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vendredi 20 juillet 2012

La fin d' un monde (1)...


Apocalypse now
(Image : Grosse panique pour ces Américains effrayés par le passage d'une soucoupe volante extraterrestre, vignette à collectionner, 1954).
Coll. AGENCE MARTIENNE
FIN DU MONDE (I) Entre destruction et rédemption, dissolutions et créations, christianisme et hindouisme ont chacun à leur manière imaginé un sens au monde. Où la vision de sa fin diffère.
Evénements cataclysmiques, destruction de la planète? Ou changement radical dans la conscience mondiale, transformation spirituelle et début d’une nouvelle ère? La fin d’un monde, voire du monde, est annoncée pour le 21 décembre 2012. La date correspond à la fin des 5125 années d’un cycle du compte long du calendrier maya, et a été interprétée par certains courants New Age comme le signe que les humains connaîtront une transformation spirituelle ou physique, tandis que des mouvances millénaristes prédisent la destruction de la Terre, théories pseudo scientifiques à l’appui – on prophétise notamment un alignement galactique meurtrier, une inversion des champs magnétiques de la planète, des tremblements de terre ou encore une collision avec l’hypothétique planète Nibiru!
Cette issue fatale a été annoncée un nombre incalculable de fois depuis que l’humain existe et nombreux sont les mythes qui la mettent en scène. Mais pourquoi trouve-t-elle un tel écho aujourd’hui encore, dans une société globalisée supposée rationnelle? Un fait en l’occurrence d’autant plus surprenant qu’aucune inscription maya ne mentionne une quelconque fin du monde ou bouleversement majeur pour ce 21 décembre 2012 – qui n’est que la fin d’un cycle, tout comme le 31 décembre marque le terme d’une année dans notre calendrier grégorien.
Cet été, Le Mag se propose d’explorer l’imaginaire de la fin du monde sous ses différentes facettes – culturelles, sociales, scientifiques et mythologiques. Pour commencer par un premier volet qui plonge dans l’eschatologie chrétienne et hindoue, deux traditions religieuses dont la relation au temps – donc à sa fin – diffère. Pour l’hindouisme, il est cyclique: la vie du cosmos comme de l’individu est une succession de créations et de destructions, de morts et de renaissances (lire en page suivante). Le christianisme, lui, donne un sens linéaire à l’histoire, un début et une fin en forme de rédemption dont le texte emblématique est le Livre de l’Apocalypse – du grec apokálupsis qui signifie «mise à nu», «dévoilement», «révélation».
Attribuée par la tradition – mais pas par la plupart des savants modernes – à Jean l’Evangéliste et datée de la fin du Ier siècle (vers 90-100 après J.C.), l’Apocalypse présente un vaste scénario de fin du monde. «Un mythe auquel toutes les civilisations de l’Antiquité ainsi que l’Ancien Testament font également référence», rappelle Enrico Norelli, professeur d’histoire des origines du christianisme à l’université de Genève.
Quels sont les premiers mythes de fin du monde et quelle fonction ont-ils?
Enrico Norelli: Ces représentations reflètent d’abord l’expérience de la précarité de la vie et l’espoir qu’elle continue malgré tout. Ainsi de l’histoire du déluge, présente dans plusieurs religions – elle est arrivée en Israël via Babylone. Dieu détruit le monde car il ne peut pas supporter le mal. Dans la Bible, avant de faire tomber le déluge, il préserve Noé et des spécimens de tous les animaux; en Perse ancienne, il demande aux hommes de construire un enclos pour y conserver leurs bêtes et des échantillons de semences. Pourtant, les humains sont toujours mauvais... Dieu est donc conscient du mal mais va l’accepter et ne pas détruire complètement le monde. L’expérience des catastrophes naturelles qui pouvaient anéantir les récoltes a été projetée sur un plan universel pour signifier la précarité du monde. En même temps, le mythe du déluge permet de se rassurer: il n’y aura pas de destruction totale.
Les scénarios catastrophes de fin du monde sont la projection du genre sur un horizon définitif. Ne restera alors plus que le bien. L’histoire du monde est ainsi représentée de façon linéaire, avec un début et une fin. Qu’y aura-t-il au-delà de cette fin du monde, dans cet éternel présent heureux? Serait-ce la fin de l’histoire?
