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lundi 18 novembre 2013

Lire les auteures du Diois : Elisabeth Chabuel



Elisabeth Chabuel
Poète, dramaturge, plasticienne et traductrice de littérature albanaise.
Élisabeth Chabuel écrit régulièrement sous la forme de performance en partenariat avec des plasticiens, musiciens, vidéastes.
Elle écrit notamment 7 44 - Performance poétique réalisée en 2004, publiée chez K éditions en 2008 – texte mis en scène par l’INFINI DEHORS/Théâtre en 2008 et participe en temps qu’auteure au travail collectif mené autour de la légende de la Belle Justine.
Elle est dramaturge associée à la compagnie de théâtre des Mangeurs d’Étoiles à Grenoble, pour laquelle elle écrit plusieurs pièces de théâtre.
Élisabeth Chabuel a notamment écrit :
Théâtre :
- La foire aux voyageurs : Mise en scène de Tristan Dubois/ création à l’Heure Bleue – Saint Martin d’Hères 2012
- Aux pieds de nos murs : (Déambulation artistique)
Mise en scène de Tristan Dubois/ création à la Villeneuve – Grenoble 2006 Festival ’Quartiers libres’
- Antigone(s) (Théâtre -Texte dramatique)
Mise en scène de Tristan Dubois/ création au Théâtre de Poche-Grenoble, 2004
- Notes de Pétersbourg :(Théâtre-Adaptation libre des Nouvelles de Nicolas Gogol). Mise en scène de Nicolas Favre/ création au Théâtre du Gymnase- Marseille, 2002
Poésie :
7 44 (Poésie dramatique)
Lectures théâtralisées, mise en espace Natacha Dubois Tour de Purgnon – Die 2004
- K éditions ;  Rochechinard, Vercors 2008
Avec le concours de La Région Rhône-Alpes
- Intime violence
(Poésie) ; Avec des empreintes d’Elisabeth Bard
Édition Anne-Laure H- Blanc La Petite Fabrique
38760 Varces 2009
- Louve ; (Poésie) Avec des estampes de Cécile Beaupère
Édition Anne-Laure H-Blanc La Petite Fabrique
38760 Varces 2012
Par ailleurs, elle traduit de la littérature de langue albanaise
Traductions :
- Petite saga carcérale (roman) de Besnik Mustafaj, Actes Sud, 1994
- Terre sans continent (poésie) de Preç Zogaj, l’Esprit des Péninsules, 1995
- Le tambour de papier (roman) de Besnik Mustafaj, Actes Sud, 1996
-  Doruntine Fille-soeur (théâtre) de Besnik Mustafaj, Actes Sud, 1997
- Le vide (roman) de Besnik Mustafaj, coll. Grandes traductions, Albin Michel, 1999
- Leka un enfant partisan (roman) de Mehmet Myftiu, Noir sur Blanc, 1999
- Le gardien de chevaux (récit) de Musa Jupolli, Michalon, 2001
- Il est temps (poésie) de Din Mehmeti, Coll. Poésie Buchet Chastel, 2006
Elle lira son dernier livre "Louve", qui est une commande pour un film sur le Vercors.
Récital-concert
Récital concert
texte : Élisabeth Chabuel
voix :Natacha Dubois et Laura Lantez
Guitare électrique : Clément Combes
7 44 est publié par K éditions en mai 2008, avec l’aide de la Région Rhône-Alpes trouver le livre via la librairie le Sphinx
Dossier de 744 (PDF)
Le texte, une performance d’écriture : 7 44
« Au printemps 2004, alors qu’on parlait un peu partout de célébrer le 60ème anniversaire des événements de 1944 dans le Vercors, je propose d’effectuer une performance à la librairie Mosaïque à Die. J’ai dit aux libraires que je voulais faire une écriture quotidienne, que du 1er au 31 juillet, je voulais venir chaque matin afficher un texte que j’aurais écrit la veille.
J’ai un fort lien affectif avec le Vercors, tout particulièrement avec Vassieux, le village natal de ma mère. C’est l’endroit où elle a passé son enfance. Et c’est l’endroit où ensuite, en compagnie de mon grand-père, mon oncle, ma tante, mes cousins et leurs amis, j’ai moi aussi passé toutes les vacances de mon enfance. La forêt, la campagne étaient pleines de mystères. Il y avait un univers étrange, un univers peuplé de présences, entre autre lié à des esquisses d’histoires que m’avait racontées ma mère à propos des événements de 44 qu’elle y avait vécus. Elle me racontait à demi-mot ses petites choses d’enfant : sa paire de souliers neufs brûlée avec la maison. Un jour où après la pluie, ils s’étaient hasardés à rentrer pour se changer, et parce qu’elle avait rechaussé ses vieux souliers avant de repartir. Ou également sa poupée, fourrée dans un baluchon de linge que sa mère avait eu la présence d’esprit de jeter dans un champs à quelques pas de la maison. La maison a brûlé et c’est tout qui est resté, ce baluchon...
Elle m’a raconté des petites choses concrètes, des fragments tout en désordre. Et puis j’ai grandi et on n’a plus parlé de rien...
Au printemps 1999, pendant la guerre du Kosovo, au moment des bombardements de l’Otan, un jour à table devant l’exode des Albanais à la télévision, ma mère a subitement redit un mot pour évoquer qu’elle avait vécu un peu ça à Vassieux en juillet 44. Elle voulait comparer les événements. Pour moi ça a été une sorte de choc.
Ce mot de ma mère déclenche en moi ce début de quête que je concrétise en juillet 2004 par la performance 7 44. Je voulais retrouver ce que m’avait raconté ma mère pendant mon enfance, sur un événement vécu de son enfance, et tenter, au fur et à mesure, d’en restituer quelque chose, dans une sorte de processus ouvert.
Je suis partie sur le souvenir suivant : la famille a dû quitter sa maison, pour se cacher dans les bois. Je voulais me représenter leur survie, sachant qu’ils se sentaient traqués, donc perpétuellement sous l’emprise de la peur.
Après quelques essais, j’ai choisi d’écrire : « J’entends l’histoire » et dans cette voix (ma voix) qui dit : « j’entends l’histoire » se feraient entendre les voix de mes quatre personnages : L’enfant, La mère, Le père, et Les parents les amis. J’avais moi-même fixé mes contraintes : que chaque texte quotidien ne fasse pas plus d’une page, que chaque page soit à la fois indépendante, car des lecteurs pourraient ne venir qu’une fois, et à la fois s’inscrire dans la continuité, car d’autres lecteurs allaient sans doute revenir chaque jour. Une fois la page exposée, le texte serait comme scellé. J’ai donc écrit le premier texte le 30 juin, pour l’afficher le 1er juillet et ainsi de suite jusqu’au 31, tous les jours ouvrables de la librairie. Chaque jour, j’ai collé ma page du jour, sur la page du jour précédent. »
Élisabeth Chabuel

