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jeudi 17 septembre 2009

Sans terre



Nous avons rencontré Trois fois Rajagopal. A « Dialogues en Humanité », rencontre annuelle autour de nouvelles valeurs sociales, dans un Centre Social à coté de Lyon et au Forum de Terre du Ciel, « une vision juste pour une action juste » à Aix les Bains. Chaque rencontre a été un plaisir conjugué à une avancée de la réflexion sociale, écologique et non violente. Une réoxygénation de la démarche de transformation sociétale. c.v.
La Marche des « Sans terre ».
Un prénom, suivi de deux initiales : P. V. Rien d’autre. Rajagopal ne divulgue jamais son nom. « Cela reviendrait à révéler ma caste ; or, je refuse ce système », dit-il dans un anglais parfait, avec une légère pointe d’accent indien. Surtout, ne pas se fier à son ton doux : Rajagopal P. V., 58 ans, est un activiste redouté des hommes politiques indiens. En quelques années, sa voix rieuse est devenue celle de l’Inde oubliée. Natif du Kerala, célèbre danseur de khatakali, un art traditionnel, il quitte la scène à vingt ans pour devenir ingénieur agricole. Il découvre aux hasards d’une tournée sur les pas de Gandhi les ravages de la modernisation : « Toute une frange de la société est mise de côté, dénonce-t-il, les paysans sont chassés de leurs terres par les multinationales qui rachètent les terrains à prix d’or ( aux proprios pas aux paysans). Les tribaux, ces aborigènes premiers habitants de l’Inde, doivent quitter leurs forêts, expulsés par un gouvernement qui préfère y aménager des parcs nationaux pour attirer les touristes. » C’est décidé : Gandhi luttait pour l’indépendance, Rajagopal, lui, se servirait de la non-violence pour davantage de justice sociale. Son premier coup d’éclat a lieu au début des années 1970, dans la vallée de la Chambal, au centre du pays. L’endroit est un repère de bandits : les dacoïts, ces paysans dépossédés de leurs terres, sortes de Robin des bois. Rajagopal les convainc de désarmer. Ils se constituent prisonniers en échange de terrains fertiles pour leur famille et d’une éducation pour leurs enfants. En une journée, 500 dacoïts livrent leurs armes. Un exploit. En 1991, il créé Ekta Parishad (Forum uni), une organisation qui rassemble tous les sans-voix de l’Inde, soit des millions de dalits (« intouchables »), paysans sans terre ou victimes de servitude pour dette. Il forme des activistes qui partent « conscientiser » les campagnes, créer des syndicats, etc.
Aujourd’hui, Ekta Parishad compte près d’un million de sympathisants. En bon disciple de Gandhi, Rajagopal organise chaque année des padyatra, des marches pacifiques de 300 km qui rassemblent des milliers de personnes. En 2003, par exemple, il marche dans le Chattisgarh, dans l’est du pays. Devant la foule déterminée, le gouvernement cède et octroie des terrains à 6 000 familles. La prochaine padyatra a lieu en octobre 2007, entre Gwalior, une ville du Madhya Pradesh, et New Delhi. « Nous sommes 250 000 ». « Arrivés à New Delhi, nous jeûnons devant le Parlement, jusqu’à ce que celui-ci vote une grande réforme agraire. » L’événement est aussi fondateur que la marche du sel de Gandhi.
Aujourd’hui, il est considéré comme le nouveau Gandhi. Le 5 avril, le noyau du comité Janadesh s’est réuni afin de définir les points à aborder avec le gouvernement. Cette journée de “remue-méninges” nous a permis de clarifier la présentation de nos arguments et de les rendre plus significatifs. Le droit à la vie et à la dignité, ainsi que l’accès aux ressources naturelles et leur distribution équitable seront les thèmes majeurs de la campagne. La terre est une ressource naturelle, l’Etat ne peut pas empêcher la population d’y accéder et ne peut pas continuer à la laisser aux mains de puissants lobbies. Notre argumentaire relatif à la pauvreté, la migration et la violence tournera autour de cette préoccupation.
