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mardi 4 mars 2014

Nouveaux Défis face au dérèglement climatique...

Climat : 10 défis et 10 questions pour François Hollande et le gouvernement


S’auto-décerner un rôle de « leadership » en matière climatique avec un pays qui a refusé de ratifier le protocole de Kyoto et qui sape les négociations climatiques internationales depuis deux décennies, aurait du faire rire la Terre entière. En tout cas plus que les pantalonnades sur la vie privée de François Hollande. Les Etats-Unis ne sont-ils pas premier du classement des pays ayant le plus émis de CO2 en cumulé depuis 1850, avec près de 20 % des émissions totales ? Et n’est-ce pas aux Etats-Unis que l’on trouve les niveaux d’émissions par habitants les plus élevés de la planète, hormis les petits pays producteurs d’hydrocarbures fossiles ?

A prétendre disposer d’un « leadership en matière de lutte contre le changement climatique » avec les Etats-Unis et Barack Obama, on peut se demander si François Hollande a bien saisi les défis que pose le péril climatique. Des défis qui sont autant de questions pour un gouvernement qui multiplie les incohérences. Tour d’horizon..
Et si les prétentions de la tribune conjointe de Barack Obama et François Hollande cherchaient au contraire à masquer l’absence de toute ambition climatique des deux pays ? Alors que la France doit accueillir la 21ème conférence internationale sur le climat de l’ONU en 2015, celle qui doit aboutir à « un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et ambitieux, c’est-à-dire permettant de respecter la limite des 2°C » selon les objectifs fixés par Laurent Fabius, le gouvernement français multiplie les incohérences et les décisions hypocrites en matière de lutte contre les dérèglements climatiques et de transition écologique et sociale.
Tour d’horizon, en dix défis qui sont autant de questions urgentes auxquelles François Hollande et le gouvernement devraient s’atteler plutôt que de se payer de bons mots.
Comme la société civile l’a exprimé à Varsovie lors de la précédente conférence internationale, « assez de mots, des actes ».