Note sur le choix d’un récital-concert :
« 7 44 est un travail sur la mémoire, le passage de cette mémoire. Les souvenirs surgissent et disparaissent. Dire l’impossibilité de... et puis dire que tout à coup, nécessité de dire.
Parler de la guerre, mais parler de la survie humaine.
« Comment nous avons survécu ? » raconte l’enfant devenue mère à sa fille.
Et la fille écrit.
Une génération plus loin encore, nous, orateurs de nouveau (deux voix qui lisent et une guitare électrique), petits-enfants de l’enfant qui raconte ces souvenirs, nous, devenus conteurs, cherchons comment dire une fois encore. Quoi faire de ces souvenirs devenus mots.
Proposer une lecture musicale de ces bribes de souvenirs reconstruits, permet à celui qui écoute d’être de nouveau celui à qui l’on raconte. Retransmettre. Donner de nouveau l’oralité à ces souvenirs. Passer les mots de bouches à oreilles. Deux comédiennes, et puis un musicien pour plonger dans le passé, comment avons-nous survécu, nous humanité ? Et entendre l’écho comment survivrons-nous ? Cette lecture et l’univers musical que nous avons créés emportent le spectateur dans une sorte de voyage initiatique à la manière du Dead Man de Jim Jarmuch.
« Où sommes-nous ? où allons-nous ? Est-ce la vie ? la mort ? »
Le texte est écrit comme un journal, chaque page/ un jour/ une date/ un texte qui enlève un peu la poussière sur le souvenir/ la nuit qui saupoudre quelques grains d’amnésie/ et la parole toujours découvre un peu plus le souvenir/ le groupe : « La mère L’enfant Les parents les amis Le père » ont avancé un peu encore, se sont enfoncés un peu plus loin dans les bois du maquis. »
Natacha Dubois
Extrait de 7 44
Jeudi 1er juillet
J’entends l’histoire
L’enfant
Dormir dans l’abri La maison La clairière
La main serrée La main dans la main de maman Serrée la main de maman
Et la tête posée sur son ventre
J’entends l’histoire
L’enfant
J’entends l’enfant
Tête posée sur le ventre de la mère
L’enfant : Peux pas dormir Maman
Pas dans ces feuilles Pas dormir dans ces feuilles
La Mère : Dors petite Dors
La main serrée La main dans la main de maman
Serrée la main de maman
Peux pas !
Alors compte Petite Compte avec moi
Les moutons sous les pétards
Compte petite
Mouton zéro Mouton un Mouton deux
Dehors Nuit Claire comme le jour Nuit dehors
Des fusées griffent le ciel On dirait du sang
Sur les nuages Du sang
On dirait du sang sur les nuages
Mouton trois
Et papa court Papa court sous les pétards Les fusées
Mouton quatre
Traverse les bois Traverse les prés Traverse les seigles Papa court
La nuit comme en plein jour
Papa court
Mouton cinq Mouton six
Rejoindre la nuit comme en plein jour la maison là-bas notre maison quittée
Mouton sept
Papa court
Prendre quelques victuailles
Papa court sous les pétards
Les fusées avec son sac
La main serrée La main dans la main de maman
Serrée la main de maman
Peux pas !
J’entends l’histoire
L’enfant
J’entends l’enfant
Tête posée sur le ventre de la mère
Écriture inspirée d’histoires racontées par ma mère enfant à Vassieux en Vercors en juillet 1944

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