Comment a été perçue l’Apocalypse?
– Il faut distinguer l’époque de sa composition et celle de sa canonisation, quand elle a été reçue dans le corpus normatif du Nouveau Testament, qui s’est construit progressivement jusqu’à la fin du IVe siècle. En Occident, l’Apocalypse a rapidement fait autorité. Dans l’Eglise d’Orient, elle entre dans le canon plus tard à cause de ses idées sur la fin du monde justement. L’Apocalypse mentionne un règne de 1000 ans où le Messie revient asseoir son royaume dans ce monde, avant la venue du Royaume de Dieu. Dans certains cercles millénaristes, on pensait qu’il régnerait sur Terre avec un groupe d’élus, les bons juifs ou les bons chrétiens. Le monde prend alors une forme renouvelée, où le mal est éliminé. L’Apocalypse ne décrit pas ce règne messianique terrestre comme riche de jouissances matérielles, à la différence d’autres textes juifs et chrétiens. Toutefois, l’idée même de ce règne heurtait une représentation spirituelle du royaume du Christ à laquelle on tenait beaucoup en Orient. L’Eglise d’Orient est donc restée longtemps partagée sur la réception de l’Apocalypse dans le canon, parfois même au-delà du VIIe siècle.
Selon l’Apocalypse, la fin du monde est liée à la rédemption et à la rétribution des péchés et bonnes actions. Etait-ce nouveau?
– Les couches anciennes de la Bible évoquent déjà une forme de vie dans l’au-delà, mais on croyait que chacun était récompensé ou châtié par Dieu dans cette vie. On a vu ensuite que les choses ne se passaient pas ainsi, ce qui a débouché sur une crise. Soit on laissait tomber l’idée d’un dieu, soit on développait une autre stratégie: on a imaginé alors que Dieu remettait les choses en ordre ailleurs, après la fin de ce monde. D’où l’idée de l’immortalité de l’âme, qui se développe en Israël avant le christianisme.
Le christianisme a progressivement accentué la dimension du destin individuel, et le lien entre mort de l’individu et rétribution de sa conduite. L’Apocalypse de Pierre en est un exemple: elle nous est connue en deux versions, la plus ancienne relatant le discours du Christ sur la façon dont les méchants seront punis et les bons récompensés après la fin du monde, dans une sorte de parcours de l’enfer qui se développera jusqu’à Dante. Avant le VIIIe siècle, on a repris ce texte en imaginant que les châtiments ont lieu au présent et non après la fin du monde, dans un univers parallèle où chacun va après sa mort. L’enfer et le paradis ont une existence simultanée à ce monde-ci, dans une autre dimension.
Croyait-on vraiment à une fin du monde?
– Oui, et le premier christianisme pensait qu’elle était proche. L’Apocalypse a été actualisée à différentes périodes pour la faire concorder avec les préoccupations présentes. Il y a ainsi eu beaucoup d’apocalypses dans le judaïsme ainsi que dans le christianisme ancien et médiéval, chaque fois actualisées. Le Livre de Daniel évoque par exemple quatre empires successifs, suivis du messie et de la fin du monde. Ces quatre empires ont été identifiés avec des empires réels, dont le dernier devait finir, selon le livre, autour de 165 av. J.C. Le christianisme l’a réinterprété pour y faire entrer l’empire romain, puis celui de Charlemagne. Certaines apocalypses ont pris en compte l’avènement de l’islam – qui, en passant, reprend largement ces représentations de la fin du monde.
Dès le début du Ve siècle, certains théologiens, dont Augustin a été le plus influent, ont fait démarrer à l’incarnation du Christ le règne de 1000 ans évoqué par l’Apocalypse, l’identifiant donc avec le temps de l’Eglise: ainsi, au Moyen Age, plusieurs ont cru que le monde prendrait fin en l’An Mil. Plus tard, à la Réforme, Luther a longtemps méprisé l’Apocalypse qu’il jugeait peu claire pour un discours divin, jusqu’au jour où il a pensé que la Bête représentait le pouvoir du Pape. Il a ensuite développé une interprétation de l’Apocalypse comme une prophétie de la perversion de l’Eglise catholique.
