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samedi 12 novembre 2011

Sainte Croix : Regards sur la Politique agricole européenne...


Regards croisés sur la PAC. Compte-rendu de la table ronde du 15 octobre 2011, à Sainte-Croix, lors de la journée Biovallée®.
(Photo An. T. : paturages à l' Ubac de Die)
Vincent Delmas est maraîcher à Salettes, porte-parole de la Confédération paysanne de la Drôme : un bref historique de la PAC
Pendant 25 ans, j'ai cru pouvoir dire que la PAC ne me concernait pas, puisque je n'en touchais rien. J'ai petit à petit réalisé que cette PAC brassait des sommes considérables, et qu'elle était en filigrane des évolutions de l'agriculture depuis 40 ans.
Dans les années 1960, lorsqu'elle s'est mise en place, la PAC était une politique qui s'avérait indispensable dans un contexte de reconstruction après guerre. Elle s'est construite sur la base de trois piliers :
la préférence communautaire, c'est-à-dire que les prix sont garantis à l'intérieur de la CEE à un niveau en général supérieur au cours mondial
le marché unique, qui permet aux produits de circuler librement à l'intérieur de la CEE, les droits de douane ayant été supprimés
la solidarité financière, qui instaure à travers le FEOGA1 une contribution de chaque Etat à hauteur de sa richesse
Comment peut-on qualifier la réussite de cette politique ? En 1992, l'Europe croule sous des montagnes de beurre, de lait en poudre et de céréales invendus. Cette surproduction, encouragée par les mesures de soutien à la production de la PAC, conduit à un virage dans le système d'attribution des aides : on passe ainsi d'un soutien aux prix à des primes compensatoires calculées à la surface, puis calquées sur des références historiques. Ce système entérine et renforce les inégalités régionales, ce qui n'est pas pour mécontenter les lobbies céréaliers et les spéculateurs en tous genres.
Geneviève Savigny est éleveuse de volailles fermières à Thoard, dans les Alpes de Haute Provence
L'Europe des 12, et qui plus est l'Europe actuelle élargie aux 27 Etats membres, reflète des situations très différentes. Alors qu'en France la surface moyenne des fermes est de 50 hectares, et qu'on recense 500.000 exploitations à l'heure actuelle, en Roumanie la surface moyenne est de 6 hectares, avec un total de 4 millions d'exploitations. Quelle politique est la mieux adaptée à des situations si différentes ?
Pour nous, à la Via Campesina, c'est une politique défendant l'agriculture paysanne, ce qui en premier lieu signifie une agriculture avec des paysans.
En 1992, la PAC a entamé un virage pour s'adapter à l'OMC2, se traduisant par une ouverture de l'agriculture aux échanges internationaux. Ce qui, concrètement, se traduit par un alignement des prix sur les cours mondiaux. Les effets de cette nouvelle politique sont rapidement visibles : les prix sont de plus en plus bas et fluctuants. Des aides directes ont alors été mises en place pour soutenir le revenu des agriculteurs : elles sont liées à l'exploitation et à l'historique de chaque parcelle.
A l'échéance de la PAC 2013, la question qui se pose est de savoir comment compenser des prix qui fluctuent. Aucun système de régulation des prix n'est à l'ordre du jour : le dogme d'une agriculture « compétitive » ouverte sur un marché de libre concurrence n'est absolument pas remis en question. Si quelques efforts ont été faits pour mettre en avant la préservation de l'environnement, les engagements exigés sont en fin de compte très limités. Et pour prendre en considération l'existence de toutes petites structures (comme en Roumanie), la seule proposition retenue est la mise en place d'un système simplifié d'aide, basé sur un forfait annuel variant entre 1000 et 1500 euros.
Finalement, les négociations pour la PAC 2013, qui avec l'arrivée du nouveau commissaire européen Dacian Ciolos avaient suscité beaucoup d'espoir, se terminent sur une grande déception.
Néanmoins, le travail du réseau « PAC 2013 » a eu du sens. Pour instaurer un rapport de force, il s'agit non seulement de s'informer, d'avoir des réflexions, d'élaborer des propositions, de savoir en quoi la PAC va avoir une influence sur les petits producteurs. Et puis, surtout, il ne faut pas être seuls. Le travail de « lobbying » interne que nous avons mis en place nous a permis de faire connaître nos positions, d'élaborer des alliances au niveau européen.
