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lundi 20 mai 2013

Le président du Syndicat Agricole est en réalité un Agro-businessman des Nécrocarburants...



Mais qu’est-ce qu’on va faire de... Xavier Beulin ?
Si son nom ne vous dit rien, c’est sûrement que vous ne traînez pas assez vos guêtres du coté de chez les rustiques. Xavier Beulin, que certains appellent « l’émir vert », est président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) depuis fin 2010. Ce syndicat ultra majoritaire [1], chantre du productivisme et de la compétitivité, est régulièrement épinglé pour sa mainmise sur le monde agricole et sa manie de confondre manipulation de fonds publics et syndicalisme. En siégeant dans toutes les instances agricoles (sécurité sociale des agriculteurs, chambres d’agriculture, coopératives…), la FNSEA a même été pointée par le rapport Perruchot sur le financement des syndicats, qui dénonçait en 2011 « certains mécanismes de cotisations obligatoires indirectes », « les subventions déguisées » ou encore le fait que « [la FNSEA] exerce une influence sans partage sur le réseau. Dans certaines situations, il en résulte une certaine confusion des genres assez troublante ».
Breitling au poignet et costume impeccable, Xavier Beulin le jure sur la tête de sa maman : il est avant tout un paysan, n’hésitant pas à jouer de la corde sensible en affirmant qu’il a dû reprendre l’exploitation de son père à dix-sept ans : une modeste ferme céréalière d’à peine 500 hectares, dans le Loiret. Mais là où le bât blesse, c’est que le patron des agro-entrepreneurs cumule près d’une douzaine de mandats, dont celui de président de Sofiprotéol, groupe agro-industriel qui domine le secteur des huiles et protéines végétales… réalisant en 2011, 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce géant de l’agrobusiness finance, entre autres, la recherche pour les OGM, vend de la chimie verte et joue le lobbying dans les alcôves du pouvoir. Quand Xavier Beulin défend bec et ongles (manucurés) les agrocarburants, ce n’est pas par hasard : Sofiprotéol est leader européen de ces nécrocultures et a réussi à obtenir pour cette filière des exonérations fiscales qui, selon la Cour des comptes, ont rapporté 1,8 milliard d’euros entre 2005 et 2010 [2]. Vous avez dit mélange des genres ?
Cet obsédé de « la compétitivité de la filière agricole française » aime à déclarer qu’il a « mal à la France », et défend, sabre au clair, un agrobusiness décomplexé, préférant manœuvrer en coulisse que déverser des tonnes de fumier devant les sous-préfectures de région. Ainsi, lors d’une conférence de presse célébrée en pleine élection présidentielle, il se targue d’avoir rencontré plusieurs fois not’ bon Hollande en exhortant le candidat à créer un ministère où « agriculture et secteur agroalimentaire seraient intimement liés ». Quelques semaines plus tard, l’intitulé du nouveau ministère « de l’agriculture et de l’agroalimentaire » démontre à quel point Beulin a bénéficié d’une oreille attentive. Tout en clamant lors de cette même conférence de presse « qu’il faut sortir de cette vision binaire entre agriculture bio et conventionnelle, circuits courts et agroalimentaire : il faut faire place à toute la diversité de l’agriculture », le défenseur de l’agro-industrie s’alarme : « Pour les OGM, il faut dépassionner le sujet, si on refuse les OGM et les biotechnologies, on sera, à l’échelle mondiale, marginalisé ». Quelques mois plus tôt, il confiait, tout en finesse, qu’il avait « la conviction que les biotechnologies, c’est l’avenir de l’agriculture biologique. [3] »
Ce Bernard Tapie de l’agriculture n’hésite d’ailleurs jamais à se retrousser les manches pour défendre son bifteck. Ainsi, le PDG de Sodexo, tenancier de la restauration d’entreprise, après une campagne d’affichage sur l’impact écologique de la viande industrielle, s’est vu recevoir une lettre de soutien de Xavier Beulin, où ce dernier dénonce « le bras d’honneur [fait] aux efforts, au bon sens, à la tradition culinaire française [4] ». Idem lorsqu’on essaie de réglementer l’épandage de lisier et de fumier – responsable de la pollution des eaux et des algues vertes –, le big boss, sentant « l’agriculture menacée  », monte au créneau en faisant appel « au bon sens paysan [5] ». Car, comme il l’écrit lui-même, « être majoritaire, c’est une responsabilité et un devoir devant tous ; mais les attaques injustes finissent par lasser ; nous, nous préférons semer pour l’avenir [6] ». Avec des semences industrielles et brevetées, cela va de soi !
Mickael Correia
Notes
[1] Le 6 février dernier, le syndicat a encore remporté les élections aux chambres d’agriculture et fanfaronnait que « la solution a été préférée à l’illusion »
[2] Le gouvernement socialo a poursuivi les agréments d’agrocarburants et les aides fiscales qui les accompagnent jusqu’en 2015, un cadeau estimé à 54 millions d’euros pour Sofiprotéol.
[3] Libération, 15 mai 2011.
[4] Lettre à Pierre Bellon, PDG de Sodexo, 8 juin 2012.
[5] Le Monde, 16 janvier 2013.
[6] Communiqué de presse de la FNSEA, « Transparence toujours », 16 février 2012.

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