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mardi 23 octobre 2012

Prendre soin de la nature...c'est prendre soin de nous même...



Biodiversité - Prendre soin de la nature : un investissement pour l'avenir
Détérioration des milieux naturels, disparition des espèces animales et végétales, dégradation par l'homme des services issus des écosystèmes : l'effondrement actuel de la biodiversité est une crise aussi grave que le changement climatique pour l'avenir de l'humanité. Cette crise est silencieuse. Elle peine à mobiliser les opinions publiques et à susciter des politiques volontaristes. Elle appelle une stratégie globale qui ne se limite pas aux seules mesures de préservation de zones "extraordinaires", mais porte également sur l'ensemble de la nature "ordinaire". Dans son rapport "Biodiversité - Prendre soin de la nature : un investissement pour l'avenir", Terra Nova précise cette stratégie et formule des propositions ordonnées autour de quatre axes : donner à la biodiversité une visibilité politique, économique et juridique, renforcer et prendre en charge les solidarités écologiques, investir pour la restauration et le développement de la biodiversité, évaluer les résultats et rendre compte aux citoyens".

 Synthèse du rapport
 Pour l'opinion publique et les décideurs politiques, la biodiversité est difficile à appréhender. Elle renvoie en effet à la diversité du vivant, ce qui englobe les espèces animales (y compris l’espèce humaine) et végétales, mais aussi la diversité des gènes ainsi que celle des écosystèmes. La complexité de ce mot et la difficulté d'en donner une mesure ou de le lier aux actes de la vie courante en font un élément trop souvent ignoré dans le débat public. La méconnaissance de l’importance des questions de biodiversité est encore aggravée par l'urbanisation rapide de la population mondiale, qui tend à nous faire oublier encore davantage notre dépendance à la nature et à sa diversité. Cependant, la France est dépositaire d’un patrimoine naturel d’une grande richesse, notamment grâce à ses départements et collectivités d’outre-mer présentes sous de nombreuses latitudes.
 - La disparition d’espèces et la dégradation des milieux naturels provoquent un déséquilibre toujours grandissant ; comme une aile d’avion dont on enlèverait un à un les rivets, c’est tôt ou tard l’ensemble du système qui s’effondre. Les biens et services issus de la biodiversité sont pourtant une contribution indispensable au fonctionnement de nos économies et au bien-être des populations. Notre dépendance à l'égard de la nature ne se réduit pas à la production agricole et à la pêche, elle concerne aussi l'approvisionnement en eau, la fourniture de matériaux et de matières premières pour les activités économiques, l'absorption et le recyclage de nos déchets et émissions de polluants, la lutte contre les maladies ou le contrôle des inondations, pour ne prendre que quelques exemples parmi les plus emblématiques. La question de la biodiversité, c'est donc celle du patrimoine naturel, des conditions environnementales et des services rendus par les écosystèmes. Elle est intimement liée à notre bien-être.
 - Or les milieux naturels ont connu depuis un demi-siècle une détérioration sans précédent. L’effondrement actuel de la biodiversité est considéré par les scientifiques comme une crise aussi grave que le changement climatique pour l’avenir de l’humanité. Le constat fait l’objet d’un consensus : les espèces animales et végétales disparaissent à un rythme très largement supérieur au rythme naturel d’extinction. Dans son rapport 2007, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature indique qu’un mammifère sur 4, un oiseau sur 8, un tiers des amphibiens et 70% des plantes sont en péril dans le monde. L’évaluation des écosystèmes pour le millénaire, lancée par les Nations Unies en 2004, a montré que 60% des services issus des écosystèmes sont dégradés par l'homme. Bien que brutale et extrêmement préoccupante, cette détérioration des conditions mêmes de notre bien-être et de notre développement n'a guère marqué les esprits, mobilisé les opinions publiques ni conduit à des politiques publiques volontaristes.