Pourquoi ce besoin d’imaginer un début et une fin au monde?
– La fonction fondamentale de toute religion est de mettre de l’ordre dans la vie, de surmonter la perception du monde comme chaos. Tous les humains font l’expérience du mal, de la souffrance, de la mort, de l’injustice de voir les méchants triompher. Ils ont développé des conceptions qui les aident à mettre de l’ordre dans cet état de chaos et à se convaincre que l’histoire humaine peut avoir un sens. Chez les juifs et les chrétiens apparaît l’idée que pour donner un sens au monde, il faut donner un sens à son histoire, c’est-à-dire un début et une fin. Ce qui est déjà une construction idéologique. Le commencement et la fin aident à élaborer le sens de cette histoire; il y a destruction, punition, rétribution des actes de chacun au-delà de ce monde dont la fin est un dénouement heureux, où tout est enfin à sa place. Le tout est lié à la notion de salut. Ces scénarios concernent le destin collectif de l’humanité et des Justes. Beaucoup de textes décrivent cette parabole des derniers temps du monde: l’augmentation du mal et de la souffrances des Justes est le signe de la venue imminente de Dieu.
Ces textes naissent-ils donc dans des sociétés particulièrement opprimées?
– Oui, ils sont l’œuvre de cercles qui perçoivent leur position comme désavantagée, définie par la privation de pouvoir, la frustration. Pour surmonter cela, on se dit qu’on est marginalisé car on fait partie des bons, qu’il faut résister car l’arrivée de Dieu est proche. Quand il compose l’Apocalypse, Jean représente l’Empire romain comme une créature de Satan. Le dragon, c’est le diable; les bêtes, le pouvoir de l’Empire romain et le culte impérial. L’Apocalypse a en effet été écrite dans un contexte où surgit le culte de l’empereur. Il n’y avait pas de grandes persécutions contre les chrétiens, mais de petits épisodes de pogroms locaux, non généralisés. L’Apocalypse part de ces expériences délimitées pour les projeter sur un plan cosmique, prédisant la venue de grandes persécutions qui commencent à se deviner dans le culte voué à l’empereur, au lieu du vrai Dieu – une adoration suscitée par le diable.
Les chrétiens doivent donc résister et se désolidariser de toute connivence avec  cet Etat fondamentalement souillé, quitte à être marginalisés. De fait, ils s’excluent eux-mêmes de l’ordre social et sont tous des martyrs potentiels. Le sens premier de martyr est «celui qui témoigne» et le premier témoin est Jésus, qui a affronté la mort par fidélité envers Dieu. L’Apocalypse marque la charnière entre ce sens-là et le sens qui deviendra courant du mot «martyr» – celui qui subit la mort à cause du témoignage rendu à Dieu. Au final, les chrétiens distingueront l’autorité politique et civile de l’Empire et sa religion. Ils feront allégeance à la première et refuseront le culte de l’empereur. Le dénouement du Livre de l’Apocalypse, c’est l’effondrement de l’Empire.
Cette dimension prophétique est-elle importante?
– Oui. Les prophètes, qui représentent le lien entre la volonté divine et la communauté, sont la seule autorité mentionnée dans le Livre. L’auteur lui-même dit transmettre une révélation reçue de Dieu, et se comprend donc comme un prophète. Plus tard, les martyrs affrontaient souvent leur destin dans la perspective du salut soutenue par l’Apocalypse, et les Actes des martyrs y feront de nombreuses références.
Comment expliquer la persistance de tels scénarios apocalyptiques aujourd’hui?
– Les imaginaires de fin du monde sont la concrétisation mythique de terreurs existentielles, sur la condition humaine et la quête de sens. Aujourd’hui, ces scénarios sont liés à la perception d’un monde où une compréhension unique du sens est difficile. Il y a compétition entre plusieurs systèmes – qui côtoient aussi des systèmes de non-sens. On a peur de voir la technologie prendre le dessus sur l’humain, et de la destruction écologique de la planète par l’homme, qui accélère lui-même son extinction.
