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vendredi 26 novembre 2010

La journée de la Femme c'est tous les jours


GUERRE MÉNAGÈRE

Au sein du couple, les tâches se répartissent toujours aussi inégalitairement : madame en fait beaucoup plus que monsieur. Le ménage tue le couple.

QUOTIDIEN. Mal nécessaire, les tâches ménagères sont l’ennemi numéro un des couples. Mais que cachent les disputes autour des chaussettes qui traînent ou du lavabo que l’autre ne nettoie jamais ? Enquête et chiffres. «Chez nous, c’est le ménage qui ne va pas. Nous nous sommes disputés des années à ce sujet ! Depuis quelques mois, j’ai décidé de mettre une croix sur mes revendications, car je ne peux plus vivre dans l’énervement perpétuel. A mes yeux, mon mari devrait accomplir sa part de tâches ménagères sans que je le lui rappelle sans arrêt.»

A 40 ans, Martine, assistante sociale et mère de deux enfants de 5 et 9 ans, est consciente que personne n’est parfait. «Mon premier mari, avec lequel je n‘ai pas eu d’enfant, était une fée du logis. Mais il était infidèle et perdait de l’argent au jeu.»

Depuis qu’elle a cessé ses reproches à l’égard de son époux «qui ne voit jamais ce qu’il y à faire», l’atmosphère familiale est redevenue agréable. «Je ne suis ni heureuse ni satisfaite de cette solution, mais je l’accepte. C’était ça ou la séparation. Ce qui m’aide, c’est de savoir que les autres ont le même problème que moi.»

Pointe de l’iceberg. Martine a raison. Comme le confirme Robert Neuburger, psychiatre et thérapeute de couple à Genève et Paris, «le sujet tâches ménagères émerge très régulièrement dans les thérapies». «Mais les gens n’appellent pas en disant “nous aimerions venir vous voir parce que mon mari ne passe jamais l’aspirateur.”»

Une étude de l’institut de sondage Ipsos et Mapa-Spontex sur les tâches ménagères confirme que le problème est répandu. Réalisée dans quatre pays européens (France, Italie, Espagne et Grande-Bretagne), auprès de 2009 personnes âgées de 18 ans et plus, elle montre que 47% des couples se disputent au sujet du partage des tâches ménagères, que cela se produise «tout le temps ou presque» (3%), «souvent» (10%) ou «parfois» (34%).

Ces disputes éclatent plus souvent chez les jeunes : 56% des moins de 35 ans déclarent se disputer, contre 42% des 35 ans et plus.

Les problèmes qui émergent autour du partage des tâches ménagères ne sont que «la pointe de l’iceberg», constate Carlo Trippi, psychothérapeute qui, avec son épouse, a ouvert la Maison du couple à Lausanne. Se faire des reproches sur des chaussettes qui traînent ou de la vaisselle jamais lavée, c’est plus facile, car c’est concret.

Le Vaudois raconte : «Chaque fois que l’on organise des stages, on demande aux participants de prendre un petit problème à ras les pâquerettes : les miettes qui restent sur la table, l’autre qui ne range pas les courses ou ne débarrasse pas la table. En cinq minutes, on va dans les blessures que cela réveille : le sentiment de n’être pas vu, entendu et respecté.»

Sexologue et psychothérapeute, Laurence Dispaux pratique le conseil conjugal depuis treize ans. La Vaudoise constate, elle aussi, que ces

problèmes sont «constants et récurrents». «Dans un couple, chacun a besoin de se sentir reconnu. Si l’autre ne répond pas au besoin d’ordre ou de lâcher-prise de son partenaire, il y voit un manque de respect ou une trahison du contrat implicite : «Je croyais que c’était quelqu’un de discipliné lorsque je l’ai rencontré.

Je pensais qu’il allait faire sa part à 50%.» Dans d’autres cas, il ou elle voit un affront dans le fait que l’autre laisse traîner ses affaires : «Il ne reconnaît pas mon travail !»

Je t’aime, je m’en occupe. Evidemment, ce n’est généralement pas lorsque les tourtereaux se mettent en ménage que les problèmes surgissent. Selon Marie-Laure Annaheim Lambert, responsable de la consultation de couples et de guidance parentale à Caritas Lausanne, durant les deux premières années – période un peu lune de miel –, un des partenaire – au hasard, Madame – est d’accord de tout faire, car l’autre a toutes les qualités : ses défauts sont invisibles ou ignorés.