 - Insidieux et peu visible, l'effondrement de la biodiversité est pourtant directement lié à l’activité humaine : surexploitation des ressources (pêche intensive, commerce d’espèces protégées, etc.), pollutions (de l’air, de l’eau et des sols), fragmentation et destruction des milieux naturels (étalement urbain, infrastructures, défrichement et déforestation sont quelques exemples), introduction d’espèces envahissantes (accélérée par la mondialisation des échanges) et changement climatique. Face à cette situation, les connaissances scientifiques actuelles montrent qu’une stratégie du type « arche de Noé » ne peut être la seule réponse. La préservation d'un petit nombre d'espèces ou de territoires, mêmes remarquables, ne suffit pas pour constituer un réservoir de biodiversité pour l’ensemble de la planète. Comme le souligne J.A. McNeely (conseiller scientifique de l'UICN), se focaliser sur les espaces ou espèces protégés reviendrait, pour un système public de santé, à ne conserver que les urgences et à se passer des maternités, des services de soin et d'une politique de prévention. Les zones protégées sont indispensables mais « le reste du service de santé environnementale est tout aussi nécessaire pour soigner une société très atteinte ». Pour stopper l’effondrement de la biodiversité, l'action doit donc porter sur l’ensemble de la nature « ordinaire », parallèlement aux mesures de protection des zones « extraordinaires ». Il convient d’adopter une approche globale de préservation et d’utilisation durable de la biodiversité, en intégrant de manière effective cette préoccupation dans l’ensemble des secteurs d’activité.
Pour cela, nous proposons une stratégie en 4 axes et 10 propositions phares.
1- Donner une visibilité politique, économique et juridique à la biodiversité : il est impératif d’aider les citoyens à s’approprier les questions de biodiversité, afin de les inscrire dans l'agenda politique, et de mobiliser l'ensemble des acteurs concernés. C’est pourquoi, pour renforcer le processus initié par le Grenelle de l’environnement, nous proposons d'organiser des États généraux de la nature, basés sur mille réunions-débats à l'échelle communale et intercommunale, à partir d'exemples très concrets issus du territoire et de la vie quotidienne. Ces réunions auraient pour objectif de mobiliser les citoyens, les entreprises et les décideurs, de faire s'approprier par les acteurs les enjeux en matière de biodiversité et de faire émerger des propositions innovantes. Par ailleurs, l’éducation de tous passe aussi par l’école. Pour cela, nous proposons d’améliorer l’intégration des enjeux de biodiversité dans les programmes scolaires du secondaire, de concevoir de nouvelles ressources pédagogiques à destination des professeurs des écoles et de former des animateurs « nature » spécialisés pour réaliser des interventions dans les écoles, collèges et lycées. L’éducation des plus jeunes est une cible, l’action des agents économiques en est une autre. Ces derniers ne prêtent pas suffisamment attention à la biodiversité, dont la destruction est une externalité qui compte peu pour eux. Nous pensons qu’il est indispensable de développer un système de comptabilité de la biodiversité qui soit non pas monétaire mais fondé sur une unité foncière en s'inspirant de l'empreinte écologique. Chaque entreprise, chaque collectivité pourrait ainsi calculer (et valoriser) son impact sur la biodiversité, qu’il soit positif ou négatif.
- 2- Renforcer et prendre en charge les solidarités écologiques : la solidarité écologique désigne la dépendance réciproque très étroite entre les êtres vivants, qu'il s'agisse de l'interdépendance entre des espaces et des espèces ou de l’interdépendance entre l’homme et le reste de la biosphère. Ce concept conduit à prendre soin de la nature, où qu’elle soit et quelle que soit la valeur qu’on lui reconnaît, sans stigmatiser les territoires où ce soin est nécessaire, pour des raisons écologiques, économiques ou sociales. La solidarité écologique passe par l’amélioration de l’accès de chacun à la biodiversité. Pour rendre ce concept opérationnel, nous proposons notamment de renforcer le volet environnemental des Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT), en y incluant la cohérence écologique et de moduler le montant de la dotation globale de fonctionnement des communes, selon qu'elles sont ou non incluses dans un tel SCoT. La solidarité écologique doit s'exprimer également au-delà de nos frontières, en particulier en aidant les pays en développement à investir dans leur capital naturel. Nous proposons pour cela qu'une part croissante de l'aide publique française au développement soit ciblée sur des projets de protection et de gestion durable de la biodiversité, suite à l’engagement pris par la France lors de la dernière conférence des parties de la convention sur la diversité biologique, et que l'ensemble des projets soutenus par l'Agence française de développement fasse l'objet d'une évaluation environnementale complète.
