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dimanche 23 janvier 2011

Qui croit encore que nous sommes en démocratie ?

Démocratie française ?
On le pressentait. Certains livres l'annonçaient. Cette fois, c'est une enquête d'opinion tout ce qu'il y a de plus sérieux qui l'objective : la France traverse une véritable crise de la représentation. Selon un sondage TNS-Sofres réalisé pour le mensuel Philosophie Magazine, 49 % des Français considèrent que la démocratie a reculé depuis 2000. 14 % estiment au contraire qu'elle a progressé. Selon Alexandre Lacroix, qui a coordonné ce passionnant dossier, sur de nombreuses questions essentielles (l'euro et l'Union européenne, la gestion de la crise économique depuis 2008, la réforme de la fiscalité, la politique énergétique et écologique), la majorité des électeurs ne se sentent pas pris en compte. Signe que les Français ne semblent pas opposés à une refonte des institutions, 67 % d'entre eux souhaitent qu'on impose que la moitié des députés soient des femmes ; 73 % seraient d'accord pour que soit créé un comité de scientifiques pouvant bloquer une loi votée par le Parlement pour peu que cette dernière soit jugée néfaste à l'environnement ; 60 %, parmi lesquels un électeur de l'UMP sur deux, souhaitent l'instauration d'un salaire maximum.
Pour résumer la situation, Alexandre Lacroix propose un constat en forme de tautologie : "Le peuple a-t-il perdu le pouvoir ? En tout cas, il le pense. Donc : c'est vrai." Récapitulant ce à quoi les Français semblent profondément attachés - une répartition équitable des richesses entre les citoyens, une égalité devant la loi, une interdiction des discours haineux, racistes et antisémites dans la sphère publique... -, il estime que "nous nous trouvons dans une situation inédite et passionnante, où les valeurs de la démocratie sont opposées à la logique de la représentation". "Nos gouvernements sont oligarchiques, commente le philosophe Jacques Rancière dans ce même numéro. Le pouvoir de tous est accaparé par une petite minorité qui s'autoreproduit. Ce système réduit l'action démocratique au processus électoral..." L'auteur de La Haine de la démocratie (La Fabrique, 2005) n'est guère optimiste : "La démocratie comme idée du pouvoir de tous peut disparaître, sous une forme douce, se dissoudre dans ces oligarchies tempérées que nous connaissons en Occident." Autre point de vue, celui de Jean-Claude Milner. "La démocratie est-elle autre chose qu'un fantasme ?", se demande-t-il, avant d'ajouter, un rien désabusé : "Aujourd'hui, la politique est plus que jamais une affaire de parole. Nous n'avons de cesse de "parler politique" (...). Napoléon a vu juste : l'Histoire est un théâtre. Sur la scène, il y a des dirigeants qui feignent d'avoir prise sur le cours des choses. Mais, en réalité, ce sont des comédiens, qui n'en savent pas plus que le public." Ainsi, en ce mois de janvier 2011, nous serions dans une situation inédite, traversant, en France, une profonde crise de la représentation, et espérant, en Tunisie, l'avènement d'une révolution d'essence démocratique.
Seule une démocratie Participative et délibérative sauvera la démocratie. S’ il est encore temps…
Franck Nouchi

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