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vendredi 29 avril 2011

La journée de la Femme c'est tous les jours

Les Choses changent en Afghanistan aussi
Fawzia Koofi (photo) est la première femme à avoir accédé à la présidence de l’Assemblée nationale afghane. Membre du Parlement, députée d’une province du nord du pays, une région difficile d’accès, elle est une des personnalités emblémati­ques du mouvement pour les droits des femmes. Et si elle échappe aux menaces qui pèsent sans arrêt sur sa vie, elle deviendra peut-être la présidente de l’Afghanistan...
Votre livre, est-ce avant tout un témoignage destiné à vos filles?
Ce livre, c’est le message que je veux qu’elles entendent quand elles grandiront. Je n’échapperai peut-être pas toujours aux attentats... Je veux qu’elles grandissent avec fierté et qu’elles changent la vie des gens, même s’il ne s’agit que d’un petit changement dans une vie individuelle. Mais je m’adresse aussi à toutes les jeunes filles d’Afghanistan et par-delà, à tous les jeunes. J’ai souvent été attaquée dans mon pays. Si d’autres femmes accèdent au Parlement ou s’impliquent dans la vie sociale, les conservateurs ne pourront plus nous attaquer... parce que nous serons le modèle.
Quelles avancées politiques récentes, en Afghanistan, concernent le droit des femmes?
Je travaille au Parlement à faire voter une loi pour lutter contre les violences faites aux femmes. Dans cette loi, battre une femme est considéré comme un acte de violence. Je milite pour ce principe, alors que mon père battait ma mère. À l’époque, c’était culturel, en quelque sorte. Nous voulons conserver nos valeurs, nos traditions, mais la violence contre les femmes ne fait pas partie de la religion. Pour nos collègues au Parlement, ça n’a pas été facile de concevoir qu’une femme puisse faire emprisonner son père ou son frère. Les changements demandent du temps, nous devons être patients, même si la patience n’est pas ma principale qualité...
Outre le témoignage, votre livre peut aussi se lire comme une profession de foi politique en vue des présidentielles de 2014, non?
Ce livre raconte mon histoire. Celle d’une villageoise ordinaire, habitant une commune rurale éloignée, née dans une famille très traditionnelle – dont le père avait sept femmes –, qui est devenue une militante membre du Parlement. J’ai toujours résisté. Ma mère est l’exemple de la souffrance et de l’endurance de tant de femmes afghanes, mon père est le modèle même du politicien dévoué et engagé. En devenant militante, j’ai acquis la confiance du peuple. J’ai mis ma vie en péril, j’ai échappé de nombreuses fois à la mort. Ce livre parle de politique, parce que je suis une femme politique. Il y a peut-être pour moi un avenir brillant, ou alors un avenir très sombre dans lequel on imposera à mes filles de rester à la maison. Mais si l’avenir me le permet, je me présenterai.
Quelle est votre réaction face aux révolutions dans les pays arabes?
Ces peuples méritent un gouvernement qui les représente vraiment. Nous devons les écouter. Les gens peuvent supporter la faim, mais pas l’injustice.
Lettres à mes filles
aux Éditions Michel Lafon

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