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mardi 27 novembre 2012

L' Etat recule d' un pas....



Notre-Dame-des-Landes: Une «commission de dialogue» ou de discorde?
Manifestation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 17 novembre 2012. FABRICE ELSNER
ENVIRONNEMENT - Les opposants au projet d'aéroport sont pour la plupart méfiants face à la commission promise par le Premier ministre...
Un dialogue qui pourrait être un monologue: c’est ce que redoutent les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, au lendemain de l’annonce par le Premier ministre de la création d’une «commission de dialogue». Destinée à «exposer ce projet et entendre toutes les parties prenantes», la commission n’a toutefois pas convaincu les opposants du bien-fondé de la construction d’un nouvel aéroport dans la métropole nantaise.
Dialogue ou explication de texte?
Pour Dominique Fresneau, président de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Acipa), «le Premier ministre veut amener des mesures d’apaisement alors que c’est lui qui a allumé des incendies partout», déclarait-t-il après les violents affrontements entre militants anti-aéroport et forces de l’ordre ce samedi. «M.Ayrault peut toujours se comporter en pompier aujourd’hui mais s’il veut revenir à la discussion, il va falloir que l’apaisement soit réel sur le terrain et qu’il n’y ait plus de forces de police à Notre-Dame-des-Landes.» Choqué par la répression qui a eu lieu sur le site du futur aéroport et devant la préfecture à Nantes, Dominique Fresneau estime qu’il faut d’abord «panser et compter nos blessés, et on verra après quel mode de discussion on pourra adopter».
Le dialogue semble donc mal parti entre des opposants qui se posent désormais en victimes et un gouvernement inflexible, comme l’a rappelé le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui estime que le dialogue doit se faire «sans conditions». Pour l’avocat spécialisé en droit de l’environnement Arnaud Gossement, on est très loin du «dialogue environnemental» promis par le chef de l’Etat lors de la conférence environnementale de septembre dernier: «Le Premier ministre a donc annoncé la mise en place d'une "commission du dialogue" qui n'a aucunement pour objet d'entretenir un dialogue mais bien celui de confirmer une décision déjà prise par le Premier ministre lui-même», écrit l’avocat. «A quoi servira cette "commission du dialogue"? A deux choses: "exposer" et "entendre". Elle n'a donc nullement pour but le dialogue mais l'explication de texte.»
Des solutions pour sortir de l’impasse
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a d’ailleurs déclaré ce dimanche que le rôle de la commission se limiterait à «exposer à toutes les parties prenantes la réalité des travaux réalisés, de leur impact sur la biodiversité» et qu'il ne s'agissait «aucunement de revenir sur le projet d'aéroport». Les écologistes du gouvernement, qui ont applaudi dans un premier temps la création de cette commission, ne sont pas dupes: le co-président du groupe Europe-Ecologie-Les Verts à l’Assemblée nationale, le député François de Rugy, a reconnu que «bien sûr, nous n'avons pas compris que cette commission de dialogue signifiait l'arrêt pur et simple du projet». Il espère néanmoins que ce ne soit pas «une commission de propagande». La Confédération paysanne a pour sa part averti qu’elle était prête à dialoguer «mais sur les modalités d'arrêt du projet, pas sur un moindre impact écologique comme ils le souhaitent», a déclaré Cyril Bouliguand.
Comment sortir de l’impasse?
La députée européenne Corinne Lepage (Cap21) estime qu’il faut «inventer pour ce projet une modalité totalement nouvelle de prise de décision. Cela impliquerait de la part du gouvernement qu’il accepte de geler cette décision, c’est-à-dire éventuellement de la remettre en cause, à l’issue du débat national, ou au moins régional, qui serait organisé». L’euro-député écologiste Daniel Cohn-Bendit appelle lui à «prendre exemple sur le conflit qui a eu lieu il y a deux ans en Allemagne à propos de l’enfouissement de la gare de Stuttgart»: «Devant la virulence des manifestations, l’ancien ministre-président du Land Bade-Wurtemberg, qui était de droite, a nommé un médiateur, qui était reconnu par les deux parties. Il a organisé un débat public pendant trois semaines, retransmis par la télévision locale. Et proposé un référendum.»
Le Parlement européen à la rescousse
