Information Participative

Médias Citoyens Diois continu !

Retrouvez-nous sur notre nouveau site :

http://mediascitoyens-diois.info

mardi 8 novembre 2011

Die 26150: "De bon matin" ce soir au cinéma Le Pestel...


« De bon matin », Jean-Pierre Darroussin fait sauter la banque
Dans « De bon matin », Jean-Marc Moutout met en scène un banquier laminé par son job et la logique ultra-libérale. Résultat : un film brutalement contemporain, incarné de main de maître par Jean-Pierre Darroussin. Puissant.
Non, le cinéma français n'est pas voué aux remakes besogneux, à compter ses petits boutons, à mener de pitoyables « Guerre... » et à respecter les us et coutumes du formatage.
Une semaine après « Les Hommes libres » d'Ismaël Ferroukhi et trois avant « L'Exercice de l'état », le passionnant précipité politique signé Pierre Schoeller, « De bon matin » (sortie ce 5 octobre) prouve qu'un certain cinéma français s'agite pour le meilleur.
Banquier de son (triste) état
Il s'appelle Paul Wertret, affiche la cinquantaine et, en guise de signes extérieurs de (relative) richesse, vit avec femme et enfants dans un pavillon nickel de (bonne) banlieue.
Cadre depuis des lustres au sein de la Banque internationale de commerce et de financement (sic), Paul s'apprête, un lundi matin a priori comme les autres, à rejoindre son bureau.
Une fois sur place, l'homme ouvre son attaché-case, sort un flingue et descend froidement deux types : ses supérieurs.
Panique dans la banque. Paul se cloître dans un bureau et attend. Attend quoi ? La fin du film le dira. Pas nous.
Dans le viseur
Passé ce sympathique prologue, « De bon matin » déroule le flash-back et donne à voir comment Paul Wertret, le banquier si compétent, en est venu à accomplir l'incompréhensible.
Débuter par la (presque) fin pour montrer comment l'inéluctable a sournoisement imposé ses lois : le procédé, en l'occurrence, vise juste.
Le film a la bonne idée de ne pas respecter les lois rassurantes de la chronologie et de la douce psychologie. Il voyage dans l'existence et l'intériorité de cet homme « ordinaire », usé par son job, des règles de plus en plus déréglées, des objectifs à atteindre de plus en plus abjects.
Jean-Marc Moutout, le metteur en scène, n'est pas un cinéaste militant et le pamphlet n'est pas son registre. Il navigue ailleurs, subtilement, et, depuis une dizaine d'années, filme les névroses de l'époque avec une rigueur glaciale. Il ne dénonce pas, il montre. Ce qui est encore pire, ou encore mieux, selon le point de vue adopté.
Après le bien nommé « Violence des échanges en milieu tempéré »(sujet : les mœurs de l'entreprise moderne) et « La Fabrique des sentiments » (sujet : le speed-dating et la solitude amoureuse en temps de modernité marchande), il récidive dans « De bon matin », un film implacable, aussi noir que son titre est ironique. C'est dire.
Petit soldat de l'horreur
Le travail qui rend fou, l'acceptation de l'inacceptable, la sphère intime gangrénée par l'obsession professionnelle... Jean-Marc Moutout met en scène le processus de décomposition intellectuelle et morale qui afflige son protagoniste mal-en-point.
Bien trop malin et exigeant pour se contenter de désigner les responsables de la chute sans fond du banquier, Moutout dépeint comment Paul Wertret, cet anonyme, a fini par rompre de l'intérieur, suite à la violence vécue dans son environnement immédiat.
La crise (les crises) est (sont) passées par là. La peur de perdre son job a conduit ses confrères à devenir des petits soldats de l'horreur bancaire, prêts à tout ou presque pour exploiter leurs clients, trahir leurs confrères et sauver leur place. Wertret a (mollement) refusé de suivre leur voie. Mais il n'a pas eu le cran de démissionner. Et son conflit intérieur, insoluble, dure depuis trop longtemps.
Les dommages collatéraux s'ensuivent. Dans sa vie privée, Wertret est devenu l'ombre de lui-même, voire ne sait plus qui il est. Jusqu'à un certain lundi matin...
Darroussin, immense
Dans la peau de cet homme au bout du rouleau existentiel : Jean-Pierre Darroussin, qui, une nouvelle fois, fait démonstration de son incroyable capacité à incarner les personnages ambigus, complexes, terriblement humains.
Les mauvais esprits ne manqueront pas de ricaner en rappelant que l'acteur a récemment prêté sa bobine pour les campagnes promotionnelles du... Crédit Lyonnais. Ce qu'il n'a pas fait de mieux dans sa carrière, soit, mais il a sûrement ses raisons qui, comme on dit, ne nous regardent pas.
L'essentiel est niché ailleurs : comme il le prouvera à la mi-novembre dans « Les Neiges du Kilimandjaro », le nouveau (et remarquable) film de son complice Robert Guédiguian, Jean-Pierre Darroussin confirme dans « De bon matin » sa place éminente parmi les meilleurs acteurs de sa génération. Discrètement impressionnant, à l'image du film.
De bon matin de Jean-Marc Moutout - avec Jean-Pierre Darroussin - 1h31
Mardi 08  novembre à 18 h 30 et 21 heures
Kate Savalle  
Cinéma Le Pestel
Avenue Division du Texas,
26150 Die
04 75 22 03 19 ()

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire