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mardi 5 mars 2013

Décès de Jerôme Savary...et mémoire de Jacques Coutureau....



Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort
Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d'un cancer à l'âge de 70 ans, à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.
Né le 27 juin 1942 à Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause

Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort
Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d'un cancer à l'âge de 70 ans, à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.
Né le 27 juin 1942 à Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause de pacifisme, Jérôme Savary est réfractaire à tout enseignement, dans la pampa comme à Paris, où il s'installe définitivement en 1964. Il suit les cours des Arts décoratifs, section fanfare, rythme bop. Il met en scène en 1965 ses premiers spectacles, Les Boîtes puis L'Invasion du vert olive. Proche du mouvement Panique, fondé par Topor, il met en scène Le Labyrinthe, d'Arrabal, au Sorano de Vincennes en 1966.
Ce boulimique et gourmet du théâtre populaire fonde, toujours en 1966, à Londres, le Grand Magic Circus avec lequel il monte divers spectacles, comme Zartan ou Superdupont. En 1982, il est président du Nouveau Théâtre populaire de Montpellier, où il reprend La Belle Hélène, monté à Paris en 1983, et dont il démissionne le 12 juin 1985. Grand défenseur de la démocratisation du théâtre, osant des mises en scène dépoussiérant les classiques, Jérôme Savary devient alors président du Centre dramatique de Lyon, où il crée Le Bal des cocus (1987).
PASSIONNÉ PAR OFFENBACH ET SHAKESPEARE
Hors, puis dans l'institution, Jérôme Savary multipliera les créations jusqu'en 1987, spectacles écrits ouvrant de larges plages à l'improvisation, mêlant toutes les formes d'expression à la musique – Cyrano de Bergerac en 1983, La Femme du boulanger en 1985 et les comédies musicales L'histoire du cochon qui voulait maigrir pour épouser Cochonette en 1984, Les Aventures du cochon en Amazonie en 1985, Cabaret en 1987.
Passionné par Offenbach et Shakespeare, Jérôme Savary, cigare vissé à la bouche, a adapté aussi bien Jules Verne (Le Tour du monde en 80 jours en 1979) que Goscinny-Uderzo (Astérix en 1988).
Il signe par ailleurs de nombreuses mises en scène d'opéra en Europe – à la Scala de Milan (Anacréon ou l'amour fugitif, 1983), au festival de Bregenz, en Autriche (La Flûte enchantée en 1985, Les Contes d'Hoffman en 1988, Carmen en 1991), à Varsovie (Le Barbier de Séville en 1992) et au Grand Théâtre de Genève (La Périchole en 1982, La Veuve joyeuse en 1983, Le Voyage dans la Lune en 1985, La Vie parisienne en 1990).
Jérôme Savary est nommé directeur du Théâtre national de Chaillot en 1988. Jusqu'en 2000, il y montera D'Artagnan (1988), Le Bourgeois gentilhomme (1989), Le Songe d'une nuit d'été (1990), Fregoli (1991), Les Rustres (1992), La Nuit des rois (1992), La Mégère apprivoisée (1993), Aruro Ui (1994), Pierre Dac, mon maître soixante-trois (1994) et les comédies musicales Zazou (1990) et Marilyn Montreuil (1991). Il dirige ensuite l'Opéra-Comique, de 2000 à 2006.
Au cinéma, il a réalisé dans les années 1970 La Fille du garde-barrière et Le Boucher, la Star et l'Orpheline. Jérôme Savary était chevalier de la Légion d'honneur et des arts et des lettres.
"UN ÊTRE PASSIONNÉ"
Le président François Hollande a rendu hommage au metteur en scène en saluant "un être passionné" qui a su démontrer que "l'exigence culturelle était compatible avec un vrai spectacle populaire". "C'est avec une grande peine que j'apprends le décès de Jérôme Savary. Il nous laissera le souvenir d'un être passionné, toujours désireux de partir à la conquête du public", écrit le chef de l'Etat dans un communiqué diffusé par le présidence.
