Dernière étape de l'odyssée d'un convoi de déchets nucléaires en Allemagne
Un train de déchets radioactifs est arrivé lundi à son terminus dans le nord de l'Allemagne après une odyssée de 67 heures, mais les militants restaient mobilisés pour gêner l'acheminement par route vers le site de stockage.
Parti de France vendredi, le train a parcouru un millier de kilomètres avec des détours pour éviter les militants antinucléaires. Il est arrivé à Dannenberg en début de matinée lundi, sous les sifflets d'environ 3000 militants. Selon toute vraisemblance, la cargaison ne devrait pas rejoindre avant mardi son ultime destination, une ancienne mine de sel à Gorleben.
Le train avait été bloqué toute la nuit par un sit-in de 4.000 militants antinucléaires, d'une ampleur inédite dans l'histoire de ces rapatriements de déchets retraités par le français Areva et qui ont cours depuis 1995.
Pendant plus de six heures en pleine nuit, par un froid cinglant, des centaines de policiers ont du déloger les militants massés sur les rails. De nombreux manifestants ont résisté, obligeant les policiers à les porter un à un. Plusieurs centaines ont été placés en garde-à-vue puis libérés quand le train a atteint Dannenberg.
Là, le transbordement des 123 tonnes de déchets, répartis dans onze conteneurs spéciaux "Castors", devait durer jusqu'à une quinzaine d'heures.
Puis les camions s'ébranleront vers Gorleben. Mais sur les routes alentour, plus de 15.000 personnes et "400 tracteurs" selon la police attendaient de pied ferme le convoi. Les tracteurs formaient des barrages. Beaucoup de gens ont bivouaqué dehors. Des sacs de couchage pendaient aux branches des arbres, à côté de quelques barbecues de fortune.
"Nous resterons aussi longtemps qu'il le faudra", a dit la porte-parole de l'association antinucléaire X-Tausendmalquer, Luise Neumann-Cosel.
Plus de 20.000 policiers ont été mobilisés en Allemagne pour protéger ce 12e convoi du genre, selon le chef du syndicat DPolG, Rainer Wendt.
L'afflux de militants a dépassé toutes les prévisions, a reconnu la police.
Quelque 50.000 manifestants se sont retrouvés et ont manifestés pacifiquement dès samedi à Dannenberg.
Le syndicat GdP a évoqué lundi des policiers "à bout de force", "pas seulement avec des horaires interminables, mais aussi dans le froid et souvent sans boissons chaudes et sans soupe", les tracteurs entravant ravitaillement et rotations d'effectifs.
Dimanche, le train avait été retardé en plusieurs endroits par des militants enchaînés aux rails, retirant du ballast sous la voie ferrée et par de multiples sit-in pacifiques. A plusieurs reprises, les policiers ont recouru aux matraques, aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau, contre des manifestants, et tirant des fusées éclairantes et des grenades lacrymogènes.
Les deux camps comptent des blessés. Le chef du GdP, Konrad Freiberg, a déploré le franchissement d'"un nouveau degré dans la violence".
Le mouvement anti-atome redouble de vigueur depuis la décision du gouvernement d'Angela Merkel cette année de prolonger l'exploitation des 17 centrales nucléaires, que son prédécesseur social-démocrate Gerhard Schröder (1998-2005) voulait fermer.
"Ce convoi a montré que les protestations ont lieu au coeur de la société", a dit Wolfgang Ehmke, porte-parole de l'association citoyenne de Dannenberg.
Reste qu'il "n'y a pas d'alternative" actuellement au stockage irresponsable des déchets, a assuré le ministre de l'Environnement Norbert Röttgen.
Le combat ne fait que commencer.
«Le convoi est arrivé, mais le gouvernement fédéral est plus éloigné que jamais de son but de faire accepter l’énergie nucléaire en Allemagne», a affirmé Florian Kubitz, porte-parole du groupe écologiste Robin Hood.
«La police peut faire évacuer la route, mais le gouvernement ne peut pas évacuer le conflit», a renchéri Luise Neumann-Cosel, porte-parole du groupe X-tausendmal quer, qui chapeaute les mouvements écologistes dans la région.
Pour le Spiegel Online, un des sites les plus lus du pays, «les manifestations ont montré que la politique nucléaire de Merkel lui rapporte peu mais lui coûte beaucoup».
Les écologistes se félicitaient de la forte mobilisation de militants qui ont réussi à retarder de plus de 24 heures l’arrivée du convoi à Gorleben, en s’enchaînant sur les voies ferrées, en se suspendant en rappel depuis des ponts, et en organisant des sit-in devant le site de stockage.
Policiers et manifestants se sont même brièvement affrontés dimanche -matraques et canons à eau contre grenades lacrymogènes et fusées éclairantes dans une forêt près de Dannenberg où des militants tentaient de retirer le ballast de la voie ferrée.
Selon les groupes écologistes, deux militants ont été sérieusement blessés, 29 ont reçu des coups à la tête et 16 ont eu des doigts cassés.
Les militants ont également lâché des troupeaux de moutons pour bloquer la route menant à Gorleben et immobilisé pendant plusieurs heures un camion devant le depôt du chemin de fer de Dannenberg.
Le convoi a mis un temps record - soit 91 heures - pour accomplir le trajet depuis la France, selon les organisations écologistes.
Plus de 20.000 policiers ont été mobilisés pour l’opération qui a coûté quelque 50 millions d’euros (aux frais des contribuables), selon Rainer Wendt du syndicat de la police DPolG.
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