L’abandon du nucléaire, enfin!
Fabienne Bugnon rend hommage au militant antinucléaire Vital Michalon de Die .
Le 31 juillet 1977, Vital Michalon mourrait sous la déflagration d’une grenade offensive au cours d’une manifestation antinucléaire pacifique, très violemment réprimée par la police française à Creys-Malville, en Isère.
Des milliers de manifestants s’étaient réunis pour manifester leur opposition à la construction du surgénérateur Superphénix et à l’énergie nucléaire en général qui, en dépit du confort qu’elle était susceptible d’apporter, n’assurait aucune garantie dans le domaine de la sécurité des populations et de l’environnement.
La suite des événements leur a donné raison puisque Superphénix a été totalement arrêté en 1998, grâce à un fort engagement militant et juridique, mais surtout après de très nombreuses avaries.
En prenant connaissance du sondage qui montre que 87% des Suisses sont opposés à l’énergie nucléaire, l’envie me prend de regarder dans le rétroviseur et de déplorer toutes ces vies gâchées, tout ce temps perdu, tous ces avertissements ignorés… et d’avoir une pensée émue pour Vital Michalon et pour tous ceux qui ont payé de leur santé et de leur vie l’aveuglement assassin des pronucléaires.
Aujourd’hui Vital Michalon, que je ne connaissais pas, mais dont je partageais le combat, aurait une soixantaine d’années; sans doute qu’avec nous, il savourerait ce sondage qui nous donne enfin raison, mais sans doute aussi qu’avec nous il pleurerait les morts de l’après Three Mile Island et de Tchernobyl et qu’il regarderait impuissant la flore et la faune disparaître et les atteintes irréversibles se multiplier au Japon.
Sans doute qu’avec nous également, il se culpabiliserait de n’avoir pas été suffisamment convaincant face à cette incrédulité et à cet engouement pour une technologie non maîtrisée.
Peut-être se rappellerait-il la violence avec laquelle nos actions étaient étouffées, à quel point les moyens entrepris pour nous contrer étaient totalement disproportionnés et ce zèle qu’avait la police habilitée à gazer et à matraquer la moindre manifestation.
Alors nous lui rappellerions que nous avions un idéal et que nous y croyions et que nous étions prêts à risquer notre vie pour nous faire entendre.
J’avais envie d’écrire ce petit texte en souvenir de Vital Michalon et en mémoire de celles et ceux qui sont morts à cause de cette folie, mais aussi en pensée avec toutes celles et ceux qui ont lutté avec de faibles moyens pour dénoncer les risques du nucléaire, pour demander des moratoires en attendant que cette technologie soit un tant soit peu maîtrisée, pour réclamer que l’élimination des déchets soit solutionnée…
Curieusement Three Mile Island et Tchernobyl n’avaient pas suffi, il a fallu que le soi-disant improbable vienne du Japon, pays reconnu pour ses compétences en matière de technologie pour que les Suisses se sentent enfin concernés.
Désormais le développement des énergies de substitution va sans doute s’accélérer, mais on sait déjà qu’il ne suffira pas à répondre à notre mode de consommation débridée et que c’est bien cela qu’il va falloir questionner.
FABIENNE BUGNON, Genève, suisse
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