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vendredi 16 mars 2012

Après la Chaine Humaine contre le nucléaire de ce dimanche...(6)


La tentation du départ pour commencer
La menace radioactive pousse certains à chercher refuge hors du Japon. Un pasteur de la préfecture de Fukushima, Nagato Tsuboi, se serait rendu en Corée du Sud avec pour objectif, selon des responsables locaux cités par l'AFP, de "trouver des terres similaires à celles du département de Fukushima". Il aimerait les acheter et y installer plusieurs dizaines d'habitants des zones contaminées désireux de vivre dans une région sûre, où les enfants pourraient grandir sans la crainte des radiations.
Ses pérégrinations l'auraient conduit dans le comté de Jangsu, dans la province rurale de Jeolla-Nord, connue pour la qualité de ses rizières, et sur l'île de Jeju. Il y aurait trouvé de quoi satisfaire une population d'agriculteurs qui s'est vu interdire de cultiver du riz en 2011 et en 2012 et qui ne sait pas si elle pourra reprendre un jour son activité.(photo: Manif antinucléaire au Japon)
Quelque peu extrême, la démarche reflète pourtant un sentiment largement partagé dans la population de Fukushima. Pour les habitants de cette région relativement pauvre, l'avenir semble bien sombre et porteur d'un risque sanitaire que les kilomètres pourraient sinon supprimer, du moins atténuer.
Hiroshi Tamura, de la chambre de commerce et d'industrie de Haranomachi, explique : "Par crainte des radiations, j'ai envoyé ma femme et mes deux enfants habiter à Sendai (à 70 km au nord)." La municipalité de Sendai prend en charge le loyer des réfugiés jusqu'en mai 2013.
Beaucoup d'habitants de la préfecture de Fukushima font de même, ou souhaiteraient pouvoir le faire. "J'aimerais bien partir, mais à cause de mon commerce je suis coincée", regrette une jeune femme qui tient un hôtel dans la ville de Fukushima. D'autres n'en ont simplement pas les moyens ou ne trouvent pas de logement dans les villes voisines, aujourd'hui saturées.
Ainsi cette mère de famille habitant les logements provisoires de Minamisoma, inquiète pour l'avenir de ses enfants : "Ma fille est collégienne. J'espère qu'elle ne subira pas de discriminations comme ce fut le cas pour les irradiés d'Hiroshima, qu'elle pourra se marier un jour et qu'elle aura des enfants." Satoru Iioka, consul honoraire de France à Sendai et dirigeant d'une école, note que "beaucoup d'étudiants de Fukushima souhaitent venir à Sendai".
Pour tenter de limiter cet exode, Norio Kanno, maire du village d'Iitate, évacué car il se trouvait sur la route du nuage radioactif dégagé par la centrale dans les premiers jours de la crise, a tout fait pour que les 6 000 habitants ne s'éloignent pas à plus d'une heure de voiture pour pouvoir revenir de temps en temps. "La plupart des personnes âgées sont prêtes à revenir, reconnaît-il, mais les jeunes, eux, veulent partir."
Beaucoup refont leur vie à Tokyo ou, plus près, dans les préfectures voisines de Yamagata ou de Miyagi. Et plus le temps passe et plus Fukushima se vide, inexorablement. Depuis mars 2011, a calculé le gouvernement, la région a déjà perdu 43 600 de ses quelque deux millions habitants.
Le Japon commémore le premier anniversaire de la catastrophe du 11 mars (Photo2 : Chaine Humaine à Cruas-La Coucourde avec Philippe Mérieu)
C'est un Japon triste et recueilli qui a commémoré le premier anniversaire du tremblement de terre, du tsunami et de l'accident nucléaire du 11 mars 2011. Après une nuit ayant vu la tour de Tokyo afficher un message vantant la force du kizuna" — mot qui signifie "le lien" et qui fut choisit comme mot de l'année 2011 —, l'archipel a observé ce dimanche une minute de silence à la mémoire des 15 854 morts et 3 155 disparus de la catastrophe ( estimation officielle actuelle de l’ Etat, mais le bilan serait du double selon les associations et la presse).
A Tokyo, une cérémonie s'est déroulée en présence du premier ministre Yoshihiko Noda et de l'empereur Akihito, pourtant convalescent après une opération du cœur le 18 février. Sobre, elle n'a duré qu'une heure. Devant 1 200 personnes réunies pour l'occasion et après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes et fait part de son "profond chagrin" à la pensée des vies perdues et des existences brisées, M. Noda a pris trois engagements.
Il s'est engagé à une reconstruction "sans délai" des zones sinistrées, notamment du département de Fukushima, où "la lutte pour résoudre la crise nucléaire se poursuit". M. Noda veut également transmettre aux générations futures "les leçons et réflexions tirées de cette catastrophe". Et puis le premier ministre a promis de ne jamais oublier "l'esprit d'entraide" qui s'est manifesté au moment du drame et qui devrait se poursuivre.
MANIFESTATION CONTRE LE NUCLÉAIRE
