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mercredi 7 juillet 2010

Grippe et rigueur... 2,5 milliards d' euros gaspillés


BILAN GRIPPE A(H1 N1) : une regrettable construction de la défiance.

Les mesures qui ont suivi l’apparition du virus A/H1 N1 ont fait la quasi unanimité des virologues et épidémiologistes, alors qu’elles n’ont pas rencontré l’adhésion de la population, qu’elles ont coûté environ 2 milliards et demi, et qu’il y a eu moins de morts qu’en période de grippe saisonnière.

Il serait incorrect de juger avec les données de juin 2010 les choix de juin 2009. C’est donc en se replaçant dans le climat de l’époque qu’il faut analyser les arbitrages.

Depuis le SRAS, et le virus H5N1 en Asie, les capacités de séquençage des gènes, et l’appétit des firmes pharmaceutiques pour d’éventuels brevets de vaccins, ont créé un climat de course au virus émergent, qui se lisait dans les investissements, les parutions scientifiques, les medias, la signature d’un contrat d’installation d’une usine de fabrication de vaccins pandémiques Sanofi au Mexique par N. Sarkozy le 9 mars 2009, pour 100 millions d’euros ( le virus n’apparait que le 24 avril !).

Les autorités sanitaires, perturbées par des échecs passés, comme la canicule, ont fait écho à ce climat d’alerte, par des plans pandémiques d’inspiration militaire.

Cet environnement anxiogène a minoré la rigueur qui aurait du prévaloir au diagnostic et aux prises de décisions :

- Confiance dans des chiffres faux sur le nombre de malades et de morts au Mexique.

- Manque de prise en compte et de recherche sur les facteurs faibles de pathogénicité visibles du nouveau virus.

- Pas d’évaluation de l’immunité acquise par certaines tranches de la population (visible par sérologie).

- Faible prise en compte des retours d’expérience de l’hémisphère sud, où la grippe a sévi 6 mois avant.

- Sous-estimation du peu d’envie de se faire vacciner d’une majorité de français.

Dans ces conditions, les laboratoires ont eu beau jeu de plaider la pénurie et de mettre en compétition dans l’opacité des Etats non solidaires. La France a choisi une commande ferme de 94 millions de vaccins, s’appuyant, face à plusieurs incertitudes (nous sommes en juin), sur le scénario du pire :

- La pandémie sera grave.

- Il faudra deux doses de vaccin.

- Presque tous les français voudront se faire vacciner.

Dès lors la mise en oeuvre sera confiée au Ministère de l’Intérieur, et sera autoritaire, parfois dans la méconnaissance des règles sanitaires, et souvent dans le mépris des acteurs réquisitionnés. Une des finalités du plan pandémique était d’éviter la désorganisation sociale et économique.

Le fait que les contrats signés en 2005 stipulent que la fabrication des vaccins ne débute que quand l’OMS déclare le niveau pandémique 6, n’a pas été indifférent à l’étrange disparition (mai 2009) du site de l’OMS du critère de létalité et de gravité dans la définition de la pandémie. Seuls restent les critères de nouveauté du virus, et de répartition géographique.

Les médecins généralistes seront paradoxalement mis à l’écart de la vaccination, dans la phase où leur proximité aurait été la plus utile : repérage des personnes sensibles et conseil. Le choix dicté par les firmes : vaccin en dix doses, à mélanger sur place avec un adjuvant, et un conservateur, le thiomersal, à base de mercure n’y fut pas pour rien.

Le Tamiflu, antivirus faute de mieux, n’était même pas reconnu comme médicament méritant d’être remboursé par la Haute Autorité de Santé, et il a donné lieu à des choix contradictoires d’un pays à l’autre, ou d’une circulaire à l’autre en France : préventif, curatif, et finalement idéal si pris très tôt.

La particularité du virus H1N1 : créer chez des sujets jeunes et en bonne santé des détresses pulmonaires parfois fatales a maintenu la pression, bien que le scénario du pire, qui a prévalu aux commandes de vaccins, n’ait pas été appliqué pour le nombre d’accueillants aux urgences, ou le nombre de lits, ou les aides aux médecins inspecteurs de santé surchargés.

Résultat global : seulement 8% de la population s’est fait vacciner. Il y a eu 341 décès, à comparer à 2 à 3000 pour chaque grippe saisonnière.

La médiatisation des potentiels conflits d’intérêt n’aboutira pas à des révélations flagrantes de compromission : c’est le système de financement privé public des recherches et des colloques qu’il faut revisiter, tout en se donnant les moyens de garantir l’indépendance de l’expertise par une instance ad hoc (amendement vert voté dans le Grenelle 1).

La défiance globale de la population pour les choix sanitaires faits pour elle, montre bien que les arbitrages de gestion sont politiques, et non techniques ou scientifiques : la participation des citoyens au débat, par les associations de consommateurs, de malades, de médecins généralistes, par la pluridisciplinarité des experts consultés est impérative.

La recherche doit s’investir dans la consolidation des données d’aide à la décision en pareils cas : meilleurs modèles mathématiques d’épidémiologie, retour de données cliniques, connaissance des facteurs de pathogénicité, connaissance de l’immunité acquise de la population.

La pluridisciplinarité des conseils des autorités de santé est indispensable, tout comme le débat public.

Des principes simples de loyauté, de transparence, d’évaluation collective du bénéfice/risque, de solidarité doivent éclairer les arbitrages.

L’OPECST (Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques) a voté le rapport sur la mutation des virus et la gestion de la crise, présenté par deux parlementaires (Jean-Pierre Door, député UMP et Marie Blandin, Sénatrice Verte) le 22 juin 2010. Il a donné lieu à plus d’un an de travail, 150 auditions, et visites à l’OMS, à l’ECDC (centre européen de veille sanitaire), au CDC d’ATLANTA, à l’EMEA (agence européenne du médicament), au laboratoire confiné P4 de Lyon. Contact 01 42 34 29 84

Marie Christine Blandin

Sabrine SCHLIWANSKI

Assistante parlementaire

de Marie-Christine Blandin

Sénatrice du Nord (Les Verts)

http://www.mariechristine blandin.fr/

Tél.: 03.20.09.72.64 ou 01.42.34.29.84

Fax : 03.20.92.61.73

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