Radioactivité dans le Vercors.
Peu après les retombées nucléaires de l’accident de la Centrale de Tchernobyl en avril 1986 la Criirad avertissait le Parc Régional Naturel du Vercors de la dangerosités de certaines zones du Vercors hypercontaminées au Césium 137 et de la nécessité de délimitées des lieux interdits aux public. Mais le PNRV s’insurgea contre la proposition d’informer de mesures qui pouvaient porter atteinte au tourisme et à l’image de marque du Parc du Vercors. Nous revenons sur cet épisode local, peu glorieux pour nos élus et véritable déni tant de clarté démocratique que de protection des populations. (photo de la Centrale de Tricastin)
11 ème législature
Question d'actualité au gouvernement n° 0510G de M. Jean Faure (Isère - UMP)
Publiée dans le JO Sénat du 01/06/2001 - page 2552
M. Jean Faure : Ma question s'adressait à M. le Premier ministre, car elle concerne plusieurs ministères, mais, M. le Premier ministre n'étant pas là, je crois que c'est Mme Voynet qui y répondra.
Il y a quinze ans a eu lieu la catastrophe de Tchernobyl.
A cette époque, les autorités de l'Etat avaient tenu un discours plutôt rassurant, déclarant qu'il n'y avait pas lieu de s'alarmer. D'ailleurs, cette position a été réaffirmée à différentes reprises.
Ainsi, en 1999, l'Institut de protection et de sûreté nucléaire, l'IPSN, dans un bilan officiel établi à la demande de la sûreté nucléaire, a déclaré que le niveau de la pollution était resté en dessous du niveau qui aurait pu susciter une réaction justifiée sur le plan sanitaire.
Un autre organisme, l'Office de protection contre les rayons ionisants, l'OPRI, qui dépend du ministère de la santé, avait déclaré que les effets sur la santé des résidents avaient été totalement insignifiants.
Malheureusement, il existe un organisme indépendant, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, la CRIIRAD, qui s'est auto-saisie d'un certain nombre de relevés et a donné les résultats de son rapport à la presse. Voici les titres que l'on a pu lire alors, madame le ministre : « Quinze ans après, Tchernobyl a laissé des traces profondes » ; « Des niveaux alarmants » ; « Le scandale de la désinformation de l'Etat » ; « Les cancers de la thyroïde sont en hausse », et j'en passe, à tel point que des tour-opérateurs hollandais ont interdit le territoire du Vercors à leurs clients, estimant qu'il était extrêmement dangereux de s'y rendre.
A la suite de ce fait, quatre-vingt-dix-neuf plaintes ont été déposées contre l'Etat pour non-information.
Madame la ministre, qu'en est-il exactement ? J'attends votre réponse avec beaucoup d'impatience, car le Vercors va être sinistré. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Réponse du ministère : Aménagement du territoire
Publiée dans le JO Sénat du 01/06/2001 - page 2552
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement : Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de rappeler le climat de l'époque. Il est vrai que le discours officiel était alors relativement lénifiant et tranchait avec la démarche de précaution adoptée partout ailleurs en Europe. C'est ce qui avait donné lieu à la création d'un réseau indépendant de mesure et d'information du public, la CRIIRAD, qui poursuit ses activités quinze ans plus tard.
Toutefois, il faut dire que la CRIIRAD et l'Etat travaillent largement ensemble, confrontent leurs systèmes de mesure, leurs résultats, essaient d'expliquer les désaccords quand il y en a et tentent d'apporter une information aussi objective que possible à la population.
Comme vous l'avez rappelé, l'Institut de protection et de sûreté nucléaire effectue régulièrement des mesures dans l'environnement pour suivre les retombées en France de l'accident de Tchernobyl. Les résultats sont régulièrement publiés ; ils sont disponibles sur le site Internet de l'IPSN et du ministère de l'environnement.
