Un océan les sépare. Les mines contrites des socialistes portugais, pulvérisés lors des élections législatives anticipées de dimanche, contrastaient avec la douce euphorie qui s’est saisie de la gauche péruvienne. Son candidat à la présidence, Ollanta Humala, vient de mettre un terme à plus de deux décennies de domination néolibérale.
L’élection de ce nationaliste de gauche fait suite à celles d’Evo Morales et de Rafael Correa dans les républiques voisines des Andes, tous portés par la vague indigéniste et le ras-le-bol des plus pauvres face à un développement confisqué par une minorité. La déroute de José Socrates au Portugal intervient, elle, deux petites semaines après celle du socialiste espagnol José Luís Rodríguez Zapatero, emporté par le même mécontentement populaire face au brutal démantèlement de trois décennies de conquêtes sociales.
L’élection de ce nationaliste de gauche fait suite à celles d’Evo Morales et de Rafael Correa dans les républiques voisines des Andes, tous portés par la vague indigéniste et le ras-le-bol des plus pauvres face à un développement confisqué par une minorité. La déroute de José Socrates au Portugal intervient, elle, deux petites semaines après celle du socialiste espagnol José Luís Rodríguez Zapatero, emporté par le même mécontentement populaire face au brutal démantèlement de trois décennies de conquêtes sociales.
Comparaison n’est pas raison. Mais les destins opposés, ces dernières années, des gauches latino-américaine et européenne ont tout de même de quoi titiller les esprits.
Longtemps, les partisans du virage à droite des partis socialistes européens ont affirmé que la disparition de la classe ouvrière ne leur donnait d’autre choix stratégique que d’élargir leur base sociale à la classe moyenne. Et pour cela, il fallait, disait-on, modérer les ambitions fiscales et les protections sociales.
Hypocrite, ce discours cachait mal un ralliement de fait aux thèses libérales et la consciente subordination de l’Etat aux «marchés» (les détenteurs de capitaux) que plus personne ne pourrait affronter sans risquer l’apocalypse ou bien pire encore!
Longtemps, les partisans du virage à droite des partis socialistes européens ont affirmé que la disparition de la classe ouvrière ne leur donnait d’autre choix stratégique que d’élargir leur base sociale à la classe moyenne. Et pour cela, il fallait, disait-on, modérer les ambitions fiscales et les protections sociales.
Hypocrite, ce discours cachait mal un ralliement de fait aux thèses libérales et la consciente subordination de l’Etat aux «marchés» (les détenteurs de capitaux) que plus personne ne pourrait affronter sans risquer l’apocalypse ou bien pire encore!
La crise a eu le mérite de rendre cette trahison transparente. Face au krach des banques, quasiment tous les partis socialistes d’Europe ont réagi de conserve: ils ont précarisé l’immense majorité de la population pour renflouer des entreprises privées.
Dans les Andes, la gauche a longtemps suivi cette confortable voie du renoncement. Elle disait la révolution reléguée aux poubelles de l’histoire par l’affaiblissement de sa base historique: les mineurs et les ouvriers agricoles. Elle a pourtant su se reconstruire dans le lumpen-prolétariat des villes et, surtout, parmi ces petits cultivateurs, souvent d’origine indigène, naguère jugés trop arriérés pour «édifier le socialisme».
Malgré une campagne de presse unanime et d’une virulence extrême, malgré les menaces des investisseurs et les avertissements de l’oligarchie locale, Ollanta Humala l’a emporté. Bien sûr, les précédents latino-américains y sont pour beaucoup. Les flammes de l’enfer n’ont dévoré ni les Boliviens ni les Vénézuéliens. Et le Brésil et l’Argentine se portent mieux depuis qu’ils ont chassé le FMI.
Dans les Andes, la gauche a longtemps suivi cette confortable voie du renoncement. Elle disait la révolution reléguée aux poubelles de l’histoire par l’affaiblissement de sa base historique: les mineurs et les ouvriers agricoles. Elle a pourtant su se reconstruire dans le lumpen-prolétariat des villes et, surtout, parmi ces petits cultivateurs, souvent d’origine indigène, naguère jugés trop arriérés pour «édifier le socialisme».
Malgré une campagne de presse unanime et d’une virulence extrême, malgré les menaces des investisseurs et les avertissements de l’oligarchie locale, Ollanta Humala l’a emporté. Bien sûr, les précédents latino-américains y sont pour beaucoup. Les flammes de l’enfer n’ont dévoré ni les Boliviens ni les Vénézuéliens. Et le Brésil et l’Argentine se portent mieux depuis qu’ils ont chassé le FMI.
En Europe, le temps des reculades est loin d’être terminé. L’échec de l’extrême gauche à capitaliser sur le reflux socialiste servira même de prétexte pour maintenir la barre à droite. Comme s’il était aisé au peuple de gauche de trouver tout seul le chemin, lorsque ses leaders traditionnels ont ouvertement et explicitement renoncé à lutter.
Le renoncement appelle le découragement, de la même façon que les victoires donnent le courage de voguer contre le vent. Qui osera montrer la voie en Europe?
Le renoncement appelle le découragement, de la même façon que les victoires donnent le courage de voguer contre le vent. Qui osera montrer la voie en Europe?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire