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mercredi 22 août 2012

La fin d' un monde... (VI)


Energie co(s)mique
FIN du monde (VI) Inspirées par l’échéance du calendrier maya, les prophéties d’apocalypse pour 2012 font appel à des arguments cosmologiques. Rationnel? Pas le moins du monde, nous rassure le physicien Martin Pol.(Photo : Feysin)
La matière coronale d’une éruption solaire atteindra la Terre, dont le bouclier magnétique aura faibli au point de laisser passer les rayons cosmiques les plus meurtriers. Aucune chance ne sera laissée aux espèces exposées, à commencer par l’homme. Voici l’un des scénarios d’apocalypse prévus pour 2012. Même si, à en croire les Cassandre et autres oiseaux de mauvais augure, le monde aurait déjà dû finir 183 fois depuis la chute de l’Empire romain.

Aujourd’hui encore, il ne manquerait plus que quatre mois et une poignée de journées avant le 21 décembre 2012 fatidique, où le ciel nous tombera sur la tête. C’est à cette date précise en effet que le vénérable calendrier maya – qui annonce depuis 5126 ans avec une étonnante précision, éclipses et autres phénomènes astronomiques – part à la retraite. Rien au-delà de ce jour. Simple harassement des astronomes au service du divin Halac Vinic, roi des Maya? Oh non, assurent les oracles. Si le calendrier s’arrête, c’est que le temps s’arrête. En gros, c’est la fin du monde.
Si, autrefois, une voix, une crainte et quelques signes annonciateurs suffisaient à la divination et à la description d’apocalypses et autres eschatologies, aujourd’hui les prophéties s’encombrent volontiers d’«effets de réel» que seules les sciences semblent garantir. Et les nouveaux Nostradamus, parfaitement relayés par des médias très complaisants, de se draper dans des scénarios catastrophes apparemment plausibles.
«Inversion des pôles du champ magnétique terrestre», «alignement de la Terre, du soleil et de l’équateur galactique», «éruption du soleil avec expulsion de matière coronale» et enfin, «impact avec un corps céleste», comme celui qui aurait balayé de la Terre les derniers dinosaures, assaisonnent désormais les pronostics les plus pessimistes, voire fanatiques. Tout un rayon de pseudoscience qui se mêle à des prédictions et à une récolte de «signes» à dormir debout. Qu’en est-il vraiment? Y a-t-il des scénarios possibles? Que disent les scientifiques de la fin du monde? Et de l’univers? Nous en avons parlé avec Martin Pohl, directeur du Département de Physique nucléaire et corpusculaire de l’université de Genève, également à la tête du projet Alpha Magnetic Spectrogram (AMS) qui a son siège au CERN (lire ci-dessous).
Qu’y a-t-il de sérieux dans toutes les prophéties évoquées pour 2012? La science, en particulier la physique du cosmos, envisage-t-elle des fins «prématurées» de notre planète?
Martin Pohl: Non... (rires). Rien de bien sérieux pour le moment. On situe toujours la fin de la vie sur la Terre à l’époque où le soleil aura commencé à brûler les dernières énergies dont il dispose, soit dans 4,5 milliards d’années environ, et la fin de l’univers dans bien plus de temps (10100 années). De quoi voir venir donc. Bien sûr, d’ici là nous ne sommes pas à l’abri de surprises. Une collision avec un corps céleste, avec toutes les conséquences dévastatrices que cela aurait, ne peut par exemple être exclue a priori, mais je peux vous assurer qu’elle n’aura pas lieu cette année, et peut-être pas non plus dans les décennies à venir: trop de télescopes et autres engins fouillent de nos jours l’espace pour qu’un objet de telle taille passe inaperçu. Quant aux autres hypothèses, pour autant qu’elles se vérifient, elles n’auraient que des impacts marginaux pour la vie sur Terre.
L’inversion des pôles du champ magnétique terrestre est par exemple un phénomène normal puisque depuis son existence (83 millions d’années), la Terre l’a déjà vécue 184 fois. Malgré un court moment où l’on sera plus exposé aux rayons cosmiques, vu le faiblissement de notre champ magnétique, il ne devrait pas y avoir de dégâts majeurs. Même chose pour les éruptions du soleil, un phénomène naturel qu’on observe depuis de nombreuses années: dans le pire des scénarios, la matière coronale, normalement déviée par le bouclier magnétique de la Terre, pourrait causer quelques dégâts aux appareils électroniques comme aux satellites. En effet, en dépit de son apparente inconsistance, l’atmosphère présente la résistance qu’opposerait un mur de béton de 5 mètres de largeur. Du point de vue des probabilités, le risque majeur d’une fin prématurée de la Terre ou de l’humanité reste encore son autodestruction, c’est-à-dire des catastrophes climatiques provoquées ou des guerres.
Depuis la découverte de la relativité et d’un univers en expansion, la physique situe l’origine de la matière à un point précis dénommé Big Bang. Qu’en est-il de son aboutissement? Quels sont les scénarios de fins proposés par les scientifiques?