- 3- Investir pour la restauration et le développement de la biodiversité : trop peu d'argent public est consacré à la biodiversité et celle-ci ne dispose que de peu de mécanismes de financement propres. Pire encore, de nombreuses subventions et dépenses fiscales ont des effets néfastes sur la biodiversité. Pour donner aux pouvoirs publics et aux acteurs privés les ressources nécessaires à une action globale sur le long terme en faveur de la nature, il faut associer positivement création de richesses et biodiversité, et intégrer la biodiversité dans l’ensemble des politiques sectorielles. Nous proposons en particulier de réaffirmer plus fortement l'obligation d'éviter, de réduire et en dernier recours de compenser les impacts environnementaux des projets en modernisant les modalités de mise en œuvre de ce principe (création d'autorités environnementales locales, réforme du dispositif de compensation, efforts de restauration de milieux et d’effacement d’ouvrages). En parallèle, la création d'un Office de la biodiversité doit permettre d'apporter l’appui indispensable aux acteurs publics et privés, tant en matière d’ingénierie écologique que d’évaluation ex ante des projets. Cet organisme regroupant des structures existantes devra avoir les moyens d'une ambition forte en matière de protection de la nature, grâce à la mobilisation de ressources propres et à des moyens humains conséquents, répartis sur l’ensemble du territoire dans des délégations territoriales. Parmi les acteurs pour lesquels un fort investissement en faveur de la biodiversité est attendu, l'agriculture, par sa large présence sur le territoire et ses impacts majeurs sur la biodiversité, constitue un secteur prioritaire. Pour amorcer et soutenir un véritable changement de culture et de pratiques au sein du monde agricole et aller vers des systèmes de production qui ménagent voire qui accroissent la biodiversité, nous proposons de moduler les aides agricoles du premier pilier en fonction du niveau de certification environnementale atteint par les exploitations agricoles et de développer des mesures agro-environnementales ciblées pour soutenir les systèmes agricoles qui réconcilient objectifs de production agricole et richesse des écosystèmes.
- 4 - Évaluer les résultats et rendre compte aux citoyens : assurer un suivi fin de la biodiversité pour évaluer les résultats concrets des actions mises en œuvre, l’efficacité des moyens ou encore la cohérence des politiques menées est une condition indispensable à une action en faveur de la biodiversité qui soit efficace, pérenne et appropriée par les acteurs politiques et les citoyens. L'approfondissement de nos connaissances sur l'état et le fonctionnement des écosystèmes constitue également un impératif. La stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 (SNB), publiée le 19 mai 2011, constitue le bon cadre pour s'appuyer sur la société civile et donner un espace politique à la biodiversité, à condition que la SNB jouisse d'un fort soutien politique et qu'elle conduise à des engagements forts pour l'ensemble des parties prenantes. L’État doit ainsi favoriser les engagements collectifs des différents acteurs en faveur de la biodiversité et l’évaluation de la mise en œuvre et des résultats de ces engagements. Nous proposons en outre de mieux structurer l'expertise sur la biodiversité en créant au sein des organismes de recherche et de gestion de l’environnement des services spécialisés dans le transfert de connaissances pour l'État, les collectivités et les acteurs privés, sur le modèle des pépinières d’entreprises et du transfert de technologies.
Aude Auroc, Jule Vertin , Maud Lelièvre.

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