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mercredi 16 octobre 2013

Le toit est un droit...



Le droit avant le profit
Une fois n’est pas coutume, le Tribunal international des évictions, qui s’installera dès demain à Genève, aura une bonne nouvelle à commenter. La Junta  d’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, a commencé hier à appliquer sa «loi sur la fonction sociale du logement». Adopté à fin septembre par le parlement régional, ce texte pénalise financièrement les propriétaires d’habitations qui laisseraient leurs biens inoccupés. Il prévoit également que l’Etat suspende jusqu’à trois ans l’expulsion des familles fragilisées, grâce à un mécanisme d’expropriation temporaire.
Un couple de Huelva et leurs deux enfants, vivant des seuls ménages de la mère, sont depuis hier les premiers à bénéficier de la mesure, qui limite les remboursements exigibles à 25% du revenu familial. Et quelque 130 nouveaux cas sont déjà dans le pipeline de l’administration régionale.
Face à l’épidémie d’évictions qui sévit en Espagne, l’action de la coalition rose-rouge andalouse peut paraître modeste, elle a toutefois valeur d’exemple. La majorité politique au pouvoir à Séville a pris ses responsabilités vis-à-vis des populations qu’elle prétend défendre et n’a pas craint d’affronter l’Etat espagnol ainsi que ses alliés financiers et médiatiques, ulcérés par cet affront à l’idéologie dominante. La droite, qui était parvenue à faire échouer un premier texte de la Junta devant la justice, pourrait tenter de récidiver.
Reste que la décision de la Junta ravive l’espoir d’un changement de paradigme dans ce pays que les milieux immobiliers n’ont cessé de corrompre depuis des décennies. Arrosant partis, médias, associations et même banquiers, les promoteurs ont joué sans entraves au Monopoly et constitué des fortunes immenses. Jusqu’à la faillite de cette gigantesque escroquerie, en 2007, qui a mis l’économie espagnole à genoux.
Banquiers et promoteurs tentent maintenant de se refaire sur le dos des 83% de propriétaires que compte l’Espagne, beaucoup s’étant imprudemment endettés avec des contrats à la limite de la loi. Depuis l’éclatement de la bulle hypothécaire, 400 000 familles ont perdu leur logement, soit 3% des foyers; en 2013, cela représente une éviction toutes les sept secondes, parfois marquée par un suicide, parfois par une résistance désespérée, souvent dans l’indifférence.
La Plate-forme des affectés par l’hypothèque (PAH), proche des Indignés, assure avoir empêché quelque 800 expulsions et facilité autant de relogements. Une goutte d’eau statistique mais un mouvement populaire indispensable pour sortir les victimes de l’ombre et leur redonner la dignité d’acteur. L’affaire a fini par remonter en mars dernier jusqu’au Tribunal de justice de l’UE, qui a forcé Madrid à réformer – un peu – son droit hypothécaire. Mais elle n’a pas encore permis de rompre le tabou des habitations vides, au moins 8 millions. Stigmate d’une politique cautionnée naguère par les socialistes «raisonnables» de Zapatero, qui avaient subordonné le droit au logement à celui du profit.
Benito Perez

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