Une meilleure coordination s’est établie entre le comité de la Campagne nationale et le bureau Janadesh de Delhi. Il est primordial pour nous de contrôler les dépenses et de maximiser notre impact en rassemblant les acteurs. En mai nous avons organisé à Ranchi (capitale du Jharkhand - Inde) une consultation axée sur les thématiques de l’industrialisation et des déplacements de population. Des victimes et des militants du Jharkhand, du Chhattisgarh et de l’Orissa se sont réunis afin de mieux connaître la réalité du terrain. Olga, de l’institut canadien CODI, était également parmi nous pour coordonner l’opinion publique face à la politique abusive d’industrialisation.
Une marche (padayatra) qui traversera ces trois états a été organisée. La marche débutait à la fin du mois d’avril et s'est prolongée jusqu’à la fin du mois de mai. Ces trois états font la course aux investissements en permettant à des compagnies nationales et internationales d’accéder à leurs ressources naturelles. Dans cette région, on observe que de nombreux mouvements de lutte contre les déplacements s’organisent. Si des personnes sont intéressées par l’étude de ce phénomène, elles sont les bienvenues.
Luc Bergeret, de Belgique, a visité le Tamil Nadu. Sa venue a été très fructueuse. Il a eu des échanges avec la délégation qui était venue de Rennes (France), et il a également contacté le centre culturel français de Chennai pour l’encourager à soutenir le travail de réhabilitation des “travailleurs asservis”. Il s’est rendu à Nagapattinam pour choisir l’emplacement sur lequel sera construit un centre de formation subsidié par Solidarité France, dans le cadre du travail de reconstruction post-tsunami. Luc a noté une amélioration qualitative au niveau du travail avec ces “travailleurs asservis”. Nous lui avons demandé de nous rejoindre à Nagapattinam, et pour le moment il est à cette proposition.
Cette année, le festival de théâtre s’est déroulé à Katni au lieu de Madurai. En mars, une centaine d’artistes venant des quatre coins du pays se sont produits pour soutenir Janadesh. Avec l’aide de l’équipe nord-indienne, Biju de CESCI a remarquablement bien organisé ce festival.
Selon Srinivasan, le coordinateur d’Ekta Parishad Kerala, les visites de l’équipe d’Action Village Inde (une ONG anglaise) et du représentant de Frères des Hommes, se sont bien passées. FdH a accepté d’octroyer une nouvelle subvention “post-tsunami” à l’équipe du Kerala pour l’année prochaine. L’équipe du Kerala s’est beaucoup investie dans l’organisation d’une yatra à vélo et d’une marche, sur l’ensemble de la région, dédiées au « Droit à l’eau ». Ils ont actuellement l’intention d’organiser un festival d’une semaine pour les enfants, festival appelé ici “Kuttikkoottam”.
J’ai effectué un voyage dans l’état d’Uttarakhand (région himalayenne), pour y amorcer le travail d’Ekta Parishad. Traversant les magnifiques mais dangeureux sentiers montagneux, il m’a semblé important pour Ekta Parishad d’aborder le problème de la pauvreté dans cette région aussi belle que la Suisse et où la population y est très chaleureuse. Il n’y a pas beaucoup d’espaces agricoles ; la répartition des terres n’est donc pas un enjeu principal, mais les petits paysans villageois perdent leur terre à cause d’une agriculture industrielle et de la création d’une zone économique.
