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vendredi 12 mars 2010

La journée de la Femme c'est tous les jours


Nous avons reçue ce texte provoquant mais jubilatoire, heureusement écrit par une femme féministe convaincue.
9 mars : Journée virtuelle de la Morue Non, pas d’excuses pour le silence obstiné de ZoneZeroGene hier, lors de la journée du Labrador. Le Ouèbe du 8 mars ayant dégouliné de professions de foi de tous bords, nous avons choisi de nous abstenir, par pure conviction. La seule publication ayant notablement retenu notre attention, car nous adorons les Louboutin et les billets sanglants, c’est celle-ci.
Maintenant on est peinards jusqu’à l’année prochaine. Et le Labrador, après avoir été ostensiblement défendu pendant 24 heures, va retourner à sa niniche sous l’oeil bienveillant des pittbulls gouvernementaux, qui tissent autour de la cause des Labradors une subtile toile économique et sociale ressemblant à peu près à ceci :
Bref, aujourd’hui 9 mars, ZoneZeroGene aimerait célébrer une véritable fête, et consacrer un article à la gloire d’une catégorie de labradors vraiment exceptionnelle.
Aujourd’hui, sur ZoneZeroGene, c’est donc la fête à la Morue.
Mais qui donc que c’est la Morue, me demanderas-tu le coeur battant, de crainte que ce ne soit toi ? Oui, toi, là, toi qui me lis avec passion, toi qui voudrais peut-être faire écriveuse du Ouèbe comme vrai-faux métier quand tu seras grande, et parler de foufounes et de zizis sur un site rouge tapin… Mais non, va, c’est pas toi. Respire.
Donc la Morue, pour te situer le propos, est de sexe féminin, et c’est une chienne fourbe à l’ego défaillant ; elle a évidemment son équivalent chez le mâle, mais on est branché labradors femelles en ce moment. C’est un peu dans l’air du temps et j’ai eu un exemple de morue sous les yeux très récemment : alors forcément, ça inspire.
La morue : standard de la race
Historique : considérée comme un dommage collatéral de la guerre entre les sexes, la morue est issue d’une branche dissidente de la libération sexuelle. Elle a oublié qu’être une femme libre c’est aussi être une femme digne. Par fatalisme ou manque de self-esteem, elle se conduit donc comme un connard.
Aspect général
Chienne de taille moyenne, mi-bombasse mi-grognasse, la morue a des seins, qu’elle montre énormément. Fréquemment blonde (mais pas de partout et surtout pas des racines), elle est juchée sur des fuck-me shoes à talons de 12 et s’adresse à sa cible en mode « déhanché lascif » ou « penchage de tête sur le côté ». Passablement bonne, elle donne l’impression de le savoir, et le rappelle à tout moment, de façon plus ou moins subtile. Utilisatrice experte de trompe-couillons à budget bâtard (mascara vibrant Lancôme MAIS fard à paupières Nivéa, fond de teint Maybelline MAIS rouge à lèvres Dior), elle présente un packaging attrayant, qui suggère l’intellectuelle émotive, sensible et pure sous des touches de putasse savamment disséminées.
Proportions
La hauteur de la Morue du garrot au sol est approximativement égale à la force déployée pour tenir sur ses cuissardes. L’allonge des pattes arrière sera proportionnelle au portefeuille de sa cible, la morue s’enroulant plus volontiers autour d’une target à pognon visible, qui sera en mesure de faire péter dîner aux chandelles, sorties élégantes et loisirs un peu haut de gamme. Non, c’est pas une pute (pute étant, sur ZoneZerogene, un qualificatif précis désignant une prestation sexuelle tarifée et ne pouvant en aucun cas devenir une insulte). La morue n’a d’ailleurs pas le professionnalisme d’une pute, son mode opératoire étant au final plutôt brouillon et ses tarifs pour le moins hasardeux. A noter par ailleurs que le client de la morue n’en aura jamais pour son fric.
Comportement / Caractère
En phase de séduction :
- D’une rare gentillesse, la morue a de l’humour, et un certain style.
- Elle n’hésite pas à montrer très vite une attendrissante fragilité, histoire de désarmer la cible.
- Elle met en avant l’existence de son âme, tout en confirmant l’utilité de ses nichons.
- Elle ne se fait pas prier pour tomber la culotte, le sexe n’est pas un enjeu, voyons, c’est si fort entre nous, si puissant, c’est mmmm, vas-y, prends-moi toute.
En phase de conquête confirmée, toi le Mâle, tu es cuit :
- La morue te sort le grand jeu. Déployant son éventail de talents avec une maestria qui force le respect et gruge les plus malins, elle te distille de la chatte à volonté entre deux poèmes. Dévorante, omniprésente et pourtant mystérieuse, la morue te rend fou : de désir, de passion, d’amour… Elle est irrésistible.
- Si elle sent que tu es prêt pour la love story, la morue l’exploitera. Avec elle, tout te semblera possible, et elle veillera à te le confirmer explicitement. Intarissable sur cette merveilleuse alchimie entre vous, elle t’écrira que c’est très fort. Que ça la dévaste. Qu’une telle magie ne lui semblait pas possible avant de te rencontrer. Elle t’en chiera des caisses, à la carte. Tu rêves d’être papa ? Oh oui, elle te comprend… Et tu feras un père merveilleux, te dit-elle, laissant planer au-dessus de sa phrase tout un éventail de possibles.