La réactivation des perspectives apocalyptiques a souvent été due à des mouvements minoritaires, soucieux de se légitimer à travers une tradition qui valorise les groupes marginalisés en interprétant leur condition comme un signe de proximité avec Dieu. Aujourd’hui, les églises chrétiennes majoritaires ne développent pas beaucoup ce scénario de fin du monde. Mais des groupes, à l’intérieur ou hors du christianisme, prêchent l’exigence d’une conversion et appellent une fin imminente car ils veulent renverser un certain ordre1.
1. Ainsi, pour les sionistes chrétiens, protestants fondamentalistes, la reconquête du Grand Israël annonce le retour sur terre du messie, la conversion des juifs au christianisme et la rédemption annoncée par l’Apocalypse. Ces chrétiens évangélistes sont pourtant loin d’être minoritaires: ils représentent 40 à 60 millions d’Américains et ont voté à 84% pour George W. Bush en 2000. Leurs idées bénéficient de la bienveillance du mouvement néoconservateur et ont largement influencé la politique américaine au Proche-Orient (ndlr).

La ronde des dissolutions et des renaissances
Avec leur temps cyclique, les mythes hindous diffèrent de la conception apocalyptique judéo-chrétienne. «Il ne s’agit pas ici de la fin du monde mais de la dissolution (pralaya) cyclique de l’univers, qui entraîne une nouvelle manifestation», relève Nicola Pozza, maître d’enseignement et de recherche à l’université de Lausanne, spécialiste du monde hindou. Les principaux récits de dissolution proviennent des Purânas, ou récits «antiques». Longs de 10 000 à 25 000 vers, ils ont été compilés entre le IVe et le XIVe siècle, la tradition orale les composant étant beaucoup plus ancienne. On compte 75 Purânas, en sanskrit ou en tamoul principalement, chacun mettant en valeur un dieu principal, la tradition en retenant 18 «majeurs» et 18 «mineurs».
«Traditionnellement on parle parfois des Purânas comme d’un cinquième Veda, pour asseoir leur autorité, dit Nicola Pozza. Les quatre premiers se concentrent plutôt sur la création du monde et règlent les sacrifices nécessaires au maintien de son ordre socio-cosmique, sans lesquels il risquerait de s’effondrer – ce que prédisent les Purânas.» Ceux-ci se déroulent souvent sous la forme d’un dialogue et contiennent des informations sur les dieux, les pèlerinages, les rites, la construction de temples, la confection et le culte des images, ou le dharma (voie à suivre). Ils sont censés avoir en commun la description de cinq sujets, continue M. Pozza. «Ils traitent de la création du monde, de sa résorption et de sa recréation cyclique, font la généalogie des dieux et des rishis (les sages), décrivent les ‘âges de Manu’ (les premiers hommes de chaque période cosmique), et font la généalogie des lignées solaires et lunaires.»
Destin cosmique et individuel
Autre aspect marquant: la durée immense des cycles. Chacun compte quatre âges (ou yugas) d’une durée spécifique – de plus en plus courte à mesure que leur qualité se dégrade. Les yugas correspondent à une journée de Brahmâ, soit 4,5 milliards d’années, et un cycle complet à une vie de Brahmâ. Les dissolutions correspondent soit à la fin d’un petit cycle – tout brûle, mais il reste tout de même des éléments –, soit à la fin d’une vie de Brahmâ, tous les éléments s’absorbant alors mutuellement jusqu’à redevenir matière primordiale (prakriti), à la base de tout ce qui existe. «Tout, de l’éther à la terre, en passant par les organes des sens et le mental, provient de l’évolution de cette matière primordiale», précise Nicola Pozza. Nous sommes aujourd’hui dans l’âge de Kali Yuga, marqué par la décadence.
