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mardi 17 avril 2012

Une présidentielle sans débat sur l' essentiel...

Présidentielles : le débat sur l’énergie ne doit pas s’arrêter au nucléaire (bons baisers de Fukushima)
Les représentants des candidats à la présidentielle doivent exposer leurs points de vue sur l'avenir de l'énergie aujourd'hui à 15 heures à la Maison de la chimie, à Paris, à l'invitation du WWF et de Terra Nova.
J'espère que tout le débat ne sera pas focalisé, comme d'habitude, sur le nucléaire, et qu'on ne laissera pas de côté l'avenir du pétrole, qui pose des questions à mon sens bien plus vastes et profondes, englobant largement celle de l'atome.
Au moins, j'espère qu'on ne verra plus surgir un argument particulièrement inepte sur la facilité supposée avec laquelle il serait possible de sortir du nucléaire.
Cet argument, qui repose sur une méconnaissance de la problématique du pétrole (laquelle, lorsqu'il est question d'énergie en France, fait figure d'éléphant oublié au milieu du salon), c'est la fermeture des centrales japonaises, suite à l'accident de Fukushima.
Je ne vais nommer personne, mais j'ai entendu ces derniers temps plusieurs figures françaises de l'écologie prétendre que l'arrêt pour contrôle de 53 réacteurs sur 54 au Japon depuis Fukushima démontrerait à quel point « sortir du nucléaire, c'est possible ».
La consommation de pétrole des centrales électriques thermiques japonaises est sur le point de quadrupler par rapport à la normale, et pourrait atteindre un million de barils par jour cet été. D'après l'agence Reuters, cette explosion de la demande japonaise de pétrole pèserait même plus que la crise diplomatique iranienne parmi les facteurs qui alimentent la hausse des cours du brut !
Un reportage publié en août par le New York Times suggère l'ampleur impressionnante du basculement du système électrique japonais du nucléaire vers le pétrole.
Ce basculement est une régression historique : le programme nucléaire japonais a été lancé, comme le programme français, en réaction au choc pétrolier de 1973. Avant 1973, l'électricité japonaise et française étaient principalement générées à partir de pétrole, importé presque exclusivement du golfe Persique.
(Photo : Le tsunami n'a pas provoqué seulement l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima ; il y a aussi eu celle de cette raffinerie au nord de Tokyo, et celle de la consommation japonaise de brut...)
Si le Japon est un argument dans le débat sur la sortie du nucléaire, c'est au contraire pour souligner à quel point les énergies fossiles représentent l'alternative à l'atome la plus facile, c'est-à-dire la plus pernicieuse.
C'est ce qui se passe en Allemagne qui compte. Et les atermoiements de Berlin devraient inciter les anti-nucléaires à plus d'humilité et, surtout, de réalisme.
La production mondiale d'énergie, c'est 81,1 % de fossiles (dont 32,5 % de pétrole) et 5,7 % de nucléaire. L'éolien, la géothermie et le solaire, c'est toujours moins de 1 %. Le charbon, non les renouvelables, est de loin la source d'énergie qui s'est le plus développée au cours de la dernière décennie, d'après l'Agence internationale de l'énergie [pdf].
Selon une étude d'EDF R&D en 2007, un déclin de la production mondiale de pétrole aux alentours de 2020 va induire un déclin de la production TOTALE d'énergie environ quinze ans plus tard, en dépit d'une éventuelle multiplication par cinq (improbable, sinon indésirable) du nucléaire et du charbon, et d'une multiplication par vingt-cinq (délicate...) des énergies renouvelables à l'échelle de la planète.
J'insiste : le débat sur l'énergie ne peut se limiter, loin s'en faut, à un débat sur l'avenir du nucléaire.
Matthieu Auzanneau

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