Robert Delage est paysan retraité, maire d'une petite commune du Haut Diois (Saint Dizier en Diois) où plusieurs jeunes ont récemment pu s'installer grâce à l'effort coordonné de la commune et de l'association Terre de Liens.
La nouvelle PAC ne sort pas de la logique de marché. Des régions comme le Haut Diois n'ont dans ce cadre aucune possibilité de rentrer en compétition avec des régions plus productives. Si cette logique se poursuit, nous sommes appelés à être prochainement rayés de la carte agricole. Pour autant, ces régions difficiles résistent quand même un peu. Ainsi, à Saint-Dizier en Diois, la seule activité économique de la commune reste l'activité agricole, même si on est passé de onze fermes en 1970 à 3 fermes en 1990.
Il y a quelques années, le Conseil municipal a décidé de favoriser l'installation agricole. Les résidences secondaires qui se sont peu à peu implantées dans la région ont permis de conserver le bâti, mais nous savons que c'est le foncier qui est la base de l'activité agricole. Après plusieurs tentatives, nous avons réussi à installer deux couples, en lien avec l'association Terre de Liens.
Eco-ruralis, une association roumaine en soutien aux paysans (c'est la seule structure d'Europe de l'Est qui soit membre de la Via Campesina).
Les Roumains représentent 50% des petits paysans européens, avec une organisation du paysage agricole très duale : 0,9% des fermes touchent 51% des aides, et seulement 30% des fermes ont la taille minimale requise pour prétendre aux subventions.
Eco-ruralis, en plus de mener un travail pour la préservation des semences traditionnelles, lutte contre le développement des OGM. Un travail a été réalisé suite à l'entrée de la Roumanie dans l'Europe, recensé dans la brochure « La Roumanie et la PAC ».
Nelutu, paysan roumain
En 2001, Nelutu a débuté son activité agricole, avec une vache, et son objectif est d'arriver à 20 vaches en production. Petit à petit, il a pu augmenter son troupeau, notamment au moment de l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenne, les craintes soulevées par l'importation des normes européennes (normes d'hygiène pour les bâtiments agricoles, les fromageries...) ayant poussé de nombreux paysans à se débarrasser de leurs bêtes.
L'arrivée de la PAC dans les campagnes roumaines a été un bouleversement : il perçoit aujourd'hui 100 euros par vache et par an, ainsi que 100 euros par hectare. Ces primes sont calculées sur l'année 2008, qui est prise comme une année de référence, ce qui donne lieu à de profondes distorsions avec la réalité : le panorama agricole a subi de profonds chamboulements au cours des dernières années.
Au vu de ces chamboulements, la question qui se pose est de savoir si, dans ce contexte, la Roumanie peut rester paysanne. Est-ce sa nature ? Une méfiance a beau perdurer vis-à-vis de ces subventions, la Roumanie se trouve maintenant dans le cadre d'un marché ouvert, et beaucoup aspirent aussi à devenir des agriculteurs « professionnels »...
Jeanlou Meurot est éleveur de brebis laitières à Vachères en Quint.
La PAC nous est étrangère : elle est loin de nous et on ne peut que se sentir peu concernés par nos maigres possibilités d'infléchir les réformes en cours de la PAC. Nous ne nous sentons concernés que par ce ce qui nous est proche.
Un des obstacles à une PAC plus équitable, c'est aussi le fait que la petite agriculture est vue comme une niche, mais qu'à aucun moment on ne pense qu'elle puisse nourrir le monde. Nous avons donc à prouver que nous ne sommes pas des niches, et casser ce modèle d'une agriculture à deux vitesses, l'une compétitive et l'autre folklorique.
Fanny Mazure
Le Conseil Local de Développement (CLD) du "Pays Diois"
Adresse : 21, Rue Neuve , Châtillon en Diois 26410
Courriel : cldpaysdiois@gmail.com
Téléphone : 04 75 21 00 56
et 09 54 74 41 72 au Local
Fax : 09 59 74 47 72
Agent de Développement et animatrice :
Fanny Mazure
1 Fonds européen d'orientation et de garantie agricole
2 Organisation Mondiale du Commerce

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