«Tant que l’on est bercé par l’amour, les efforts sont naturels et vont de soi. Lorsque l’on sort de cet état, les questions concrètes arrivent. Vient le moment où la reconnaissance devient nécessaire. Si elle n’arrive pas, frustrations et bagarres surgissent qui creusent le lit des reproches.» C’est ce qui est arrivé à Véronique, employée de bureau de 31 ans. «La première fois que je me suis mise en ménage, j’avais 23 ans.

C’est moi qui faisais tout. C’était l’amour fou entre mon copain et moi. Au bout d’un an et demi, j’ai remis les pieds sur terre. J’ai eu l’impression d’être sa mère. Elle avait toujours tout fait pour lui. Mon copain et moi avons beaucoup discuté. Il me disait : “Comment peut-on faire des histoires pour des tâches ménagères.

Il faut le prendre à la cool !” Et il m’a proposé d’appeler sa mère pour qu’elle m’aide... Je l’ai quitté, pas uniquement pour cette raison; il était très égoïste : seul ses désirs comptaient.»

Aux yeux d’Ursula Chatelain, conseillère conjugale au Centre social protestant (CSP) de Moutier, il est important d’aborder la question du partage lorsque l’on commence à vivre ensemble. «Il faut se mettre à table, dire qui fait quoi. Ce n’est pas parce que l’on s’aime qu’il n’y a pas de tâches.

Si, au début de la relation, un des partenaires fait tout et que cela change après une année, l’autre ne comprendra pas ce qui se passe.» Les reproches naîtront alors, un véritable poison pour le couple. «On ne peut pas trouver de solutions lorsque l’un fait des reproches à l’autre, car il va essayer de trouver des contrereproches. Il n’y aura pas d’ouverture au dialogue.»

Tu exagères ! Exigence de rangement, propreté, fréquence des lessives, l’héritage des uns n’est pas le même que celui des autres : un motif parfait de disputes. Laurence Dispaux constate : «Cela relève d’un vécu très personnel et d’habitudes très difficiles à changer. Je ne peux pas imaginer que les couples puissent systématiquement trouver un accord parfaitement satisfaisant pour les deux.

Il s’agit de valider les besoins de l’autre, de ne pas le ridiculiser et d’évoluer vers le meilleur compromis possible.» Adriana Bouchat, responsable du service de consultation de couple et de sexologie de la Fondation Profa, essaie d’expliquer aux couples que les standards sont différents et que l’on ne peut pas attendre de l’autre qu’il vive selon les siens. Pourtant, c’est ce qui se passe dans beaucoup de familles.

Les deux témoignages recueillis par L’Hebdo (voir ci-contre et en p. 52) semblent confirmer une tendance générale: les femmes sont plus «maniaques» que les hommes. D’après les études, c’est la personne la moins exigeante qui s’adapte aux normes du conjoint qui l’est davantage.

C’est aussi l’expérience de Semih, 46 ans, dont l’amie contrôlait tout ce qu’il faisait. «C’était une vraie maniaque. Elle repassait même derrière moi pour remettre en place le linge de cuisine, à sa façon. J’ai essayé de m’adapter, mais cela allait trop loin. Le ménage a été une des raisons de notre séparation. Ses exigences limitaient trop ma vie. Je lui disais: “Mais laisse-moi vivre!”»

22, vlà un gosse! De l’avis général, la période charnière du combat ménager est la venue du premier enfant. «C’est à ce moment que les problèmes deviennent aigus, avec la baisse du statut professionnel et du revenu de la femme», confirme Adriana Bouchat. Car c’est à ce moment-là que beaucoup de femmes se mettent à travailler à temps partiel et s’investissent plus dans les tâches ménagères, avec plus ou moins d’aide et de reconnaissance de la part de leur conjoint.

C’est ce qui est arrivé à Christel, 35 ans, lors de la naissance de ses deux enfants. «Je ne travaillais plus à l’extérieur. J’avais l’impression de n’être plus qu’une serpillière... Avec mon mari, on s’engueulait à cause du ménage. Cela pouvait “péter” pour des couteaux mis à l’envers dans le lave-vaisselle. A mes yeux, m’occuper des enfants toute la journée était déjà un grand travail, sans que je doive encore assurer tout le reste.

J’avais l’impression ne n’avoir plus assez de temps pour moi.» C’est justement à ce moment que les femmes devraient négocier la répartition des tâches. «Sinon elles feront tout. Il faut qu’elles disent : «J’ai besoin d’être aidée», remarque Ursula Chatelain.

