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dimanche 5 juin 2011

Humour noir

Des Bisounours à Zaz, les nouveaux clichés éculés des politiques
Encore plus que les journalistes, les politiques ont une passion pour les clichés. Pas seulement les expressions toutes faites, déjà repérées par Alerte cliché, notre fidèle robot : à force de matraquer les « éléments de langage » concoctés par leurs communicants, ils en créent tous les jours de nouveaux.
Et, par facilité ou par paresse, ils se raccrochent aussi à des clichés intellectuels et à des postures automatiques. (Au moins) jusqu'en mai 2012, ils devraient pulluler. Nous avons décidé de les recenser.
Bisounours. Expression destinée à dénigrer l'angélisme supposé d'un adversaire. Utilisé par l'extrême-droite pour ridiculiser la droite « molle », par cette même droite face à la gauche, et par des socialistes contestataires en direction de leurs camarades. En 2002 et 2007, ils disaient « bobos ».
 « C'est l'affaire de tous. » En gros, démerdez-vous. Se dit d'un projet qu'un ministre lance mais que les collectivités locales doivent financer.
Conseil national de la résistance. Avant, l'expression « acquis sociaux » se suffisait. Leur caractère sacré était implicite. Visiblement, cela n'est plus le cas. Pour retrouver un degré de solennité équivalent, les partisans d'une économie basée sur un service public fort doivent désormais invoquer le souvenir de la Résistance. Ils disent : « les acquis sociaux du programme du CNR », « les réalisations du CNR »… Même phraséologie chez les fans de Stéphane Hessel qui, avec « Indignez-vous ! », a beaucoup œuvré pour faire resurgir le programme du CNR du relatif oubli dans lequel il était tombé.
Deux jambes. Métaphore favorite des centristes et des gaullistes sociaux pour signifier aux libéraux qu'ils ne doivent pas les oublier. « La majorité doit marcher sur ses deux jambes. » Au PS, la formule a deux autres sens :
- contester la politique menée par la droite et formuler des propositions alternatives ;
- peser sur le cours des choses par le mouvement social et par les urnes.
Etats-généraux. Voir Grenelle.
« Faire bouger les lignes. » Faire en sorte de changer la donne. Il est d'usage de prononcer le mot lignes en prenant des accents guerriers, cela souligne votre capacité de transformation du monde. Exemple avec Jean-Pierre Chevènement, le 2 juillet 2010. (Ecouter le son)
Ou encore François Bayrou, qui explique ainsi pourquoi il accepte de débattre avec Ségolène Royal, le 28 avril 2007. (Ecouter le son)
L'expression traduit une gène, suggère Giorgione sur le blog philo de Libe.fr: elle constate que ça bouge, mais se garde de dire dans quel sens et avec quelle ampleur… A notre connaissance, c'est Mitterrand (François) qui a le premier introduit la formule dans le vocabulaire politique. Fin lettré, il faisait alors écho, en l'esquintant, à un vers de Baudelaire : « Je hais le mouvement qui déplace les lignes ».
« Faire le jeu/le lit du FN. » Accusation « brandissable » en toute occasion. Compte double en période électorale. Hervé Morin considère que « le PS fait le lit du Front national » en ne destituant pas Jean-Noël Guérini malgré le rapport Montebourg. Selon la gauche, c'est le débat sur l'islam qui a fait le lit du FN. Lequel Front doit donc être assez bien bordé.
« Faire société. » Voter, selon Bertrand Delanoë. Participer à la « vie citoyenne ». Parfois suivi d'un « autrement ». Plus généralement : être ensemble. C'est l'attelle que l'on pose sur la « fracture sociale ». Voir Vivre ensemble.
Famille (politique). Mot désormais chargé d'un sous-entendu légèrement menaçant, à connotation simili-mafieuse. Exemple avec Marie-Anne Montchamp, le 11 avril 2011, à propos de Jean-Louis Borloo. Grenelle. C'est Roselyne Bachelot qui, en mai 2009, a le mieux résumé le sentiment général : « Qu'est-ce que j'en ai marre de ces Grenelle qui ne servent à rien ! […] On devrait plutôt faire un Grenelle du cul ! » (Propos retranscrits, à l'époque, par Le Canard enchaîné). Depuis celui dit « de l'environnement » (2007), de multiples Grenelle ont suivi : Grenelle de l'insertion, de l'audiovisuel, des ondes, de la mer… L'antonomase désigne désormais aussi bien une réunion qu'un projet un peu usine à gaz. Ce qui, en passant, amoindrit la puissance symbolique de la référence historique – les accords signés, au ministère du Travail, rue de Grenelle, entre les syndicats et le Premier ministre à la fin du mois de mai 68. « Etats-généraux » souffre d'une banalisation comparable.
