Mariton: "Un stage de cinq ans pour devenir français"
A la déchéance de la nationalité, le député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, préfère la probation.
Classé villepiniste sans pour autant avoir adhéré à République solidaire, le député UMP de la Drôme proposera mardi au bureau du groupe UMP de l’Assemblée nationale de rendre plus longue et plus difficile l’obtention de la nationalité française. Une idée alternative au projet de déchéance de la nationalité sur laquelle Nicolas Sarkozy doit rendre ses arbitrages lundi.
A la déchéance vous voulez substituer une probation?
Cette période probatoire serait une sorte de stage qui concernerait tous ceux qui veulent obtenir la nationalité française. Cette période de responsabilité et de formation civique et linguistique durerait cinq ans. A son issue, on vérifierait l’intégration manifeste de la personne et en particulier son respect de la loi, mais aussi sa connaissance de la langue française. Le point de départ de cette période serait une manifestation de volonté. Elle avait été judicieusement instituée par notre majorité en 1993 mais hélas supprimée par le PS en 1998. Cette manifestation de volonté serait obligatoire pour tous, fils et filles d’étrangers nés sur le territoire français, ressortissants étrangers mariés avec un Français ou une Française.
Quel serait le statut de ces personnes?
Au Canada le terme n’existe plus, mais on a parlé pendant longtemps, et je trouve que c’est une bonne expression, d’immigrants reçus. L’idée, au fond, c’est qu’avant d’être français on peut être un immigré ayant des droits particulièrement solides, allant par exemple jusqu’à l’accès à la fonction publique, mais pas encore à la nationalité, ou au droit de vote qui va avec.
La déchéance sur laquelle travaille le gouvernement ne vous convient pas?
Les Français veulent un dispositif qui puisse s’appliquer de manière tout à fait opérationnelle. Or soit la déchéance est trop massive et elle pose un problème de principes. Soit elle s’installe dans la continuité du droit actuel, et elle se présente comme quelque chose d’extrêmement rare et difficile à mettre en œuvre et ne répond pas au problème. Ma proposition a le mérite de concerner un plus grand nombre de situations. J’avais déjà avancé cette idée de probation au moment du discours de Grenoble. J’ai vu que certains comme Claude Guéant, le secrétaire général de l’Elysée, l’ont reprise. Sauf que cette probation doit être en amont de l’obtention de la nationalité et non en aval.
Avec votre proposition, les enfants nés en France de parents étrangers n’obtiendraient pas la nationalité avant 21 ans?
Je pense que ma proposition est à la fois moins difficile à justifier sur les principes et plus forte sur le fond.
Cela signifie-t-il que vous n’adhérez pas au discours prononcé par le président de la République à Grenoble?
Je pense que le Président a eu raison de poser la question du retrait de la nationalité. Il propose une extension du dispositif actuel. Je pense que ma proposition vise plus large et plus juste.
Pensez-vous qu’il existe un lien entre immigration et délinquance?
Le seul lien que je fais, c’est de dire que pour devenir français il faut avoir prouvé sa capacité à respecter la loi.
Soazig Quéméner
Le Journal du Dimanche
http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/Mariton-Un-stage-de-cinq-ans-pour-devenir-francais-218086/
Vendredi 03 Septembre 2010
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