Chiffres suisses. Selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (2007), 80,8 % des mères dont l’enfant a entre 0 et 6 ans ont la responsabilité principale du travail domestique. Les hommes ne sont que 1,7%. En 2007, les femmes exécutaient en moyenne 30 heures de tâches ménagères contre 18,1 heures pour les hommes.

A noter que dix ans auparavant, la moyenne pour les femmes était de 31 heures et celle des hommes de 15,7 heures. Autre chiffre (2007): près de 14% des couples avec enfants recourent à une aide extérieure à raison de 6,4 heures par semaine. La distribution des tâches est encore très sexuée.

Dans les domaines suivants, les femmes font presque tout ou les trois quarts : repas et courses (80%), rangement, nettoyages et vaisselle (79%), lessive et repassage (93%)*. Adriana Bouchat remarque : «On ne calcule pas d’autres facteurs. Les hommes font des choses que certaines femmes ne savent pas faire. Ils sont meilleurs techniquement. Par exemple, je connais peu de femmes qui arrivent à reprogrammer la télévision.

«Et de mentionner les études du sociologue français Jean-Claude Kaufmann. «Lorsque Monsieur travaille dans le ménage, il choisit ce qui fait du bruit – par exemple l’aspirateur et non la patte mouillée – et ce qui se voit. Il débarrasse aussi la table quand il y a des invités, récoltant ainsi les compliments.»

Temps partiel fautif.

Sociologue et professeur à l’Université de Genève, Eric Widmer, auteur de nombreuses études et ouvrages sur la famille, constate que le système suisse reste «“genré” et inégalitaire». «L’homme moderne, on le trouve surtout dans les médias. C’est un idéal mais il est peu réalisé dans les faits.

Le pourcentage de nouveaux pères qui, dans le ménage, en font plus que leur femme est très infime. Pourtant, lorsque les couples ont un projet d’enfant, ils pensent aller vers un modèle égalitaire. Par la suite, dès que la femme est enceinte, les choses s’installent différemment.»

C’est que la norme sociale est encore forte : congé maternité généralement pris la mère, croyance que le petit enfant doit avoir sa mère à la maison, homme qui est poussé à faire carrière. «C’est assez fascinant : l’homme travaille de plus en plus car il y a une bouche de plus à nourrir et il est moins présent dans son foyer. La femme, elle, travaille à temps partiel. Elle sera sous-dotée par rapport à sa qualification initiale et ne rattrapera jamais l’homme.

En matière de politique sociale, c’est ce modèle classique que la Suisse soutient. Je pense qu’il est illusoire de penser que les choses vont se modifier grâce au changement de mentalité des couples.

Tant que nous serons dans un système où le temps partiel est dévalorisé et que les individus sont poussé à travailler à 150% pour faire carrière, avoir un bon salaire et une bonne retraite, il est difficile d’imaginer une égalité au niveau des tâches ménagères.» cela s’ajoute l’image archaïque qui traîne dans beaucoup de tête : c’est la femme qui est responsable du ménage.

Sans compter le poids de l’éducation qui fait que, dans certaines familles, les garçons doivent en faire moins que les filles. Consultante en accompagnement psychologique, Pauline Pedroli en est persuadée : «Les femmes portent une grande responsabilité dans cette histoire. Ce sont elles qui élèvent leurs fils. Il est important qu’elles leur apprennent à contribuer aux tâches ménagères. Les mères ne doivent pas tout faire pour leurs fils.»

*Couples contemporains – Cohésion, régulation et conflits. Une enquête sociologique, Eric Widmer, Jean Kellerhals, René Lévy. Ed. Seismo

Temps consacré au ménage

Travail domestique et familial selon le groupe d'activités

Conseils

Les 7 règles d'or pour éviter le clash

01 Dès que l’on se met en ménage, discuter de qui s’occupe de quelles tâches ménagères. Pour éviter les pannes de mémoire, il peut être conseillé de mettre les choses par écrit.

