Information Participative

Médias Citoyens Diois continu !

Retrouvez-nous sur notre nouveau site :

http://mediascitoyens-diois.info

samedi 28 juillet 2012

La fin d' un mode (3)...


Prophétie maya et fin d’un monde
Lectrices, lecteurs, profitez goulûment de chaque rayon de soleil de cet été pluvieux puisque la fin du monde nous attend le 21 décembre prochain, si l’on en croit les adeptes de la prophétie maya. Qui fait des ravages sur Internet, chez les jeunes et les moins jeunes, qui sont fort nombreux à se laisser tenter par les vertiges de l’apocalypse.
Quel crédit faut-il accorder à cet oracle? Aucun, évidemment, si l’on est rationnel et raisonnable. Beaucoup, si l’on privilégie au contraire l’approche intuitive, symbolique, allégorique, sensible des choses.
Tout dépend en effet de la façon d’interpréter ce genre de prédiction. La fin du monde n’aura évidemment pas lieu le 21.12.2012 et nous serons encore tous là le 22 décembre pour affronter les frimas de l’hiver. De la même manière que la civilisation romaine ne s’est pas effondrée subitement un beau jour de 476 avec la déposition du dernier empereur, Romulus Augustule, par le wisigoth Odoacre: elle s’était déjà affaiblie bien avant et s’est prolongée longtemps après, à travers la survivance du latin, du droit romain et de l’empire d’Orient.
Littéralement donc, cette prophétie est absurde. Mais au sens figuré, elle est au contraire très signifiante. Elle nous parle d’une angoisse, qui étreint plus ou moins les gens confrontés aux changements brutaux imposés par l’époque. Elle renseigne sur l’état d’esprit d’une population menacée par la crise économique, l’insécurité de l’emploi et l’instabilité de sa position dans la machine sociale. Elle exprime le vide spirituel et émotionnel d’êtres humains connectés en permanence sur face book mais privés de relations à l’autre.
Et elle objective une intuition que nous ressentons tous confusément sans oser le dire, par peur d’être moqué, à savoir que nous assistons à la fin d’un monde, celui qui nous est familier et auquel nous sommes attachés par habitude, bien qu’il nous en fasse voir de toutes les couleurs, et que nous chérissons donc plus que tout, faute de pouvoir imaginer celui qui pourrait le remplacer.
Vue sous cet angle, la prophétie maya doit donc être prise avec le plus grand sérieux. De même que toutes celles et tous ceux qui s’en font les analystes et les interprètes, soit les économistes critiques qui pronostiquent la fin du libéralisme, et les environnementalistes, qui, du Club de Rome à Nicolas Hulot et Al Gore, prédisent l’extinction du capitalisme par épuisement progressif des ressources végétales, énergétiques et minières de la planète. Et dans ce registre-là, ce sont des milliers d’auteurs sérieux, d’universitaires très rationnels, d’académiciens prestigieux, même s’ils sont taxés d’idéalisme par leurs collègues prétendus réalistes, qui abondent dans le sens de la prophétie maya: la fin du monde peut être exclue, mais pas la fin d’un monde, celui que nous connaissons.
L’empire romain, comme l’empire maya du reste, ont commencé à décliner au faîte de leur gloire, au sommet de leur expansion territoriale, quand ils n’ont plus été nourris par l’apport de main d’œuvre extérieure à bas prix (les esclaves) et la conquête de nouveaux marchés pour assurer des débouchés à leurs industries, et par le tarissement de leurs ressources. Il en ira de même de la civilisation actuelle, qui a conquis toute la planète et qui déclinera quand elle aura exploité ses ultimes ressources et ses derniers marchés.
Pour nourrir cette réflexion stimulante et nullement catastrophiste, je vous renvoie donc au dernier livre de Patrick Viveret (La cause humaine. Du bon usage de la fin d’un monde, Les liens qui libèrent, 2012),  préfacé par Edgar Morin. Et je vous invite à participer aux conférences du prochain festival francophone de philosophie qui se déroulera à Saint-Maurice les 7 et 8septembre prochain sur le thème «La catastrophe, une chance?» Bon été!
Guy Mettan

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire