Contraception et avortement : des droits irréfragables et complémentaires pour l'autonomie des femmes !
Une mission sur la contraception des mineures est menée par Berengère Poletti, députée des Ardennes et une autre confiée à Israël Nisand sur la contraception et l'avortement des jeunes filles par Jeannette Bougrab, secrétaire d'Etat à la jeunesse. Le Planning Familial en attend des propositions concrètes pour que les femmes et les hommes vivent une sexualité épanouie en limitant le risque de grossesse non prévue. Il faut pouvoir accéder à la contraception de son choix, se la procurer facilement et garantir la gratuité et l'anonymat pour tous les mineurs partout en métropole et dans les DOM.
Les droits sexuels sont des droits fondamentaux en termes de santé publique, mais surtout en termes d'autonomie, de liberté et d'indépendance dans le respect des différences. Le droit à la contraception et le droit à l'avortement ne s'opposent pas, ils sont tous deux fondamentaux, inaliénables et complémentaires dans la maitrise de la fécondité. Chaque femme doit pouvoir, si elle le souhaite, accéder à l'avortement sans pression ni culpabilisation, dans le respect de sa décision.
Les discours alarmistes en vogue sur l'avortement et ses risques pour les femmes tout comme l'équation simpliste affirmant que multiplier les moyens de contraception conduirait à la diminution des IVG participent de la culpabilisation des femmes soi-disant "incapables" de gérer leur contraception malgré un éventail de méthodes à leur disposition. L'observance médicale n'est jamais totale même pour des maladies graves. Pour la pilule, l'oublier, c'est une grossesse non voulue.
L'échec contraceptif concerne toutes les méthodes, toutes les femmes. Toute femme est susceptible d'être confrontée à une grossesse non prévue au cours de sa vie et 6 fois sur 10, elle aura recours à un avortement. Le risque zéro n'existe pas car la protection systématique et efficace des rapports sexuels potentiellement fécondants est irréaliste.
L'IGAS arrive à ces conclusions précisant qu'une maitrise totale de la fécondité est illusoire en raison de la complexité des facteurs d'une grossesse. L'IVG étant selon l'IGAS, non pas un évènement exceptionnel mais une composante de la vie sexuelle et doit être prise en compte comme telle.
Le nombre d'IVG en France est stable autour de 220 000 avec une légère augmentation chez les moins de 25 ans mais on omet de préciser la diminution importante du nombre de grossesses à terme pour cette tranche d'âge. Cela signifie que beaucoup de jeunes femmes prennent en charge leur contraception et choisissent en connaissance de leurs droits, d'interrompre une grossesse non prévue.
Les discours alarmistes avancent des effets néfastes de l'avortement sur le psychisme des jeunes. Deux études récentes, menées au Danemark3 et aux Etats-Unis4 sur les risques de troubles mentaux liés à l'avortement chez les femmes et les jeunes le contredisent, concluant que la grossesse peut avoir des conséquences plus graves que l'avortement sur la santé psychique.
Appliquons la loi du 4 juillet 2001, et toute la loi, en renforçant l'accès à la contraception des mineures. Trois volets indissociables la composent : gratuité et anonymat de la contraception pour les mineurs ; accès à l'interruption volontaire de grossesse, sans autorisation parentale et obligation de trois séances annuelles d'éducation à la sexualité par niveau d'âge pour tous les élèves.
Prenons en compte les préconisations du rapport de l'IGAS qui pointe l'importance de promouvoir les méthodes dont l'observance est moins contraignante que la pilule tout en facilitant gratuité et confidentialité de la contraception pour les jeunes.
Dans cet objectif, il est urgent de favoriser un véritable travail en réseau entre professionnels des territoires ruraux et urbains, multiplier les lieux d'accès à la contraception ou assouplir les conditions de la première délivrance avec des personnels formés et volontaires, en s'appuyant sur les expériences menées dans plusieurs départements et en y incluant les établissements d'information, de conseil conjugal et familial. C'est inscrire ainsi l'accès à la contraception comme une priorité politique ancrée dans la réalité et dotée de moyens.
Carine Favier, présidente nationale et Véronique Séhier, Bureau national, commission contraception, Le Planning Familial
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire