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vendredi 9 mars 2012

Patrick Viveret à Die : Précipiter une vision transformatrice....


Intervention de Patrick Viveret (Deuxième partie, nous publierons plus tard la suite et celle de Annabel Bonnefous et Didier Jouve)
Vivre le REV : Résistance Créative, Expérimentation sociale, et Vision transformatrice… à Die ce lundi 06 Février 2012.
Sortir du mur ? Avec Patrick Viveret et le public nombreux et chaleureux des Rencontres de l’Ecologie (+/- 300 personnes).
Durant cette dernière soirée des actions collectives des Rencontres de l’Ecologie, Patrick Viveret, auteur de « Reconsidérer la richesse » et « Pourquoi cela ne va pas plus mal », a développé de nombreux sujets concernant les actions collectives, leur évolution dans le temps, les registres affectifs, intellectuels et signifiants qui les traversent.
Tandis qu'actuellement de nombreuses dynamiques collectives se développent dans une perspective de changements sociaux et politiques mondiaux, une conscience émerge sur la nécessité de travailler en interne, au sein même des groupes, sur la qualité démocratique, l'élaboration des relations, la coopération, etc...
Cette introduction permet à tous d'entrer dans le vif du sujet de la soirée : Quelles organisations collectives ? Comment transformer les questions de domination ? Comment éviter les pièges de la captation du pouvoir et du sens ?
Quelles expériences, outils, connaissances peuvent nous permettre de développer ce que Patrick Viveret appellera la résistance créatrice, l’expérimentation transformatrice, la Vision émancipatrice, la construction des conflits, la joie de vivre, la radicalité, etc...
Les points introduits pour le débat ultérieur :
Les problèmes du leadership et la peur de se faire déposséder, les rivalités.
La question de l'obéissance à des ordres, ou le fait de ne rien faire, peut être rassurant. L'adhésion à une autorité, la perte de conscience individuelle.
1ÈRE IDÉE. Les échecs et difficultés des mouvements transformateurs : n’est pas venu de la force des systèmes qu’ils combattaient, du capitalisme, etc. mais de leur propre difficulté à faire de leur énergie transformatrice une énergie collective. Exemples (l'histoire du mouvement ouvrier : la capacité du côté de la résistance et du côté des logiques défensives extraordinairement forte — et quand ça passe au positif, échec. Les logiques de possession, les logiques de rivalité, les logiques de dépression. Nos responsabilités.
2ÈME IDÉE. Une phrases clefs : « il faut remettre l’humain au centre ». Cela ne va pas de soi. L'humain, c'est aussi la St Barthélemy, Hiroshima, le Rwanda, Auschwitz, etc. Travailler sur la question de l’ambivalence que nous avons comme être humain est un élément fondamental. Voir les problèmes à l'extérieur ne suffit pas. Analyser ce qui vient de l’intérieur, et la façon dont nous nous traitons nous-mêmes, dont nous travaillons sur notre propre ambivalence.
Les relations humaines, le vivre ensemble, plus dur que les relations aux choses. La chosification, la déshumanisation, solution de facilité.
L’économisme permet de passer du gouvernement des hommes à l’administration des choses.
3ÈME IDÉE. Le logiciel égo-compétitif et la logiciel alter-coopératif. Passer de l'un à l'autre, dans nos propres histoires personnelles et collectives. L'être humain, un prématuré. Insécurité. Met du temps à devenir autonome. Vulnérabalité physique et psychique. Des mendiants de l'amour. L’autre comme objet de dépendance. L'amour, la porneia, la pornocratie. Rapport d’absorption possessif à autrui (comme un nourrisson envers sa mère). La plupart des problèmes inter-humains sont des problèmes de porneia. Porneia individuelle et porneia collective. Le capitalisme, une forme de pornocratie dans les rapports à la richesse.
Passer du logiciel égo-compétitif au logiciel alter-coopératif, c’est un chemin, qui ne va pas de soi. Et c’est un chemin où nous avons besoin d’entraide.
Vous pouvez très bien, fusse dans un mouvement hyperalternatif, avoir des logiciels égo-compétitifs qui fonctionnent à mort.
4'ÈME IDÉE. Pour passer d’un système à l’autre, changer de système de rémunération et de gratification. Changement de posture. Rapport de coopération, de création et qui génère de l’abondance, un autre système de rémunération.
La question de la joie de vivre. Passer d’un système qui est fondé sur le couple excitation/dépression à un autre rapport qui est fondé sur le couple intensité/sérénité. Excitation, perte, gagnants, perdants, déceptions, frustration...
Coopération. Autrui devient un compagnon de route. L’intensité de ma vie change mon rapport à autrui. Cette intensité, au lieu de la vivre sous la forme d’une excitation qui me décentre en permanence, je peux la vivre complètement dans une qualité de sérénité.
Enjeu politique. Dérèglements actuels à l’origine de cette fameuse crise : le couple excitation / dépression. Marchés financiers, Wall Street : l’euphorie ou la panique. L’exubérance irrationnelle des marchés financiers. Couple exubérance irrationnelle / dépression et psychose maniaco-dépressive.
