Information Participative

Médias Citoyens Diois continu !

Retrouvez-nous sur notre nouveau site :

http://mediascitoyens-diois.info

dimanche 28 juillet 2013

Après l' urbanisation...



Sous les pavés, la terre
Alors que l’urbanisation continue de progresser, les villes font face à un nouvel enjeu : la gestion des ressources naturelles. Comment les « smart cities » vont-elles optimiser leurs consommations d’eau, améliorer la sécurité alimentaire tout en préservant la qualité de vie et la biodiversité ?
Environ trois quarts des ressources naturelles de la planète sont déjà consommés dans les villes, alors que la proportion de la population mondiale vivant dans les zones urbaines devrait augmenter de 70 % d’ici 2050. Minimiser les dommages sur l’environnement, assurer l’approvisionnement en eau, accroitre la qualité de l’air, soutenir la biodiversité et relocaliser la production alimentaire…
Jamais, le « vivant » n’a constitué un tel défi pour les espaces urbains. La végétalisation de la ville est devenue un terrain de réflexion tous azimuts pour les architectes, scientifiques, sociologues et urbanistes. « L’idée du potager en ville, du jardin ouvrier et d’une petite agriculture urbaine vivrière a toujours existé, jusqu’au début du XXe siècle qui a été ravagé par l’industrialisation », assure Pablo Servigne, chercheur en agronomie urbaine, formateur en permaculture et en agroécologie. « Mais tout laisse à penser que l’agriculture urbaine sera le socle de la résilience des villes de demain ».
Fermes verticales, serres, ruches… Avec des quartiers agricoles comme Georgia Street, capables d’assurer l’autonomie alimentaire de ses habitants, Detroit, la cité de l’auto devient celle de l’innovation. Et le laboratoire planétaire des villes postindustrielles. Le concept est poussé au-delà du jardinage : l’agriculture urbaine devient une activité lucrative, avec un modèle économique de distribution aux restaurants et aux marchés.
À Montréal, ce sont des fermes urbaines qui nourrissent les quartiers. Chez Lufa Farms, pas de stockage, et pour cause : les laitues, tomates et concombres proposés à la vente sont cultivés sur place, dans une vaste serre installée sur le toit plat d’un immeuble. La première au monde. Mais la véritable originalité tient à l’association de différentes technologies : à production égale, la serre de Montréal consomme 40 fois moins d’eau qu’une exploitation traditionnelle. Et off re des rendements en moyenne 10 fois supérieurs…
« Ces initiatives créent de nouveaux emplois et renforcent le sentiment d’appartenance à la communauté », observe Steve Goossens, Senior Manager Accenture Management Consulting. Mais elles ne suffi sent pas. « Si à l’avenir, les villes veulent assurer la sécurité alimentaire à tous leurs habitants, elles doivent investir dans des projets à plus large échelle, sans négliger leur aspect collaboratif ».
Une meilleure gestion des ressources
D’après la Banque mondiale, la moitié de la population mondiale manquera d’eau de manière chronique d’ici 2025. Devenues très boulimiques, les villes en sont les premières consommatrices. D’ici cette date, la consommation d’eau dans les grandes villes des pays émergents augmentera de 80.000 milliards de mètres cubes. Les solutions mises en œuvre comme le recyclage des eaux usées ne pallient qu’une partie des carences, sans traiter le problème à son origine : le non renouvellement des réserves naturelles.
Comment les « villes intelligentes » peuvent-elles améliorer la gestion de cette ressource vitale ? Quelques exemples fleurissent aux quatre coins du monde : à Malte, qui importe son eau potable par bateau, 250 000 compteurs d’eau intelligents mesurent les flux et communiquent leurs données via un réseau radio. L’intérêt de ces suivis chiffrés : afficher en temps réel la demande des collectivités, identifier les fuites liées à des surconsommations et mieux gérer les pénuries. Résultat : une réduction des consommations d’eau de 20 % à 30 %.
À Singapour, les stratégies de lutte contre la raréfaction de l’eau sont devenues une arme économique en devenant source d’innovation. La cité insulaire est une des plus avancées technologiquement en matière
de recyclage des eaux de pluie, de traitement des eaux usées et de désalinisation de l’eau de mer.
En 2007, Singapour a créé dans sa baie le Waterhub, point de convergence pour tous les acteurs de l’eau aux portes de l’Asie. Buts affichés : doubler le nombre d’emplois d’ici à 2015 dans l’environnement et l’eau en particulier, et développer une industrie de pointe. En quelques années, cette plateforme de recherche a réussi à attirer toutes les entreprises du secteur, y compris l’IWA, l’association internationale de l’eau. Un des avantages : les entreprises qui rallient le Waterhub gardent la propriété intellectuelle d’une technologie si elles la manufacturent sur l’île. Les investissements dans des usines
de dessalement, la réparation des fuites des tuyaux et d’autres efforts signifient que l’état insulaire est en voie d’atteindre son prochain objectif. Car d’ici 2030, les eaux usées traitées pourront répondre à 30 % de ses besoins en eau.
Capture et stockage du CO2
Autre cheval de bataille : la pollution atmosphérique. Les villes sont déjà responsables de 80 % des émissions de CO2 et consomment à elles seules 75 % de l’énergie mondiale. Si des capteurs environnementaux permettent de mesurer la qualité de l’air, certaines métropoles se parent de technologies décarbonées. Ainsi, Londres prévoit de favoriser la construction de centrales thermiques dotées de systèmes de captage et de stockage de CO2 (CSC). Une des méthodes retenues est l’oxycombustion, qui consiste à brûler du charbon dans de l’oxygène pur pour obtenir des fumées concentrées en CO2 à 90 %. Celui-ci sera ainsi capturé et transporté par pipeline jusqu’à la mer du Nord en vue de son stockage permanent dans les fonds marins.
La ville connectée du futur générera une multitude de mesures concernant l’évolution de ses flux de ressources (eau, gaz, etc.) et de ses données environnementales (pollution, géolocalisation, etc.). Elle se dotera de systèmes de pilotage en temps réel des réseaux d’eau et d’assainissement et de solutions de télérelève multi-fluide (smart metering sur l’eau, le gaz, etc.). Pour créer une distribution intelligente des ressources naturelles à l’échelle de la ville, les métiers auparavant cloisonnés de l’énergie, du bâtiment ou de l’informatique et des réseaux doivent fusionner. La vie urbaine peut en ressortir plus sûre et plus saine, avec une qualité de l’air et de l’eau accrue ainsi qu’une optimisation des consommations énergétiques.
Rafal Naczyk

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire