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lundi 4 avril 2011

Se reconnaitre dans un président de la République...

Sarkozy : comment s’en débarrasser ?
Un second mandat à l’Elysée ? Pas question ! C’est ce qu’entendent, de plus en plus souvent, les parlementaires UMP, sur le terrain. Mais cet instinct de survie qui les poussent à chercher un autre candidat peut-il se transformer, demain, en désir de meurtre du président sortant ?
Bien sûr, Nicolas Dupont-Aignan a rompu avec l’UMP. Le président de "Debout la République" envisage même de se présenter en 2012. Il n’empêche : son appel à Nicolas Sarkozy à "renoncer au plus tôt à sa candidature s’il souhaite éviter le suicide de la droite" lui a valu de chaudes félicitations de la part de nombreux… parlementaires UMP. "Ils sont au moins une dizaine à m’avoir dit 'bravo, continue !'", assure le député de l’Essonne. En réalité, ils sont au moins une centaine à penser ça. Sur le terrain, ils entendent la même chose que moi : jamais plus on ne votera Sarko. C’est spectaculaire : dans l’esprit du peuple de droite, le problème, c’est Sarkozy. Au point qu’il m’arrive de penser que c’est trop : il n’est pas responsable de tout !"Bien sûr, ce ministre tient à garder l’anonymat. Mais son diagnostic rejoint celui de Dupont-Aignan sur le rejet de Sarkozy dans l’opinion de droite. "La déception est totale. Ce n’est plus du désamour, c’est de la haine. D’innombrables électeurs de la majorité ne supportent plus le personnage et son comportement. Dans ces conditions, les députés UMP ne voient pas comment Sarkozy pourrait être réélu. Ils ont le sentiment d’aller dans le mur. Finiront-ils par le dire publiquement ? On ne peut plus l’exclure."
 - Bien sûr, Marielle de Sarnez veut surtout croire que son héraut, François Bayrou, a encore une chance de se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Mais en observant l’effervescence du microcosme depuis la publication des sondages décelant une percée de Marine Le Pen, la vice-présidente en est arrivé à cette conclusion : "Aujourd’hui, on ne sait pas qui sera au final le candidat du PS mais pas non plus qui sera au final le candidat de l’UMP." A l’entendre, Sarkozy serait à droite dans la même position que DSK à gauche : le favori dans son camp, ni plus, ni moins. Le président sortant aurait perdu sa casaque de candidat naturel. Bien sûr, ce n’est qu’un sondage, un énième sondage. Mais il illustre spectaculairement ce trouble de l’électorat de droite. Quel est son vrai champion pour 2012 ? Le Nouvel Observateur a demandé à l’institut BVA de le déterminer. Double surprise. 1/ Malgré les dégâts sur son image provoqués par son voyage en Egypte, François Fillon domine assez nettement Nicolas Sarkozy auprès des sympathisants de droite : 53% contre 47%. 2/ Encore plus symptomatique : longtemps l’un des hommes les plus impopulaires de France, Alain Juppé n’est pas ridicule, loin de là, quand on l’oppose à Sarkozy, toujours chez les sympathisants de droite : 48% contre 52%. Au contraire de la gauche, la primaire à droite n’est pas explicite. Mais pour le peuple de droite, Fillon et Juppé ont d’ores et déjà acquis le statut de recours.
Sarkozy, dégage ! La rumeur, encore sourde, enfle dans les profondeurs de la droite. Peut-elle remonter à la surface et se transformer en jacquerie ouverte, au point d’empêcher le Sarkozy de se représenter ? La situation de l’actuel président est particulièrement délicate quand on la compare à celle de Giscard, le seul de ses prédécesseurs qui a tenté de se faire réélire sans sortir d’une période de cohabitation. En avril 80, à un peu plus d’un an de la présidentielle, Giscard était crédité par l’IFOP de 32% des voix. A la même échéance, Sarkozy est crédité par le même institut de 23 à 24% des voix. Giscard a finalement été battu. La candidature Sarkozy est-elle condamnée ? Sans surprise, les pontes de l’UMP répondent par la négative. Pour Jean-François Copé, la question relèverait d’une "mode journalistique. Les sondages ne sont pas un sujet." "Ce sera Sarkozy, je n’ai aucun doute là-dessus", ajoute le secrétaire général de l’UMP. Même antienne chez un de ses adjoints, Hervé Novelli : "Pour qu’il y ait contestation, il faudrait que Sarkozy tombe à 15% dans les sondages. Or, il dispose d’un socle. Si Villepin n’est pas candidat, il repassera au dessus de la barre des 25%."
 - Principal danger potentiel, Fillon vient de faire à nouveau acte d’allégeance au président : "Non seulement il est le seul, mais il est le meilleur candidat possible", a-t-il déclaré au Figaro. Et Juppé ? "C’est le plus courageux, affirme Copé. Mais il ne bougera pas tant que Sarkozy…" Il y a une hypothèse que tout le monde exclut à droite : la déstabilisation du président par l’un de ses challengers objectifs. "Sarkozy a de la chance, constate un député UMP : Fillon et Juppé sont des types loyaux, qui ont le sens de l’Etat. Aucun des deux n’adoptera le comportement de Chirac à l’égard de Giscard en 1980." Un autre député enrage : "Fillon serait déjà en situation de rival s’il avait renoncé à Matignon lors du remaniement de novembre dernier. Une fois de plus, il a choisi son confort contre son intérêt."
 - Comment s’en débarrasser ? Il y a une autre hypothèse que bien peu excluent complètement à droite : un nouvel "appel des 43". En 1974, cet appel, venu des rangs du parti gaulliste, a contribué à décrédibiliser Jacques Chaban-Delmas au profit de Valéry Giscard d’Estaing. L’histoire pourrait-elle se répéter ? Un ancien ministre observe : "Certains en doutent car ils prennent les députés pour des lâches. Mais, en l’occurrence, pour défier Sarkozy, ceux-ci ne devront pas écouter leur courage mais leur trouille : la trouille de ne pas être réélu. Dans les mois qui viennent, les députés vont avoir un seul guide : leur instinct de survie. Il peut se transformer en instinct de mort contre Sarko."
On n’a sans doute pas mesuré toutes les conséquences du couplage institué en 2002 entre la présidentielle et les législatives. Jusqu’ici, on a surtout relevé l’arme que ce couplage donne au président nouvellement élu : les députés de la majorité sont objectivement ses assujettis puisqu’ils lui doivent en grande partie leur propre élection. Mais, à approche de la réélection, ce couplage donne, à l’inverse, un droit de regard aux députés : la candidature du président sortant garantit-elle leur propre reconduction ? Aujourd’hui, l’assujetti, c’est Sarkozy ! Un ministre estime : "Les députés auront leur mot à dire. Si le président n’arrive pas à redresser la barre, s’il ne retrouve pas cette capacité à faire bouger les lignes qui a longtemps fait sa force, sa candidature connaîtra forcément une heure de vérité. Elle sera contestée. Le seul problème est de savoir quand."