5'ÈME IDÉE. Dans les mouvements transformateurs actuels, on pense simultanément, et non pas contradictoirement, les enjeux de transformation personnelle et les enjeux de transformation sociale.
1ère série de questions
Q : Ou situes-tu la question des rapports de force ?
Q : Le leadership dans le milieu associatif et collectif. Différence entre les situations simples et complexes. Les questions de répartition.
Q : La dichotomie entre ce qu’il s’est passé dans les années 1970 entre le mouvement hippie (qui était pour une transformation de soi) et le mouvement politique, par exemple pro maoïste ou autre, qui était pour la transformation du monde. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, on essaye de retrouver une adéquation entre ces deux tendances ?
Q : Un problème : le refus de la majorité des gens de prendre des responsabilités à partir du moment où il y a exposition publique. Une minorité se retrouve alors responsable. La question de la prise de responsabilité collective.
RÉPONSES DE PATRICK VIVERET :
La logique guerrière et la décharge de l'agressivité.
L'ambivalence, l'ennemi extérieur, "c'est la faute de".
Les dynamiques de force plutôt que "rapport de force"
Les mouvements transformateurs et la qualité démocratique "à l'intérieur".
Résistance créatrice et transformation créatrice. La force de vie et les qualités relationnelles.
La captation du pouvoir à l'intérieur des mouvements. Le travail nécessaire sur cette question.
L'expérimentation et l'auto-organisation.
Clivage entre mouvements transformateurs de soi-même et mouvements de transformation sur le plan politique et social. Barbarie extérieure et barbarie intérieure.
Le changement de posture de vie. Le couple transformation personnelle / transformation sociale.
2ème série de questions
Q : Comment fait-on pour passer du niveau local au niveau global ?
Q : Deux mots : la spontanéité de certaines personnes et l’opportunisme des autres. Des réactions spontanées, de l’apport, de la générosité de certaines personnes et l’opportunité des autres.
Q : Comment, au niveau d'une petite structure, traiter en même temps l’intérieur et l’extérieur ? On ne peut pas demander à tous les membres d’une association de faire un travail personnel. Est-ce qu’il existe des outils pour passer cet écueil là ? Tout le monde n’est pas capable de formuler clairement ce qu’il fait dans une association, quelles sont les vraies raisons ? Le décalage entre ce qui est dit, et ce qui est fait. Un groupe a beaucoup de mal à se constituer avec tous ces décalages. Concrètement, qu’est ce qu’on fait ?
RÉPONSES DE PATRICK VIVERET : L'énergie créative de la période actuelle, local / global. Les outils de reconnaissance mutuelle, la construction de dynamiques de force collectives. Les forums sociaux mondiaux. La question du "bien vivre" aussi importante que la question des "biens communs". La joie de vivre, une question politique. Les éléments d'universalité dans les groupes humains. Local, mondial et échelles intermédiaires. Ne pas chercher une "modèle unique". La peur des logiques de captation de pouvoir et
d'instrumentation. Les qualités de mutualisation, de coopération et d'échanges. La qualité démocratique. La convivialité, la qualité festive. La qualité démocratique : un outil, la méthode de construction des désaccords. La démocratie, ce n'est pas la loi du nombre, mais la qualité d'élaboration du débat.
Spontanéité / opportunisme. Attention à la simplification. Le traitement de l'ambivalence.

3 ème série de questions
Q : Je suis d’accord sur tout ce que tu viens de dire, se changer soi-même pour changer le monde. (...) Question sur la nécessité des actions radicales.
Q : Depuis le début de la soirée, il m’a semblé que vous parliez de sentiment amoureux.
Q : ok je pense sincèrement que l’autre nous nourrit et qu’on nourrit l’autre, et que l’on se nourrit aussi soi-même, et que c’est évident que quand on communique bien, et que quand on créé ensemble, c’est la joie de vivre et c’est le pied. (...) Maintenant, politiquement, ça ne règle pas le problème, et je me dis que je dois aussi m’engager politiquement et créer des rapports de force. Là où on peut faire quelque chose dans votre sens, c’est d’arrêter de ne parler que de matériel, mais aussi de parler de ce que l’on a de profond en nous, et comment l’homme doit vivre dans une société pour acquérir de la joie de vivre.
Q : Porto Allegre. Vous exposiez une situation où il y avait des désaccords assez forts qui s’exprimaient, et que une solution, c’est trouver dans la différence. Du coup, ma question ce serait quelle différence fondamentale feriez-vous entre con-différence et consensus ?
RÉPONSES DE PATRICK VIVERET : Consensus = construction d'un sens commun. Passage par le disensus. La radicalité et le trépied "résistance créatrice, vision transformatrice et expérimentation/auto-organisation. Radicalité = aller à la racine. Émancipation et radicalité de l'humanité, grandir en humanité. Penser le conflit comme alternative à la violence. Construire des conflits qui vont à la racine du problème. Les conflits créatifs se distinguent de la violence. Force de vie. L'échec de certaines tentatives de rassemblement à gauche et le logiciel "égocompétitif".
