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samedi 19 septembre 2009

Relation sensible

Nous avons rencontré Catherine Dolto deux fois à "Dialogues en Humanité" à Lyon.( photos de Mme Dolto par C. V. au Parc de la Tête d' Or ).
L'Haptonomie est la Science de l'Affectivité. Pour Catherine Dolto, il ne s’agit ni d’une doctrine, ni d’une technique mais d’une démarche qui prend en compte la personne dans sa globalité. Le toucher psychotactile, élément moteur de l’approche haptonomique, permet à la personne malade, mourante ou pas encore née de développer un sentiment de sécurité par la présence affectueuse et rassurante de ceux qui l’entourent. L’haptonomie est actuellement le plus pratiquée dans l’accompagnement à la naissance. L’osmose d’une relation à trois.
L’haptonomie est une relation merveilleuse à trois. Papa, maman et bébé arrivent à communiquer avant la naissance : « Viens, nous allons nous promener ! » … par cet appel le père très doucement invite son enfant à se mouvoir dans le ventre de sa mère. L’aventure commence aux alentours de cinq mois lorsque le fœtus peut communiquer. À ce terme, tous les organes des sens fonctionnent, il perçoit son environnement, les voix de ses parents, le bercement de sa mère en mouvement, ses émotions … Le toucher haptonomique peut alors intervenir et devenir langage. Ainsi, l’enfant existe avant la naissance dans cette relation à trois où le père prend toute sa place.
Vivre ensemble la préparation à la naissance. Toutes les séances avec la sage-femme se déroulent dans le strict respect de l’intimité du couple de parents. Il n’existe pas de séance de groupe. La mise en confiance et les explications claires de ce qui se passe pour le bébé amènent les parents à dépasser le stade des échanges verbaux pour se concentrer sur leur relation avec le bébé. La sage-femme, doucement, avec beaucoup de tact invite les parents à se rencontrer autour de leur bébé, à entrer en contact avec lui, le plus tendrement possible : « Pousser gentiment des mains, allez on va tous à droite… c’est léger, un mouvement léger et pourtant la sensation est tellement forte ! » commente le papa encore empreint de cet enchantement. « On est debout, le père et la mère les mains sur le ventre, on appelle le bébé qui répond. On l’invite à bouger, il se love dans nos mains, on apprend à le faire monter, à le faire descendre. Et d’un coup, il disparaît, il n’a plus envie d’être avec nous, l’instant magique est passé … » ajoute la maman comblée.
« L’enfant est considéré comme un être humain à part entière, on va le chercher, s’il ne veut pas venir c’est son choix » explique la sage-femme. Comme après sa naissance avec le câlin, le bébé perçoit par ce geste l’amour de ses parents. De la même façon que le bébé sourit au regard ému de ses parents, il répond, pendant la grossesse, au contact affectueux de la main qui vient le chercher au creux de son nid. Le père existe pleinement dans cette relation à trois avant la naissance.
Ce qui change de la relation fusionnelle habituelle. Le papa peut même avoir son autonomie de contact avec le bébé : « Il pouvait entrer en contact avec le bébé sans que j’interfère ».
Le temps des apprentissages. Pour les parents, en particulier d’un premier enfant, l’haptonomie permet de prendre le temps. Ce sont des moments de partage fort entre le couple autour de l’enfant à naître. Il ne s’agit donc pas d’une technique qui fait simplement dire « bonjour » à bébé. Il y a là toute une démarche en profondeur où les parents apprennent à être intensément présents pour leur enfant : « Au départ, ça prend l’allure d’un petit jeu et puis, au fil des séances, c’est une vraie communication avec l’enfant. Les séances d’haptonomie m’ont appris à être présente de tout mon être » s’émerveille la maman. « Le plus difficile c’est d’être sur la même longueur d’onde ensemble, il faut se concentrer, se focaliser penser à ce moment de partage » ajoute le papa pourtant réticent au début, et vraiment « pas fan d’aller chez le médecin ! ».
L’haptonomie est aussi une libération de l’instinct parental. La part du ressenti est essentielle : « La sage-femme m’a appris à être à l’écoute, à prendre confiance et à laisser aller mes ressentis. Elle mettait des mots sur ce qu’une femme enceinte peut ressentir. Elle me disait que ce que je ressens pour mon enfant, c’est ce qu’il y a de bon. Ça ne sert à rien d’écouter les avis des uns et des autres ». Ce lien qui démarre quand l’enfant est encore en gestation est aussi l’occasion d’échanger entre parents : « Accompagner à être parent, leur apprendre à faire une pause dans la course au quotidien. Cette démarche installe le couple dans sa relation parentale. Savoir quel parent ils veulent être pour cet enfant » mentionne la sage-femme qui accompagne les parents dans cet apprentissage d’une nouvelle vie tout en restant très prudente et réservée : « on touche à l’affect, à l’intimité du couple, il faut rester très prudent, très respectueux de chacun ». Et le père de conclure : « Il existe une complicité plus douce avec sa femme et son enfant, on se prépare mieux à son arrivée ». Apprendre à être entièrement présent et savoir protéger l’enfant. L’idée force de l’haptonomie est d’inculquer à l’enfant que ses parents sont là pour le protéger et qu’il peut s’ouvrir à la vie en toute quiétude : « Quand je vivais des moments de stress, l’haptonomie m’a permis de ne pas le reporter sur l’enfant, de faire barrière pour que ces moments difficiles ne l’atteignent pas ». La venue au monde de bébé. Cette préparation à la naissance comporte aussi l’apprentissage des gestes du père pour soutenir la mère lors de l’accouchement. Le moment venu les deux parents guident l’enfant :« On aide l’enfant à sortir, on le guide à descendre. La présence totale du papa qui centre la relation sur le couple fait diversion de la douleur ». Trois visites terminent ce cheminement. À la naissance de l’enfant, quelques mois plus tard et quand l’enfant fait ses premiers pas. Cet accompagnement à la naissance est aussi un apprentissage des gestes pour que le bébé, une fois né, se sente rassuré, ouvert aux autres. Les bébés de l’haptonomie sont particulièrement éveillés et heureux de vivre.
Veyret Claude pour APIS
TEL : 04 75 21 00 56
L’haptonomie émerge à La Réunion grâce à trois sages-femmes motivées par une volonté d’accompagner la naissance dans toute sa plénitude. Elles se sont formées au C.D.I.H. Il s’agit d’un investissement lourd de onze sessions en métropole tous les mois et demi sur presque deux ans. Les formateurs sont des professionnels de la santé et des psychothérapeutes engagés dans cette démarche tels que Catherine Dolto.

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