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jeudi 10 février 2011

La journée de la Femme c'est tous les jours

Les femmes de la révolution
Voilées ou cheveux au vent, les femmes égyptiennes sont partout aux premières loges, dans la rue face aux policiers, aux check-points ou auprès des bléssés. Ce sont les moteurs de la révolution. Le mère courage de la révolution sont partout. Dans la rue avec leurs pancartes qui appellent au départ du «lâche», du «menteur» Moubarak. Aux nombreux check-points qui pullulent au Caire pour assurer la sécurité des quartiers. Aux premières loges face aux policiers casqués. Ou sur la place Al-Tahrir, cœur de la contestation.
Là, les fatayettes (jeunes filles) organisent des débats sur l’avenir de l’Egypte. Là, elles calment les enfants de la révolution alors que les provocations du pouvoir se font de plus en plus violentes.
Ici, ces militantes tapotent sur leur BlackBerry pour informer leurs proches. Là, elles organisent des brigades de nettoyage. Ailleurs, elles soignent les blessés.
«Je viens de rentrer de Beyrouth où j’enseigne la médecine à l’Université, explique Dina, 35 ans, cardiologue. Enfin nous allons tourner la page Moubarak! Je donne des aspirines à des gens qui n’y ont jamais goûté, comme s’il s’agissait d’un luxe! C’est ça, l’Egypte actuelle. Un pays de pauvres.»
C’est cette misère qui a fait bondir Djamila, 22 ans, mariée. «C’est une révolution des ventres, explique cette femme voilée. Les prix n’ont cessé d’augmenter ces derniers mois. Je paie un kilo de tomates 8 livres, plus que pour les pommes importées des USA. Nous avons faim. Je veux offrir une autre vie à mes enfants.»
Et les femmes égyptiennes, voilées ou cheveux au vent, jeunes ou âgées, professeures ou paysannes, bourgeoises ou pauvres des bidonvilles, n’ont pas manqué la marche du million mardi.
Nevine, 55 ans, chrétienne, y accompagnait sa fille Daniela, 21 ans, qui apportait 20 kilos d’oranges pour apaiser la faim des manifestants. «Au début, j’ai pris les envies de rébellion de ma fille pour une folie, reconnaît cette patronne d’une agence de communication. Mais aujourd’hui, je me dis qu’elle est formidable et que notre jeunesse est belle. Elle nous a montré la voie pour lutter contre ce régime policier qui nous a si longtemps terrorisés.»
Daniela sourit aux côtés de sa mère. «Tout le monde nous prenait pour des rêveuses, surtout nous les femmes. Mais aujourd’hui nous avons raison. Notre combat était nécessaire», indique cette étudiante en droit.
Egalité. Plus loin, au milieu d’une foule si compacte qu’il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin, Faten, 30 ans, brandit fièrement une pancarte «Vivement le changement».
Lunettes de soleil sur la tête, cette avocate scande le slogan du moment: «Le peuple. L’armée. L’unité.» A son bras, un brassard rouge indique qu’elle est membre du Comité du 6 avril, le mouvement qui a lancé le Vendredi de la colère sur l’internet.
«C’est un moment historique pour les femmes égyptiennes. Nous avons enfin l’opportunité de gagner notre indépendance dans cette société machiste. Nous voulons plus de droits. Nous avons prouvé depuis le début de la révolution qu’il faut nous prendre au sérieux.»
Faten rappelle ensuite que les blogueuses ont beaucoup fait pour que ce coup d’Etat des jeunes contre le régime de Moubarak réussisse. Et elle ne veut pas en rester là. «J’imagine bien me lancer en politique. Et pourquoi je ne serais pas la première présidente du pays?»
A côté, Nafiffa, 22 ans, boit les paroles de Faten. Elle qui habite dans un bidonville à deux pas des pyramides n’avait jusque-là d’autre avenir que celui de vendre des cartes postales pour les touristes et de se marier, avoue-t-elle. Mais aujourd’hui, c’est différent. «La révolution me donne confiance.
Moi aussi je peux devenir quelqu’un. J’ai compris que ma voix compte autant que celle des hommes, désormais. Comme eux j’ai passé des nuits entières sur la place de la Libération, comme eux nous avons réclamé le départ de Moubarak, je réclame l’égalité.»
Patrick Vallélian

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