La radicalité de l'amour. La formule d’Alberoni : considérer les mouvements sociaux comme des mouvements amoureux collectifs, et considérer un rapport amoureux comme un mouvement social à deux. Les 3 phases : 1° : la magie, l'enthousiasme, la fusion... les grands mouvements, fascination. 2° : la crise, l'autre est autre, son désir n'est pas forcément conforme à mon désir, l'altérité. Difficultés, risque de séparation. 3° : "déguster la différence d'autrui", phase de l'amour proprement dit. La gradation des qualités d'amour. Passer de la porneïa à la reconnaissance de l'altérité.
Les grecs, la filia, l'eros et l'agape. Alors, l'amour est l'énergie politique par excellence, permet la conflictualité, mais à aucun moment elle ne s'autorise à envisager l'élimination de l'autre. La démocratie ? L'art de transformer des ennemis en adversaires. L'espèce humaine ne s'aime pas. La chosification. Clivage intellect/affectif, déconnection intelligence mentale et intelligence du coeur. Travailler sur la question de l'amour : cela ne va pas de soi, c'est difficile.
4ème série de questions
Q : Est-ce que la désobéissance civile peut être aussi une manière de construire des rapports de force ?
Q : Sur la thématique des indicateurs de richesse. Comment on fait pour créer de la valeur qualitative et pas quantitative. Quels sont les indicateurs de richesse, ou les pistes d’indicateurs de richesse qui peuvent être transposables dans la comptabilité nationale ?
Q : L'espoir... va-t-il se transformer ? Les années 70. J’ai envie de savoir si c’est vraiment récent cette aventure ? Parce que enfin toutes ces dimensions vont être réunis ?
Q : Le mouvement antiglobalisation ou antimondialisation, que tu appelles altermondialistes, pourquoi il s’est essouflé d’après toi ?
RÉPONSES DE PATRICK : Pas d'essoufflement, au contraire extension. Intégration de plusieurs dimensions, bien vivre, biens communs... Le travail à faire dans les mouvements collectifs sur la captation du pouvoir, problème aussi important que la captation de richesses. L'altermondialisme tient en compte les échecs passés et ce travail nécessaire. La désobéissance civile fait partie des outils. L'employer à bon escient.
Changer la fin en travaillant sur le "logiciel altercoopératif". Outils démocratiques, co-construction du sens par l'ensemble des acteurs. Altermondialisme : espace de dialogue entre civilisations. Garder le meilleur de chacun. La modernité occidentale et les droits humains, le doute méthodologique, la liberté de conscience. Les sociétés de tradition, la nature, le lien social, le sens, le bien vivre. Les indicateurs de richesse : évolution. Le réel a toujours plusieurs faces, 10 dernières années de régression et d'avancées, en même temps. Le principe d'espérance, l''improbable, la métamorphose, l'inédit. Fracture culturelle de 68, l'inédit. Devant nous et pas derrière.
Et la dernière phrase : " Plus nous nous tournerons vers de la mémoire vive, et plus nous serons en même temps capables d’une faculté d’anticipation et de création pour l’avenir."
Fin de l'intervention et du débat, applaudissements chaleureux.
Fin de la soirée, quelles suites ?
Quelques pistes locales... présentées par Claude Veyret
- La coopération entre les structures et l'ouverture d'un espace d'échanges suite à cette soirée (Entre Ecole de la Nature et des Savoirs, Les Amanins et Ecologie au Quotidien). - Une alliance entre les structures qui œuvrent pour une économie  solidaire et une relocalisation de l’épargne : Système Échange Local, Carte bancaire Biovallée, Fond solidaire des Communautés de Communes, Création d’une Monnaie Locale Complémentaire, Jardins d’Echanges Universels, Klub Terre, ex SOL, etc.
- Création d'un territoire en transition à Die et Crest voire ensemble
- Idée d'un forum social permanent à Sainte Croix en Diois.
- Création d'une assemblée populaire des associations de la Biovallée.
- Actions concrètes et rendez vous sur le territoire :
. 2 mars : Biovallée un jardin des abeilles à Eurre.
. 08 et 10 mars : Journées citoyennes et solidaires du Val de Drôme.
. 11 mars : chaîne humaine contre le nucléaire aux Tourettes de Montélimar (pour les Diois).
. 31 mars et 01 avril : Forum éco-mobilité dans la Vallée de la Drôme.
. 7 et 8 avril : Forum des Utopies à Aix les Bains.
. 22 avril : Fête de la Terre à Vercheny.
. 11 et 12 mai : Voyage en Biovallée, découverte de notre territoire.
. 13 mai : Fête de la Nature sur le canton e Luc en Diois
. 26 et 27 mai : paroles de résistance aux Glières.
. 07 juillet : Journée "Porteur d' Espoir" de la Jeunesse aux Amanins.
Merci à tout le monde, à Patrick Viveret, Annabel Bonnefous et Didier Jouve. Nous terminons ces Rencontres culturelles et citoyennes de Die 2012. Nous nous retrouverons au quotidien sur moult enjeux pendant un an. Et à l’année prochaine….

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