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vendredi 30 septembre 2011

L' éducation , dernière des priorités du gouvernement...

Enseignants: Mobilisation du public et du privé alliés pour dénoncer les suppressions de postes et la liquidation de l’éducation…
Plus de 175.000 personnes ont défilé dans toute la France ce mardi...
La quasi-totalité des syndicats d'enseignants du public et cinq syndicats du privé ont organisé des grèves et manifestations ce mardi en France pour dénoncer les suppressions de postes.
Fait exceptionnel, les enseignants du privé ont défilé au coude à coude avec leurs collègues du public pour exiger «zéro retrait d'emploi pour la rentrée 2012». Mais la mobilisation est restée mitigée.
Une centaine de manifestations en France
Selon le ministère de l'Education nationale, 28,89% d'enseignants du premier degré étaient en grève ce mardi et le taux était de 22,33% dans le second degré. Les syndicats affichent, eux, 54% de grévistes dans le primaire et environ 50% dans le secondaire.
Une centaine de manifestations ont eu lieu dans tout le pays avec parfois le renfort de parents d'élèves et de dirigeants de la gauche française. Plus de 120.000 enseignants ont manifesté en province dans 72 départements et 55.000 à Paris, soit 175.000 au total, selon la FSU, syndicat majoritaire dans le public.
«Ce mouvement n'a rien d'historique»
Le ministre de l'Education, Luc Chatel, a contesté l'ampleur des grèves et manifestations. «Ce mouvement n'a rien d'historique. Trois enseignants sur quatre aujourd'hui travaillent», a-t-il déclaré lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.
Le gouvernement campe fanatiquement sur ses positions, estimant qu'on peut «relever le défi de la réussite de chacun» même avec moins d'enseignants, une politique imposée par la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Après 50.000 suppressions de postes entre 2007 et 2010, le gouvernement en a programmé 16.000 pour cette rentrée et 14.000 en 2012, soit 80.000 sur le quinquennat.
Sarkozy veut caresser l’industrie…
L'enseignement privé sous contrat est également affecté, avec plus de 1.500 suppressions de postes cette année et 1.350 en 2012. Depuis 2008, 5.000 postes ont été supprimés dans ce secteur alors que les effectifs d'élèves ne cessent d'y croître. En Bretagne, région à forte tradition catholique, les responsables de l'enseignement privé ont annoncé une mobilisation sans précédent avec plus de 30% de grévistes.
Nicolas Sarkozy a irrité nombre d'enseignants ce mardi matin, en expliquant que son devoir était de penser d'abord aux salariés de l'industrie, dont les emplois sont exposés à la concurrence internationale, plutôt qu'aux fonctionnaires, protégés par leur statut. Venue soutenir les professeurs parisiens, Martine Aubry candidate à la primaire socialiste, a estimé que le chef de l'Etat n'avait «rien compris» à la France en cherchant à opposer une nouvelle fois les Français les uns aux autres.
Grève des enseignants: «Il y a une déshumanisation de l'école»
La seule solution valable, pour les professeurs, est l'instauration d'un dialogue avec les politiques...
Le cortège est long et dense, mais les troupes marchent presque résignées. «Je ne me fais aucune illusion», lance Guillaume, professeur de mathématiques au lycée Louise-Michel (93). Comme beaucoup ce mardi, cet enseignant est venu accompagné de quelques collègues. Par petits groupes de trois ou quatre, ils discutent, avancent sur le boulevard Saint-Michel, situé à proximité de La Sorbonne, d’Assas et du lycée Henri IV: «On est nombreux, ça fait du bien au moral mais pour l’instant le rapport de forces n’est pas suffisant.»
«Nicolas Sarkozy n’a vraiment rien compris»
Certains ont même déjà entendu les déclarations de Nicolas Sarkozy lors de sa visite de ce mardi matin à l’usine de carburant vert de Venette (Compiègne). «Notre mouvement ne peut pas faire de mal mais quand j’ai écouté les informations à 13h, je me suis dit qu’il n’avait vraiment rien compris», se désole une jeune enseignante d’un lycée de ZEP à Sarcelles.
Un avis partagé par Patrick Gonthier, secrétaire général de l’Unsa (fédération des métiers de l’éducation): «Si le gouvernement pratiquait le dialogue social, les tensions seraient moins fortes mais là, sans discussion, il est difficile de croire que cette action puisse aboutir.»
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir de nombreuses revendications. A commencer par les suppressions de postes. «C’est intolérable que les classes de primaires soient surchargées», tempête Philippe Hivernet, enseignant au lycée Blaise-Pascal (77). Pour ce professeur d’éducation physique et sportive qui exerce depuis presque 38 ans, la pilule passe mal: «Le système éducatif est en train d’être détruit et ce sont les élèves en difficulté qui sont les premiers à en pâtir.» Une opinion partagée par tous ses confrères. «Les classes de primaires avec 32 ou 33 élèves ne permettent pas de travailler dans de bonnes conditions. Il y a une déshumanisation de l’école», s’indigne Giselle Skriabil, institutrice remplaçante dans le département de la Seine-et-Marne.
«Le problème, c’est que l’enseignement n’est pas un service. On doit être rentable alors que l’apprentissage des enfants ça ne se comptabilise pas», déplore Annie Gérard, aujourd’hui retraitée mais qui a enseigné pendant 38 ans en maternelle et au CP.
La seule solution: le dialogue
S’ils n’y croient pas, alors pourquoi se sont-ils tous réunis? «On espère que ça va marquer le coup avant la présidentielle, que ça va devenir l’un des sujets principaux pour les élections», souhaite Annie Gérard, aujourd’hui grand-mère de deux petites filles. D’autres y voient le début d’un long bras de fer: «Il ne faut pas se limiter à une journée de mobilisation. Pour les retraites, on a bloqué des raffineries, ça a mis la pression», s’enflamme Hugo, un étudiant âgé de 26 ans. Et d’ajouter: «Moi je fais partie du mouvement des “indignés”, je crois qu’il ne faut pas attendre les initiatives des syndicats, tout le monde doit se mobiliser et dans chaque secteur.» Une opinion partagée par Alain Bonhomme, père d’une élève de première du lycée Racine (Paris VIIIe): «Protester c’est bien, mais lutter, c’est vachement mieux!»
Alors que se profilent la présidentielle en mai prochain et un possible changement à la tête de l’Etat, l’espoir pourrait être de mise. Et pourtant, là encore, l’enthousiasme n’est pas non plus au rendez-vous. Pour Hugo: «Au PS, ils ont un vernis différent mais en gros ils ne changeront rien». «On a toujours de l’espoir, ils en parlent dans leurs discours, on verra bien», ajoute Annie Gérard, venue accompagner plusieurs jeunes enseignantes.
Pour les manifestants, l’école peut être sauvée par le dialogue entre politiques et enseignants. «Les réformes doivent être faites avec nous. Nous sommes tous les jours sur le terrain, nous savons ce qui marche et généralement, quand nous appliquons nos solutions, elles fonctionnent», affirme un professeur du lycée Paul Valéry (Paris XIIe), qui enseigne les mathématiques depuis 21 ans. Et de conclure: «Nous ne pouvons plus être ceux qui subissent les réformes.»
APL

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