Ces résultats montrent que l'on peut définir grosso modo quatre zones, en fonction de la présence de césium 137, notamment. La zone la plus touchée se trouve à l'est de notre pays et concerne effectivement la zone du Vercors, mais aussi le Jura, les Vosges et la Corse, en gros toute la façade est de l'Hexagone.
Les chiffres qui ont été publiés dans la presse régionale à la suite d'études réalisées par la CRIIRAD paraissent révéler une contamination excessive de la région par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl.
Vous avez organisé dans le Vercors, le 27 mai 2000, une réunion sur l'initiative du collectif des maires du Vercors, réunion à laquelle assistaient et les responsables de l'IPSN et le président de la CRIIRAD, ce qui a permis d'apporter des éléments d'information, car il y a les chiffres, mais il y a aussi la traduction des chiffres.
Il faut notamment que vous sachiez, mesdames, messieurs les sénateurs, que la contamination n'est pas homogène et qu'elle s'est répandue en taches de léopard : côte à côte, à quelques mètres près, peuvent coexister des taches où sont constatées des contaminations de l'ordre de plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de becquerels et des zones aucunement contaminées.
Il faut aujourd'hui rassurer les populations. Au niveau de contamination constaté, il n'y a aucun risque pour les habitants de la région, ce dont convient la CRIIRAD. Il y en a encore moins pour les touristes qui séjourneraient brièvement dans cette région. Mais, si vous vouliez, monsieur le sénateur, me faire dire que les activités nucléaires en général et les activités touristiques ne font pas réellement bon ménage, c'est bien volontiers que je vous en donne acte !
http://www.senat.fr/questions/base/2001/qSEQ01060510G.html
Extrait de L’atlas des Retombées nucléaires :
ÉTUDE DE SOLS À VASSIEUX-EN-VERCORS
À Vassieux-en-Vercors, 4 stations situées à quelques dizaines de mètres de distance ont été étudiées par le laboratoire
de la CRIIRAD et André Paris le 27octobre 2000. Les mesures de terrain et les résultats des analyses en laboratoire
sont reportés dans le tableau T5 ci-après.
On peut observer que :
- Pour les 2stations, a priori non remaniées, retenues pour l'atlas (sol forestier A et pelouse naturelle B),
de 70 à 85 % du césium 137 est retenu dans les 10 premiers centimètres de la carotte. L'activité surfacique
en césium 137 mesurée au laboratoire de la CRIIRAD est de 23 400 et 20 200 Bq/m2 respectivement. Dans ces 2 cas, la mesure de terrain donne un résultat supérieur de 33 et 26 % respectivement à la mesure au laboratoire.
Un tel écart est compatible avec les marges d'incertitude. Il est possible qu'une partie de cet écart soit
dûe à la présence de forts niveaux de bismuth 214, radionucléide naturel, qui peuvent interférer 23 avec le pic du césium 137 relevé sur le spectromètre de terrain.
- Pour les 2 stations remaniées, caractéristiques des sites qui ne sont pas retenus pour l'atlas (prairie artificielle fauchée C et champ de céréales D), seulement 66 à 53 % du césium 137 sont situés dans les 10 premiers centimètres de la carotte. Dans ces 2 cas, la mesure de terrain sous-estime d'environ 50 % l'activité surfacique.
L'activité surfacique en césium 137 mesurée au laboratoire (19 550 et 17 950 Bq/m2 respectivement) n'est pourtant inférieure que de 20 % environ à celle des sols de référence. Cela confirme24 que les atomes de césium137 présents au-delà de 10 centimètres de profondeur ne sont pratiquement pas «vus » par le spectromètre de terrain placé contre le sol.
(Lire la suite sur : http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/tchernobylmisajourjuil05/atlasp53a69.pdf )
Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité
471 Avenue Victor Hugo
26000 VALENCE - FRANCE
Tél. +33 (0)4 75 41 82 50
Fax. +33 (0)4 75 81 26 48
email : asso@criirad.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire