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dimanche 15 août 2010

Un peu d' humour


Le roi et l’oiseau
Il était une fois un roi heureux, un roi qui avait de la chance : il avait dans son palais un trésor extraordinaire. Il avait dans son palais un trésor vivant. Dans une des chambres du palais il avait fait apporter une table de pierre, et sur la table de pierre il avait fait poser une cage d'or. Et dans la cage il y avait un oiseau. Mais ce n'était pas n'importe quel oiseau : celui là, il portait sur son corps toutes les couleurs du monde ; et surtout cet oiseau-là, il connaissait tous les langages du monde. Et il n'y avait pas une journée, pas une seule, sans que le roi ne vienne s'asseoir pour écouter l'oiseau parler, chanter dans tous les langages qu'il connaissait.
Mais il n'y avait pas une journée sans que l'oiseau, à un moment ou à un autre, ne s'arrête de chanter ou de parler, simplement pour demander au roi quelque chose.
Et chaque fois il lui demandait la même chose. Chaque fois, il lui disait
S'il te plaît, Roi de ton pays, puisque tu dis que je suis ton trésor le plus précieux, alors, tu pourrais peut être m'accorder une faveur ?
Bien sûr, répondait le roi, tout ce que tu voudras ! dis moi ce qui te ferait plaisir...
Accorde moi ma liberté !
Mais c'était bien trop demander au roi. Chaque fois qu'il entendait ça, il était gêné, il regardait par terre. Puis il était comme ça, c'était son caractère : quand il était gêné, il se mettait en colère. Et chaque fois il se mettait à crier
Mais qu'est ce que tu crois ! Tu crois qu'un roi va laisser s'envoler son trésor, comme ça ? Qu'est ce que tu t'imagines ?Ta place est ici, tu n'es pas bien ici ? Et comme l'oiseau n'aimait pas voir son roi en colère, chaque fois qu'il entendait ça, il parlait d'autre chose... Puis un jour, le roi se préparait à partir pour faire un grand voyage, comme font quelquefois les rois. Il s'apprêtait à partir au bout du monde, pour faire des affaires de roi. Alors la veille de son départ il est allé trouver l'oiseau, et il lui a dit :
Tu sais, demain, je ne viendrai pas m'asseoir, comme je le fais chaque jour pour t'écouter. Demain je serai loin, je serai en voyage. Ça prendra plusieurs semaines, mais je ne t'oublierai pas : D'ailleurs tu sais, le pays où je vais, c'est un pays que tu connais bien. C'est le pays où tu es né ! Alors puisque je vais dans ton pays natal, si tu veux, je te rapporte quelque chose. Dis moi ce qui te ferait plaisir.
- Oh ! A dit l'oiseau, tu vas dans mon pays ! Alors, s'il te plaît... rapporte moi ma liberté ! Et le roi, une fois de plus s'est mis à crier, il lui a dit qu'il n'en était pas question. Il a même dit qu'il n'en était pas capable. Il lui a dit : « Demande moi tout ce que tu voudras, mais ça, je ne peux pas te l'accorder. » Mais cette fois l'oiseau lui aussi s'est mis en colère, il a dit :
- Alors, si tu es vraiment le Roi de ton pays, je veux que tu ailles dans la forêt où je suis né. Au plus profond de cette forêt il y a un arbre blanc, et dans cet arbre tu verras des milliers d'oiseaux aux mille couleurs comme moi, exactement. Ce sont mes frères. Hé bien si tu es vraiment le Roi de ton pays, je veux que tu ailles dire à ces oiseaux que tu me retiens prisonnier ici, chez toi, dans ton palais. Tu leur diras que je suis en bonne santé, que je
pense souvent à eux. Et que j'aimerais bien avoir un peu de leurs nouvelles. Tu veux bien faire ça pour moi ?
