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jeudi 29 décembre 2011

Le déni écologique...mode ultra conservatrice.

Cela peut être inefficace d'écrire sur un torchon que vous n' avez pas lu...Mais mieux vaut prévenir que guérir : Bruckner entre mensonges et amalgames, manipulations et dénis fétides.
Bruckner ou le fanatisme du déni
Dans le Fanatisme de l’Apocalypse, publié cette année chez Grasset, Pascal Bruckner explique que le discours écologique transpire la peur de l’avenir et la haine de soi, contredit la nature prométhéenne de l’aventure humaine, trahit une méfiance en la science et véhicule une vision médiocre de l’existence. Ses chantres sont des pères-la-morale qui se servent de l’imprécation pour masquer leur ignorance. Ils injectent dans nos esprits le poison de la mauvaise conscience. Leur dogme est l’un des visages de l’ancestrale lutte contre l’humanisme. Habituellement, dans ce genre de réquisitoire, l’avocat général prouve les connivences de l’accusé avec l’extrême droite ou le stalinisme. Sinon, la charge reste incomplète. Page 100, on respire : «Le pétainisme est à double titre précurseur d’une certaine écologie.»
Voilà donc le procès des décroissants, des penseurs de la sobriété, des chevaliers du bio et des écolos expédié en 274 pages. Tous des Khmers. Vous voulez changer les habitudes des hédonistes qui jouissent sans entraves, tirer de «la belle insouciance des Trente Glorieuses» les heureux baby-boomers, les prendre à rebours de leurs désinvoltures ? Vous êtes un fasciste vert. Vous prétendez que les dernières décennies ont pesé sur la planète un poids dont il faut désormais s’acquitter ? Vous êtes un «commissaire politique du carbone» seulement capable de lancer les «anathèmes d’un Heidegger» (chez Pascal Bruckner c’est à cela que l’on réduit la prodigieuse conférence du philosophe allemand sur la technique).
Le monde de Bruckner est merveilleux. On y dort bien, la vie y est douce et la nature, à peine touchée, n’a pas à se plaindre. Vous imaginiez à l’instar de ce pauvre professeur E. O. Wilson qu’une sixième extinction des espèces se profilait ? N’avez-vous pas vu, répond Bruckner, ces augustes matous «par un beau jour de printemps traverser une rue du Marais à Paris» ? Vous pensiez que les mégapoles urbaines de 18 millions d’habitants provoquaient sur leur environnement une pression mortifère ? Ne savez-vous pas, plaide l’essayiste, que «certains grands hôtels à Paris utilisent les services de fauconniers qui dressent buses, aigles et éperviers» ? Tout va bien. D’ailleurs, le pourfendeur de fanatiques nous livre un message d’espoir à la fin de son livre : «Il faut parier sur le génie de l’espèce humaine» qui saura bien, un jour, «improviser de nouvelles solutions». Le monde n’est donc pas menacé. Les hommes de progrès pourront continuer longtemps à pratiquer «les sports motorisés au bord de la mer» dont les écolos veulent les priver. Le jet-ski, somptueuse conquête des gardiens de l’humanisme.
Ce livre est une stèle à la gloire de l’amalgame, un ouvrage aussi pollué par le raccourci qu’une plage de Plestin-les-Grèves par les algues vertes. Pascal Bruckner convoque au même plan la mémère à son chien et les philosophes de l’éthique animale, place à égalité le déchaînement technique et l’anthropisation des forêts par les peuples premiers et nous explique que l’incapacité des historiens à prédire l’avènement de Hitler prouve qu’on ne peut jamais rien prévoir (et surtout pas le changement climatique). L’auteur assène des interrogations aussi subtiles qu’un raisonnement de Claude Allègre (quoique mieux exprimées) : comment être contre le progrès alors que l’aspirine soigne la migraine ? Comment établir un «pacte de courtoisie» avec les éléments alors qu’il y a des tsunamis ?
Le Fanatisme de l’Apocalypse aurait constitué un brillant pamphlet s’il avait paru sur une planète en santé. L’argumentation s’apparenterait à un décryptage de la manipulation des peurs, telles que Delumeau l’analyse au Moyen Age. L’ennui est que, contrairement à l’an mille où nul danger global ne pointait, il y a péril en la demeure. La totalité des scientifiques le dit, moins quelques esprits forts qui masquent derrière la publicité du révisionnisme climatique l’indigence de leurs travaux. Pascal Bruckner s’opiniâtre pourtant à proclamer que le discours écologique relève de l’obsession, de ce besoin d’inventer une menace afin de justifier une doctrine coercitive.
Tout le monde s’accorde à ne pas trouver toujours très sexy les décroissants en pull de chanvre nourris au tapioca bio. Mais l’esthétisme ne justifie pas le déni. Refuser de considérer les mutations du monde, regretter sa jeunesse insouciante, s’inquiéter de l’émergence d’une nouvelle conscience collective et juger grotesques les préoccupations de ses contemporains, est le signe de quelque chose : c’est que l’on commence à vieillir.
SYLVAIN TESSON
(Photo : Amoco Cadiz : la pire catastrophe écologique de l'histoire
Le 16 mars 1978, le supertanker « Amoco Cadiz », affrété par la compagnie américaine Amoco Transport, s'échoue aux larges des côtes bretonnes (en face du village de Portsall, dans le Finistère) : 220 000 tonnes de pétrole se répandent sur près de 400 kilomètres. Cet accident est encore considéré aujourd'hui comme la plus grave catastrophe écologique de l'histoire).

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