Oui, l'unité palestinienne va bien dans le sens de la paix
Un nouveau gouvernement palestinien doit être bientôt formé suite à l'accord signé entre les principales factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas. Le nouveau gouvernement de transition composé de personnalités indépendantes aura pour tâche d'ouvrir la voie vers la tenue d'élections parlementaires et présidentielle en mai 2012.
La réconciliation palestinienne compte parmi les bouleversements fondamentaux survenus au Moyen-Orient. Négociée par l'Egypte après sa propre révolution et reflétant un fort désir public de surmonter quatre années de division interne, la réconciliation palestinienne est un fruit du "printemps arabe".
En tant qu'anciens dirigeants internationaux et négociateurs de paix, nous avons appris qu'obtenir une paix durable exige une approche inclusive. Nous considérons qu'il est d'une importance capitale que la communauté internationale soutienne l'unité palestinienne et évite toute étape qui pourrait compromettre le fragile processus de réconciliation. En particulier, nous exhortons les Etats-Unis et l'Union européenne à s'engager avec le gouvernement de transition, ainsi qu'avec le pouvoir palestinien qui résultera des élections de 2012. Cela est primordial pour les raisons suivantes :
Premièrement, surmonter la scission entre la Cisjordanie et la bande de Gaza est une condition préalable à la création d'un Etat palestinien viable et unifié. Deuxièmement, un accord durable avec Israël ne pourra être obtenu que si le pouvoir palestinien est en mesure de négocier au nom de tous les Palestiniens et avec l'accord des principales forces politiques. La réconciliation est donc un préalable pour parvenir à la solution des deux Etats. Demander au Fatah de choisir entre faire la paix avec le Hamas et faire la paix avec Israël présente un faux choix : une paix durable avec Israël n'est possible qu'avec l'implication du Hamas.
La réconciliation palestinienne constitue une opportunité de renforcer la sécurité d'Israël. L'accord d'unité pourrait aider à consolider un cessez-le-feu, en prévenant de nouvelles attaques depuis la bande de Gaza contre les civils israéliens. Un échange de prisonniers palestiniens contre le soldat israélien Gilad Shalit , capturé par le Hamas, pourrait être une autre conséquence positive de cet accord.
L'opportunité que représente l'accord d'unité doit être saisie sans répéter les erreurs du passé. En 2006, après la victoire du Hamas aux élections, les Etats-Unis et l'UE ont opté pour un boycottage politique et financier. Avec du recul, ces politiques ont constitué un revers majeur pour le processus de paix, en exacerbant les divisions entre les Palestiniens et en consolidant le blocus de la bande de Gaza.
Le nouvel accord d'unité et les événements survenus dans la région offrent une chance aux Etats-Unis et à l'UE de changer de cap. Les principes du quartet, dont la reconnaissance d'Israël, devraient être considérés comme des objectifs plutôt que comme des prérequis à un engagement avec les dirigeants et factions palestiniens. L'adhésion à un cessez-le-feu et à la non-violence est un seuil réaliste sur la base duquel entamer des négociations.
En soutenant l'unité palestinienne à ce moment crucial, les Etats-Unis et l'UE ont l'opportunité de montrer leur engagement en faveur de la solution des deux Etats ainsi qu'envers les aspirations démocratiques exprimées à travers le Moyen-Orient. L'alternative est difficile à envisager. Si la réconciliation palestinienne est mise en péril, cela précipitera le conflit israélo-palestinien dans une impasse encore plus profonde, avec des conséquences dramatiques pour toutes les parties et pour la communauté internationale au sens large.
Collectif
Massimo d'Alema, ex-premier ministre italien ;Hanan Ashrawi, ex-porte-parole de la délégation palestinienne pour le processus de paix au Moyen-Orient ;Shlomo Ben Ami, ex-ministre israélien des affaires étrangères ;Hervé de Charette, ex-ministre des affaires étrangères ;Louis Michel, ex-commissaire européen belge au développement et à l'aide humanitaire ;Yezid Sayigh, ex-négociateur de la délégation palestinienne pour le processus de paix au Moyen-Orient ;Alvaro de Soto, ex-coordinateur spécial de l'ONU ;Hubert Védrine, ex-ministre des affaires étrangères.
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