"Avec le Grand Magic Circus, il a su mêler les arts en associant le cirque, le music-hall et le théâtre. Il avait le sens du spectaculaire et de la fête", souligne François Hollande en citant "sa version de 'Cabaret', récompensée à la première cérémonie des Molières", qui dit-il "reste dans les mémoires".
"C'était un homme de passion, de folies, qui a fait des choses tout à fait remarquables (...) C'était un metteur en scène extrêmement original, avec plein d'inventions, d'imagination, un univers singulier qu'il faisait partager", a salué Robert Hossein. "Tout ce qu'il faisait était lumineux, joyeux, plein d'humour. Il était plein de génie et de talent et savait se renouveler. J'avais beaucoup d'admiration pour son travail", a relevé Robert Hossein.
"UNE VISION TRÈS PERSONNELLE DU THÉÂTRE"
"Ce qui me revient en mémoire c'est toute l'histoire de Cyrano, la façon dont on s'est rencontré", se souvient l'acteur Jacques Weber. Les deux hommes avaient travaillé ensemble sur la pièce d'Edmond Rostand. Contacté par RTL, Weber rapporte cette phrase de Savary : "Je ne connais la pièce qu'une fois que je l'ai montée."  Et de rendre hommage à "un homme de spectacle, un poète", à qui, il le confesse, il doit "une partie de ma vie, de ma carrière."
Michel Galabru, qui a été un de ses acteurs dans Tartarin de Tarascon, a salué "un homme extrêmement original" au micro de France Info. Et même s'il précise que "c'est dans un autre genre", il va même jusquà dire que "c'était un peu Sacha Guitry", se souvenant d'une "vision très personnelle du théâtre", pleine de "fantaisie" et "d'imagination".
"Mort d'un prince du spectacle, extrême tristesse : il faudra qu'un admirateur s'attelle vite à un 'Dictionnaire amoureux de Jérôme Savary'", a de son côté réagi Gilles Jacob, le président du festival de Cannes, sur son compte twitter. Pour Arielle Dombasle, qui a été dirigée par Jérôme Savary, il était "une sorte de merveilleux monsieur Loyal et de clown triste aussi", a-t-elle dit sur RTL.

Mémoire Dioise : POUR JACQUES COUTUREAU du Grand Magic Circus avant qu’il ne s’installe à Die avec Les oiseaux de passage
Jacques Coutureau était un ami.
Il l'est toujours.
Il est mort en 2005.
Je viens de l'apprendre.
Jacques Coutureau était un magnifique conteur. On l'a vu en France, mais aussi en Belgique et en Suisse se balader avec son orgue de cristal, bel instrument créé par les frères Baschet. S'il a touché à beaucoup de métiers du spectacle - acteur, chanteur, musicien, metteur en scène, directeur-, il a d'abord été à la recherche de nouvelles voies d'expression.
A la fin des années soixante, il participe avec Jérôme Savary à la création du Grand Magic Circus et Ses Animaux Tristes, pour lequel il compose plusieurs musiques. Fin des années septante, il choisit la voie du conte, suite notamment à sa rencontre avec Bruno de La Salle, précurseur de ce qu'on appelait à l'époque le « renouveau du conte », qui lui fait découvrir les instruments Baschet. C'est à ce moment là que je croise sa route.
Près de dix ans de contes en solitaire, et deux disques La forêt des heures, un des plus beaux contes imaginés ces trente dernières années et L'oiseau qui faisait du lait, avant de créer la compagnie Les oiseaux de passage, qui s'installe dans la Drôme à Die. Coutureau y déploie ses passions - théâtre chanté, opéra, musique, conte - dans des lieux aussi divers qu'imprévus.
Pendant trente ans nous nous sommes retrouvés à intervalles irréguliers. Nous n'étions pas amis dans la proximité du quotidien, mais nous l'étions au sens où l'amitié est une marque, tout à la fois trace et repère que le temps inscrit lentement dans le regard.
