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mardi 7 juin 2011

Les guerrilla jardinières... que 1000 fleurs s' épanouïssent....


la « guerilla gardening » essaime. Aux armes, jardiniers !
Leurs armes : des pelles et des râteaux. Leurs munitions : des graines. Par petits groupes, ils sortent, en général de nuit, mener leur insurrection verte dans la ville.
Comme tout bon guérillero, Mister Stamen (de l'anglais étamine, l'organe reproducteur mâle chez les fleurs), 29 ans, préfère garder l'anonymat :
« La “guerilla gardening”, c'est le fait de cultiver la terre de quelqu'un d'autre. »
Dans la vie, il enseigne le théâtre à l'école. Dans le groupe de guerilla gardening de Los Angeles, toutes les catégories sociales sont représentées, des SDF aux producteurs d'Hollywood.
Ces guérilleros jardiniers ont entre 2 et 90 ans.
« Nous recherchons de la terre dans l'espace public qui n'est pas utilisée, qui est pleine de mauvaises herbes et de détritus. Nous y allons et nous y plantons un jardin. »
Pour réussir, la clé c'est de choisir des plantes qui pousseront à coup sûr. Pas question d'essayer d'acclimater des pousses exotiques : les jardiniers clandestins de Los Angeles s'en tiennent aux plantes grasses et aux espèces locales, agaves et senecios, des plantes de la même famille que les marguerites. « Par contre, on évite les cactus, ça pique ! » Pour quelle raison ?
« Nous ne nous occupons pas beaucoup de ce que nous plantons : ce n'est pas juste à côté de chez nous, nous ne pouvons pas arroser.
Nous essayons de faire les jardins les plus simples possibles. Il faut aussi que ça soit le plus facile possible à entretenir. »
Ils l'admettent : « Techniquement, c'est du vandalisme. Nous n'avons pas d'autorisations. » En réalité, ils n'ont jamais été inquiétés par les forces de l'ordre.
Une vingtaine de jardins à Los Angeles
Mister Stamen pratique la guerilla gardening depuis juin 2008.
« Certains y voient un côté politique, d'autres y vont pour embellir la ville. Pour certains, c'est juste une manière d'évacuer le stress. »
Mister Stamen apprécie surtout de voir un changement direct sur son environnement, l'aspect politique ne l'intéresse pas plus que ça.
Et contrairement à ce que leur vocabulaire belliqueux pourrait laisser penser, les guérilleros jardiniers ne sont pas bien méchants. Ils ont même déposé une demande pour un jardin communautaire, officiel cette fois, mais les autorisations tardent à venir.
« On fait ça dans l'espace public, pas sur des terrains privés, ce qui nous évite les conflits. On essaie juste de rendre nos quartiers plus agréables.
On ne va pas aller planter un potager sur la pelouse du maire de Los Angeles ! »
L'idée ne date pas d'hier : la guerilla gardening a fait son apparition dans les années 70 à New-York, avec un groupe qui se faisait appeler Green guerilla.
« Au départ, ils prenaient des décorations de Noël en verre, ils les remplissaient de graines, d'engrais et d'eau et ils les lançaient. Le problème c'est qu'il y avait du verre partout, alors ils ont commencé à utiliser des ballons.
Et puis il y a un quelqu'un au Japon qui s'est mis à planter directement dans la terre. »
En tout, ils ont planté une vingtaine de jardins dans la tentaculaire Los Angeles, surtout à Santa Monica et à Hollywood, des quartiers jeunes et branchés.
Bombes de graines
Les guérilleros cherchent des manières originales de mettre un peu de vert dans la ville et trouvent des endroits peu communs, comme la Doll Factory, l'arène de Roller Derby de Los Angeles, devant laquelle ils ont planté un jardin.
Il y a quelque temps, ils ont créé un signe « peace and love » avec des plantes ou encore ont accroché des containers avec des pousses vertes à des réverbères.
« On peut faire un jardin dans les craquelures du béton ! On peut faire pousser des plantes n'importe où. On vit en ville, dans des appartements et on ne se rend pas compte qu'il y a des endroits où on peut faire pousser des choses. C'est un peu ça, la genèse de la guerilla gardening. »
Quant aux bombes de graines, petites boules à lancer un peu partout, elles plaisent énormément au public. Mister Stamen a même organisé un atelier pour apprendre aux gens à les fabriquer. Sa recette : mélanger cinq mesures d'argile rouge, trois de compost et une de graines, choisies soigneusement pour s'adapter à l'environnement.
Le mode d'emploi:
- mélanger de l'eau, de l'argile et de la terre ;
- en faire une sorte de pancake, plus épais qu'une feuille de papier mais moins épais qu'un livre ;
- ajouter des graines, de préférence résistantes à la sécheresse ;
- former une petite boule ;
- rouler dans de la terre ;
- stockez vos armes et partez en guerre !
Mister Stamen se félicite de l'engouement que cela produit :
« Ça ne marche pas si bien que ça à Los Angeles, car il ne pleut pas beaucoup. Mais les gens adorent le concept. »
A tel point que le studio de design Common Studio a lancé Greenaid, un programme de reconversion des machines à bonbons de notre enfance en distributeurs de bombes de graines. Sur le site internet du studio, les internautes peuvent même suggérer des endroits particulièrement propices à l'installation de ces machines.
Inventée aux Etats-Unis, la guérilla gardening a fait des émules dans le monde, et notamment en France. Le mouvement a même sa fête, le 1er mai, décrété journée internationale de la guérilla tournesol.
Anne-Julie Contenay 
Photos : une action de guerilla gardening à Los Angeles (LaGuerrillaGardening.org) ; Mister Stamen, vu de dos (Anne-Julie Contenay).

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