02 Ne pas hésiter à rediscuter du partage des corvées. «Les habitudes doivent être questionnées. Ce n’est pas parce que les femmes se sont occupées un moment de toutes les tâches ménagères que cela doit toujours se passer ainsi lorsque les enfants grandissent et qu’elles reprennent ou augment leur activité professionnelle», explique Marie-Laure Annaheim Lambert, responsable de la consultation de couples et de guidance parentale à Caritas Lausanne

03 Reconnaître si un conjoint en fait un peu plus que l’autre. Le but visé est que cela se passe au mieux. Il s’agit d’être souple avec la réalité de chacun. «On se fait beaucoup de mal avec une pseudo-égalité» assure Pauline Pedroli, consultante en accompagnement psychologique. L’important c’est que chacun soit à l’aise par rapport à son rôle. «Certains s’installent dans des arrangements implicites. Ce n’est pas l’idéal. Il faut parler.»

04 Ouvrir les yeux et reconnaître le travail de l’autre en le remerciant, en lui disant que l’on apprécie son travail. Les signes de reconnaissance sont importants. De même, souvent dans les couples, les besoins concernant l’ordre ou la propreté sont différents. «Il s’agit de reconnaître les besoins de chacun et d’accorder de la valeur aux attentes de l’autre», explique Laurence Dispaux, sexologue et thérapeute de couple

05 Une femme de ménage soulage énormément, même deux heures par semaines. Elle maintient un minimum d’ordre et de propreté. «Les femmes ont besoin d’être aidées dans leur travail domestique. Je ne connais pas de femme qui dit “je ne veux rien faire”», constate Pauline Pedroli.

06 Puisque ce sont dans les familles avec enfants que les tâches ménagères sont les plus lourdes, réunir tout le monde et discuter de qui fait quoi selon les envies, les compétences puis les obligations. On peut décider de prendre deux heures le samedi en famille pour partager les tâches ménagères. «Il ne faut pas attribuer une tâche plus de deux ou trois mois à un enfant. Les petits travaux à faire doivent évoluer. Au bout d’une période, on évalue la bonne marche, on s’offre une récompense et le préposé aux poubelles peut changer de travail», explique Marie-Laure Annaheim Lambert.

07 Alterner les responsabilités une semaine sur deux, même auprès des enfants. C’est ce que préconise le thérapeute de couples Robert Neuburger. «Cela ne sert à rien que les deux soient au front tout le temps. Il n’est pas non plus sain que les deux soient sur le même créneau. L’effet ? Une fraternisation du couple qui devient alors une petite entreprise. Cela amène à une désexualisation avec une séparation à la clé. L’idéal c’est d’être complémentaires : par exemple il passe l’aspirateur, elle fait la lessive.»

Caroline Althaus, 32 ans et Renaud Berger, 33 ans, un enfant de 2 ans

"Quand on fait le ménage à deux, elle repasse derrière moi !»

Renaud : On ne s’engueule pas vraiment pour le ménage, JE me fais engueuler.

Caroline: C’est normal, tu as un seuil de tolérance à la poussière et au désordre beaucoup plus élevé que le mien. Les choses qui traînent par terre, tu ne les vois pas, tu les pousses du pied. Il faut voir les piles qui s’entassent dans son bureau. Elles sont à deux doigts de lui tomber sur la tête…

Renaud : Ce n’est pas vrai !

Caroline : Mon rêve, c’est de réussir à le motiver à faire le ménage avec moi, tous les samedis ou tous les mardis. C’est impossible.

Renaud : Mais quand on fait le ménage à deux, tu repasses toujours derrière moi !

Caroline (qui éclate de rire) : Je jette juste un coup d’oeil pour que ce soit rangé. Malgré notre emploi du temps irrégulier - je suis comédienne, il est metteur en scène - j’essaie de faire en sorte que l’appartement soit nettoyé une fois par semaine. Le problème : quand il a l’idée de s’y mettre, j’ai déjà fini…

Renaud : Certains matins elle se lève, et je sais que ça va «morfler». Je l’entends de mon lit, rien qu’à sa façon de préparer le thé et de se déplacer. C’est une autre énergie.

Caroline : Je me lève et brusquement, c’est trop. Je sens un besoin impératif de ranger et nettoyer.

Renaud : Je me dis: «Je reste au lit et je dors encore un peu, ou je me lève?» De toute façon, je sais que je n’y couperai pas

Caroline : Et de toute façon, une fois que j’ai lancé le mouvement, je fais tellement de bruit qu’il ne peut plus dormir. Il se lève alors et me demande ce qu’il faut faire. Ca m’énerve parce que l’on voit très bien ce qu’il faut faire !

Renaud : Quand je sors du lit, je ne marche pas à quatre pattes pour voir s’il y a des minons sous les meubles ! D’ailleurs il n’y en a jamais, parce que les minons, c’est mon seuil de tolérance.

