L'accident de Fukushima classé au même niveau que Tchernobyl
De la fumée s'échappe du réacteur n°3 de la centrale de Fukushima Dai-Ichi. Une photo rendue publique par Tepco le 21 mars 2011.
L'Agence japonaise de sûreté nucléaire a élevé, mardi 12 avril, l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima-1 au niveau maximum de 7 sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques (INES), le plaçant au même degré de gravité que la catastrophe de Tchernobyl.
Elle a toutefois précisé que le niveau des émissions radioactives enregistré depuis le début de l'accident nucléaire n'équivalait qu'à 10 % de celui mesuré en 1986 après la catastrophe de la centrale située en Ukraine.
"Nous n'avons pas déploré les mêmes irradiations de personnes. Il y a eu des rejets à Fukushima de vapeurs et de fumées, mais pas de même ampleur ni de même nature qu'à Tchernobyl", a mis en exergue un porte-parole de l'Agence. Les autorités nucléaires japonaises craignent tout de même que les "fuites radioactives" ne "dépassent finalement celles de Tchernobyl".
Preuve de la gravité de la situation, des traces de strontium, un élement hautement radioactif produit par la fission nucléaire, ont été trouvées pour la première fois dans les sols et dans des plantes près de la centrale
"ACCIDENT MAJEUR"
Un responsable de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire a souligné que la décision de revoir la gravité de l'accident à la hausse avait été prise "sur la base des mesures d'iode et de césium relevées dans l'environnement". "Nous allons continuer de surveiller la situation. C'est un niveau provisoire", a-t-il précisé, ajoutant que la décision définitive de classer cet accident au niveau 7 serait prise ultérieurement par un comité d'experts internationaux.
Jusqu'ici, l'Agence japonaise classait l'accident au niveau 5, ce qui correspond à un "accident ayant des conséquences étendues", tandis que son homologue française l'évaluait à 6, le niveau d'un "accident grave". Le niveau 7, le plus important, correspond à un "accident majeur". Seule la catastrophe de Tchernobyl a été classée jusqu'à présent à ce degré maximal, signifiant qu'un "rejet majeur de matières radioactives" s'est produit avec "des effets considérables sur la santé et l'environnement".
NAOTO KAN : LA SITUATION "SE STABILISE PAS À PAS"
Interrogé sur l'apparente contradiction entre ses propos et la décision d'élever au niveau 7 de gravité l'accident à Fukushima, Naoto Kan a répondu : "Nous avons réévalué le niveau sur la base de vérifications de l'étendue des émissions radioactives parfois élevées."
Malgré cette décision, le premier ministre japonais, Naoto Kan, a voulu se montrer rassurant, déclarant que la situation "se stabilise pas à pas" et que les fuites radioactives baissent. Interrogé sur l'apparente contradiction entre ses propos et la décision d'élever au niveau 7 de gravité l'accident à Fukushima, M. Kan a répondu : "Nous avons réévalué le niveau sur la base de vérifications de l'étendue des émissions radioactives parfois élevées."
Il a assuré en outre que "la santé des citoyens est le principe directeur des décisions du gouvernement", demandant aux Japonais de "reprendre leur vie normale" et de consommer, après la période de retenue qu'ils se sont imposée.
RÉPLIQUES
Pendant ce temps, les répliques au séisme dévastateur du 11 mars continuent de secouer la côte nord-est du Japon. Une forte secousse de magnitude 6,3 s'est produite, mardi en début d'après-midi, dans la région de Fukushima. Son hypocentre était situé à seulement 10 km de profondeur. Les employés de la centrale de Fukushima-1 ont été évacués par précaution. Tepco a assuré que ses pompes électriques continuaient de fonctionner normalement pour refroidir les réacteurs nucléaires. Selon les experts, des tremblements de terre répétés pourraient provoquer des dégâts supplémentaires sur la centrale déjà gravement endommagée.
Fukushima : le gouvernement accusé d'avoir minoré le niveau de gravité à cause des élections locales
"Le Parti démocrate a certainement retardé l'annonce du reclassement du niveau de gravité pour attendre la fin les élections, qu'il a d'ailleurs perdus. Je réclame plus de transparence." Ce message, envoyé sur Twitter par @pukuma, un habitant de la préfecture de Shimane, dans le sud du Japon, n'est pas un cas isolé. Depuis mardi matin, des accusations du même type déferlent sur le réseau social, très utilisé dans l'archipel.
De nombreux Japonais en veulent aux autorités d'avoir attendu la fin des élections locales de dimanche pour reclasser subitement l'accident nucléaire de Fukushima au même niveau que celui de Tchernobyl.
Alors que la situation semblait stable depuis quelques jours, ce n'est que mardi que l'Agence japonaise de sûreté nucléaire a élevé l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Dai-Ichi au niveau maximum de 7 sur l'échelle des événements nucléaires et radiologiques. Déjà, lundi, la décision d'élargir la zone d'exclusion à trente kilomètres au lieu de vingt autour de la centrale endommagée avait suscité l'étonnement.
Un enjeux politique
Au Japon, la crise nucléaire est désormais un enjeu politique national. Ce qu'a pu ressentir la majorité démocrate, lourdement sanctionnée pour sa gestion hasardeuse de la crise, en particulier dans la préfecture de Tokyo. Dans la capitale, le sujet du nucléaire a dominé la campagne électorale, éclipsant les enjeux plus locaux.
Le sulfureux Shintaro Ishihara, porté par le parti libéral d'opposition a promis de renforcer la protection de la capitale contre les catastrophes naturelles, et a effectué une visite symbolique dans la préfecture de Miyagi, touchée par l'accident nucléaire de Fukushima. A ses dépends, le premier ministre, Naoto Kan, s'est souvent vu comparé à M. Ishihara dans les médias. Si l'annonce de rehausser le niveau de gravité avait été faite avant dimanche, la déroute du parti démocrate en aurait certainement été aggravée.
Grande catastrophe
Près de Fukushima, lundi, la recommandation d'évacuer le village d'Iitate a provoqué une grande confusion, rapporte l'agence AP. Les autorités locales avaient encore assuré, la semaine dernière, que les 6 200 habitants n'étaient pas en danger. "Ils n'ont pas voulu donner l'ordre formel de partir parce qu'ils ne veulent pas payer de compensation. (...) Je pense que c'est une question d'argent, pas de sécurité", dénonce Kayoko Iga, qui habite dans la zone d'exclusion.
Egalement cité par l'agence, Hideo Hayashi, un sous-traitant de Tepco, soupire : "J'ai travaillé à la centrale. Contrairement à la plupart des gens du coin, je m'y connais en radioactivité (...). Je pense que le gouvernement a été bien trop optimiste pour éviter la panique."
Mais sur Twitter, la communication du gouvernement semble avoir provoqué l'effet inverse : "Il est évident que le gouvernement a retardé cette annonce à cause des élections. Les déclarations sur la sûreté étaient démagogiques... une démagogie de la rumeur. J'ai peur que l'esprit pacifique des Japonais n'en soit altéré", s'inquiète le Tokyoïte @IKE_SYO.
Apis
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