En attendant l’instauration d’une véritable concertation, voire d’un vote, plusieurs recours contre le projet d’aéroport sont en cours d’instruction. La pétition déposée par deux associations auprès du Parlement européen pour non-respect de plusieurs directives européennes (notamment sur l’évaluation des impacts sur l’environnement, sur l’eau, les directives «oiseaux» et «habitats»), aurait des chances d’aboutir. Mais d’ici là, les opposants aimeraient un moratoire sur le projet qui soit plus convaincant que la seule promesse du gouvernement de ne procéder à aucun défrichement avant six mois.
Audrey Chauvet
En décidant de faire un geste envers les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), le gouvernement a placé Europe Ecologie-Les Verts (EELV) dans une position de force, car il la demandait depuis 40 jours. Eux qui réclamaient depuis des jours la nomination d'un médiateur "pour faire baisser la pression" n'ont pu que se réjouir de l'annonce, samedi, de la mise en place d'une "commission du dialogue". "Une excellente nouvelle", avait salué dans la foulée Jean-Philippe Magnen, porte-parole du parti dans un communiqué.
Trois jours plus tard, les associations réclament comme préalable au dialogue le départ des forces de l'ordre du site de Notre-Dame-des-Landes. Une demande sur laquelle EELV s'est aussi  engagée mardi lors d'une conférence de presse organisée au siège du parti en présence de plusieurs responsables d'EELV. Après avoir salué les annonces de ce week-end, Pascal Durand, le Président des écologistes, a "regretté – et c'est un euphémisme – que les opérations policières ne soient pas arrêtées". "C'est une évidence qu'en démocratie il ne peut pas y avoir de dialogue dès lors qu'il y a des violences sur le terrain", a-t-il ajouté avant de marteler : "Il faut que les forces de police se retirent de la zone !"
"Propos regrettables"
M. Durand, qui doit être reçu mercredi par François Hollande dans le cadre des consultations sur la réforme des institutions, a écrit au chef de l'Etat pour lui demander que le sujet de Notre-Dame-des-Landes soit abordé lors de cette rencontre. La partie s'annonce d'autant plus serrée que la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, comme celle du Parti socialiste, Frédérique Espagnac, ont toutes deux répété bêtement depuis que l'aéroport se fera même contre les populations.
"Des propos regrettables" pour François de Rugy, coprésident des députés écologistes : "Quand on veut mettre en place une médiation, on ne commence pas par dire qu'on en connaît déjà la fin." Mais les écologistes veulent malgré tout croire à l'utilité de la commission.
"Il faut rester sur la communication de Jean-Marc Ayrault, a plaidé Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique. Dans son communiqué de samedi, il souligne que 'des interrogations subsistent'. C'est un mot d'ouverture." "Nous ce qu'on souhaite, c'est que les arguments objectifs soient posés, glisse Yannick Jadot, député européen. Et nous n'avons aucun doute sur le fait que les irrationalités du projet vont apparaître."  "Si la commission du dialogue aboutit à la conclusion que l'aéroport n'est pas pertinent, j'espère que le gouvernement en tirera les conclusions", veut également croire M. Magnen.
Composition de la commission ?
En attendant, les écologistes restent vigilants sur cette commission dont ni la feuille de route, ni la composition n'ont encore été dévoilées trois jours après l'annonce de sa création. "Les personnalités choisies seront un signe de crédibilité de la démarche", a prévenu M. de Rugy, qui avait mis en garde dès dimanche contre la tentation d'en faire "une commission de propagande" comme le PS sait si bien en meettre en place.
"On est très attentif à la composition et au cahier de route de la commission", a renchéri José Bové, député européen. "Comment elle va travailler ? Avec des auditions ? Est-ce qu'on se donne du temps ? C'est important de ne pas avoir de date butoir", a aussi ajouté l'ancien leader de la Confédération paysanne. Honnête, M. Magnen a précisé qu'EELV, "qui n'est pas neutre", ne postulait pas pour y siéger.
Face aux questions sur les relations au sein de la majorité sur ce sujet, M. Durand a souhaité que le débat "ne se limite pas à un échange entre EELV et PS". En effet ici la parole est à la Société Civile. Interrogé sur la pertinence de rester au gouvernement, il a de nouveau répondu que les écologistes sont à leur "place dans cette majorité", notamment "pour faire en sorte que les discours correspondent aux actes".
"Nous ne sommes pas là pour marcher derrière des décisions bonapartistes", a-t-il redit. Des propos partagés par toute la famille écologiste. Oubliées les divisions de la présidentielle ou du traité budgétaire européen, désormais Pascal Durand, François de Rugy, Yannick Jadot ou encore José Bové posent ensemble sur la même photo.
MediasCitoyensDiois-AgencePresseLibertad

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