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lundi 17 mars 2014

Elections municipales à Grenoble : un espace nouveau...



Voici un cas de figure qui ressemble beaucoup à Die, sauf que, le Parti de Gauche s’est trompé d’allier à Die. Al.Id
A Grenoble, une alternative citoyenne au PS : Autour d'Eric Piolle (EE-LV), tête de liste : La liste «Grenoble pour tous», qui rassemble partis de gauche (sauf le PCF), associations et réseaux d’habitants, pourrait prendre la ville, tenue par les socialistes.
Ce serait une première en France. Et un coup de tonnerre dans le paysage politique national. Les socialistes grenoblois peuvent-ils perdre la mairie au profit du rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes de la liste «Grenoble pour tous» ? «Aujourd’hui, l’attention se porte plutôt sur la bascule des villes de gauche à droite ou de droite à gauche. Mais, à Grenoble, on offre la possibilité d’une autre forme d’alternance. Grenoble est la grande ville qui peut basculer vers l’écologie politique», assure Eric Piolle, tête de liste Europe Ecologie-les Verts (EE-LV) de ce rassemblement. Qui comprend également le Parti de gauche (PG), l’Ades (Association écologiste historique locale), le Réseau citoyen, les Alternatifs et des représentants de la société civile. «Le mouvement que nous incarnons peut gagner», veut aussi croire Elisa Martin, porte-parole de la liste Grenoble une ville pour tous, et membre de la direction nationale du PG.
Au-delà de l’optimisme obligé de tout candidat à une élection, la suprématie socialiste sur la capitale des Alpes pourrait bien être chahutée pour la première fois depuis que Michel Destot en est devenu maire, en 1995. Politologue et enseignant à Sciences-Po Grenoble, Simon Labouret estime, lui aussi, que les candidats de ce rassemblement «ont une fenêtre ouverte devant eux»(lire page ci-contre).
Dans cette ville universitaire très tournée vers les nouvelles technologies, la gauche bénéficie d’un ancrage ancien et solide. Le socialiste Hubert Dubedout l’a dirigée de 1965 à 1983. Michel Destot a effectué trois mandats… Mais il va laisser la place à son dauphin, Jérôme Safar, pour le prochain scrutin.
Composantes. Ce n’est pourtant pas à cette gauche-là que se réfèrent les membres du rassemblement. C’est à une gauche citoyenne, écologiste et alternative, qui est aussi l’une des spécificités de Grenoble. Si les différentes composantes de la liste Grenoble pour tous convoquent la figure d’Hubert Dubedout, référence indépassable de la gauche grenobloise, c’est plutôt du Dubedout des débuts que de celui qui géra la ville pendant près de vingt ans : «A l’époque, la SFIO et le PC étaient déconsidérés et Hubert Dubedout avait monté, avec le PSU, le premier Groupe d’action municipale [GAM, ndlr] de France», rappelle Vincent Comparat, l’un des porte-parole de l’Ades.
Expérience de démocratie à l’échelle locale, les GAM avaient été créés par des citoyens désireux de prendre eux-mêmes en charge les problèmes de leur cité. «Même si l’équation est différente, la situation actuelle se rapproche de celle de 1965», poursuit Vincent Comparat. En clair, le gouvernement et le chef de l’Etat battent des records d’impopularité et, après trois mandats, Michel Destot et le PS grenoblois «se croient les propriétaires de la ville», comme l’a déclaré Eric Piolle dans son discours d’investiture.
Pour Comparat, au contraire, Grenoble est «une ville qui déborde d’initiatives locales». «C’est une grande ville avec une incroyable richesse associative et des citoyens qui se prennent en main», renchérit Marine Bouillon, membre du Réseau citoyen. «A Grenoble, la société civile vient régénérer le pouvoir politique par vagues successives», assure encore Eric Piolle.
