L'écologie dépassée de François Hollande
Investi par le Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2012, François Hollande se prépare à un exercice de démagogie durable pour faire la démonstration de son engagement environnemental. Certes, il n'en a pas beaucoup fait état pendant la primaire. Pas plus, d'ailleurs, que ses rivaux, qui tous se sont contentés d'en appeler de manière incantatoire à la "révolution écologique", sans doute pour rassurer leurs alliés Verts. Tout cela sans envie ni conviction aucune, chacun l'aura constaté. François Hollande a toutefois mis en ligne sur son site Internet une série d'engagements écologiques, dont la lecture laisse pantois. Il en avait déjà appelé cet été à la création d'un "livret de développement durable", sans se rendre compte que le LDD existait déjà depuis 2007.
Cet exemple est à la mesure d'un programme pompeusement intitulé "Progrès écologique", mais qui paraît tout ignorer de ce que sont les politiques publiques en matière d'environnement et de développement durable. Qui ne semble pas non plus comprendre ce qu'ont été les avancées de notre pays depuis le Grenelle de l'environnement. Et qui ne voit pas que l'écologie ne se résume en rien à la seule préservation de la biodiversité, mais que les enjeux environnementaux sont au cœur des transports et du logement, au cœur des politiques publiques et des stratégies industrielles. C'est là qu'une cohérence durable doit être trouvée.
En lieu et place, dans un programme dépourvu d'idée forte ou neuve, périmé avant même de pouvoir être défendu, M. Hollande prétend "reprendre en main le Grenelle de l'environnement", pour enfin "diversifier beaucoup plus nos sources d'énergie". Il reprend ainsi l'un des axes principaux du Grenelle. De 2005 à 2010, la part d'énergie renouvelable dans la consommation d'énergie finale de la France est passée de 9,7 % en 2005 à 12,9 % en 2010. Nous sommes aujourd'hui non seulement dans les temps, mais en avance sur l'objectif que la France s'est fixé : atteindre 23 % d'énergies renouvelables en 2020. Et nous avons réalisé ces progrès en développant notamment la méthanisation, l'éolien off shore ou le photovoltaïque.
M. Hollande se dit prêt à favoriser l'isolation des logements. Mais depuis 2005, 6 millions de ménages ont bénéficié du crédit d'impôt développement durable (CIDD) pour réaliser des travaux de rénovation dans leur logement. Quant au prêt à taux zéro, "l'éco-PTZ", il a accompagné 160 000 foyers dans des travaux plus lourds.
M. Hollande veut également "diminuer l'intensité lumineuse de nos grands centres urbains, avec de nouvelles ampoules plus économes". Là encore, réjouissons-nous que la France n'ait pas attendu M. Hollande : c'est en juillet que le gouvernement a publié un décret pour limiter les nuisances lumineuses. Et il est heureux que l'action publique ne s'en tienne pas aujourd'hui au simple remplacement des ampoules : nous travaillons désormais à la mise en service de lampadaires différents et revoyons leur implantation avec les acteurs de la filière.
M. Hollande dit encore souhaiter une réforme du processus de l'enquête publique. De nouveau, il s'agit exactement de ce que vient de mettre en œuvre la loi Grenelle 2. Elle a simplifié la procédure à la fois des concertations préalables et de la mise à disposition de documents via Internet.
En somme, alors que tant d'avancées ont été rendues possibles par le Grenelle, M. Hollande énumère avec une singulière indifférence quelques mesures qui ont en commun d'être dépassées ou dépourvues de cohérence. La seule question écologique que les socialistes identifient est celle du nucléaire. Avec, du côté de M. Hollande, une nouvelle proposition confuse, sous la forme d'un débat public pour réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire à l'horizon 2025. A quel coût ? Avec quelle énergie de substitution ? En rallumant des centrales au fioul ? Avec l'accord des alliés Verts ? On peut en douter.
Il y a de cela une dizaine d'années, le Parti socialiste et les Verts gouvernaient ensemble le pays. Qui se souvient d'une mesure écologique forte portée par ceux qui furent alors ministre de l'environnement ? Depuis cette date, des majorités de droite ont porté la Charte de l'environnement, une législation environnementale enfin digne de ce nom et le Grenelle, qui est en train de changer notre vie quotidienne. Certains hommes politiques ont manqué le tournant du développement durable, faute d'en avoir saisi les enjeux. M. Hollande est désormais leur porte-parole.
Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie
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