Le Livre 6 du Vishnu Purâna décrit ainsi la fin d’un monde: on entre dans une période de déclin, la morale se dégrade et les rois usurpent leur pouvoir, puis une énorme sécheresse s’abat sur les trois mondes – terre, espace intermédiaire et ciel. «Cette destruction du monde sera précédée d’une sécheresse de 100 années, selon le Vishnu Purâna. Sept explosions de lumière assécheront toutes les eaux. Douze soleils feront évaporer la mer; alimentés par l’eau se formeront sept autres soleils qui transformeront le monde en cendres. La terre deviendra aussi dure qu’une carapace de tortue.» Le désir de la divinité est alors de résorber toute créature en elle-même. Suivra le déluge, pluie déversée par les nuages créés par Vishnu, qui éteint le feu et submerge les trois mondes. Cette fin est délivrance et promesse de renaissance, manière d’assurer la continuité du samsara, ou cycle transmigratoire des morts et des renaissances. Si le but pour les humains est de s’en libérer, la longueur des cycles cosmiques assure la continuité du système.
La triade divine ou trimurti – Brahmâ, Vishnu et Shiva – joue ici un rôle central. Ce dernier notamment en tant que dieu destructeur, nécessaire à la re-création du monde, tandis que Vishnu apparaît entre deux cycles, reposant sur le serpent cosmique Shesha. Selon l’indianiste Madeleine Biardeau, on peut mettre en parallèle l’incendie cosmique et le déluge, où le feu et l’eau purificateurs sont les conditions pour la renaissance d’un monde rénové, et le destin individuel: après la mort, la crémation suivie de l’immersion des cendres dans l’eau – du Gange de préférence – préfigure également une renaissance.
«Les textes de l’hindouisme auxquels nous avons accès sont souvent des synthèses de plusieurs courants et traditions, note Nicola Pozza. Ils ne s’entendent donc pas forcément entre eux sur la durée des cycles, et paraissent plein de paradoxes.» Difficile également de définir très précisément l’origine socio-historique des Purânas, le contexte et l’époque de leur rédaction. «On pense que les premiers ont été écrits aux IVe et Ve siècles, sous l’ère Gupta, et qu’ils font suite au Mahabharata avec lequel ils partagent de nombreux thèmes. On suppose qu’ils permettaient d’intégrer à un monde védique plus ancien les changements apportés par les nouvelles pratiques et les nouvelles conceptions religieuses.» Par ailleurs, certains Purânas ont été lus a posteriori comme des prophéties, notamment en ce qui concerne les allusions au non-respect de la religion, vues comme l’annonce des invasions musulmanes et de l’Empire britannique.
Des récits très présents
Depuis vingt à trente ans, sous l’influence notamment des études postcoloniales, on étudie davantage ces textes délaissés depuis le XIXe siècle et l’esprit des Lumières. A la recherche de la langue originelle, les premiers orientalistes montraient un grand intérêt pour l’aspect spéculatif des Upanishads et la philosophie moniste du Vedânta notamment. «Mais la mythologie des Purânas et ses dieux multiples avait été écartée, ce qui avait également eu un effet sur les érudits indiens soucieux de présenter un hindouisme moins ‘superstitieux’», raconte Nicola Pozza. Auparavant laissés aux prêtres, les récits des Purânas ont depuis retrouvé leurs lettres de noblesse, à des fins identitaires également.
Quel impact cette vision cyclique du monde peut-il avoir sur le quotidien? «Lors de mes voyages, j’ai toujours ressenti le hiatus entre l’image donnée par les études sur l’Inde, avec leur accent sur les grandes théories sur le dharma et la réincarnation, et la connaissance intime que les Indiens ont du Mahabharata, du Ramayana, des Purânas et du Panchatantra – fables qui ont inspiré La Fontaine», note Nicola Pozza. Autant de récits qui ont une fonction sociale et éthique, porteurs de valeurs et d’un code de conduite. «Ils sont racontés en famille, lus dans les temples, sujets de romans et de films. Les gens en ont une connaissance qui marque leur quotidien, leur permet d’agir selon certaines valeurs. Ils ne réfléchissent pas en termes de pralaya et de grands cycles, mais s’inspirent en revanche de ces récits, très présents.»
Fin du monde.
Selon certaines interprétations du calendrier maya, le ciel pourrait nous tomber sur la tête le 21 décembre prochain. En attendant, MCD explore cet été l'imaginaire de la fin du monde sous toutes ses facettes – culturelles, sociales, scientifiques et mythologiques.

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