Deux satyagraha (manifestations non-violentes) se déroulent actuellement dans le Bihar et à Bhubaneswar. Dans le Bihar, 200 personnes font un sit-in depuis deux mois et demi, ils revendiquent leur droit à la terre et au logement. Ces gens ne possèdent aucune terre et vivent par conséquent dans des conditions inhumaines. Une des femmes qui participait à cette action est décédée il y a trois semaines. Cela porte à huit le nombre de personnes qui ont sacrifié leur vie au cours des différents combats organisés par Ekta Parishad. La satyagraha de Bhubaneswar a commencé le 8 mars dernier, Journée de la Femme. Cette satyagraha se poursuivra jusqu’à la fin du mois d’octobre. Nous demandons au gouvernement de l’Orissa de tenir ses promesses et de réformer la Commission chargée des problèmes de la terre. Au cours de cette longue satyagraha, un groupe de villageois restera assis et jeûnera pendant une semaine. Ensuite, ils seront remplacés par un autre groupe de villageois la semaine suivante, et ainsi de suite. Il y a 7 bureaux dans différentes villes et les travailleurs des différents états ont commencé à s’investir.
Sur le plan international, nous avons constitué d’un comité de sympathisants de Janadesh. L’ensemble du processus Janadesh aura cinq ou six thématiques importantes et nous recherchons des partenaires pour chacune d’elles. L’organisation Goonj a accepté d’être notre partenaire pour les tissus (tentes, sacs de toile pour les marcheurs, etc.). Nous sommes en pourparlers avec Water Aid pour que cette ONG soit notre partenaire pour l’eau. Nous n’avons pas encore trouvé de partenaires pour les installations sanitaires, la santé et l’alimentation. De manière générale, l’alimentation sera notre propre responsabilité et il nous faudra mobiliser des ressources pour nourrir tous les participants pendant un mois.
Huit de nos animateurs ont été incarcérés pendant douze jours. Leur libération nous a demandé beaucoup de temps et d’énergie. Un des ministres du Chhattisgarh a prétendu qu’Ekta Parishad était anti-nationaliste. Alors que nous approchons de Janadesh, les politiciens tentent de nous prendre en défaut et de détourner l’attention vers d’autres problèmes. Les jours à venir seront de plus en plus difficiles.
Je terminerai cette intervention par une note très positive. J’ai assisté à un rassemblement public à Chatrapur dans le Chhattisgarh. Des hommes et des femmes très pauvres, pour la plupart des adivasis, y assistaient en grand nombre. Lentement, chacun d’entre eux est venu pour déposer devant moi du riz et de l’argent. A la fin du rassemblement, nous avons récolté 500 kg de riz et un total de 5015 roupies (soit 100 euros). J’ai été invité dans une école et les enfants m’ont fait un don de 500 roupies au profit de Janadesh, tandis qu’au jardin d’enfants, j’ai reçu 251 roupies. Tout le monde s’intéresse au Janadesh !
Claude Veyret pour APIS
04 75 21 00 56
veyret.claude@wanadoo.fr

Le Collectif pour la dignité et contre la pauvreté est composé des organisations et des personnes de Rhône-Alpes qui sont en accord avec les principes fondateurs et souhaitent se mobiliser pour atteindre les objectifs partagés (hors partis politiques, entreprises lucratives et pouvoirs publics). Le collectif est un espace non confessionnel et non partisan, ouvert à la diversité de ses membres. Il ne vise pas à fédérer toutes les actions ou à masquer des désaccords mais à organiser des actions complémentaires afin de lutter pour la dignité et contre la pauvreté en Rhône-Alpes. Il est composé à ce jour de simples citoyen(ne)s et d'associations comme le MAN, Gandhi International, l'association pour la diversité culturelle, la Fédération des centres sociaux ou bien Gandhi International. Le Collectif souhaite organiser une marche portant des constats et des propositions pour la dignité et contre la pauvreté du 30 juin au 3 juillet 2010 sur Lyon. Le Collectif coordonne également la venue en Rhône-Alpes du voyage organisé par Gandhi International (présidé par Louis Campana) pour le SERPAJ et Ekta Parishad. Le Collectif fonctionne de manière autonome dans son organisation et ses moyens mais a reçu un soutien financier de 1500€ du Conseil Régional Rhône-Alpes pour contribuer aux frais des voyages des invités. Nous reviendrons sur cette marche qui va avoir lieu en Rhône-Alpes ce mois d’ Octobre.
Manu Bodinier
www.rhone-alpes.centres-sociaux.org
Tel : 06 77 17 77 57

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