Parmi les membres du rassemblement, deux incarnent cette spécificité grenobloise. «L’Ades a été créée en 1994, mais elle est issue de collectifs militants locaux datant de 1983», rappelle Vincent Comparat. Après avoir aidé Michel Destot à remporter la mairie en 1995 et avoir fait partie de sa majorité jusqu’aux municipales de 2008, l’Ades est passée dans l’opposition. Sa spécialité, incarnée par Raymond Avrillier, figure locale de l’intransigeance envers les politiques de tout poil : décortiquer les décisions de l’équipe dirigeante socialiste et les attaquer en justice lorsqu’elles violent la loi. «On a fait tomber le Plan local d’urbanismede l’Esplanade [un terrain vague accueillant une fête foraine et servant de parking gratuit, sur lequel la municipalité a un projet immobilier, ndlr]», rappelle Vincent Comparat.
L’autre exemple de politique à la grenobloise est le Réseau citoyen, qui rassemble des militants ayant appartenu à divers collectifs de luttes : contre la fermeture du lycée expérimental Emmanuel-Mounier, contre la construction de la rocade Nord, pour l’aide aux sans-papiers. Pascal Clouaire, un de ses membres, est par ailleurs un ancien de GO Citoyenneté, «mouvement politique local de gauche des Grenoblois», qui revendique sa filiation avec les GAC de Dubedout. Mais GO ayant choisi, comme le PCF, de rejoindre Jérôme Safar pour les municipales, il ne fait pas partie du rassemblement.
Laboratoire. Pour EE-LV, comme pour le PG, cette alliance inédite en France fait figure de laboratoire. «Nationalement, ce qui se passe à Grenoble est très important pour nous, explique Elisa Martin. Notre rassemblement est une tentative de recomposition de la gauche. Nous voulons faire la preuve qu’elle peut avoir d’autres contours.» Les dirigeants d’EE-LV suivent également l’expérience grenobloise de près. «Mais ils restent à distance car ils savent que la clé du succès est l’ancrage local, rappelle Eric Piolle. Il n’y a pas de volonté de leur part de mettre leur drapeau sur Grenoble.» L’alliance entre les différentes composantes du rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes résistera-t-elle aux ambitions des états majors et des candidats eux-mêmes ? Dans l’entourage de Michel Destot, on assure que la machine militante du PG va bouffer les naïfs écolos. Les intéressés jurent le contraire. «Le PG a été le premier à mettre ma photo sur son local», proteste Eric Piolle. Maître-d’œuvre de ce rassemblement, l’Ades veille.
Catherine COROLLER envoyé spéciale à Grenoble

A Grenoble, les écolos, alliés au Parti de gauche, défient la mairie socialiste
Le bruit des marteaux piqueurs résonne dans la Villeneuve, quartier populaire de Grenoble. S'y ajoute celui des gravats qui s'écoulent dans un tube qui serpente le long d'un immeuble voué à la destruction. Mercredi 5 mars, Eric Piolle, candidat écologiste à la mairie, écoute l'histoire de ce bâtiment, l'aile nord du 50, galerie de l'Arlequin, racontée par un collectif d'habitants.
Accompagné de la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, et entouré de plusieurs de ses colistiers qui habitent ici, ce quadragénaire à l'allure sportive a prévu de s'attarder dans le quartier. Au programme : une visite des jardins partagés, une rencontre avec des associations et une réunion publique en fin de journée.
Qu'il semble loin, le temps de l'expérimentation sociale imaginée au début des années 1970. Malgré le soleil et les montagnes alentour, les bâtiments ont grise mine. La Villeneuve peine à se débarrasser de l'image qui lui colle à la peau depuis le discours de Grenoble prononcé par Nicolas Sarkozy en 2010, après des émeutes urbaines.