D'accord a dit le roi. Et le roi est parti, il a marché, marché, marché. Il a traversé des pays, des pays entiers. Puis il est arrivé au bout du monde. Il a fait ses affaires de roi. Et une fois ses affaires terminées, il a demandé qu'on le conduise dans cette forêt. Puis il a demandé qu'on le laisse seul. Et lentement le roi s'est enfoncé dans la forêt. Il a marché sous les arbres pendant des heures, il est allé au plus profond. Puis bientôt il l'a vu ! C'était vrai: il y avait là un arbre blanc. Et dans cet arbre, il y avait des milliers, des milliers d'oiseaux aux mille couleurs, exactement comme le sien. Alors le roi s'est arrêté au pied de l'arbre, et il a dit à tous ces oiseaux qui étaient là : Un de vos frères est prisonnier chez moi, dans mon palais. Il m'envoie vous dire qu'il est en bonne santé, qu'il pense souvent à vous... et qu'il aimerait avoir un peu de vos nouvelles...
Mais à peine le roi avait fini de parler, qu'un des oiseaux tombe de la branche où il était, par terre comme une pierre, comme s'il avait été foudroyé par quelque chose.
Alors le roi s'est troublé. Il s'est penché. Il a ramassé l'oiseau, il l'a retourné, il l'a secoué : il n'avait plus entre les mains qu'un petit oiseau mort. Et il s'est dit : « C'est ma faute : cet oiseau n'a pas supporté d'apprendre que son frère était prisonnier. Il s'est laissé mourir de chagrin comme ça, d'un seul coup. Ce sont mes paroles qui l'ont tué ! »
Et le roi a déposé le corps de l'oiseau au pied de l'arbre et s'en est retourné chez lui, sans rien dire, sans rien oser demander d'autre. Arrivé dans son palais, la première chose qu'il a faite, c'est de courir à la chambre. Il y avait toujours la table de pierre, la cage, et dans la cage son oiseau était toujours là, bien vivant. Alors le roi s'est assis, soulagé. Mais l'oiseau, lui, quand il a vu le Roi, il était tout joyeux et il lui a dit :
- Bonjour Roi de ton pays ! Tu as fait bon voyage ? Alors raconte ! Quelles sont les nouvelles ?
- Oh ! A dit le roi, j'ai peur d'apporter de bien tristes nouvelles ! Et il commence à raconter ce qui s'était passé là bas dans la forêt. Mais à peine le roi avait fini de parler que son oiseau tombe au fond de la cage, comme une pierre, comme l'autre là bas ! Alors le roi se précipite, ouvre la cage, prend son oiseau, le retourne, le secoue : il n'avait plus entre les mains qu'un petit oiseau mort. Après avoir longtemps pleuré, le roi s'est levé puis il est allé vers la fenêtre, et sur le bord il a déposé le corps de son trésor. Mais à travers les larmes qu'il avait dans les yeux, le roi a vu l'oiseau aux mille couleurs, son oiseau, se réveiller, sauter, s'envoler et se poser sur le plus grand arbre du jardin! Et il a entendu l'oiseau lui dire :
«Merci, Roi de ton pays ! Hé bien, tes nouvelles étaient pour moi de bonnes nouvelles ! Rassure toi : l'oiseau que tu as vu mourir là bas dans la forêt, mais il n'est pas mort comme tu croyais ! Il faisait semblant : il était simplement en train de dire ce que j'aurais à faire pour retrouver ma liberté. Aujourd'hui c'est une belle journée, non, tu ne trouves pas ? Et aujourd'hui surtout, toi et moi nous avons appris quelque chose: toi, le roi, en faisant le messager pour une fois, tu viens d'apprendre qu'un bon messager ne doit jamais tout à fait comprendre le message qu'il apporte. C'est beaucoup mieux comme ça! Et moi, je viens d'apprendre juste là, à l'instant, que la liberté n'est pas une fleur qui se demande... mais qui se prend ! Je te souhaite longue vie, Roi de ton pays, que notre histoire nous accompagne !
- Et on raconte que le roi lentement a refermé la fenêtre, et qu'à travers la vitre il a regardé au loin son trésor disparaître. Tout étonné de sentir tout à coup son visage illuminé par un sourire nouveau.
Ce conte est librement adapté de la tradition Soufi. II est attribué à Djalal al Din Rumi et figure dans le recueil le Mesnevi (publié chez Albin Michel).

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