1. Agir dès avant 2020 !
Les scientifiques du climat considèrent que les années à venir sont clef pour s’engager sur des réductions d’émissions significatives, sans attendre 2020, si l’on veut conserver une chance raisonnable de rester en deçà des 2°C d’augmentation des températures mondiales d’ici la fin du siècle. Puisque six années pleines nous séparent de 2020, la société civile exige de l’Union européenne et de ses Etats-membres qu’ils s’engagent sur un objectif de réduction d’émissions d’ici 2020 plus ambitieux que les 20 % fixés initialement. 40 % serait excellent, 30 % un bon début. Ce d’autant plus que l’objectif de 20 % devrait être atteint avant le terme, si l’on ne tient pas compte des émissions incorporées dans les biens et services importés. C’est urgent. C’est essentiel. François Hollande et le gouvernement sont-ils prêts à reprendre cette exigence à leur compte ?
2. De véritables réductions d’émission d’ici 2030 !
Pour l’après 2020, et d’ici 2030,la Commission européenne propose un objectif de 40 % de réductions d’émissions par rapport à 1990. Cet objectif est largement insuffisant. Fixer un objectif de 40 % de réduction d’émissions en 2030 revient à une réduction réelle de 33 % compte tenu des surplus considérables de quotas d’émissions dont disposent les pays-membres. Cela repousse à l’après 2030 l’essentiel des efforts à réaliser d’ici à 2050. A supposer que l’UE atteigne l’objectif de - 40 % en 2030, il faudra encore diviser quasiment par trois les émissions de l’UE entre 2030 et 2050 pour réduire de 80 % les émissions en 2050 par rapport à 1990, objectif minimal que s’est fixé l’Union européenne. Ce qui revient à planifier une diminution de 5 % par an de 2030 à 2050, contre à peine 1,3 % par an jusqu’en 2030. La société civile exige un objectif de réduction d’au moins 55 % d’ici 2030. Condition sine qua non et minimale à toute prétention de « leadership climatique », un tel objectif devrait être la feuille de route de François Hollande et du gouvernement dans la perspective du prochain sommet européen des 20 et 21 mars. Sont-ils prêts à cela ?
3. Pour des objectifs ambitieux d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique
Sous la pression des Etats-membres, notamment de la France, la Commission européenne a décidé de ne pas rendre contraignant, au niveau national, le très maigre objectif de 27% d’énergies renouvelables pour 2030. Par ailleurs, elle a tout simplement décidé d’abandonner tout objectif d’efficacité énergétique. Sous la pression des lobbies du nucléaire et des grands énergéticiens, le gouvernement français et François Hollande contribuent à repousser aux calendes grecques toute amélioration significative de l’efficacité énergétique et de déploiement des énergies renouvelables. Ce sont pourtant deux mesures clef pour à la fois réduire la dépendance des économies européennes aux énergies fossiles et aux approvisionnements extérieurs, tout en générant de l’activité économique et des emplois non délocalisables ancrés sur les territoires. Investir sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, voilà des « mesures concrètes » pour de « nouveaux emplois », pour reprendre les termes utilisés dans la tribune conjointe d’Obama et Hollande. François Hollande et le gouvernement sont-ils prêts à batailler pour obtenir cela lors du prochain sommet européen ?
4. Supprimer les financements climaticides
Aussi incroyable que cela puisse paraître à l’aune des engagements maintes fois répétés en faveur de la lutte contre les dérèglements climatiques, la France, les Etats-Unis et la majorité des Etats de la planète, continuent de financer le développement des énergies fossiles à travers des fonds publics. Par l’intermédiaire de la Banque européenne d’investissements (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque Mondiale mais aussi par l’intermédiaire de l’Agence française de développement et la Coface, la France, malgré quelques avancées récentes sur la diminution des financements en faveur du charbon, continue de financer directement ou indirectement le développement d’énergies climaticides. C’est tout simplement irresponsable. A la fois pour le climat, mais aussi pour les pays où atterrissent ces financements dont la dépendance aux énergies fossiles s’accroit ou perdure alors qu’il faudrait les aider et les soutenir pour en sortir. C’est également irresponsable compte tenu des financements additionnels nécessaires pour financer l’adaptation aux dérèglements climatiques et la transition énergétique. François Hollande et le gouvernement sont-ils prêts à cesser tout financement climaticide ?
5. Une véritable TTF pour financer l’adaptation...
Au moment où les côtes atlantiques sont rongées par l’avancée et la montée de l’océan et où les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient à grande vitesse, aussi bien en France que sur le reste de la planète, le gouvernement français est en train de désosser la proposition de taxe sur les transactions financières de la Commission européenne, une des sources possibles de financement des politiques d’adaptation au dérèglement climatique. Alors que de tels financements sont urgents et vitaux. A Varsovie, lors de la conférence de l’ONU de fin 2013, ce sont à peine 100 millions d’euros qui ont été récoltés pour l’adaptation. Soit moins que ce qu’il faudrait pour fournir un parapluie à chacun des habitants des pays vulnérables concernés. On pourrait en sourire si le typhon Haiyan ne nous rappelait pas le sérieux de l’affaire. Il est temps que François Hollande et le gouvernement français s’engage à oeuvrer pour des financements publics additionnels en matière de climat, notamment une véritable taxe sur les transactions financières comme le réclament trois cents organisations internationales, sans se reposer sur d’improbables et inadaptés financements privés.
6. ... et financer une véritable transition écologique et sociale
