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mercredi 22 février 2012

Et si Sarkozy , lui même n' en voulait pas ?

Un appel : délivrons Nicolas Sarkozy
Ce «chuis candidat», lâché sur le plateau de la chaîne de l’ami Bouygues ; cette affiche bizarroïde qui ressemble à une campagne de recrutement de stewards d’Air France, avec une photo de la mer prise… en Grèce ; ce début de campagne sans message, sans ressort, sans plaisir, ce numéro devant les caméras avec un traiteur de luxe d’Annecy, opportunément anti-35 heures, qui pue le trafiqué ; ces piques émoussées contre Hollande, qui ne dépassent pas le minimum syndical : observant les premières heures de campagne de Sarkozy, comment se défaire de l’impression d’une campagne sans désir, sans enthousiasme, en un mot, bâclée ? Il est temps de dévoiler la vérité. De source bien informée (le cousin d’un visiteur du soir de l’Elysée, témoignage aussitôt croisé avec la conseillère multimédia d’un ministre du tout premier cercle), la chronique Médiatiques est en mesure de vous révéler un des secrets les mieux gardés de la République : Sarkozy ne souhaite pas être réélu. Cette perspective l’épouvante.
Seule cette hypothèse explique de nombreux phénomènes apparemment surnaturels de ce début d’année. La surréaliste annonce d’une hausse de la TVA, à quatre mois de l’élection. La confondante exhibition télévisée en caniche de Merkel, ressuscitant la cauchemardesque créature de synthèse Merkozy, alors que le sort des Grecs commence même à émouvoir les plus endurcis. Le choix du cadre le plus conformiste possible (le 20 heures de Laurence Ferrari) pour la déclaration de candidature, après avoir laissé murmurer par l’entourage qu’on allait opter pour une mise en scène inédite. (Une gendarmerie ? Une usine photovoltaïque ? Un chantier dans la région parisienne ?). La première visite de candidat réservée à une fromagerie de Haute-Savoie («Pourquoi pas une fromagerie ?», demandera-t-on. A quoi l’on pourrait répondre : «Mais pourquoi une fromagerie ?») Et jusqu’à ces annonces de référendums incompréhensibles, si éloignées des préoccupations des gens. Incompréhensibles ? Pas totalement. On n’y a compris qu’une chose : qu’ils visent les immigrés et les chômeurs, alors que des millions de citoyens comptent dans leur famille au moins un chômeur, et que tous les sondages, chèrement payés, indiquent que l’immigration a rétrogradé dans les profondeurs du classement des peurs récurrentes de l’électeur, y compris de droite. Non, décidément, si Sarkozy souhaitait être écrabouillé, il ne s’y prendrait pas autrement. Le drame du président sortant, c’est que ce secret est évidemment inavouable. Si Sarkozy pouvait se contenter de ne pas se représenter, tout serait simple. Mais non. Sous la Ve République, le monarque ne sort de son palais que les pieds devant, ou presque (en phase de cancer terminal, ou bien sourd et diminué).
Sarkozy dérogerait-il à cette tradition républicaine, qu’il serait aussitôt harcelé de questions intrusives par des inquisiteurs enhardis. Si vraiment il a perdu la motivation, pourquoi ne l’a-t-il pas avoué plus tôt ? Quand exactement cette démotivation intime s’est-elle révélée à lui comme une évidence ? Et n’eût-il pas été plus honnête, dans ces conditions, de démissionner tout de suite ? On lui consacrerait des thèses de psychologie. Il laisserait peut-être son nom à un syndrome, que les générations futures risqueraient confondre avec celui de Kaposi. Toutes perspectives éprouvantes, qui l’obligeraient à une introspection à laquelle, logiquement, il s’est toujours refusé.
En vérité, cet homme sait bien qu’il vaut infiniment mieux que le destin de chef d’Etat, auquel un engrenage fatal l’a assigné. Il n’aspire qu’à une chose : reprendre une activité d’avocat d’affaires aux barreaux de Paris et de New York, comme tout le monde (enfin, tous ceux qui échappent au sort des minables qui se contentent de 5 000 euros par mois, comme disait Copé) en vendant son carnet d’adresses à un taux horaire équivalent au salaire mensuel d’un membre du G20 lambda.
Mais il est prisonnier. Il est condamné à tout faire comme s’il désirait vraiment être réélu. Sa stratégie, extrêmement délicate, va donc consister à mimer le désir de réélection, tout en faisant tout pour être battu, si possible de justesse (une humiliation trop cuisante serait préjudiciable à sa future carrière). C’est de l’orfèvrerie. Electrices, électeurs, cet homme est à bout. Il a réalisé l’ampleur du malentendu entre son destin et lui. Ne soyons pas inhumains. La rancune est mauvaise conseillère. Quels que soient nos griefs, montrons-nous magnanimes, délivrons Sarkozy !
DANIEL SCHNEIDERMANN

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