Nous sommes en juin 1979. Je suis sensé terminer mes études. J'ai 22 ans et l'angoisse de ce que je vais faire après me conduit à tout arrêter. J'accompagne néanmoins mes amis « en blocus » dans une belle maison à la mer du Nord, où je joue les Rois fainéants. Un samedi après-midi, couché sur mon lit, j'écoute à la radio une émission folk très réputée à l'époque « Marie Clap'Sabots » (émission qui selon leurs promoteurs voulait désintoxiquer l’imagination de ceux qui abandonnent leur identité au profit de l’impérialisme culturel, économique et plastique et qui a tenté d’internationaliser les cultures minorisées en lutte. Tout un programme!).
Et là un son inconnu, aux accents aigus et mélodieux, une mélopée légèrement tremblante qui ouvre la voie à celle du conteur, voix légère et douce dont on ne se méfie guère mais qui vous enveloppe et vous prend, et vous voilà parti pendant 40 minutes dans La forêt des heures. J'étais comblé et heureux. « C'est cela que je veux faire » me suis-je dit. N'ayant aucune expérience dans ce domaine, le chemin risquait d'être long, et pour faire cela j'étais pressé.
Germe alors l'idée de l'inviter pour faire une « tournée » en Belgique, moi qui ne connais évidemment rien à ce type d'organisation. Je le contacte. Et un matin je me retrouve sur le palier de son appartement parisien, rue de Provence (4ème étage, escalier A, ai-je griffonné sur un bout de papier). Je suis habillé conforme à mon âge à la va-comme-j'te pousse avec des cheveux tombant sur les omoplates. Il m'ouvre en peignoir, l'heure du réveil visiblement assez rapprochée. Nous prenons un café dans sa cuisine. Je ne me souviens plus de la conversation, mais pour moi le principal est acquis : il accepte de venir une bonne semaine en Belgique.
J'organise vaille que vaille cette tournée triomphale, contactant des écoles, des médias, cherchant des salles... Et le jour dit nous voilà parti, à gauche et à droite. Je joue le porteur de valises comme un jeune cycliste est porteur d'eau, avec volontarisme et admiration.
Tout est dans le bricolage. Un soir nous logeons dans un petit appart' d'étudiant. Deux matelas sont jetés sur le sol dans la pièce qui sert à tout. Le lendemain, il avait disparu. Vent de panique, car dans moins d'une heure nous devions être pour un spectacle dans une école. Il était parti se réfugier dans la cuisine vu mes ronflements, mais n'avait pu néanmoins dormir, réveillé en permanence par le moteur du frigo.
Tout m'amusait. Je n'avais même pas pensé qu'il convenait pour un artiste d'avoir des conditions de confort au moins minimales. Et lui prenait tout cela avec une bonhommie parfaite, un compagnon de voyage délicieux. Jamais un reproche, et pourtant il y avait de quoi devant les trente personnes que j'avais péniblement réussi à amener pour les spectacles publics. Dans les écoles, où traînait souvent un vieux piano, il s'y installait à la fin du spectacle, et dans ces salles aussi vides que tristes il s'amusait à trouver des notes joyeuses qu'il ponctuait de son rire fort et franc. J'étais son unique spectateur et j'étais bien.
A la fin, il émit juste un petit souci, c'est « d'un peu » se retrouver financièrement . Heureusement, avec le nombre d'écoles trouvées le compte fut presque bon. En tous cas, il fit mine de s'en satisfaire. Je lui remis une grosse liasse de billets, car évidemment je n'avais respecté aucun cadre légal, signé aucun contrat ni avec lui ni avec quiconque et tout empoché en cash.
Malgré cette organisation brinquebalente, il rencontra et séduisit quelques personnes qui firent qu'il revint souvent en Belgique. Il joua le rôle du conteur dans L'histoire du soldat de Ramuz-Stravinsky, monté au Théâtre de la Vie à Bruxelles dans une très belle mise en scène d'Herbert Rolland. Il participa à de nombreux festivals tendance folk comme Le Temps des Cerises ou la Fête des Fleurs (il revint plusieurs fois à Boitsfort avec l'amitié de Mirko Popovitch). Ces quelques jours passés ensemble avaient créé une complicité durable, qui pour moi était sans doute plus forte que pour lui.
