Je perds mon innocence atomique
je fume l’atome désintégré en graines de fleurs jaunes
je respire le désert nucléaire
je fais la queue pour recevoir ma ration radioactive
j’arpente les corps nus en rayonnement
j’embrasse la mort lente de la fusion partielle du coeur
FUKUSHIMA MON AMOUR
Je vide mon verre d’eau lourde
je timbre mes humeurs avec les vérités de l’Etat
la mort descend doucement des nuages en panache
les gouttelettes de la centrale retombent sur ma nuque
je plie le cou sous les coups invisibles
j’appelle les morts à mon aide
FUKUSHIMA MON AMOUR
Tonnerre des nouveaux dieux technocratiques
brûlures des nerfs en guerre froide avec le monde
la centrale m’aspire avec la mer dans la pile atomique
au cœur de la fusion je suis seul
douleur des yeux rougis par l’avenir
avec des soleils tués par les bombes
FUKUSHIMA MON AMOUR
Tu nous conjugues comme des bêtes apeurées
tu attises le feu des hommes déréglés
tu es vendu au marchand de vent
ton royaume pour un atome
avec le rire nerveux des tares scientifiques
avec les escaliers de la folie
FUKUSHIMA MON AMOUR
J’appuie sur l’accélérateur de l’argent qui croustille
je suis l’amertume jusqu’au dosimètre de l’impuissance
je chemine par le cri que j’égorge en moi-même
j’attends les secousses qui ébranlent la raison
et les radiations qui abolissent toutes les peines de mort
ta centrale nucléaire se plante au cœur de mon cœur
Benoît Magnat
"Les poèmes sont bien vivants"
avril 2011
(Photo : Almagaul Menlibayeva)
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