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mardi 9 novembre 2010

L' Education Populaire a t elle raté la marche ?


De quelle "insertion" parle-t-on ?

Intervention à l'université d'été de l'éducation populaire

Fédération Française des Maisons des Jeunes et de la Culture

Dourdan / juillet 1999

- Je travaille depuis plus de quinze ans sur l’insertion et, au fond, j’en arrive à l’hypothèse que l’insertion lie les gens tout en les déliant (on retrouve cela dans le texte des rappeurs). Je pense qu’on est en train de construire un régime d’appartenance, d’identité commune ; on essaye de rattacher des personnes tout en les détachant, on les met à part. C’est l’étymologie de l’appartenance : on construit de l’appartenance en mettant à part. Si on regarde le développement des politiques et pratiques d’insertion, depuis quinze ans : on a construit une sphère, à part. On sait maintenant que très peu de personnes retournent sur le marché du travail. On a construit un marché du travail bis, où les personnes sont rattachées à la société (elles sont dans les missions locales, elles passent par un certain nombre de dispositifs), mais ce n’est pas la société, c’est une société à part, avec des dispositifs à part. Comme ils le disent : la discrimination nous transforme en marionnette. On insère en les mettant à part, on construit de l’identité spécifique, sans qualité. “ En tant qu’inséré, quelle qualité ai-je ? Je dois sans arrêt prouver que j’ai une qualité. Je dois faire preuve de performance pour prouver mon utilité sociale. ” On ne demande pas aux salariés des entreprises de prouver leur utilité sociale, elle est évidente, naturelle. Tandis qu’une personne en insertion doit chaque jour prouver qu’elle est utile socialement. Alors que ce sont ces personnes qui sont en manque de lien social et de socialisation, leur performance est de créer du lien social ! Constat banal, d’un grand sociologue, Zimmel : dans le social, on sépare ce qui est lié et on lie ce qui est séparé. Je crois qu’on est en train d’inventer, dans notre société d’insertion, une manière de lier spécifique, qui rompt radicalement avec ce que nous, sociologues, appelons l’intégration. On était dans une société d’intégration où la société incorporait les gens, avec des inégalités et des conflits. Il y avait un conflit central autour du travail, entre le mouvement ouvrier et le patronat. Mais il y avait une liaison autour de ce conflit. Il y avait l’acceptation que la valeur centrale était le travail, et la redistribution des gains autour du travail. On arrivait à des compromis, à des conflits. On est en train de passer à une société d’insertion, avec des régimes et des modes d’appartenance très particuliers. Par rapport au texte que l’on vient d’entendre, il n’y a plus d’appartenance, il y a l’errance. On est en errance, on n’a donc plus la dimension du temps. La société d’insertion c’est : “ trop de portes fermées ”. Les portes se ferment, elles ne sont pas des passerelles comme devait l’être l’insertion. L’insertion c’était une idée de sas, de pont. On voit apparaître des fenêtres et des portes, qui séparent, qui construisent des petits enclos à l’intérieur de la société.

Reprenons les grandes dimensions de l’identité, pour revenir à ce que disaient les étudiantes de Nancy. Parler de l’identité c’est bien, mais il faut essayer de déconstruire ces identités. Il y a quatre dimensions essentielles de nos identités.

( Lire la suite sur… http://mediascitoyensdioisdebats.blogspot.com/2010/11/l-education-populaire-t-elle-rate-la.html )

BERNARD EME,

Sociologue

Centre de recherche et d’Information sur la démocratie et l’autonomie

Laboratoire de sociologie du changement et des institutions, à l’IRESCO.

Professeur à l’institut d’études politiques de Paris.

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