« UNE VÉRITABLE ASPIRATION AU CHANGEMENT »
« Il y a des problèmes de sécurité réels avec des trafics de drogue, mais aussi une vitalité associative », assure M. Piolle, qui dit avoir frappé à toutes les portes de ce quartier de 12 000 habitants. Ses militants ont d'ailleurs bien travaillé : la plupart des panneaux d'affichage public arborent son effigie. « Ici, le PS fait – enfin faisait – 80 % des voix, affirme le candidat EELV. Mais il y a une véritable aspiration au changement, même le clientélisme ne marche plus. »
A 41 ans, cet ingénieur entend détrôner les socialistes qui ont repris en 1995 la mairie à la droite après les ennuis judiciaires de l'ancien maire RPR Alain Carignon. Condamné en 1996 pour corruption et abus de biens sociaux, ce dernier se présente le 23 mars sur la liste de l'UMP Matthieu Chamussy. Sur sa route, M. Piolle trouvera Jérôme Safar, premier adjoint PS du maire sortant, Michel Destot, qui a renoncé à briguer un quatrième mandat. Pour y parvenir, l'écologiste s'est allié au Parti de gauche – le PCF rejoignant les socialistes – et à un collectif de citoyens. « Ce n'est pas une liste écologiste mais de radicaux écologistes, du Parti de gauche, et un recyclage d'anciens de l'extrême gauche », critique M. Safar.
Ancien cadre dirigeant chez Hewlett-Packard, M. Piolle fait campagne sur le renouveau en politique. Il promeut ainsi « la gauche par envie et non par habitude ». Son projet : renouer avec les habitants. En cas de victoire, il s'engage à démissionner de son mandat au conseil régional pour être « un maire à plein temps ». Il veut aussi « protéger » les services publics locaux de cette ville universitaire avec une tarification progressive de l'eau et du chauffage et la gratuité des transports pour les 18-25 ans.
« ERIC PIOLLE NE S'OCCUPE PAS DE LA DROITE »
M. Piolle a eu une carrière politique éclair. Militant associatif, il s'engage en 2009 à Europe Ecologie avant d'être élu l'année suivante au conseil régional. « Il y a un décalage entre l'image lisse et le discours, qui l'est beaucoup moins », attaque M. Safar. Cinq ans plus tard, M. Piolle maîtrise tous les codes de la politique – petites phrases comprises. Le PS ? « Il ne fait que gérer l'effondrement du système. » M. Safar ? « Un strausskahno-vallsiste » qui n'attend que de « s'asseoir sur le strapontin ».
Et d'attaquer bille en tête la précédente municipalité, « la boucherie » des rythmes scolaires, les grands projets « inutiles » – la candidature en 2009 aux Jeux olympiques, le projet de contournement routier au nord, le stade des Alpes… Et ce d'autant plus facilement que depuis 2008 les écologistes sont dans l'opposition. Dans cette ville de près de 160 000 habitants, où François Hollande a fait 64,29 % des voix au second tour de la présidentielle, la bataille se joue à gauche. D'autant que la droite se présente en ordre dispersé. « Eric Piolle ne s'occupe pas de la droite et concentre les critiques sur ma liste, déplore M. Safar. Il y a un danger avec un contexte national compliqué. Je ne sous-estime pas une droite qui certes recycle mais fait campagne. »
A gauche, chacun refuse pour le moment de se prononcer pour le second tour. Arrivés en troisième position en 2008, les écologistes avaient fait le choix de se maintenir. « Si nous sommes en tête, on leur proposera de nous rejoindre, il n'y a pas de volonté de revanche », assure M. Piolle. M. Safar entend obtenir des « clarifications » sur de « vraies divergences » : la sécurité, les finances ou encore les transports. Un sondage réalisé par Ipsos et publié le 6 mars place les deux candidats en tête. La liste de M. Safar obtiendrait 34 % devant celles de M. Piolle (26 %) et de M. Chamussy (22 %). Donné à 9 %, le FN pourrait être en mesure de se qualifier. Sans doute pas ce qu'espérait le candidat EELV, mais de quoi le rendre incontournable.
Raphaëlle Besse Desmoulières 

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