Stéphane Hessel « de l'indigné à l’engagé ! »
C'est l'histoire merveilleuse d'"un vieux bonhomme de 93 ans", comme il aime à se présenté. Stéphane Hessel, ancien ambassadeur, ancien déporté, ancien combattant de la France libre, écrivain et poète, s'est mué en un véritable ambassadeur de la société Civile autour du monde. Invité à Die en Janvier 2012, par les Rencontres de l’ Ecologie, il vient d’annoncer son désistement, mais soutien l’évènement chaleureusement.
Un antidote à la morosité
Chacun explique à sa façon le succès phénoménal. Pour beaucoup, il tient à son auteur, personnalité « crédible » dont l'expérience, la force de vie, la jovialité et la modestie imposent le respect. A 93 ans, l'ancien résistant déporté à Buchenvald et à Dora, également co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme, fait figure de sage. Sa parole signe un antidote à la morosité. « Quand il est venu débattre de son livre à la mi-décembre à Montpellier, la foule, nombreuse dans la grande salle du Corum, buvait ses paroles. On sent une admiration pour celui qui s'enthousiasme et prend le temps d'expliquer, malgré son grand âge » estime encore Jean-Marie Sevestre.
Sylvie Crossman souligne aussi la séduction exercée sur le public par cet amateur de poésie capable, comme lors de sa visite à Montpellier, de réciter avec fougue les vers d'Apollinaire. Sans remplacer un programme politique, les mots de l'ancien ambassadeur, résolument à gauche, sont une invitation à l'action. « C'est comme si les Français attendaient ce message, applaudit encore Jean-Pierre Barou. Stéphane Hessel, libertaire, pousse à la revendication de valeurs fortes, si fortes qu'elles l'emportent sur la légalité de l'Etat. L'auteur en appelle à la responsabilité individuelle. En brandissant les valeurs défendues par le Conseil national de la Résistance, Stéphane Hessel fait le lien entre la Résistance historique et nos résistances d'aujourd'hui. Je retiens cette phrase : "On devient quelqu'un quand on exprime son indignation" ».
Sylvie Crossman souligne aussi la séduction exercée sur le public par cet amateur de poésie capable, comme lors de sa visite à Montpellier, de réciter avec fougue les vers d'Apollinaire. Sans remplacer un programme politique, les mots de l'ancien ambassadeur, résolument à gauche, sont une invitation à l'action. « C'est comme si les Français attendaient ce message, applaudit encore Jean-Pierre Barou. Stéphane Hessel, libertaire, pousse à la revendication de valeurs fortes, si fortes qu'elles l'emportent sur la légalité de l'Etat. L'auteur en appelle à la responsabilité individuelle. En brandissant les valeurs défendues par le Conseil national de la Résistance, Stéphane Hessel fait le lien entre la Résistance historique et nos résistances d'aujourd'hui. Je retiens cette phrase : "On devient quelqu'un quand on exprime son indignation" ».
Aujourd'hui, son agenda ressemble à s'y méprendre à celui d'un chef d'Etat. En septembre, il était les deux premiers jours en Espagne, à Madrid puis à Barcelone, pour des conférences liées au succès phénoménal de son libelle Indignaos ! Il a fait salle comble devant des milliers de jeunes. Le 11 septembre, il était en Slovénie, pour la commémoration des attentats du World Trade Center, comme il y a dix ans, auprès de son ami Milan Kucan, l'ex-chef d'Etat de cette petite République prospère. Sur place, Dvignite Se ! est un des cinq best-sellers de l'année. Le lendemain, il s'est rendu en Scandinavie, pour le lancement de l'édition suédoise (Säg Ifran !) de son opuscule.
"Tant que je suis encore capable de marcher, de parler, de comprendre ce qui se passe, j'estime qu'il faut être responsable. Tant que l'on peut avoir une influence, il faut en profiter", a-t-il expliqué à la télévision suédoise. "Je suis très surpris par la façon dont ce petit livre de 30 pages a fait son chemin à travers la France, mais aussi l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Japon, la Corée du Sud, le Canada, l'Australie, le Brésil, l'Argentine... Cela veut dire que notre société mondiale est interdépendante", a-t-il ajouté.
Jusqu'au 30 septembre, il est à New York, pour assister à la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU - une cause qu'il défend -, mais aussi pour assurer la promotion de Time for Outrage, vendu 10 dollars (7 euros). Indignez-vous ! avait déjà été traduit dans l'hebdomadaire britannique de gauche, The Nation, en mars, puis publié en Angleterre. Dans la version américaine, Stéphane Hessel a souhaité ajouter quelques mots sur la gouvernance mondiale, un hommage à Benjamin Franklin et des explications sur son engagement pour la Palestine qu'il entend mener de front avec son attachement pour Israël, ce qui peut être considéré comme la quadrature du cercle de l'autre côté de l'Atlantique...
Depuis sa parution en France le 20 octobre 2010, jour du 93e anniversaire de Stéphane Hessel, Indignez-vous ! s'est déjà vendu à plus de 3,1 millions d'exemplaires dans l'Hexagone et plus d'un million d'exemplaires dans le reste du monde. Et surtout, le flux des ventes demeure régulier. "Il n'y a pas de pays où il y a eu un véritable échec, et les raisons du succès varient d'un pays à un autre", observe Arabella Cruse, l'agent qui l'a vendu dans les pays scandinaves, mais aussi aux Pays-Bas et en Roumanie. De plus, partout où Stéphane Hessel passe, les ventes décollent après sa prestation. "S'il était venu à Amsterdam, j'en aurais vendu 100 000 exemplaires", affirme l'éditeur hollandais.