- Elle t’entraîne dans un sulfureux rallye du cul et de l’amour : tous les coups sont permis et rien ne te sera épargné. La contemplation de l’histoire que vous vivez, soigneusement mise en scène par ses soins, lui offrira ce qu’elle est incapable de construire elle-même : un bout d’existence épanouissante (oui, en gros, elle se fait chier dans la vie).
- Sexuellement, ça va le faire grave. Mais c’est un tel pièges à couilles que tu ne sauras jamais vraiment où tu en es. Le cul magnifié par le verbe, ça laisse place à pas mal d’imprécisions érotiques, et ses orgasmes, tu les supposeras, tandis que ton cerveau achèvera de se désintégrer entre ses cuisses largement ouvertes. A côté de ça, elle ne se montrera pas particulièrement généreuse au pieu, préférant de loin recevoir que donner.
- Elle n’hésitera pas à te faire entrer dans sa vie privée tout en te dissimulant à l’essentiel de son entourage social. Et pourtant, elle n’est pas mariée. Planqué entre son lit et son canapé, où tu finiras tes nuits, tu apprendras sur le tas le statut dégueulasse de passager clandestin.
En phase de ratification de l’entubage :
- Tu commences à prendre conscience que la morue et toi, c’est un peu quand ça l’arrange. Elle te poursuivra avec acharnement quand tu n’es pas disponible, mais se fera fuyante pour peu que tu la suives. Te fera faire 300 bornes parce qu’elle te veut, là, tout de suite, mais te plantera sans hésiter à la veille d’un week-end parce qu’elle ne veut plus, là, d’un coup.
- Tu la rinces au restau, tu la sors à coups d’Amex ou de Mastercard, et plus encore que de l’argent, c’est ton coeur que tu offres en lui concoctant des week-ends sur mesure et des sorties de rêve. Petits cadeaux, fleurs et bulles en bouteille à volonté, tu la gâtes, ta morue, et ce n’est même pas pour l’acheter. Parce que quand tu rengaines ton portefeuille, tu continues à la gâter : tu l’écoutes, tu la serres fort, tu la comprends, et de plus en plus, tu lui pardonnes…
- Tu pardonnes par exemple ses autres partenaires, estimés plus décoratifs que toi en société, et qui lui servent d’escort boys. Elle justifiera son côté multi-tâches de la foufoune en bitchant copieusement sur leurs médiocres performances sexuelles. Oui, avec toi, c’est mieux. Qu’elle dit. Ce qui ne l’empêchera pas de baiser ailleurs et de continuer à te planquer.
- Tu pardonnes la façon progressive dont elle a retranché de votre relation tout ce qui n’était pas purement sexuel. Tu as prévu un week-end romantique et elle avait dit ok, mais une fois comblée et éventuellement remplie, elle se rhabille et se casse. Sans ménagement. Parler ? Pas le temps. Partager d’autres choses ? Non, là, ce n’est pas possible. Il faut qu’elle rentre.
- Tu pardonnes son silence compact, violent contraste avec ses 58 SMS quotidiens du début.
- Tu pardonnes au final ce lapidaire : « Je pense qu’il vaut mieux qu’on reste amis », assorti d’un miteux « Non, mais ça vient pas de toi, c’est moi. Tu comprends, entre nous c’est si exceptionnel que ça me fait peur ». Tu tenteras également, encore sous le choc de l’énormité de l’argument, de pardonner cette insulte faite à ton intelligence et à ta constante gentillesse. Mais tu auras du mal, parce qu’à ce stade tu commences à avoir quelques fulgurances sur la possibilité de t’être fait lourdement pintader.
- Tu serais presque prêt à pardonner son ultime exigence égocentrique ( »Je ne veux pas que tu me fasses la gueule »), mais là faut pas déconner, quand même : tu te rebelles un tantinet.
En phase de rupture consommée :
- La morue se retrouve seule avec ses escort boys, ses mises en scène répétitives, et sa self esteem toujours aussi défaillante, que ton coeur aujourd’hui en miettes n’a pas pu réparer (mais pour le coup elle avait raison : ça ne vient pas de toi, c’est elle).
- Elle rengaine ses poèmes, son intensité dramatique, sa force de persuasion, ses nichons, ses cuissardes, ses racines sombres et son fard à paupières Nivéa. Et tente maladroitement de racoler tes amis pour redorer son image de marque, qu’elle craint égratignée par ta déception amoureuse, au cas où tu aurais eu l’humaine impulsion de confier ton chagrin à tes proches (qu’elle connaît depuis cinq minutes mais qu’elle mettrait bien dans sa poche aussi).
- Vacillante sur ses fuck-me shoes, un peu chancelante dans son intérieur, la morue te fait presque pitié : elle est très seule, le soir.
- Bien qu’elle ait vaguement conscience d’être une espèce menacée, à cause de la surpêche, elle craint plus que tout de se trouver réduite au statut protégé du thon. Elle n’a pas encore découvert l’existence de voies médianes.
Aujourd’hui 9 mars, ayons une pensée pour toutes les morues communes, surpêchées et surestimées, qui accomplissent chaque jour la prouesse admirable d’utiliser l’hameçon planté entre leurs dents pour attraper du poisson rare.
Une chance pour vous, les crevettes roses bien sympathiques : quand la morue a fini de jouer, elle relâche toujours sa proie. Vivante.
Gaelle-Marie Zimmermann gaellemarie.zimmermann@gmail.com

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