Dans le parc de Hibiya, au cœur de la capitale, des milliers de personnes ont participé à un grand rassemblement, intitulé "Peace on Earth". Il fut ponctué de débats sur l'avenir du nucléaire et les problèmes d'information, entre plusieurs intervenants comme Ryuichi Sakamoto, musicien du groupe YMO. Le philosophe anthropologue Shinichi Nakazawa a lui officiellement lancé Green Active, un mouvement écologiste destiné à engager une action politique, voire à présenter des candidats à des élections. "Nous voulons réveiller l'intérêt des jeunes pour la politique, a déclaré au Monde M. Nakazawa, engager des réflexions sur la redynamisation des économies locales et lutter contre la volonté du gouvernement Noda de redémarrer les centrales nucléaires."
En marge de cet événement, une importante manifestation contre le nucléaire était organisée près du siège de la Compagnie d'électricité de Tokyo (Tepco), propriétaire et opérateur de la centrale de Fukushima et très critiquée pour sa manière de gérer la crise. Malgré l'important dispositif policier et quelques contre-manifestants de l'extrême-droite, le défilé a réuni des milliers de personnes.
(Photo : Manifestation anti-nucléaire devant le siège de Tepco, le 11 mars 2012.REUTERS/STRINGER)
Le président de Tepco Toshio Nishizawa était ce 11 mars à la centrale endommagée. Dans un communiqué, il a une nouvelle fois présenté les excuses de son groupe et promis qu'il allait "intensifier les efforts pour le bien des personnes affectées et pour fournir les dédommagements qui leur sont dus dans les meilleurs délais". Une remarque qui rappelle que l'entreprise a conçu un système de dédommagements jugé complexe, avec une grande quantité de documents à remplir par les victimes. Près de la moitié d'entre elles avouent ne pas avoir le courage de le faire en raison de la complexité de la démarche.
L'HIVER S'ÉTERNISE
Dans la région du Tohoku (le nord-est du Japon), où l'hiver s'éternise — ce qui rend plus difficile la vie des quelque 340 000 réfugiés qui vivent dans des logements provisoires — chaque communauté meurtrie a honoré ses disparus. A Ishinomaki, dans le département de Miyagi, comme dans la plupart des villes dévastées, des services de bus ont été organisés pour amener les réfugiés sur le lieux de la cérémonie. Non loin de là, à Kesennuma, une chaîne humaine s'est formée le long de la rivière Okawa et à Rikuzentakata, dans le département d'Iwate, des dizaines de personnes sont venues prier sous une neige légère au pied de l'unique pin, sur 70 000 plantés le long du littoral, ayant résisté au tsunami. Agé de 270 ans, il est aujourd'hui un symbole de la reconstruction.
A Minamisoma, dans le département de Fukushima et à une vingtaine de kilomètres au nord de la centrale endommagée, une flamme du souvenir a été allumée devant la mairie. Plus au sud, à Iwaki, les gens se sont rassemblés sur la plage, face à cet océan Pacifique devenu le temps d'un séisme de magnitude rare, une force destructrice d'une ampleur exceptionnelle.
Philippe Messmer
FUKUSHIMA – L’évacuation de Tokyo aurait été envisagée
Selon une enquête indépendante, révélée lundi 27 février par le New York Times,  les autorités japonaises auraient secrètement envisagé d'évacuer les 35 millions d'habitants de l'agglomération de Tokyo au moment où elles craignaient de perdre le contrôle de la centrale de Fukushima. La Rebuild Japan Initiative Foundation, une commission indépendante composée de trente professeurs d'université, de journalistes et de juristes a enquêté pendant six mois sur la réaction des autorités japonaises au moment de la crise nucléaire.
L'étude révèle que pendant plusieurs jours le gouvernement n'avait plus d'informations sur l'état des dangereuses piscines de refroidissement du réacteur n° 4. Comme le souligne, Yuka Hayashi, dans un article du Wall Sreet Journal, cela montre surtout que malgré le calme affiché pour rassurer la population mondiale, le gouvernement japonais, envisageant le pire, a paniqué. Poussant le scénario catastrophe jusqu'au bout, il a envisagé rien de moins que la destruction de la ville. Yukio Edano, qui était porte-parole du gouvernement au moment de l'accident consécutif au tremblement de terre et au tsunami du 11 mars 2011, a déclaré aux enquêteurs : "J'ai pensé à un scénario diabolique" où les réacteurs nucléaires auraient explosé les uns après les autres. "Si ça arrive, Tokyo est fini", a-t-il dit avoir pensé.
La préfecture de Tokyo compte 13 millions d'habitants. En y ajoutant la population des trois préfectures voisines, qui constituent le "grand Tokyo", la mégapole compte 35 millions d'habitants, la plus importante agglomération urbaine du monde. Ces 35 millions de personnes sont contaminées.

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