Il avait le sens de la lenteur, dans sa démarche comme sur scène. Il avançait posément sans jamais se presser, comme pour être toujours ouvert à ce qui peut arriver. Présent mais une partie de lui-même un peu ailleurs. Sur scène, il avait un débit lent, enveloppant, un effet hypnotisant renforcé par la musique de l'orgue de cristal : joueur de flute d'Hamelin prenant le public par la main pour le meilleur et pour le pire. Il aimait cette manipulation, ce pouvoir de la parole. Il le recherchait et s'en amusait. Conquérir et séduire, l'air de rien sans forcer et avec la confiance du temps.
Son installation en Drôme et la création de sa propre compagnie Les oiseaux de passage firent que ses visites en Belgique furent plus rares. Le titre de sa compagnie est tiré d'une chanson éponyme de Brassens sur un texte de Jean Richepin. J'entends encore Jacques me réciter quelques vers de cet hymne anar et anti-bourgeois qu'il adorait. Je reproduis le texte de Richepin à la fin de ce billet.
Notre dernière rencontre date de 2001, à Châtillon-en-Diois, dans la Drôme. Il y présentait une adaptation des Âmes fortes, un des plus beaux romans de Giono. Sa mise en scène lui ressemblait : sobre et puissante; simple et lumineuse. Et ce beau texte était servi par une magnifique actrice dans le rôle titre, qui renvoyait dans les limbes Laetitia Casta qui a interprété ce rôle au cinéma.
Nous avons été prendre un verre après la représentation dans un bistrot du bourg. A la fin, je lui demandais pourquoi, il y avait plus de 20 ans, il avait accepté une proposition d'un jeune gars qui ne connaissait rien au spectacle et pouvait l'entraîner dans une galère, et qui était venu le trouver juste pour son plaisir personnel. Il me répondit simplement : « Sans doute, parce que tu étais comme cela ». On ne peut oublier quelqu'un qui dans la vie vous ouvre une porte.
Ce soir-là, je m'en allais le coeur léger franchir dans la nuit noire le col qui me ramenait à Sisteron.

Les oiseaux de passage
C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.
Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.
Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.
Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.
Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.
Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.
Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,
Semblent sur du velours des branches de corail.
Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?
Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;
Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.
Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir.
"Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.
Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !
N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !
Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.
Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.
Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? soyez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes,
Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.
Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.
Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.
Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.
La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.
Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.
Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.
Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.
Tiré de Jean Richepin, La chanson des gueux, Eugène Fasquelle Editeur, Paris, 1920
Y a plus de saisons !...
Samedi, la journée avançant on s'est retrouvés en été, et dimanche avec la pluie on est revenus en hiver... ça a un peu perturbé mes plans.
J'ai quand même réussi à me faufiler entre les gouttes pour récolter quelques disques, bon pas beaucoup mais des trucs bizarres. Le samedi d'abord, je tire deux bidules d'un lot de conneries genre Disney : le "Arthur et les Robots" de Guigou Chenevier (sur lequel je reviendrai peut-être ultérieurement en détails) et "La Forêt des Heures", le premier album de Jacques Coutureau (ancien du Grand Magic Circus), un conte accompagné avec des instruments Baschet (c'est ce qui m'a fait prendre le disque).
Bon, c'est une curiosité (apparemment c'est recherché par les instits et les collectionneurs d'enregistrements d'instruments bizarres,  mais les rares exemplaires qui trainent sur internet sont proposés à des prix de dingues où personne ne les achète)... Hasard des vide-greniers, je trouve le lendemain le deuxième disque de Coutureau, "L'oiseau qui faisait du lait", sur le même principe (mais l'histoire tient debout). Donc en 48h, j'ai appris l'existence de Jacques Coutureau, j'ai acheté toute sa discographie solo, et en recherchant plus de renseignements j'ai appris qu'il était mort en 2005.
Acheté également un exemplaire du premier.
LE GRAND MAGIC CIRCUS - JACQUES COUTUREAU - le boucher, la star et l'orpheline
Du Spectacle "Good Bye Mister Freud !" De Jacques Coutureau.  Et Jerome Savary & Copi : Canal Saint-Martin



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