Des mots pour... souligner l'évolution de la pauvreté
La récente actualité nous apporte des éléments alarmants concernant l’évolution de la pauvreté.
- Le premier élément nous vient des chiffres publiés par l’INSEE sur les niveaux de vie en 2009. Ceux-ci, sortis au mois d’août, révèlent que le revenu médian a évolué entre 2008 et 2009 de 0,4%, quand dans la même période le niveau de vie du premier décile de la population française1 a baissé de 1,1%. On observe par ailleurs une augmentation de 0,5 point de la proportion de personnes en dessous du seuil de pauvreté, soit 8,2 millions de personnes dont la moitié vit avec moins de 773€ par mois. Mais ce chiffre englobe des réalités plus fines et plus alarmantes : le seuil de pauvreté défini à 60% du revenu médian2, correspond pour une personne seule au montant du Rsa socle (ex RMI) pour un couple avec deux enfants. Si l’on appelle pauvre la personne qui dispose ainsi de 954€ par mois pour vivre seule, comment va-ton désigner le couple avec deux enfants qui vit avec la même somme ?
- Le deuxième élément nous est apporté par la cinquième vague du baromètre de la pauvreté réalisé par Ipsos pour le Secours populaire : 35% des personnes interrogées disent avoir connu la pauvreté, soit une augmentation de 2 points par rapport à 2010 et de 5 points par rapport à 2009. Parmi elles, la part des jeunes est en progression de 7 points par rapport à 2010. Mais la crainte de la pauvreté progresse également : 57% des personnes interrogées déclarent qu’il leur est déjà arrivé "d'être à un moment de leur vie sur le point de connaître une situation de pauvreté", soit 4% de plus qu’en 2010, et 85% considèrent que "les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération".
- Ces éléments chiffrés attestent ce dont les acteurs de terrain font état depuis plusieurs années, ce que nous écrivions dans nos derniers dossiers annuels. Ce décalage inévitable de l’observation sociale réduit la réactivité des politiques publiques. A moins qu’avec modestie nous sachions mieux écouter en temps réel l’écho que nous renvoient celles et ceux qui sont quotidiennement confrontés à ces réalités. Surtout quand la statistique vient de façon récurrente confirmer ce qu’ils nous disent.
Bruno LACHNITT,
Directeur de la MRIE
1 Les 10% des personnes disposant des revenus les plus faibles.
2 Le montant des revenus qui sépare la population en deux : la moitié gagne plus, l’autre moins.
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