Les projets d’écoquartiers fleurissent un peu partout en France. Près de 500 collectivités ont répondu au deuxième appel à projets du ministère de l'Ecologie et du Développement durable cette année. Et c’est sans compter «les autres projets en dehors de ce circuit mais dont la démarche est cohérente», ajoute Franck Faucheux, responsable du bureau aménagement opérationnel durable au ministère.
Bayonne, qui accueille mercredi et jeudi le forum des quartiers durables, a prévu de livrer entre 2012 et 2013 son premier écoquartier, le Séqué, à cinq kilomètres au nord de la ville. «Au départ, c’est une opportunité foncière, raconte Martine Bisauta, adjointe au maire en charge du Développement durable. L’idée a été de monter un projet de quartier performant, à des coûts maîtrisés pour les habitants. Nous allons commercialiser des biens à 3.000 euros le m2 maximum, alors que le marché se situe à 3.500-4.000 euros.» La performance des bâtiments devra atteindre une consommation inférieure à 50 kWh/m2/an, tandis que les eaux pluviales seront récupérées, et les déchets valorisés.
Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine, vient de son côté de donner le coup d’envoi du plus grand projet d’écoquartier en Ile-de-France. Sur neuf hectares, il devrait accueillir 4.000 habitants d’ici à 2017. Toujours dans un souci de maîtrise du foncier et de mixité, le maire, Jacques Bourgoin (PCF), a tenu à y imposer 50% de logements sociaux.
BedZED à Londres, «l’exemple à ne pas suivre»
«Il n’y a pas de modèle absolu d’écoquartier, insiste Grace Yepez, architecte pour le centre de ressources technologiques Nobatek. Les projets à Lyon, Grenoble, Narbonne, Bayonne sont assez différents. Mais il y a quand même des règles à respecter, comme être innovant, considérer l’habitant comme pierre angulaire du projet. On cite souvent le quartier BedZED à Londres comme référence, mais de mon point de vue, c’est le modèle de quartier très performant mais pas assez humain, à ne pas suivre.»
Martine Bisauta abonde dans ce sens: «La technologie ne fera pas tout. Les habitants doivent s’approprier l’endroit où ils vont vivre. C’est par leur comportement que l’on fera baisser les consommations. C’est pourquoi la concertation avec la population est primordiale. Sur le quartier du Séqué, un cabinet d’études va les accompagner durant deux ans pour les aider à finir d’aménager le quartier comme ils le souhaitent.» A Genevilliers, le maire souhaite que les innovations menées au sein de l’écoquartier «profitent à l’ensemble de la ville».
«Il faut trouver l’équilibre entre des quartiers autonomes énergétiquement, fonctionnant en circuit fermé, mais solidaires et ouverts sur l’extérieur, résume Grace Yepez. C’est cela la ville de demain. Sinon, le danger est de créer des îlots très performants réservés à une population aisée, et repliés sur eux-mêmes.»
«L'écoquartier doit avoir un impact sur toute la ville»
Bayonne : Aujourd'hui Franck Faucheux, le responsable du bureau Aménagement opérationnel durable au ministère de l'Environnement, et son adjoint Bruno Bessis, décryptent cette nouvelle forme d'urbanisme...
On entend beaucoup parler d’écoquartier en France depuis quelques années. Mais que renferme exactement cette notion?
Franck Faucheux. Le terme écoquartier s’est imposé lors du Grenelle de l’Environnement. C’est une opération d’aménagement qui doit remplir des objectifs environnementaux bien entendu, mais aussi économiques et sociétaux: un écoquartier coupé du reste du monde, et dans lequel personne ne se parle, ne serait pas un écoquartier. Il doit aussi proposer des logements financièrement accessibles, être bien desservi par les transports pour offrir aux habitants un choix entre plusieurs modes de déplacement. La technologie, il en faut, mais elle doit être adaptée à l’échelle du quartier: on n’installera pas une collecte de déchets par pneumatique dans un environnement urbain peu dense. A l’inverse, un réseau de chaleur trouvera sa place dans un projet de plusieurs milliers de logements.
Bruno Bessis. Un écoquartier, ce n’est pas un objet fini. A aucun moment on ne dit qu’un écoquartier doit ressembler à telle ou telle chose. Il doit avant tout répondre à un certain nombre de valeurs.
Ce n’est donc pas l’unique réponse à la ville durable?
FF. Non, c’est un lien vers la ville durable. Pour certaines collectivités, c’est l’occasion de créer un aménagement réclamé par les habitants, à l’échelle de la ville entière, de repenser les modes de déplacement. S’il n’a aucun impact sur la ville, il a raté quelque chose.
A ce jour existe-il un écoquartier achevé, et qui fasse référence, en France?
BB. Le plus abouti est celui de la ZAC de Bonne à Grenoble. L’aspect sociétal est pleinement pris en compte puisqu’il compte 40% de logements sociaux. Avec ce projet, la ville de Grenoble a donné un standard à suivre pour les autres grandes villes.
Les collectivités ont-elles bien pris conscience des enjeux de développement durable dans leurs projets?
BB. Pour le premier appel à projets écoquartier nous avons reçu 160 candidatures. A l’issue du deuxième, lancé cette année, nous arrivons à près de 500. Cela montre donc que les collectivités se posent les bonnes questions. Mais ce n’est pas pour autant que les 36.000 communes françaises ont adopté la démarche du développement durable.
Les projets d’écoquartiers sont essentiellement des quartiers flambants neuf. Or, on sait bien que l’enjeu énergétique des bâtiments repose essentiellement sur la rénovation de l’existant. Est-ce suffisamment pris en compte?
FF. Il y a des dossiers de réhabilitation très intéressants. Mais c’est évidemment plus compliqué que de la création, non pas pour des questions techniques, mais de procédures administratives et de montages financiers. C’est rare de tomber sur des copropriétaires qui vont manifester ensemble, au même moment, un même besoin de rénovation énergétique. Il faut souligner au passage l’incompétence des syndics de copropriété, qui par exemple freinent des quatre fers sur les diagnostics énergétiques. C’est regrettable car eux auraient les moyens de mettre en place des centrales d’achat pour rénover des immeubles entiers. Le parc privé est en train de se paupériser, alors que celui du logement social a pris les devants il y a déjà dix ans.
Le forum des quartiers durables a lieu les 28 et 29 septembre à Bayonne
Ecologie au Quotidien suit plusieurs projets d’ écoquartiers en Drôme : Ecoravie à Dieulefit, La Belle Verte à Saillans, Habiterre à Die, Les Toits de la Gare à Recoubeau, Art’erre et ses maisons en éconstruction mais aussi des projets municipaux comme à Aubenasson, Chanqueyrasse à Die…Et les fait visiter pendant ses rencontres annuelles.
DIE, Rhône-Alpes, France
Le Chastel 26150 DIE
Tel : 04 75 21 00 56
Courriel : ecologieauquotidien@gmail.com
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