Sur ce point, il y a débat. Un sénateur lâche : "Aujourd’hui, on est encore sous l’emprise du terrorisme de l’Elysée. Mais si les cantonales qui arrivent sont mauvaises, les gens vont se lâcher." Un ancien ministre juge au contraire que rien ne se passera avant les élections sénatoriales de septembre. "Mais si la droite perd le Sénat, pour la première fois depuis le début de la Vème République, ce sera un tremblement de terre. Alors, les bouches s’ouvriront, pour reprendre une formule naguère en vogue à gauche." Pour sa part, Nicolas Dupont-Aignan juge que Sarkozy se verra contesté par son camp à l’automne, quel que soit le résultat des sénatoriales : "Ca va venir très naturellement. Il faut seulement que ça pourrisse encore six mois."
 - Et s’il devait finalement jeter l’éponge ? A droite, une personne prend la menace au sérieux : Nicolas Sarkozy. Nul doute qu’il souhaite être candidat. A dire vrai, il est déjà candidat, bien davantage que président. Ces derniers mois, il a consacré plus de temps, à travers de multiples déplacements en province, à reconquérir les agriculteurs qui ont lâché la majorité aux régionales de 2010, qu’à rencontrer ses homologues étrangers. D’où le sentiment d’improvisation permanente que donne désormais la diplomatie française. Mais si Sarkozy est totalement engagé dans sa réélection, il est aussi totalement "lucide", selon un proche, sur l’état d’esprit de sa majorité. Explication de ce proche : "S’il a choisi de reconduire Fillon à Matignon à l’automne, alors qu’il avait une formidable envie de le virer, c’est d’abord parce qu’il savait qu’à l’extérieur, Fillon aurait été un point de ralliement pour ceux qui doutent. Même chose pour l’entrée de Juppé au gouvernement. A l’intérieur, il est sous contrôle. Quant aux parlementaires UMP, Nicolas n’arrête pas de les choyer. Alors qu’il a pour eux une estime très relative, il les reçoit en permanence : il lui arrive même de les écouter !"
 - Sarkozy aussi est doté d’un instinct de survie. Particulièrement puissant. Il fera tout pour désarmer les critiques de son camp. Il veut croire qu’à l’approche de l’échéance, tout rentrera dans l’ordre : il apparaîtra à droite comme le plus crédible, le seul capable de battre la gauche et de contrer Marine Le Pen. Mais il sait qu’à cette heure, tout est ouvert. "Rien ne m’a jamais été donné, a-t-il coutume de dire, tout ce que j’ai eu, je l’ai conquis de haute lutte".
Hervé Algalarrondo 

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