– Une des finalités de la physique d’aujourd’hui est de comprendre comment a évolué le cosmos depuis sa naissance il y a 13,7 milliards d’années, de manière à en établir le futur. Pour cela, les astrophysiciens et les physiciens des particules étudient la densité d’énergie du cosmos. A l’heure actuelle, cette investigation nous apprend par exemple que la quantité d’énergie permet à l’univers de s’étendre et même d’accélérer son expansion (découverte du prix Nobel de physique de 2011).
Cette énergie empêcherait ainsi l’univers de revenir à son point de départ, le Big Bang. Plus que de «Big Crunch», on parle dès lors de «Big Chill»: une sorte d’«essouflement» des énergies et de l’expansion, et le refroidissement progressif de l’univers qui en découle. Mais encore trop de paramètres restent inconnus. Par exemple, seulement 5% de la matière existante nous est connue. Le reste, qui se divise en matière noire (25%) et ce qu’on appelle l’énergie sombre – qui permet au cosmos de s’étendre malgré la force de gravitation –, demeure un mystère.
Quelles sont actuellement les expériences visant à comprendre le destin de l’univers?
– Mis à part l’exploration et la cartographie du cosmos (télescope Hubble), voire l’observation et la classification des particules de matière cosmique (AMS), il existe des expériences visant à comprendre de quoi est composée la matière qui ont une influence considérable. En ce sens, le CERN constitue sûrement la pointe de cette recherche expérimentale. C’est ici qu’inversant les données de l’équation d’Einstein (E=mc2), on essaye de créer ex nihilo de la matière afin de comprendre le destin ultime du Big Bang.
Dans quelle mesure la récente découverte ou confirmation du Boson de Higgs peut influencer les théories sur la fin de l’univers?
– Cette découverte est immense. Pour la première fois, après avoir détecté toutes les particules qui composent la matière, on a isolé celle qui agit sur la masse et pas simplement sur l’énergie. Cette particule est en somme responsable de la masse de tout l’univers. Sa découverte est donc lourde de conséquences et pourrait bientôt nous en dire plus sur la matière noire et l’énergie sombre desquelles dépend le destin du cosmos.
Nicola Demarchi
«Les nouveaux habitants de la Lune dessinés du Cap de Bonne Espérance par M. Kelk», indique la légende de ce dessin qui accompagnait la version italienne du «Great Moon Hoax». DR
Impostures pseudoscientifiques
Si le «silence éternel de ces espaces infinis» effrayait le philosophe Pascal, tandis que «le sommeil de la raison» créait des monstres dans l’imagination du peintre Goya, on pourrait dire que le silence du cosmos et le fantasme de la technique enfantent aussi leur lot de chimères dans l’imaginaire collectif. Malgré les 183 prédictions de fin du monde recensées depuis la chute de l’Empire romain (476 après J.-C.) par l’historien Luc Mary, l’eschatologie, soit la pratique d’imaginer la fin de l’univers associée au besoin d’un sens ultime de l’existence, n’est pas la seule source d’inspiration de théories pseudoscientifiques. Au delà des prédictions et fausses alertes (Nostradamus, Saint Malachie, le Bug informatique de l’an 2000 ou le trou noir qu’aurait dû créer le collisionneur LHC du CERN), une panoplie de canulars et «monstres» se bouscule parallèlement aux progrès de la science.
MACHINE À MOUVEMENT PERPÉTUEL
Ainsi, au début du XIXe siècle, l’improbable «Machine à mouvement perpétuel» de Charles Redheffer fit gagner pas mal d’argent et de notoriété au soi-disant inventeur de Boston, qui organisa des spectacles payant autour de cette trouvaille démystifiée par des scientifiques. Ceux-ci durent payer aussi une belle somme avant de découvrir, dans l’arrière-scène, qu’un homme faisait marcher à tour de bras la machine en question.
La paléontologie fut de même secouée en 1912 par une découverte sensationnelle: en Angleterre, dans une carrière de Piltdown, un certain Charles Dawson (étrangement proche de l’homonyme Darwin...) découvre le fossile d’un crâne qui, à ne point s’y tromper, constituait bel et bien le fameux et tant attendu «chaînon manquant» dans l’évolution du singe vers l’homo sapiens. Trop attendue ou trop précieuse pour être démentie, cette supercherie (une mirabilia composée d’un crâne humain vieilli et d’une mâchoire d’orang-outang) tint la route jusqu’en 1953. Plus récemment, en 1997, une organisation prétendument scientifico-écologique lançait une alerte depuis son site web (dhmo.org), dénonçant le danger constitué par l’abus inconditionnel – couvert par les autorités – de monoxyde de dihydrogène. La campagne de mobilisation de l’opinion dura encore un moment avant que l’on comprenne que le dhmo n’était autre que de l’eau (H2O).