Caroline : Ça alors ! Il y a souvent une armée de minons dans l’appartement et tu ne les vois même pas.

Renaud : C’est vrai que je ne suis pas très ménage. Mais je fais d’autres choses : c’est moi qui m’occupe de toute la paperasse car elle déteste ça.

Caroline : Il a raison, je suis allergique à tout ce qui est administratif. En période d’impôts, tout à coup, il obtient des dérogations de ménage. Pour le reste de l’année, j’ai essayé des trucs drôles pour le motiver. Un temps, j’écrivais des messages sur un tableau. Par exemple, «ta mission de la semaine : passer l’aspirateur ou nettoyer ton bureau». Mais cela n’a pas marché

Renaud : elle a fait pire que le tableau. J’ai été humilié. Un jour elle m’a offert un livre sur la façon de faire le ménage, Monsieur fait le ménage. En plus, j’ai reçu l’édition de poche !

Caroline : Non, c’était la belle édition. Régulièrement, je lui mets le livre sous son oreiller

Renaud : Et moi je le remets dans mon tiroir sous mes chaussettes.

Caroline : Il est idiot ! Il y a pourtant une quantité d’astuces dans ce livre. Lorsque l’on s’est connus et que j’allais chez lui, le bureau était rangé et il pliait ses habits sur sa chaise. On m’a menti sur la marchandise. Moi, j’avais signé pour un homme de ménage !

Lorena et Raphael Martinez, 33 ans, un enfant de 3 ans

"Le ménage, c'est trois heures tous les samedis matins !»

«Toi et ton ménage vous me cassez les pieds !»

Voilà, traduit ici en termes polis, ce que Raphael dit parfois à son épouse Lorena, le samedi matin lorsque c’est jour de nettoyage dans la famille Martinez, dont le petit garçon a trois ans.

La jeune femme le reconnaît : elle est très à cheval sur le rangement et la propreté, ce qui provoque parfois des étincelles au sein du couple. «Cela vient de mes parents qui ont un appartement parfaitement rangé et nettoyé. De plus, dans mon métier de laborantine, il s’agit d’être propre et précis.»

Lorena sent bien que, le samedi matin, son mari n’est pas de bonne humeur. Mais pas question d’échapper à sa part de tâches ménagères pour autant. Lorena raconte : «C’est comme un travail: on doit le faire pour le bien-être de la famille. Je me sens aussi plus apaisée dans un environnement propre et rangé.»

Raphael partage-t-il son sens de l’ordre ? Lorena répond pour lui dans un éclat de rire : «Pas du tout ! Lorsque je l’ai connu, il laissait son verre dans le lavabo au lieu de le mettre dans la machine, ou laissait la télécommande sur le canapé après avoir regardé le petit écran.

Au début, je me suis dit: “Ce n’est pas possible, on ne vit pas dans une étable”, même si je suis consciente que je suis extrême.» Depuis, et après avoir mis les choses au point en dialoguant beaucoup, Raphael a fait un pas en direction de Lorena, et Lorena un autre dans la sienne.

Elle constate : «J’apprends. Ses remarques m’ont fait prendre conscience que je vais trop loin. S’il fait beau, je peux repousser le ménage d’un jour.» Le Biennois réplique en rigolant : «Mais en tout cas pas d’une semaine… Parfois je lui dis que je l’imagine bien à quarante ans se lever à deux heures du matin pour faire la poussière.»

En attendant que ses prédictions se vérifient – ou non - Raphael résiste à sa manière par quelques actes quasiment héroïques dans l’univers impeccable de leurs cinq pièces et demie. Le préposé à l’époussetage qu’il est en profite pour déplacer quelques objets afin de «titiller» son épouse.

«Je me dis : “Tiens, je vais déplacer ce plat. ”» Il ne faut pas dix minutes à Lorena pour réagir et lui reprocher : «Tu l’as fait exprès !» «Je lui demande alors ce que cela change, mais elle n’arrive pas à me répondre.» Son autre espace de résistance est une chaise dans la chambre à coucher où il empile ses habits.

«Toutes les deux ou trois semaines, elle me dit de la ranger ou elle le fait à ma place.» Lorena a donc laissé tomber la garde pour la chaise ? «Oui et non. Parfois je lui demande s’il se fiche de moi lorsque je le vois mettre ses habits en torchon. Je n’accepte pas vraiment mais je m’y suis faite…»

Sabine Pirolt

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