Grèce : les forces de l'ordre attaque la foule dans la capitale
Une manifestation monstre s'est déroulée dans la capitale et s'est terminée en affrontements. Le Premier ministre négocie avec l'opposition.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans les rues d'Athènes en milieu de journée. Alors qu'un bloc de manifestants est parvenu à rompre le cordon policier qui protégeait les palais présidentiels, la police a eu recours aux gaz irritants pour disperser le groupe à une vingtaine de mètres seulement du palais présidentie.
Pour la troisième fois depuis le début de l’année, les syndicats ont appelé à une grève générale. Le mouvement de protestation populaire des «Indignés» démarré le 25 mai ne cesse de se renforcer.
Tôt ce mercredi matin, des milliers d'Indignés et des groupes de gauche, mais aussi de ma droite nationaliste ont afflué sur la place centrale de Syntagma devant le Parlement à Athènes. Elle est submergée par des drapeaux grecs ou espagnols ainsi que par des banderoles. Plusieurs indiquent «No pasaran», «Résistez».
La police a installé dans la nuit une barre de fer en travers de la rue, devant l'entrée du Parlement. Des dizaines de fourgons policiers sont stationnés afin de permettre l'accès aux députés et de freiner la foule.
Plusieurs artères autour du Parlement ont été fermées à la circulation et aux piétons.
«La Grèce est en danger, c'est la plus importante mobilisation dans le pays» depuis les années 70 contre la junte militaire, estime Maria Chira, une brune trentenaire, enroulée dans un drapeau grec, qui a rejoint le mouvement des Indignés depuis fin mai. Elle dit n'avoir jamais appartenu à aucun parti ni syndicat auparavant.
L'agence de notation Standard and Poor's a annoncé ce mercredi avoir abaissé de trois crans la note de quatre banques grecques à «CCC», et averti de la possibilité d'une crise de liquidités à court terme affectant tout le système bancaire de ce pays.
Ces quatre banques, la Banque nationale de Grèce, l'Eurobank EFG, Alpha et Piraeus, sont «exposées à des risques renforcés en raison de la détérioration de la solvabilité de la Grèce», relève l'agence.
Le pays est plongé dans la récession pour la troisième année consécutive. L’agence de notation Moody's a abaissé, début juin, sa note de trois crans et indiqué qu'elle envisageait de l'abaisser de nouveau. Selon elle, il y a une «augmentation du risque que la Grèce ne puisse stabiliser son endettement sans une restructuration de sa dette».
Ce mercredi a commencé l'examen du projet de loi budgétaire comprenant un nouveau volet d'austérité pour les pauvres d'ici à 2015.
Le Premier ministre Georges Papandréou a répondu à la mobilisation en soulignant qu'il allait «assumer ses responsabilités» et «continuer d'avancer et prendre les mesures nécessaires pour sortir le pays de la crise».
Il s'est ensuite entretenu au téléphone avec son rival de droite, Antonis Samaras, et selon la télé publique Net, les deux hommes ont entamé un intense marchandage autour d'une ouverture du gouvernement au delà des rangs socialistes.
Pour l’instant, c'est donc toujours le parti socialiste qui tient le pouvoir, mais il est de plus en plus dans l’embarras. Mardi soir, le député de la majorité Georges Lianis a démissionné de son groupe parlementaire, en déclarant que le gouvernement «avait échoué». Sur 300 sièges, les socialistes n’en ont plus que 155 alors que le plan budgétaire doit être voté fin juin.
«Le Pasok a atteint ses limites», a titré du coup ce matin le journal libéral Kathimérini. Pour le quotidien de gauche Elefthérotypia «le gouvernement tient à un fil».
Selon le gouvernement, le vote par le Parlement du plan budgétaire est la condition pour le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d'euros accordé en 2010 par l'UE et le FMI, dont 53 milliards au total ont été versés à ce jour au pays.
Les investisseurs s'inquiètent de plus en plus des conséquences que pourrait avoir la crise grecque sur le secteur financier européen.L'Agence d' évaluation financière Moody's ( des voyous de la finance) envisage d' abaisser la note des banques françaises BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole du fait de leur exposition à la Grèce. La belge Dexia serait également menacée.
Le Crédit Agricole est concerné via sa filiale Emporiki et est donc principalement touché par des créances privées. Pour BNP Paribas et Société Générale, en revanche, c'est avant tout le portefeuille de titres d'Etat qui est concerné. Il atteignait, fin mars, 2,5 milliards d'euros pour Société Générale et 5,0 milliards pour BNP Paribas.
Le ministre français des Affaires européennes Laurent Wauquiez a minimisé ce mercredi les risques liés à la menace de Moody's d'abaisser la note de trois banques françaises, soulignant que le secteur bancaire français était «moins exposé» que l'allemand.
Selon des chiffres publiés le 6 juin, les banques allemandes détenaient fin 2010 un total de 22,6 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros) de dette publique grecque, contre 15 milliards de dollars (10,5 milliards d'euros) pour les banques françaises.
L'euro perdait du terrain face au dollar ce mercredi, mais selon l'économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, le destin de la monnaie commune européenne «ne dépend pas» de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande.
«La Grèce contribue pour 2,5% à la création de valeur» de toute la zone euro, «si vous ajoutez le Portugal et l'Irlande on arrive à 6%», a-t-il expliqué.
Selon Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi, il «devient de plus en plus évident que les dirigeants européens ne parviennent toujours pas à trouver un accord sur un nouveau plan de sauvetage de la Grèce», donc la pression contre l'euro devrait s'accentuer dans les jours à venir. Vraiment les peuples sont la cinquième roue de la charrette...
APIS
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