 « J'ai une feuille de route et je vais l'appliquer. » C'était un des gimmicks favoris d'Eric Besson lorsqu'il était ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. Rachida Dati aussi l'utilisait avec insistance. Claude Guéant la complète d'un « sans état d'âme ». Une manière de se poser en élèves appliqués qui n'ont pas de comptes à rendre sur le fond, en fonctionnaires zélés qui ne font qu'exécuter des décisions prises par le Président élu par la majorité des Français.
« Jouer collectif. » Sarkozy appelle régulièrement la majorité à « jouer collectif ». Copé accuse tout aussi régulièrement Fillon de ne pas « jouer collectif », comme le lundi 28 mars 2011. (Ecouter le son)
Hervé Morin, lui, accepte de « jouer collectif » avec Jean-Louis Borloo. Appeler à « jouer collectif », c'est non seulement demander aux autres de ne pas jouer « perso », mais surtout exiger qu'ils jouent derrière vous.
Logiciel. Socle de références plus ou moins vagues qu'il convient de « changer ». Exemple : « Il est temps de changer de logiciel politique pour la région et la Nièvre : Magny-Cours, le charbon, le pôle nucléaire ne sont pas des projets durables. »
Naïma. « Naïma, rencontrée quand je travaillais dans les quartiers populaires… » est une jeune femme sans nom que Laurianne Deniaud, la présidente des Jeunes socialistes, cite parfois dans ses discours. Les responsables politiques ont tous en stock une Naïma, un « ouvrier digne », un « chef d'entreprise qui me disait l'autre jour… », une « dame croisée en venant » – capables d'incarner toutes les situations auxquelles ils ne sont pas directement confrontés dans leur vie quotidienne. Ils partent du principe qu'un propos n'est légitime que s'il repose sur une expérience concrète.
Nauséabond. Euphémisme employé à la place de « fasciste ». Souvent précédé de « relents ». La référence aux « années 30 » et aux « heures sombres de notre Histoire » marche bien aussi. « Lynchage » n'est jamais loin.
 « Oser dire la vérité (sans faux-semblant). » Expliquer que des sacrifices sont nécessaires.
« Redonner du sens. » Ajouter une citation de Paul Eluard, Jean Jaurès, Léon Blum à la fin d'un discours. Variante : réenchanter.
Réunion Tupperware. En politique, Julien Dray revendique la paternité du concept, récemment adopté par Nicolas Hulot. Par rapport au meeting, la réunion en petit comité a (au moins) deux avantages : elle ne coûte rien ; elle évite de ne prêcher que des convaincus. Question ratissage, c'est une version modernisée et plus confortable du bon vieux porte-à-porte. Variante no-logo : la réunion d'appartement.
« Soyons sérieux. » Voir Vraies préoccupations.
(Le) vivre ensemble. Expression martelée lors de la convention UMP sur la laïcité. Dans un tweet du 9 avril, en plein conseil national du PS, Françoise Degois, conseillère de Ségolène Royal, a inauguré un usage détourné (et légèrement ironique ? ) : « Soleil de printemps. Applaudissements partagés. Le vivre ensemble progresse ; -) » Commence aussi à être utilisé comme synonyme de « cohésion sociale ». Permet de vider les notions d’engagement et de militance de ces utopistes grincheux qui empêchent de « Bien vivre ensemble ». Vive la Collaboration douce et conviviale…
Vraies préoccupations (des Français). Soucis aussi soudain qu’exclusif des politiques confrontés à de mauvais sondages, à une polémique ou à une question désagréable.
Zaz. Depuis le succès de son hymne anticonsumériste consacré tube de l'été 2010 par TF1, Isabelle Geffroy, dite Zaz, est la chanteuse que les politiques brandissent comme référence jeune et populaire. Avant, ils avaient Diam's (préférée à Piaf par Ségolène Royal en 2007) – mais depuis qu'elle porte le voile, le symbole est apparemment plus délicat à manier. Zaz, François Hollande l'« aime bien ». Rien que ça courage fuyons…
Apis

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