Pourtant, si l’imposture est souvent l’œuvre de pseudo-scientifiques plus ou moins malveillants à l’adresse d’un public naïf, il arrive aussi que des canulars se déroulent dans des milieux plus «cultivés». Comme en 1996, lorsque le professeur de physique Alan Sokal envoya à la revue postmoderne et interdisciplinaire Social Text un essai intitulé «Transgresser les frontières: vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique», pour tester sa «rigueur intellectuelle». Très bien reçu dans un milieu intellectuel friand de relativismes, l’article en question n’était en vérité qu’un amas de balivernes qui, suivant l’intention même de son auteur, était «généreusement assaisonné de non-sens qui (a) sonnent bien et (b) flattent les préconceptions idéologiques des éditeurs».
LICORNES ET BISONS BLEUS
Enfin, au rayon des canulars d’imagination pure, celui proposé en 1835 par le New York Sun reste une référence, qui arriva même à ternir l’exploit narratif et mystificateur d’un certain Hans Pfall revenu de la lune en ballon, relaté par Edgar Allan Poe. Et à préparer le terrain de la fameuse alerte radio aux extra-terrestres de H.G. Wells (La Guerre des Mondes), dont Orson Welles fit une adaptation radiophonique en 1938.
Dans une série de six articles rétrofuturistes, connue aujourd’hui sous le nom de «Great Moon Hoax», et signée, par usurpation, du nom de l’astronome anglais John Herschel, on racontait comment celui-ci avait découvert de nouvelles planètes dans le système solaire, grâce à des instruments novateurs, et surtout une forme de vie intelligente sur la lune. Où l’on pouvait aussi voir des «pyramides couleur lilas» et même des «licornes et des bisons bleus». Sacrée matière obscure que l’horizon d’attente d’un homme. NDM
Glossaire de physique des particules
AMS: Alpha Magnetic Spectrogram est le nom d’un projet d’analyse et de classification des particules qui composent les rayons cosmiques – vents provoqués par l’explosion d’étoiles qui balayent l’espace, chargés de particules et peut-être d’antimatière. Assemblé à l’université de Genève, transporté et fixé en mai 2011 sur la carène de la Station spatiale internationale par l’équipe de la NASA, ce détecteur (un cylindre de 3 mètres sur 4 et 7 tonnes de technologie) analyse les rayons cosmiques et envoie les données au bureau central d’AMS situé au CERN.
Antimatière: selon la mécanique quantique, à chaque particule de matière correspond une particule d’antimatière, à savoir une antiparticule de charge électrique opposée. Malgré une théorie qui confirme qu’au moment du Big Bang, matière et antimatière étaient présentes en quantités égales dans l’espace, cette dernière n’a pu être observée que quelques rares fois lors d’expériences comme celle du CERN, mais jamais dans l’univers.
Big Bounce ou Big Crunch: suivant cette théorie, une fois ses forces d’expansion épuisées, l’univers – et toute la matière qu’il contient – serait ramené à son point initial, le Big Bang. Démentie par de récentes découvertes, cette théorie suppose une cyclicité de l’univers qui, une fois revenu à son état initial, reproduirait les conditions pour un nouveau Big Bang.
Big Chill: selon cette théorie, aujourd’hui la plus accréditée par les experts, la matière de l’univers se dilaterait jusqu’à l’épuisement des énergies qui l’ont fait naître. Une fois atteint l’état d’entropie ou de dispersion maximale de la matière, l’univers se figerait et entrainerait une sorte de «mort thermique».
Horloge de la fin du monde: peu de temps après Hiroshima et Nagasaki, afin d’alerter l’humanité quant au degré de risque d’une guerre nucléaire, les directeurs du Bulletin des scientifiques atomistes ont conçu une horloge symbolisant le temps restant jusqu’à la fin du monde – représentée par minuit. Lorsqu’elle est entrée en fonction, l’horloge a pris aussi en compte les dangers liés aux changements climatiques et autres agents de risques. Depuis le 10 janvier 2012, elle indique 23h55 – ce qui est toujours mieux que janvier 2007 où l’on toucha minuit moins trois, à la suite des ambitions nucléaires déclarées par la Corée du Nord et l’Iran, et de l’insistance de la politique nucléaire américaine!
Modèle Standard: une fois avéré que les atomes étaient composés de protons, neutrons et électrons en mouvement, l’étude expérimentale a démontré qu’il existait à l’intérieur de ces unités des particules plus petites répondant chacune à des propriétés différentes (spin, charge électrique, masse et durée de vie). Pour les classer et expliquer leur fonctionnement, la physique a élaboré un modèle où toutes ces particules (quarks, leptons, etc.) seraient représentées, voire «prédites» comme dans le cas du Boson de Higgs.
Spacewatch ou Near Earth Asteroid Tracking (NEAT): pour éviter toute collision avec un corps céleste, une intervention humaine pourrait s’avérer utile afin de dévier, accélérer ou ralentir la trajectoire d’un astéroïde se dirigeant vers la Terre, ou encore le détruire. C’est ce qu’estiment des organismes comme Spacewatch ou NEAT, qui guettent d’éventuels objets susceptibles de frapper notre planète à plus ou moins longue échéance.
NDM

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