Lors de la dernière conférence environnementale, François Hollande a annoncé vouloir organiser au printemps une conférence bancaire et financière afin de contribuer au financement de la transition écologique. Le financement de la transition écologique n’est pas une question technique : elle implique des choix politiques portant sur les priorités, les modalités économiques, sociales et techniques, sur les orientations scientifiques et les choix d’innovation à privilégier et sur les différentes modalités de financement. A en croire le livre blanc remis aux ministère de l’Économie et des finances et ministère de l’Écologie, la vision de l’Etat est technique et comptable, au profit d’une approche d’économie financière réductionniste, manquant totalement d’ambition (voir l’analyse et les propositions d’Attac France). Si les menaces de la crise écologique, climatique et sociale sont réellement prises au sérieux, il faudra autre chose qu’un accompagnement du marché et du secteur privé pour en venir à bout. Efficacité et sobriété énergétique, relocalisation des activités et financement et promotion des biens communs, les pistes alternatives sont connues, tout autant que les vecteurs de financement : crédits et banque publics pour la financement de la transition, fiscalité écologique redistributrice et juste, financement participatif et décentralisé, taxe kilométrique internationale, etc. François Hollande et le gouvernement sont-ils prêts à délaisser les lobbies économiques et financiers pour emprunter des voies porteuses d’une véritable transition écologique ?
7. Une véritable loi pour la transition énergétique
En reprenant à son compte l’exigence issue du Débat national sur la transition énergétique (DNTE) visant à diminuer de 50 % la consommation d’énergie finale en France d’ici 2050, tout en y ajoutant une exigence de réduction de 30 % de la consommation d’énergie fossile d’ici 2030, François Hollande avait, lors de la conférence environnementale, clairement marqué des points en faveur d’une véritable transition énergétique. Et ce même si les exigences de la société civile sont encore plus élevées. Couplés à l’engagement, également insuffisant, de réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 % d’ici 2025, ces deux objectifs donnaient le cap d’un scénario de descente énergétique, là où l’administration et les grands énergéticiens français avaient toujours promu un accroissement de l’offre. Les annonces selon lesquelles la diminution de la part d’énergie nucléaire à 50 % du mix énergétique en 2025 serait atteint par une hausse de la consommation des autres sources d’énergie, sont scandaleuses et symboles d’une régression inacceptable. A transformer la loi transition énergétique, loi qui devait marquer le quinquennat, en une loi « bas carbone » promouvant le statu quo nucléaire et une croissance de l’offre énergétique, François Hollande et le gouvernement se tireraient une balle dans le pied dans la perspective de la COP21 de 2015. Comment faire confiance au pays présidant la COP s’il n’est même capable d’instaurer des politiques climatiques et énergétiques à la hauteur des enjeux dans son propre pays ?
8. Une COP dénucléarisée
Ce revirement présidentiel est le fait des lobbies nucléaires et électriques. Au point que l’on peut se demander si le véritable ministre de l’énergie n’est pas Henri Proglio, PDG de EDF. De la même manière que les grands énergéticiens européens bataillent contre le soutien aux énergies renouvelables, les lobbies nucléaires et l’administration de l’énergie espèrent faire de la COP21 une conférence promouvant le nucléaire français, à travers Areva et EDF. Les bruits courent dans tous les couloirs des ministères concernés selon lesquels Areva et EDF pourraient être des sponsors de l’organisation de la COP, à la plus grande joie des artisans de la diplomatie économique française friands de nouvelles opportunités pour essayer de vendre des EPR aux quatre coins de la planète. Après la piteuse conférence des pollueurs (COP19) de Varsovie utilisé par le gouvernement polonais pour promouvoir le charbon et le gaz de schiste, nous aurions la non moins piteuse conférence des pollueurs de Paris promouvant le nucléaire à peine quatre années après la catastrophe de Fukushima. François Hollande et le gouvernement ont-ils conscience que la société civile ne cautionneront jamais une COP21 nucléarisée ?
9. Abandonner tous les grands et petits projets inutiles
Sans même parler d’exemplarité, il serait inconcevable que la France accueille la conférence sur le climat 2015 à Paris tout en ayant lancé les travaux de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, en promouvant les EPR de Flamanville et de Penly et sans avoir définitivement écarté toute exploration d’hydrocarbures de schiste et de couche sur le territoire français. Plutôt que de s’entêter à construire un aéroport inutile, dispendieux et dévastateur sur le plan agricole et écologique, François Hollande et le gouvernement ne feraient-ils pas mieux de financer le développement de modèles de transports alternatifs dans les nombreuses villes et régions qui en manquent cruellement ? Par ailleurs, le rapport 2012 de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) préconise de ne pas consommer d’ici 2050 « plus d’un tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles » afin de ne pas dépasser les 2°C de réchauffement global maximal d’ici la fin du siècle. François Hollande et le gouvernement vont-ils utiliser ce rapport pour justifier un moratoire international sur toute nouvelle exploration d’énergies fossiles et l’annulation de l’ensemble des permis de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux sur le territoire français, y compris les gaz de couche dans le Nord et l’Est de la France ?
10. Placer l’intérêt collectif hors d’atteinte des lobbies économiques
L’article 5.3 de la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) exclut la participation de l’industrie du tabac dans l’élaboration des politiques de santé publique en raison du « conflit fondamental et irréconciliable entre les intérêts de cette industrie et ceux de la politique de santé publique ». Pourquoi n’en serait-il pas de même dans le cadre de la Convention climat des Nations unies (CCNUCC) pour l’ensemble des industries des énergies fossiles et des secteurs les plus émetteurs de gaz à effets de serre ? Réformer la CCNUCC n’est pas chose aisée. Néanmoins le simple fait de mettre cette question sur la table marquerait la volonté de se libérer du poids des intérêts privés au profit de l’intérêt général. François Hollande et le gouvernement français ont donc le choix : organiser et institutionnaliser l’expansion de la mainmise des lobbies économiques et financiers sur les négociations climat, et plus largement sur l’ONU et ses programmes, ou bien contribuer à limiter et encadrer strictement leur influence.
A défaut de réponses à la hauteur des enjeux à chacun de ces défis, François Hollande et le gouvernement vont créer les conditions d’un véritable Seatlle du climat. Assez éloigné de l’idée qu’ils se font d’une COP21 réussie promouvant la stature de chef d’Etat de François Hollande.
Maxime Combes

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