Dans le sillage d'Indignez-vous !, d'autres ouvrages de Stéphane Hessel se vendent comme des petits pains. A commencer par Engagez-vous !, un livre d'entretien avec Stéphane Hessel, paru en mars aux éditions de l'Aube, et qui a déjà dépassé les 100 000 exemplaires. Les maisons d'édition étrangères achètent souvent les deux livres : huit contrats pour des traductions de ce deuxième opus ont déjà été signés.
Deux nouveaux titres paraissent ces jours-ci. Tout d'abord, Le Chemin de l'espérance, un dialogue entre Edgar Morin et Stéphane Hessel qui sort en librairie le 28 septembre, aux éditions Fayard (64 p., 5 euros). Les deux nonagénaires les plus en forme du moment partagent une volonté commune : "Enoncer une voie politique du salut public."
Le 6 octobre, sera aussi publiée une nouvelle biographie de Stéphane Hessel, Tous comptes faits... ou presque, chez Libella Maren Sell (200 p., 18 euros). Ce projet a débuté au printemps 2010 avant le succès d'Indignez-vous !, explique Maren Sell, qui avait été l'éditrice de son père Franz Hessel. Le souhait est de raconter les derniers engagements et les rencontres récentes du diplomate-poète..."
APL (Agence Presse Liberté)
Stéphane Hessel
1917
Il naît à Berlin, le 20 octobre, dans une famille allemande. Son père Franz Hessel est essayiste et traducteur, sa mère a inspiré l'héroïne du roman Jules et Jim, d'Henri-Pierre Roché.
Il naît à Berlin, le 20 octobre, dans une famille allemande. Son père Franz Hessel est essayiste et traducteur, sa mère a inspiré l'héroïne du roman Jules et Jim, d'Henri-Pierre Roché.
1941
Il rejoint Londres et travaille pour le Bureau central de renseignements et d'action.
Il rejoint Londres et travaille pour le Bureau central de renseignements et d'action.
1944
Il est déporté au camp de Buchenwald.
Il est déporté au camp de Buchenwald.
1948
Diplomate à l'ONU, il participe à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Diplomate à l'ONU, il participe à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
1977
Il est nommé ambassadeur de France à l'ONU.
Il est nommé ambassadeur de France à l'ONU.
1997
Il publie Danse avec le siècle, première autobiographie au Seuil.
Il publie Danse avec le siècle, première autobiographie au Seuil.
2004
Il signe l'appel collectif de résistants de la première heure à la commémoration du soixantième anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944.
Il signe l'appel collectif de résistants de la première heure à la commémoration du soixantième anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944.
2010
Il publie Indignez-vous ! Aux éditions Indigène, le 20 octobre, jour de son 93e anniversaire. Il y aura 34 versions d'"Indignez-vous !"
Il publie Indignez-vous ! Aux éditions Indigène, le 20 octobre, jour de son 93e anniversaire. Il y aura 34 versions d'"Indignez-vous !"
Peu de pays ont échappé à la "embellie" Hessel. Quant à Israël, la traduction en hébreu bloque sur la citation suivante : "Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c'est insupportable" (p. 18 du livret).
2011
Les Indignés manifestent dans 1000 villes du monde leur désaccord avec la société sans étique politique, marchande, financière et violente et destructrice que l’on impose aux peuples.
A la recherche des petits éditeurs
L'encre du contrat signé avec l'Albanie est à peine sèche. Avec 33 cessions de droits à l'étranger, Indignez-vous ! a réalisé un véritable tour du monde et se trouve désormais présent sur les cinq continents. En raison de l'élan du mouvement des "indignés", les fondateurs de la petite maison d'édition Indigène ont été littéralement assaillis de demandes de traduction. Pour faire le tri, ils se sont appuyés sur des agents installés à Paris et spécialisés par zones géographiques. La consigne était de choisir à l'étranger de petits éditeurs militants, à l'image d'Indigène. Celle-ci a été respectée dans la majorité des cas. En Espagne, c'est le groupe Planeta, numéro un du secteur, qui a obtenu les droits d'Indignez-vous !, y compris pour l'Amérique latine, mais il s'est engagé à rassembler et traduire toute l'oeuvre de Stéphane Hessel.
Où vont les droits d'auteur ?
Avant même le succès d'Indignez-vous ! Stéphane Hessel avait souhaité ne pas toucher de droits d'auteur sur son livret, vendu 3 euros en France. "La notion de droit d'auteur a été dissoute, précise Jean-Pierre Barou, fondateur de la maison d'édition Indigène, ce qui permet de distribuer de l'argent, sous forme de mécénat." Mais suivant les voeux du diplomate, Indigène éditions a procédé à des dons en faveur de plusieurs organisations : 115 000 euros sont allés au Tribunal Russell sur la Palestine, un tribunal d'opinion fondé en 2009 et chargé de promouvoir la paix et la justice au Proche-Orient. Parmi les autres organismes bénéficiaires, figure le Collegium international éthique, scientifique et politique, une association fondée en 2002 par Milan Kucan, alors président de la Slovénie, et Michel Rocard, ancien premier ministre, dont Stéphane Hessel est vice-président. Cette association installée en France a reçu 30 000 euros. Un don de 5 000 euros a aussi été accordé à l'association Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui (CRHA), née des rassemblements citoyens dans le maquis des Glières de 2007 et 2008 et qui est parrainée par l'ancien ambassadeur.
APL
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire