencontre un problème majeur : il y a très peu d’études, très peu d’analyse statistiques. Et d’ailleurs, elle le reconnait elle-même : « Il n’est pas facile de savoir ce que les femmes pensent vraiment de l’allaitement aujourd’hui où l’ambivalence maternelle est occultée ».
J’aurais bien aimé, que, devant cet écueil, elle parte à la rencontre d’un échantillon représentatif de mères allaitantes, mais pas du tout. Pas besoin de données ni d’études ni d’entretiens pour définir trois types de femmes allaitantes, ni pour théoriser sur le niveau intense de culpabilisation auquel sont soumises les jeunes accouchées. C’est l’impression de Mme Badinter que nous entendons. Impression qu’elle a formée en faisant quelles recherches ? En parlant à qui ? On ne sait pas. Quand elle généralise sur la culpabilisation dont souffrent les femmes qui écoutent les discours pro-allaitement du personnel médical, qu’est-ce qui permet de dire à Mme Badinter, que ce problème est plus important (quantitativement ou qualitativement) que le problème des mères allaitantes qui sont découragées dans leurs efforts par un pédiatre qui leur conseille de passer à l’allaitement mixte, ou un pédo-psychiatre qu’ils leur dit qu’au-delà de six mois d’allaitement elle sont des mères incestueuses ?
Ni enquête statistique, ni entretiens qualitatifs auprès de mères n’ont apparemment été effectués. Je trouve donc qu’il y a un certain manque de rigueur dans l’analyse, ou du moins que la rigueur n’est pas répartie également dans ce livre. Du coup son analyse parait biaisée, voire parfois, à la limite de l’honnêteté intellectuelle. Par exemple, dans son livre (et c’est un point sur lequel elle a insisté lors de son entretien dans l’émission la Tête au Carré sur France Inter), elle écrit que la meilleure preuve que de nombreuses femmes n’ont, en fait, pas envie d’allaiter, est que le taux d’allaitement est très élevé à la maternité, et se casse la figure ensuite, une fois les mères rentrées chez elles. Mais ici, à nouveau, il ne s’agit que de son opinion, non étayée par une enquête ou une recherche sérieuse : une autre conclusion pourrait être de dire que ces femmes avaient envie d’allaiter mais ont échoué car l’allaitement n’est pas si facile au début, et qu’elles ont été mal conseillées et entourées --- et que donc leur motivation (ou manque de motivation) n’est pas la raison de l’arrêt de l’allaitement…
La vision de l’allaitement qu’elle propose est simplificatrice. Oui, elle dit ne pas être contre l’allaitement et comprendre que certaines femmes s'y épanouissent mais sa vision de l’allaitement est tellement caricaturale que c'est pire qu'une attaque directe. Elle écrit que le discours ambiant exige un allaitement exclusif pendant six mois, et deux ans en mixte. Mais elle fait comme si ces recommandations de l’OMS étaient l’unique norme vers laquelle toutes les mamans allaitantes et tous les professionnels de santé conseillant les mamans allaitantes tendaient en France aujourd’hui, comme si c’était le seul choix possible. Elizabeth Badinter parle d’allaitement comme s’il y avait en France aujourd’hui un discours unique sur l’allaitement, celui prôné par une conspiration de La Leche League et de l’OMS. Rien n’est moins vrai. La Leche League (avec tout le respect que je dois au travail de cette association) n’a pas le monopole du discours sur l’allaitement, et de toute manière même le discours de La Leche League est loin d’être monolithique. Il existe de nombreuses associations de soutien à l’allaitement, il existe de multiples points de vue, de multiples manières de vivre un allaitement.
On peut allaiter trois semaines, trois mois, ou trois ans. On peut remplacer une tétée ou plus par un biberon, soit de lait tiré, soit de lait infantile. On peut faire carrière et allaiter. On peut être féministe et allaiter. On peut avoir une vie de femme épanouie et allaiter . On peut avoir l’allaitement qu’on veut, où on veut, quand on veut. Elle écrit que pour allaiter il faut être en tête à tête avec son bébé 24h sur 24h sans échappatoire. Mais d’une part, biberon ou allaitement, les premiers mois d’un bébé sont intenses, et d’autre part, on peut faire de l’allaitement mixte si on veut, on peut tirer son lait pour donner un biberon au papa, on peut s’organiser en fonction de ses désirs, de son niveau d’énergie. Et non, l’allaitement ne veut pas dire (encore un poncif !) que le papa est mis à l’écart ! En la lisant j’ai vraiment eu l’impression qu’elle n’avait jamais rencontré de maman allaitante de sa vie, et que sa seule expérience du sujet était l’ouvrage d’Eliette Abécassis sur la maternité, livre qui est … un roman !!!
L’autre problème est un certain mépris pour le fait scientifique. Je trouve cela un peu décevant qu’une personne aussi brillante et cultivée écrive tout un livre combattant le «naturalisme » sans parler une seule fois des risques réels et documentés liés aux changements climatiques. Et c’est aussi un peu effarant que la réalité scientifique sur les bienfaits de l’allaitement pour la mère ET pour l’enfant soit à ce point minimisée ou mise sous le tapis. Pendant un des ses entretiens, elle a répondu que de toute manière, les pédiatres changeaient d’avis tous les trente ans sur le sujet, impliquant donc que le soutien actuel du corps médical pour l’allaitement n’était qu’une lubie, et que le contraire serait défendu dans trente ans. Peut-être, mais il y a tout de même (je sais, c’est révolutionnaire de le dire) la notion de progrès scientifique, non ? Les pédiatres ont changé d’avis sur l’allaitement entre les années 60 et nos jours, parce que des études scientifiques ont montré les bénéfices de l’allaitement sur la santé de populations dans leur ensemble – il ne s’agit pas d’un effet de mode.
Au final je trouve que c’est un livre qui pose les bonnes questions mais qui, quelque part, se trompe d’ennemi. Ce qu’Elisabeth Badinter écrit sur l’effet néfaste qu’a eu la crise économique des vingt dernières années sur le travail des femmes -- le fait que quand le monde du travail vous apporte peu, vous donne des salaires inférieurs aux hommes, et peut vous jeter comme un kleenex, il est tentant de rentrer à la maison --- vaut la peine d’être rappelé. A mon sens c’est un thème du livre qui aurait pu être développé beaucoup plus : qu’est-ce qui pourrait être changé dans le monde du travail pour le rendre plus accueillant pour les femmes ? Comment parvenir à cette fameuse parité des salaires qui n’existe dans aucun pays ?
Je ne crois pas que s’arc-bouter sur le courant écologique comme étant l’ennemi public numéro 1 du féminisme soit la bonne priorité. Franchement, si notre seul problème était la pression pour l’allaitement et le passage aux couches lavables, on s’en sortirait très bien, merci ! Ce serait peut-être plus utile de parler du plafond de verre, de l’image extrêmement sexiste véhiculée par la publicité dans la plupart des médias, du manque criant de représentation des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises, du manque de places en crèche, du peu d’entreprises qui proposent des horaires souples, de la discrimination à l’embauche, etc. Pour celles qui essaient aujourd’hui de tout concilier, enfants, travail, mari, et vie personnelle, c’est sur ces sujets-là qu’il y a urgence.
Et vous, avez-vous lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?
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Maman de deux petites filles de 7 et 4 ans, j'attends un troisième enfant pour... Après une carrière dans le marketing et l'industrie du logiciel, j'ai fondé mamaNANA avec mon cher et tendre époux. Nous avons lancé le site en juin 2005.
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